Invité Invité
| Sujet: Superbe, et prétention. |Jasper| Jeu 10 Mai 2012 - 18:17 | |
| Le rire des anges, devant ceux qui tombent, encore et encore, jusqu'à n'en laisser que les méandres polis et calcinés, d'une conscience encore confuse et perdue. Une conscience qui souffre. Goûter la joie de la peur et de la douleur, dans nos veines, comme si elles ne faisaient que grandir un peu plus chaque jour. Sentir la satisfaction devant les larmes, la joie de se sentir puissante. La joie de n'avoir aucun ennemi à craindre, seulement des pantins avec lesquels jouer sans vergogne, jusqu'à s'en lasser et en choisir un autre. Les manipuler à notre guise, avant de les laisser tomber, là, pleurant devant vous, la colère et le chagrin qu'ils ont pourtant retenu, mais dont ils ne pouvaient plus douter à force de le nier constamment. Non, je n'étais pas une adepte du sadisme. Mais j'aimais cela. La conscience qui s'affole, le coeur qui bat trop vite, face à ma répartie. Et mon rire, ce rire intérieur qui s'éleve, encore tranchant, glacial, merveilleusement doux dans mon esprit, ce triomphe viscéral. Oui, j'aime. J'aime tellement ce penchant pour la cruauté. C'est le seul qui me permette de vivre convenablement.
D'une main, je dépose mon téléphone portable sur la table basse, dans ma chambre à Wynwood. Je fais mon lit avec application. Je suis ici depuis peu de temps, pourtant tous ces adolescents que je croise dans les couloirs me donnent envie de gerber. Avec curiosité, j'ai consulté le journal du lycée, ainsi qu'un site internet d'une nana se prétendant "Voix" du lycée. Ce que j'en ai lu m'a fait sourire. Une femme comme moi. Cette fille n'aurait pas pu dire mieux. Voilà qui mettrait du plomb dans la cervelle de ces imbéciles. J'avais d'ailleurs bel et bien l'intention de bombarder la demoiselle de messages, sur tout et n'importe quoi, pourvu que ça fasse mal. J'étais une garce qui ne faisait aucune concessions. Et j'entendais bien le prouver.
Pour l'heure, je me déplaçais calmement jusqu'à la laverie, une pile de vêtements en boule dans les bras. Maussade, j'observe le ciel par la fenêtre. Je n'aime pas ce pays. Tous ces gens, si stupides. Je voudrais aller vivre en Europe. Mais je n'en ai pas les moyens. Même mes vêtements sont bon marché. Mais personne ne saura rien à mon sujet. Je serais inaccessible. Parfaitement inaccessible, face à mes potentielles victimes. Mon visage fermé observe l'une des machines à laver, tandis que je fourre mon fatras à l'intérieur, et tourne machinalement le bouton de mise en marche. Je n'ai pas envie de retourner dans ma chambre pour attendre. Alors, je dégaine un policier de ma poche, et l'ouvre là où je m'étais arrêtée la veille. J'adorais les Polars. Cela me faisait vibrer. Le suspense, le désarroi de la famille de la victime... je me régalais de ces lectures, comme d'un gâteau au chocolat on ne peut plus copieux.
Mais des bruits de pas m'arrachèrent à ma lecture. Oh. Un jeune homme, plutôt mignon de surcroît. Son visage, pourtant, est émacié, et montre à qui voudra bien le voir une fatigue et un épuisement mental à toute épreuve. Un faiblard. Il ne manquait plus que ça. Je détestais les mecs faiblards. Je me contentais de le fixer froidement. Mais lorsque ses yeux se posèrent sur moi, mon regard se radoucit derechef, et je lui adressais un sourire faussement timide. J'étais une hypocrite entraînée, et il fallait pas mal d'expérience pour me percer à jour. Or, je ne me souciais de rien, je savais ce que je faisais. J'allais tester ce garçon. Je haïssais les hommes. Beaucoup plus que les femmes. C'était physique. Ils me foutaient la gerbe.
Je levais cependant le nez de mon livre, et lui parlais avec calme et gentillesse. Pour le moment.
"Oh, bonjour... Tu veux que je me décale, si tu as besoin de la machine à laver ?"
Etape 1 lancée.
|
|