Petite leçon de natation entre amis [Jude]

C’est bizarre ce soudain rapprochement. Isy vient me déposer un bisou sur la joue. Une petite bise. Nous nous connaissions depuis peu. Je ne suis pas habitué à tant de proximité. Enfin… Bon. C’est peut-être son naturel, à elle. C’est peut-être ce qui la change de mes fréquentations habituelles. Elle est spontanée. Je ne dis pas que mes amis ne le sont pas. Au contraire. Mais c’est tout à fait différent. Et puis je sais très bien quel genre de folies peut passer dans leurs esprits. Ils sont aussi tordus que moi. Alors, qu’Isy est bien plus droite. Plus régulière. Plus normale. Moins compliquée… Ce n’est peut-être qu’une apparence. Mais ce petit moment ensemble me conforme dans cette idée. Je ne m’attarde pas plus sur ce raisonnement car la belle blondinette me répond.
Elle m’annonce que la solitude n’est pas un de ses ennemis. J’aime bien cette idée. Je pense que vivre seul ne devrait pas représenter un mal. Soit. J’esquisse un petit sourire. Pas vraiment sincère mais ce n’est pas visible à l’œil nu. Il faut vraiment être dans mes pensées pour comprendre. Je ne pourrais pas vivre coupé du monde. D’un certain monde. De mon univers. Je n’ai pas forcément besoin d’être avec eux. Mais savoir leurs présences… Savoir ce qu’ils peuvent faire, où ils sont ou encore que je peux les joindre à n’importe quel moment. C’est ce dont j’ai besoin. Réellement. Sinon je ne pourrais pas vivre. Donc peut-être que la véritable solitude n’est pas faite pour moi. Je dois être rattaché à mes proches. Ils sont peu. Mais ils sont plus qu’importants à mes yeux. Ma vie en serait bouleversée.

« Au fait, j’aime bien les gens bizarres. Mais tu n’es pas aussi bizarre que tu le penses : tu es surprenant et j’adore ça !» Cette description me touche particulièrement. Le tact qu’elle a réussi à mettre dans sa voix et la tournure de sa phrase sont suffisant à me faire plaisir. C’est gentil. C’est une gentille fille, Isabelle. Toujours là pour te redonner un peu d’estime.

Son sourire par la suite finit de me convaincre. Je hoche la tête et lui temps le bras. « Tu veux que je prenne tes affaires ? Je vais passer acheter un disque et puis… On pourra se prendre une glace. Si tu veux je te montre l’adresse de mon tatoueur. Si jamais tu as une idée définitive et un manque d’adresse…»
Je lui décoche un sourire. Nous partons tous les deux. Pas pour toute la fin de la journée. «J’ai un rendez-vous important.» lui ai-je dit. Mais pour une bonne demi-heure au moins… C’est déjà pas mal.

FIN

Jude semblait penser qu’Isabelle prendrait mal son attitude. Il était loin du compte : Isy était juste surprise par ce brusque changement d’attitude de la part du jeune homme. De plus, elle n’avait pas à lui dicter son comportement. Elle l’appréciait comme il était, il changeait un peu du commun des lycéens. D’ailleurs, Jude la prenait pour plus populaire et sociable qu’elle ne l’était réellement ! Elle posa délicatement ses lèvres sur la joue du beau brun et dit :

-Je ne passe pas mon temps à faire la fête et parfois, j’ai envie d’être seule. Je ne pourrais pas passer mon temps entourée par des tas de gens.. Elle ajouta ensuite : Au fait, j’aime les gens bizarres. Mais tu n’es pas aussi bizarre que tu le penses : tu es surprenant et j’adore ça !

Elle attacha ses cheveux en chignon et renfila son haut avant de se tourner de nouveau vers Jude et de lui dire : « Je veux bien qu’on aille se balader… Enfin, seulement si tu en as vraiment envie. Je ne veux pas te forcer à faire quelque chose que tu as moyennement envie de faire…[/color] ». Isabelle lui décocha son plus beau sourire. Elle ne savait pas vraiment comment il prendrait ce qu’elle venait de dire. Visiblement, personne ne pouvait prévoir les actions et réactions de Jude. Isy avait vraiment envie de connaître un peu plus Jude, qui, avouons-le, intriguait beaucoup Isabelle. Elle avait envie de se promener avec lui, de discuter avec lui et d’aller voir en-dessous du masque que le jeune homme portait. Isy était intimement convaincue que ce que montrait Jude n’était que des apparences et qu’il cachait une personnalité intéressante et attachante. Oh oui ! La vraie personnalité de Jude était certainement cachée sous une couche épaisse d’apparences. En fait Jude était un océan et sa personnalité était les profondeurs de cet océan. Personne ne cherchait à aller au fond parce que c’était trop dur mais Isabelle, elle, avait vraiment envie de le connaître peu importe la difficulté de la tâche qu’elle s’était imposée.

Spoiler:

Je pense que j’en ai assez fait comme ça. Cette petite leçon ne devrait pas durer plus longtemps. Pourquoi ? Mon comportement. Je ne suis pas le même qu’à l’habitude. Isabelle est une fille terriblement agréable. Mais elle est trop normale pour être avec moi. Je n’arrive même pas à exprimer cette idée clairement. Je veux dire par là, que je ne suis pas un être comme les autres. Je ne suis pas le type de lycéen à ce faire des tas d’amis. Et surtout des amis qui peuvent avoir d’autres amis, que tout le monde trouvent sympathiques. Non. Il me faut du mystère, de la fougue, de l’incompréhension, de la rébellion, de l’aventure, de la découverte… Et j’ai l’impression de perdre tout ça avec Isabelle. Ce n’est peut-être qu’un sentiment fugace. C’est pour ça qu’il vaut mieux que je parte avant de me conformer à cette idée. La seule et unique raison qui pourrait me convaincre de rester sont les deux beaux yeux suppliants de la demoiselle. Et également un nouvel aspect de sa personnalité. Quelque chose qui sort de l’ordinaire. N’avait-elle pas dit être comme des flammes. Alors où est cette pointe de chaleur ? Cette caractéristique si particulière associée aux enfers. Ou bien, je n’interprète pas les flammes de la même manière qu’elle… Ce qui pourrait être intéressant. Un avis à partager sur la question. Je bouge légèrement du sable. Histoire de ramener mes jambes vers moi et de me hisser du sol. Seulement Isy me prend de court. Elle a l’impression que je fuis. Elle n’a pas tort. Mais je ne sais comment lui explique. Tu es trop naturelle, gentille, aux apparences simples. Tu me fais peur en me donnant l’impression d’être un de ces élèves rangés qui se font facilement des amis et qui attirent le regard des filles. Non. C’est bien trop direct. Mais autant dire que je ne sais pas quels autres mots je pourrais utiliser. Isabelle continue en me donnant les jours auxquels on pourrait se revoir. J’essaye de m’en souvenir. Le samedi. Parfait.
La demoiselle se relève et se rhabille. Elle semble nerveuse. Je l’ai mise dans cet état. Je ne suis qu’un gros c*n.
« Oui. C’est parfait le samedi après-midi. Tu as mon numéro, non ? Je ne sais plus si je te l’avais donné… Au pire on en reparle sur facebook Mademoiselle Wolfe !»
Je lui fais un sourire. Bon. Ça c’était réglé. Il vaut mieux que j’enchaîne. Je ne peux pas la laisser dans cet état ! Ce serait cruel… J’ai beau l’être très régulièrement. Là. Je ne peux pas me le permettre. J’ai quand même des bonnes manières. Je peux essayer de ne pas la dégouter.
« J’suis désolé d’interrompre tout comme ça. Tu n’y es pour rien, hein ! Je suis un mec bizarre, on finit par si faire. Quoi que… Mes amis critiques souvent mon caractère un peu limite. Je ne voudrais pas te prendre trop de temps dans ta journée. Je suis sûr qu’en ce… On est vendredi ? Je suis persuadé que t’as un truc de prévu. On est vendredi… Des amis t’attendent et tu vas faire la fête, non ? Bon… Il est peut-être tôt. On peut aller marcher un peu si tu veux… J’ai beau vivre depuis toujours à Miami, la plage me devient rapidement insupportable.»
Trop de bruit. Trop de monde. Trop de peuple. Trop de corps. Trop de regards. Tout le monde essaye d’impressionner l’autre tout en faisant semblant de ne pas s’intéresser à ce genre de chose. Je savais que notre cours de natation avait été analysé et observé par de nombreuses personnes. Je m’en fous. Mais voilà… Je n’aime pas ça. Je me sens mal à l’aise. A moins que ce soit Isabelle qui me rendent comme ça… Elle me change vraiment. Depuis quand je parle autant ? Même si tout n’était pas vrai. J’ai lancé beaucoup de mots !

Spoiler:

Isabelle sentait le regard de Jude sur son corps mais ce regard était peut-être un peu trop insistant. Elle n’aurait peut-être pas dû lui montrer cette zone de son corps. Cependant, Jude avait conscience de son regard un peu insistant et le détacha donc du corps de la blonde. Elle était soulagée de ne plus sentir de le regard du beau brun sur elle néanmoins, elle comprenait qu’un garçon regarde une fille de cette façon-là… Surtout vu l’endroit qu’elle lui avait montré quelques instants auparavant. Elle ne pouvait pas en vouloir à Jude de la contempler. Elle sourit au compliment du jeune homme qui subitement changea de comportement au grand désarroi d’Isy. C’était réellement dommage car Jude avait été vraiment sympathique durant la leçon.

-J’ai fais quelque chose de mal ? J’ai l’impression que tu essais de te dérober.... Elle répondit à la question qu’il lui avait posé : Je suis libre tous les samedi. On n’a qu’à prévoir une leçon par une semaine, tous les samedis. Qu’est-ce que tu en penses ?

Isabelle commençait à avoir chaud, très chaud, trop chaud. C’était fou ce qu’il pouvait faire chaud à Miami ! Elle se redressa en souriant à Jude. Elle récupéra ses vêtements dans son sac et renfila son short. De toutes façons, ils n’allaient pas retourner se baigner. Elle entortilla nerveusement une longue mèche blonde mouillée autour de son index. Ca la rendait un peu nerveuse de ne pas savoir pourquoi Jude avait changé de comportement en un clin d’œil, ça la rendait nerveuse à force de se demander si elle avait fait quelque chose de mal.

Isy m’en révéla un peu plus sur la signification des flammes pour elle. Ses erreurs. Elle avait donc commis des erreurs. On en fait tous. C’est ce qui nous permet de grandir, d’évoluer comme il le faut. Ou pas d’ailleurs. Ce sont nos erreurs qui nous forgent. On ne peut pas vivre sans. Comme on ne peut pas vivre en oubliant l’ancre dans notre peau. J’aime l’idée de choisir une erreur comme base. C’est ce que j’ai fait. Mais pour Isabelle on dirait que ça la ronge. Il ne faudrait pas que son tatouage lui fasse mal à chaque fois qu’elle pose les yeux dessus. Même si je ne pense pas que ce soit le cas. Elle me montre l’endroit où elle se ferait tatouer son soleil. Mes yeux scrutent un instant sa peau. C’est difficile de sans détacher. Mais je me force. Je ne veux pas lui faire peur avec mes idées un peu tordues. Mes idées de mâle adolescent. Fichu instinct !
«C’est un bon choix. J’aime bien. Mais prend ton temps. C’est tout ce qui tu as de mieux à faire !»
Je la regarde toujours et souris. Je ne sais ni trop quoi faire. C’est bizarre. Le soleil nous frappe fort. Il chauffe nos deux corps comme s’il voulait nous cuir. Nous rôtissons sur cette plage. Et je ne m’en plains pas. Il faut chaud, il fait beau et j’en profite. Je profite également de la blondinette. C’est une fille agréable. Je suis content de passer ce temps avec elle. Mais bizarrement je ne me trouve pas naturel. Comme si j’essayais d’être trop bon, trop gentil, trop parfait.
« Euh… Bon. On se prévoit une nouvelle leçon. Quand est-ce que tu es libre ?» Non. Je n’essaye pas de fuir. Pas du tout.

Isabelle comprenait tout à fait le raisonnement de Jude sur les tatouages puisque celui de la jeune fille était similaire pour ne pas dire identique. Plus le beau brun parlait et plus Isabelle était intriguée : Jude était vraiment intéressant. A première vue, il paraissait si distant, si inaccessible alors qu’en fait, il était juste particulier et il cachait qui il était réellement. Isy avait envie d’aller voir plus loin que la carapace qu’il laissait visible. Elle voulait pouvoir toucher du doigt le vrai Jude. La blonde rouvrit les yeux, tourna son visage vers Jude.

-Je pense aux tatouages que j’ai envie de me faire de cette manière. Les flammes représentent tellement pour moi : ce sont mes erreurs, ce sont mon frère que j’ai détruit sans le vouloir… Mais le problème c’est que je ne me vois pas avec des flammes en tatouage… Après je pourrais me faire tatouer un soleil, ça correspondrait aussi très bien et ça m’irait mieux ! Le Soleil me rappellera toujours le feu et mon erreur… D’ailleurs, si je me tatouais un Soleil je pense que je le ferais là…, dit-elle en désignant le coin inférieur droit de son abdomen.

C’était vraiment difficile de trouver quelque chose qui nous correspondait et que l’on ne regretterait pas par la suite. Le Soleil n’était pas le seul astre qui correspondait très bien à Isabelle, il y avait aussi la Lune. Isy, tout comme la Lune, avait une face cachée, une face sombre, une face qui lui faisait peur. Cette face cachée d’Isabelle qui avait détruit son frère, qui l’avait réduit à néant. La petite blonde perdit son sourire quelques instants. Elle était incapable de sourire lorsqu’elle pensait à son frère. Elle était partie à Miami en partie pour fuir son frère et sa mauvaise humeur qui, à force, devenait légendaire ! En fait, quand elle pensait à son frère, elle avait envie de pleurer. Elle attrapa la main de Jude, elle avait besoin de sentir qu’elle n’était pas toute seule, qu’elle pouvait être soutenue par quelqu’un.

Spoiler:

Elle me répond qu’elle n’a pas d’idée précise. Qu’elle ne sait pas vraiment quel dessin choisir et où le mettre. C’est une décision importante qui ne se fait pas en un fragment de seconde. A part d’avoir un déclic. Et d’être aussi sacrément impulsif ! On doit y réfléchir, on doit être sûr et prendre son temps. C’est tout de même quelque chose que l’on garde à vie ! A part pour ceux qui les effacent après coup. Mais bon, je les trouve toujours imbéciles ceux-là !
Elle pense à des flammes. J’ai du mal à l’imaginer avec ça. Enfin, la conception que je me fais d’un tatouage de flammes n’ait pas celle que je mettrais sur le corps de la blondinette. J’imagine ça, remonter les avants bras d’un bikeur barbue. Alors maintenant transposez cette image sur le corps frêle d’Isy. Vous voyez le problème ? Bon. Peut-être qu’elle a un dessin intéressant. Elle continue en énumérant toutes les idées qui lui sont passées par la tête. Une phrase. Une citation. Une fleur. Une tortue… C’est qu’il y a pas mal de choses dans sa tête ! Je souris. J’aime bien suivre son raisonnement. Elle veut que son tatouage ait une signification. Je connais. C’est comme ça que je raisonne également. Saturne récemment représente tous les changements de ma vie. C’est le symbole des édifices, de la vie, de la science. J’ai mon rôle à jouer sur cette planète. Ou plutôt dans mon propre système. Je ne suis pas le soleil. Non. Enfin, j’essaye de ne pas l’être. Ne pas attirer l’attention, tout faire dans l’ombre. Me protéger. Un anneau protecteur. Comme cette planète. J’ai ma carapace. Une chose que l’on voit en premier chez moi, que l’on regarde sans toucher. On peut distinguer le vrai Jude derrière. Mais c’est mon anneau qui me définit. C’est ce dont les gens se souviennent. C’est ma carapace qu’ils décrivent, pas le cœur de ma planète. Mais Isabelle. J’ai l’impression qu’elle a pris un autre chemin. Elle a réussi à atterrir sur l’anneau. Elle nargue la planète. Elle me demande de la laisser venir contempler un paysage inconnu. Non. Je n’aime pas ça. Mais cette astronaute est plus fort que tout. Ça force elle me l’a démontrée. Je suis foutu. Je… On parlait de quoi déjà ? Ah oui des tatouages. Revenons à ça ! C’est toujours mieux que les déviances de mon esprit. Les déviances de mes yeux qui veulent glisser sur son corps. Non Jude. C’est mal !
« Tu sais faut que tu te poses les bonnes questions pour un tatouage. Moi j’ai un truc simple. Mais ça dépend de la personne… Je me demande qu’est que je ne veux pas oublier. Quel moment de ma vie, quelle erreur, quelle personne, quelle épreuve… Qu’est qui doit rester graver en moi pour toujours. Quand je regarde mon poigné, je me souviens de tous les changements que j’ai vécu cette dernière année. L’univers est composé de planète. Pour moi chacun de mes amis en est une. On ne peut pas tourner dans n’importe quel sens, on est reliés par un lien invisible, on a besoin de l’ombre de l’autre pour respirer, on a besoin de sa présence. Quand j’écris et que je vois ma phrase. Je pense à mes origines. A la France et aussi à mon envie de vouloir sortir de la norme. Etre différent. Ne pas suivre la masse de la population, se lever et crier haut et fort ce que l’on pense. Bref. Un tatouage c’est un choix. Après peut-être que tu veux refléter ta personnalité. Comme pour ses flammes. C’est bien aussi. Mais demande-toi si c’est ce qui te représente vraiment. Et si c’est le cas. Alors tu as trouvé ce qu’il te fallait.»
J’attends de voir si tout ce que je viens de dire réussi à fonctionner sur elle. En lui donnant mes idées, elle sera inspirée. Elle trouvera peut-être la soudaine illumination.

Isabelle sourit lorsque Jude la complimenta sur son tatouage. En fait, elle ne cessait de sourire lorsqu’elle était en compagnie de Jude. Elle fut contente de voir le jeune homme prendre un cookie. Elle aimait bien voir les gens manger. Isy ne comprenait pas cette honte que pouvait avoir certaines personnes lorsqu’elles mangeaient, elle ne comprenait pas le culte de la minceur voire de la maigreur que l’on entretenait chez les jeunes filles de son âge. Elle aimait manger et elle aimait voir les autres manger sans s’en vouloir. Elle écouta le brun, il ne lui expliqua pas vraiment la signification de son tatouage mais Isy ne chercha pas à en savoir d’avantage. Elle ne voulait pas remuer le couteau dans la plaie, elle ne savait pas ce qu’il avait vécu et il avait le droit à son intimité. Isabelle n’aurait pas aimé qu’on remue et qu’on fouille son passé alors pourquoi l’aurait-elle fait à quelqu’un qu’elle appréciait ?

Le jeune homme lui demanda ensuite si elle avait une idée ce qu’elle voudrait se faire tatouer. C’était une excellente question à laquelle elle réfléchissait intensément. Elle voulait se faire tatouer quelque chose qui aurait encore une signification dans plusieurs années. Le colibri était un oiseau qui lui ressemblait depuis qu’elle était enfant car même si le colibri était petit, il n’en était pas moins impressionnant et Isy espérait être comme un colibri. La blondinette trouvait que des flammes lui correspondraient bien aussi.

-J’ai des idées mais je n’arrive pas vraiment à me décider et surtout, je ne sais pas trop où me faire tatouer. J’aurais bien vu des flammes… Le feu est un élément qui correspond pas mal. J’avais aussi pensé à une phrase ou à une citation mais je ne sais pas quelle phrase je pourrais me faire tatouer sans que je le regrette. Sinon j’avais aussi pensé à une fleur… En fait, j’avais pensé à une fleur de lotus ou à une fleur d’hibiscus mais là, ça n’aurais pas de signification. A mon premier tatouage, j’avais aussi pensé me faire tatouer une tortue en style « polynésien » mais j’avais abandonné l’idée, je ne sais même plus pourquoi ! Bref, j’ai pas mal d’idées mais je n’arrive pas à me décider !

Elle reprit un cookie et but une gorgée puis elle s’allongea sur le dos, profitant de la chaleur du Soleil. Elle ferma les yeux, elle était bien comme ça, en bonne compagnie avec un temps vraiment agréable. C’était officiel : la journée était aussi parfaite qu’on pouvait le faire !

Isy s’est accrochée à moi pour se remettre dans la bonne position. Je me rends compte que je ne suis pratiquement pas mouillé contrairement à elle. Je suis donc un prof qui fait faire les choses sans y prendre part. Shit. Ce n’est pas ce que je voulais. Mais bon tant pis. De toute façon, si je veux l’aider je ne peux pas passer mon temps sous l’eau. Il faut que je prenne une certaine hauteur. Isabelle accepte la pause. Je remonte donc vers la plage. Je ne sais pas combien de temps on a passé dans l’eau. Pas beaucoup sans doute. Mais c’était suffisant pour une première fois. Étape par étape. Pas par pas. Ils n’ont pas commencé par faire un marathon autour de la lune ! Non. Ils y sont restés que quelques minutes. La blondinette s’installe sur sa serviette et j’en fais de même. C’est bon de sentir de le soleil sur ma peau. J’aime tellement Miami et son climat ! A part lorsqu’il y a des tempêtes, de la pluie venue du golfe du Mexique… Enfin ce genre d’intempéries. Mais pour le reste, c’est très agréable de vivre dans cette ville. Un peu étouffant. Mais dès que l’on a la climatisation et une piscine ou l’océan. Tout est parfait !
La demoiselle me tourne le dos et remonte ses cheveux. Un regard me permet de voir ce petit oiseau. De grandes ailes, un bec fin est long. Je ne m’y connais pas mais je trouve ça adorable. Ça semble être un animal fragile. Un peu comme Isabelle. C’est comme ça que je l’interprète. Après je peux me tromper ! «C’est joli…» Je ne sais pas si elle m’a entendu. Un groupe de jeune à crier au même moment en se faisait de grands signes.
Isabelle se remet dans le bon sens, face à moi. Des gouttes d’eau perlent chaque parcelle de son petit corps. Elle me regarde et je la laisse faire. Le contact avec ses doigts me fait légèrement frissonner. Ils sont largement plus froids que ma peau. Ils avaient pris la température de l’eau qui n’était pas bouillante. J’observe sa main un instant. Cette douceur nous unit. Ce geste nous rapproche un peu plus. Et je ne me défends pas. Je laisse faire. C’est comme si elle creusait du bout des doigts ma carapace. Je ne réagis pas. Non. J’apprécie. Mes yeux reviennent sur son visage. J’arrête pas de me répéter que je n’aime pas les blondes. Qu’elles sont toutes pareilles. Des Barbies. Je n’aime pas les poupées. Trop fragile. Trop de plastique, pas assez de cerveau. Mais Isabelle est différente. Elle ressemblait plus à une poupée de porcelaine. Cette magie qui n’est dans leurs regards… Ou encore une poupée russe ! Car j’ai réussi aujourd’hui à découvrir une nouvelle Isy. Une fille forte et pleine de courage. Une fille que je n’ai pas vu dès le début.
Elle trouve ça surprenant qu’on ne m’ait jamais dit que je suis mignon. Je pouffe légèrement de rire. Je ne m’en souviens peut-être plus, la fille devait être en état d’ivresse. Ou bien elle ne le pensait pas vraiment. Mais je n’avais pas souvenir qu’on me l’ait dit ainsi. Si clairement. Si franchement.
La lycéenne enchaine sur mes tatouages. Ce n’est sans doute pas le moment de lui révéler leurs significations. Elle sort un paquet de gâteau de son sac et le pose entre nous. Je souris. Elle pense vraiment à tout cette fille ! Bouteille d’eau, nourriture…
« L’eau ça creuse ! Tu vas voir, ça sera encore pire quand tu passeras des heures à nager !» je ne lâche pas ma bonne humeur et prend un des cookies. Je n’ai pas vraiment faim mais je ne peux pas y résister. Quel mec dit non à de la nourriture ? Franchement…
« Pour mes tatouages, disons que c’est assez complexe. Disons que ça représente pour moi la puissance et la protection. Mais aussi l’esprit de vengeance. J’ai eu un passé assez difficile avec ma famille et aussi mes amis. Disons que ça a beaucoup influencé ce choix. Mais tout te raconter serait long. Et je n’ai pas envie de t’ennuyer ou même de te faire peur.»
Je souris légèrement. Je n’ai pas vraiment envie qu’elle me pose d’autres questions sur ces deux-là. Mais je ne suis pas pour autant fuyant ! Bien sûr que non. Je n’ai pas fait ces tatouages pour ne jamais en parler. Ils sont pour moi comme pour ceux qui les voix. Je ne regarde pas mon torse tous les jours non plus ! Donc techniquement, je le vois moins souvent que certains. Enfin… Oui. C’est eux qui me protègent. J’en ai déjà utilisé. Je sais ce que c’est. J’ai besoin d’avoir l’assurance de pouvoir me défendre et défendre ceux que j’aime. Je ne me considère pas comme puissant mais j’ai besoin de l’être pour certaines raisons. Monter dans la monarchie. Si j’avais vécu à la cour des rois, j’aurais été celui qui prépare un coup en secret. Celui prêt à renverser la monarchie. Révolutionnaire ? Peut-être un peu. Incertain ? C’est sûr ! D’autres disent que les pistolets représentent le pouvoir par le sexe. Bon. Je ne suis pas vraiment d’accord. Enfin, ce n’est pas comme cela que je les vois. Et bien que j’aime les femmes, jamais je n’utiliserai le sexe comme un arme. Bref. Des interprétations il y en a des tonnes. Dire que j’ai tué un homme à coup de deux balles serait certainement flippant pour Isy. Je tiens à dire que je ne l’ai pas fait, hein ! Quoi que… Si ça peut intriguer, je veux bien prétendre ça.
« Et toi, dis-moi, tu as dit que tu comptais t’en refaire. Tu as déjà une idée ?»

Isabelle avait remarqué qu’à chacune de ses paroles, elle coupait Jude dans ce qu’il allait faire. A moins que ce ne soit qu’une impression ? C’était peut-être son subconscient qui lui ordonnait de dire ce qu’elle pensait dès que Jude s’apprêtait à la lâcher. Isy rougit lorsqu’il lui dit qu’elle était ravissante et charmante. Par contre, elle était étonnée que ce soit la première fois qu’on lui dise ce genre de chose. Isabelle ne releva pas que selon Jude, elle pouvait arrêter l’exercice puisqu’elle y arrivait toute seule. C’est vrai qu’elle ne sentait plus ses mains sous elle. Puis il lui proposa de faire une pause. Oui, une pause c’était bien. La jeune fille agrippa le cou et les épaules de Jude et se remis sur ses jambes. Elle ne lâchait pas le beau brun, elle ne sentait plus ses jambes et avait peur de s’écrouler dès qu’elle le lâcherait. « Je veux bien faire une pause, je ne sens plus mon corps. C’est vraiment bizarre. J’ai l’impression d’avoir couru un marathon ! ». Ils retournèrent alors sur la plage. Isabelle s’affala sur sa serviette. Elle était vraiment K.O. mais elle ne cessait de sourire. Elle était heureuse de ce qu’elle avait fait. Elle bu deux gorgées d’eau provenant de la bouteille qu’elle avait dans son sac. Elle tourna son dos vers Jude et écarta ses cheveux de son omoplate gauche.

-Je pense que tu n’avais jamais vu mon tatouage…

Le petit colibri tatoué était totalement visible. Isy ne pouvait pas dire qu’elle n’était pas fière de son tatouage car il était magnifique. L’oiseau tatoué avait l’air d’être vrai et prêt à s’envoler de l’omoplate de la blonde. Il fallait dire que le tatoueur chez qui elle l’avait fait faire était renommé et coûtait cher mais il faut y mettre le prix si on veut avoir de la qualité ! Elle laissa le temps à Jude pour observer le tatouage avant de lui refaire face. Ce fut au tour d’Isabelle de contempler les tatouages de son ami. Elle restait surprise par le choix de Jude de se faire tatouer deux pistolets sur le torse. Quelle pouvait être la signification de ces tatouages ? La jeune fille laissa ses doigts glisser sur l’avant-bras du Nu Zeta. Plus elle le touchait et plus elle aimait ça. Sa peau était chaude, c’était agréable. Puis elle releva les yeux pour croiser le regard du brun.

-Au fait, je suis vraiment la première personne à te dire que tu es mignon ? J’y crois pas ! C’est vraiment… Surprenant !, déclara-t-elle sans lâcher Jude du regard. Elle enchaina en reparlant de tatouage : Sinon… Les deux pistolets sur son torse ça signifie quoi ? Je pense qu’il y a une signification dans le choix de tes tatouages, non ?

Subitement le ventre de la jeune fille se mit à gronder. Là, il fallait peut-être manger, reprendre des forces. Elle attrapa le paquet de cookies qui était dans son sac et prit un des biscuits. Elle mangeait lentement. Elle posa le paquet de cookie et sa bouteille d’eau entre elle et Jude afin que, s’il le voulait, Jude pourrait se servir.

Elle aime la sensation. Tant mieux. Elle ne le sait pas encore mais je m’apprête à m’éloigner un peu. Isabelle enchaine sur mes tatouages. Elle en a un également. Je ne le savais pas. Enfin, je ne l’avais pas remarqué. Il doit être discret. Pas très grand… J’aurais dû faire attention. Mais il ne faut pas m’en vouloir, je suis un homme. Par conséquent j’ai des facultés d’observation limitées. Enfin, je suis très fort pour certains détails. J’ai impressionné plus d’une personne grâce à ce talent. J’aime les couper en finissant leur phrase. J’aime deviner les gestes qu’ils vont faire et les devancer. J’adore trouver les tics nerveux et m’en amuser avec. Mais le tatouage de la belle Isy… Il avait réussit à passer au travers de mes filets !
Au moment où je veux la lâcher complètement, elle me fait un compliment. Ah les filles… Peut-être qu’elle a anticipé. Ou bien son subconscient lui a dit de me prendre par les sentiments. J’apprécie. Réellement. Ça me fait chaud au cœur d’entendre ça. Surtout que je me fais plus facilement des ennemis. J’énerve les gens. Je ne les rends pas si forts que ça… Elle rigole un peu. Je ne comprends pas vraiment en quoi c’est drôle ce qu’elle dit. Mais je souris. Je pouffe légèrement. Ce n’est pas voulu. Disons que son rire si cristallin, pur voir presque enfantin me fait complètement craqué.
Je suis sous le charme. Shit. Je suis à sa merci maintenant ! Il faut que je me reprenne ! Hop hop hop ! J’écarte lentement ma main droite de son corps. Il n’en reste plus qu’une dans son dos. Je vais bientôt la retirer. Mais les mots d’Isabelle captent un peu trop mon attention. J’agis au ralenti. Elle me dit clairement qu’elle me trouve mignon. Wow. Ce n’est pas courant comme déclaration. Enfin… Je ne suis pas habitué à ça. Surtout de la part d’une fille. Un gars n’hésite pas à dire combien une demoiselle est belle. Il la noiera sous les compliments. Il la flatte. Mais c’est connu ! Ça ne choque personne. Et c’est comme cela qu’on arrive à avoir des filles dans nos bras, nous les mecs. Mais entendre ça de la bouche d’une belle blonde. C’est perturbant. Ce n’est pas désagréable, hein ! Du tout. Je suis même content. Je pense la même chose d’elle. Elle est ravissante. Éblouissante. Surtout quand elle rigole ainsi. «Ce n’est pas idiot du tout. Tu sais, je trouve ça adorable que tu m’avoues ça. On ne me l’avait encore jamais dit. Et que ce soit de la part d’une charmante et ravissante demoiselle comme toi.» Je souris. Je ne peux plus m’en empêcher. Je vais bientôt avoir des crampes. Je me penche un peu vers Isy. «Je pense que l’on va pouvoir arrêter cet exercice, étant donné que tu y arrives par toi-même.» Je lui ai parlé doucement, presque à l’oreille. Elle va s’apercevoir que je ne mens pas, va prendre panique et risque d’arrêter de flotter. Pour éviter que son corps s’enfonce dans l’eau et la traumatise à nouveau, je place à nouveau à leurs places. Je ne touche pas son corps. Je suis à quelques centimètres. Pour paraître à toute éventualité. «On peut faire une pause… C’est déjà beaucoup pour une première fois !»

Isabelle sourit lorsque Jude lui dit qu’il avait six tatouages. C’était beaucoup ! Elle ria quand il lui interdit de regarder l’un des tatouages tout simplement parce qu’il ne voulait pas qu’elle se concentre. Puis il demanda si elle aimait la sensation de flotter. C’est sûr que c’était agréable. Qui n’aimerait pas ? Elle fit aussi ce que lui avait ordonné Jude c’est-à-dire de remonter le ventre et les fesses. Elle patienta quelques instants puis se rappela qu’il fallait qu’elle réponde au jeune homme.

-C’est juste génial… Mais je crois que ce serait moins si je ne te savais pas avec moi et prêt à me rattraper si je commençais à couler !. Elle enchaîna en parlant des tatouages : Six tatouages c’est beaucoup ! Personnellement, j’en ai un mais je compte bien m’en refaire un autre… Enfin, je m’en referais un si je trouve un bon tatoueur et si je trouve ce que je pourrais me faire tatouer !

Oui, Isabelle avait envie de se faire tatouer quelque chose de spécial, quelque chose de vraiment fort. Le colibri qu’elle s’était fait tatouer il y a un peu plus de six mois n’avait pas de réelle signification, c’était juste un oiseau qu’elle aimait parce qu’il lui ressemblait : il était tout petit. Et le colibri était le seul oiseau à pouvoir voler en arrière. Isy adorait repartir en arrière et effacer quelques bêtises qu’elle avait faite. En fait, ce tatouage avait quand même une signification. Isabelle était sûre de ne pas se tatouer le prénom d’un garçon dont elle tomberait amoureuse car elle pourrait commençait à détester le garçon et là, elle se mordrai les doigts de s’être fait tatouer son prénom. Elle ne cessait de sourire, c’était fou ce qu’elle se sentait bien avec Jude.

-Tu sais, Jude, tu es vraiment un mec sympa. Je te suis infiniment reconnaissante de m’apprendre à nager. Je me sens vraiment bien avec toi, je crois que tu me donne de la force !, dit-elle en riant un peu.

Pourquoi riait-elle ? Ce qu’elle disait était la pure vérité. D’ailleurs, elle avait déjà menti une fois à Jude et ce mensonge était déjà de trop ! Il faudrait peut-être qu’elle rétablisse la vérité, non ? Pour elle c’était crucial d’être honnête envers les gens qu’on appréciait ou qu’on aimait tout simplement.

-Tu te souviens du jour de notre rencontre ? Je t’avais dit que je t’ai pris en photo par inadvertance… Ce n’était pas vrai. Je t’avais déjà vu dans les couloirs, je t’avais trouvé… Très mignon et, ensuite, je t’avais vu sur cette plage, je voulais t’avoir dans mes photos, je voulais pouvoir me souvenir de toi dans plusieurs années… C’est bête, n’est-ce pas ?, déclara-t-elle avant d’éclater d’un rire cristallin.

Isabelle se sentait mieux, la vérité était dite, Jude connaissait la véritable histoire et ça suffisait à Isabelle. Elle se demandait quand même comment Jude réagirait ! La blondinette ne voyais pas pourquoi son adorable maître-nageur prendrait mal le fait qu’Isy le trouve très mignon !

Isabelle fut le choix le plus raisonnable. Tant mieux. Il ne faut jamais aller trop vite. C’est comme dans tout que se soit avec une fille, la première journée de classe, la première fois que l’on fait du vélo sans les roues, la première fois qu’on conduit une voiture… Merde. Je l’ai déjà dit ça. Et puis, j’ai encore fait le rapprochement avec l’amour. Mais j’y peux rien. En vélo si on va trop vite, on se fait mal. Généralement les genoux ou les mains. En amour si on précipite, que l’on amène directement le sexe… Ben, ça ne colle pas. On est forcément déçu. On n’arrive pas à connaitre correctement l’autre. Et bien souvent ça ne dure pas. On abandonne l’idée du couple. On abandonne les leçons de vélo. Isabelle n’abandonnera pas la natation. Non. Je suis son professeur. Je suis un bon pseudo professeur. J’assisterai à sa réussite. Et elle pourra montrer ses talents à tout le monde.
Elle me serre les mains. J’aime ce contact. Je sens et je sais qu’elle a besoin de moi. Elle plonge une fois, deux fois, trois fois… Je suis content. Elle y arrive. Elle est vraiment déterminée à réussir. Vaincre une peur ce n’est pas rien. Et je pense, si j’arrive à connaître ma plus grande peur, que je ne serais pas capable de la battre à cette vitesse. Ah si ! C’est perdre Joshua et Marissa qui me fait le plus peur. Mes chéris. Ma vraie famille. J’ai tout fait avec eux, mes premières fois et leurs premières fois. Enfin pas toutes… Mais on en a toujours discuté. C’est ça le truc : l’entraide. Qualité principal à avoir dans toutes relations. Si on veut réussir, il ne faut pas être seul. Et moi je suis là. Que ce soit pour les jumeaux, pour ma bande de potes ou pour Isabelle. Je suis là.
La blondinette me dit justement qu’elle est déterminée. J’avais deviné et je me contente d’acquiescer. Elle m’impressionne. Je ne pensais pas qu’elle pouvait avoir tant de force de caractère. Avoir peur de l’eau, ce n’est pas si mortel. Enfin, ça vie n’en change pas trop, si ? A moins qu’elle n’ose plus prendre de bains. Non. Je rigole. Elle veut passer au second exercice. J’aide Isy à faire la planche. Je vais l’initier à ce petit exercice reposant. Il peut être extrêmement dangereux de le faire en mer, comme il est dangereux de s’allonger sur un matelas gonflable. Parce que l’on ne fait pas attention où le courant nous emmène et que l’on peur largement s’éloigner de la plage.
Je pose bien mes mains sous elle. Ce n’est pas un geste déplacé. Il n’y a aucune volonté derrière. C’est juste de l’aide. Je finirai par la lâcher. Sans qu’elle s’en rende compte… Isabelle fixe sa concentration sur moi. Elle me parle de mes tatouages. « Euh… Six. Ma phrase veut dire « La Terre Tourne », c’est du français. J’ai mes deux pistolets sur le torse. Saturne, mon coude avec le dessin qui remonte. Et un symbole sur mon avant bras droit. Mais tu ne dois sans doute pas le voir là… Et ne le regarde pas ! Ordre de professeur. Ça risquerait de te déconcentrer. Si tu veux je te laisserai regarder tout à l’heure. Ça ne me gêne pas.» Je porte une œuvre sur moi. Chaque dessin à son propre sens. Il retrace une histoire, un fait marquant de ma vie. Je n’ai besoin que de baisser les yeux pour me rappeler ce qui s’est passé. Je n’en ai pas forcément besoin. Mais au moins j’ai la persuasion que jamais je n’oublierai. Jamais je n’effacerai ces détails de ma personnalité. «Maintenant, dis-moi. Tu aimes bien cette sensation ? Essaye de remonter le ventre et les fesses au maximum. Vers le ciel. Tu flotteras encore mieux.»

Voir Jude sourire donnait envie de continuer de sourire à Isabelle. D’ailleurs il était encore plus mignon lorsqu’il souriait. Isy lâcha l’une des mains de Jude pour coincer l’une de ses mèches complètement trempées derrière son oreille. Elle reprit juste après la main du jeune homme. Isabelle ne cessait de passer du regard du beau brun à son corps. Elle devait arrêter de le regarder comme ça ! Déjà qu’elle avait des vues sur Scott, elle ne pouvait pas être attirée d’une façon aussi intense par deux garçons, non ? Peut-être que ce n’était qu’une attirance physique qu’elle éprouvait pour Jude ? Non… Son attirance envers Jude ne se réduisait pas qu’à son physique car Isabelle se sentait bien en sa compagnie. Allez, elle devait arrêter de se poser des questions et profiter de la journée. Elle ria aux paroles du beau brun. Jude était adorable avec Isabelle. Il lui proposa de remettre la tête sous l’eau ou de se laisser flotter. Pour le moment mieux valait remettre la tête sous l’eau encore une ou deux fois. Il fallait qu’elle s’habitue avoir la tête sous l’eau et ne pas paniquer. « Je vais recommencer encore une ou deux fois, je crois que c’est mieux… ». Ses mains serraient toujours celles de Jude et Isabelle replongea mais cette fois-ci, elle le fit plus rapidement. Elle compta dans sa tête les secondes qui passaient. 1… 2… 3… 4… 5… 6… 7… 8… 9… 10… 11 secondes. La secondes fois, elle réussi à garder la tête sous l’eau 15 secondes. Peu à peu, elle parvenait à s’habituer à garder la tête sous l’eau. Isy continua de sourire. Elle était heureuse de réussir à affronter sa peur de l’eau.

-Au fait, si je suis rapide c’est juste parce que je suis déterminée à ne pas laisser ma peur me diriger. Je veux vraiment combattre cette peur qui me pourri la vie., lui expliqua-t-elle avant de lui annoncer : Bon, on passe au second « exercice » ?.

A l’aide de Jude, elle s’ « allongea » sur l’eau. Isabelle ne tenait plus les mains du jeune homme. La jeune femme sentait les mains chaudes du jeune homme dans son dos et au creux de ses genoux. Elle souriait toujours. Elle ferma les yeux tant elle se sentait bien, elle se détendait, elle n’avait pas peur puisque Jude la tenait. Le moment était juste parfait. Au bout de quelques instants, elle rouvrit les yeux. Là, c’était vraiment le moment fait pour discuter avec son « professeur ».

-Dis, tu as combien de tatouages ? D’ailleurs, que veut dire la phrase tatouée sur ton bras ? N’hésite pas à me le dire si je suis trop indiscrète…, dit-elle d’une voix où ressortait sa joie d’être là avec lui.

Isy ne cessait de regarder Jude. Il était adorable et vraiment craquant. Son regard s’attarda sur les lèvres du jeune homme. Petit à petit un étrange désir vint l’envahir : elle avait tant envie de poser ses lèvres sur celles de Jude mais c’était trop rapide, elle devait refouler cette envie.

Elle ne lâche pas mes mains. Nous sommes liés. A jamais. Enfin dans cette épreuve. Notre contact ne s’arrêtera pas tant qu’Isabelle n’ait plus besoin de moi. Je rêve vraiment de voir ma mission accomplie. Je ne la quitte pas non plus du regard. La blondinette descend progressivement. Son corps se mouille un peu plus de minute en minute. Je le fais aussi. Mais en décalage. Histoire d’être un peu moins en avance et d’avoir du recule, si jamais il se passe quelque chose… Il peut toujours survenir un évènement imprévu. Ma belle photographe peut soudainement prendre panique. Il ne faut pas que je sois dans l’eau, les pensées rivées sur son maillot de bain, à ce moment-là. Non. Je reste attentif à tout. Ce qui se passe sur la plage, le bruit des vagues qui s’approchent, le sable sous mes pieds, les cailloux qui peuvent être pointus, les yeux de la lycéenne. Elle hésite. Je le sens. C’est même palpable. Elle se demande si elle peut le faire. C’est le moment. Vas-y ! Tu peux le faire Isabelle ! Je ne veux pas dire un mot. Je ne peux pas. Je suis sans doute aussi stressé qu’elle. Cette épreuve est l’une des plus cruciales. Si cette étape est franchie… Alors tout sera plus simple ! Je suis aussi prêt à l’éventualité de l’échec. On peut toujours faire ça par gradation. On prendra notre temps. On ne précipitera pas les choses. Comme en amour… Merde. Je suis revenu encore sur cette idée.
Isy vient de le faire ! Elle vient de faire disparaître sa tête sous l’eau. Elle l’a fait ! Un sourire envahit mon visage. Je suis heureux. Ça ne dura pas longtemps. Mais ce fut assez ! Isabelle sera bientôt une nageuse olympique ! A nous les JO de Londres !
Ses cheveux blonds étaient alors un peu plus foncés, ils se collaient contre sa tête, son dos et ses épaules. Je peux remarquer que sa respiration est saccadée. Mais la chose la plus magnifique fut son sourire. J’aime tellement ça ! J’ai contribué à ça… Vous vous rendez compte ? Ce moment en un peu particulier. Je le garderai certainement en mémoire. Une sensation de fierté et de bonheur fait battre mon cœur.

Rapidement, Isy lâche mes mains. Je ne comprends pas tout. Je n’ai pas le temps de dire quoi que ce soit ou faire quelque chose, que ma jolie demoiselle vient se coller contre moi. Je sens son corps, ses bras… Elle m’enserre. Je souris un peu plus. Quand elle s’écarte, j’essaye de reprendre un peu mon sérieux. Histoire de ne pas passer pour un abruti idiot. Elle me dit que ce petit geste signifiait beaucoup pour elle. Je le savais et je suis content qu’elle me l’avoue. Elle est bien plus forte que je ne le pensais. C’est une vraie guerrière, Isy. Elle affronte sa peur, comme ça. Beaucoup de mecs n’en aurait pas été capable ! Une guerrière se battant avec une épée et un petit bikini violet. Avec de l’eau lui tombant sur le corps et un regard perçant. Elle se bat avec force et sensualité. Et… Et je vais m’arrêter là tout de suite. Je reprends mon sérieux. Hamburger. Mamie. Glaçon. Toilettes. C’est bon. Ça va un peu mieux… J’ai réussi à effacer certaines images… Concentration. Natation. C’est parti ! Et puis, elle est trop mignonne comme ça. J’ai bien envie de la reprendre dans mes bras pour la féliciter. Je sais que mes mots ne seront pas conséquents. Mais bon, je me repousse cette envie. Je reste sobre. Pas trop de sentiments. Moi qui ne montre pas mes sentiments et qui jouent avec… Je devrais être capable de ça aujourd’hui aussi !
«Je suis très fier de toi, Isy ! J’étais sûr que tu y parviendrais, mais tu es plus rapide que ce que j’avais imaginé. Je pense que tu es capable d’être ma meilleure élève. Bon, on va faire comme si j’avais d’autres élèves que toi, hein ! Un jour tu dépasseras le maître !» De l’humour ! C’est bien l’humour, non ? Bon. Ce n’est pas tout. Mais on est sur la bonne voie dans notre apprentissage. On ne va pas s’arrêter maintenant ! «Bon. Tu veux recommencer, histoire de t’y habituer ou tu te laisses aller et je te porte. Enfin, je ne sais pas comme t’expliquer. Tu te laisses flotter mais je serais là à te tenir. Comme les bonnes vieilles roulettes de nos vélos. Après, c’est une étape difficile. Tu te sens prête à faire quoi ?» Toujours avoir l’avis de l’élève. Ne rien imposer. Prendre en compte ses envies et ses besoins. Je pourrais être un vrai prof… Un bon prof.

Spoiler:

Isabelle releva les yeux lorsque Jude lui attrapa la seconde main. Le regard de nouveau planté dans celui du jeune homme. Elle n’avait pas vraiment envie de le lâcher du regard. Leur échange visuel était assez intense. La respiration d’Isy était plus calme. Elle écouta attentivement Jude même si ses premières paroles étaient évidentes. Elle n’était pas aveugle ni idiote, elle savait qu’il y avait des vagues. Elle serra un peu plus fort les mains de Jude lorsqu’il lui demanda de mettre la tête sous l’eau. Elle était totalement terrifiée par le fait de mettre la tête sous l’eau. Elle se souvenait du jour où elle avait manqué de se noyer, ce jour où elle avait commencé à avoir peur de l’eau. Mais il fallait bien affronter ses peurs un jour ou l’autre. La blondinette hocha la tête en signe d’approbation. Elle ne lâcha pas les mains du beau brun et se baissa. Elle hésita lorsque son menton toucha l’eau. Devait-elle vraiment le faire ? Oui, si elle voulait vaincre sa peur et apprendre à nager. Elle inspira un grand coup et plongea sa tête sous l’eau.

1… 2… 3… 4… 5… 6… 7… 7 secondes. Isy avait tenu sept secondes sous l’eau. Elle remonta à la surface alors que son cœur tambourinait dans sa poitrine. C’était une sensation désagréable et étrange. Elle reprit lentement son souffle. Elle avait encore du mal à respirer. Elle se sentait encore oppressée par sa peur. Malheureusement, elle aurait encore besoin de passer par cette affreuse sensation avant de tordre le cou à sa phobie de l’eau. Le pire dans le fait d’avoir peur c’est que cette peur vous épuise lorsque vous tentez de la combattre. Cependant Isabelle gardait son sourire. Elle avait déjà fait le premier pas dans son combat contre la peur. En fait, son sourire était encore plus radieux qu’avant. Elle rayonnait littéralement de joie d’avoir réussi à faire à un pas vers sa libération de la peur. Et puis, cette boule qu’elle avait sentit dans sa gorge avant de mettre la tête sous l’eau avait réduit… C’était plutôt une bonne chose. Et actuellement, Isabelle mourrait d’envie de sauter au cou de Jude car, sans lui, elle n’aurait jamais fait ce petit pas qui semblait n’être pas grand-chose alors que pour elle, c’était le plus difficile à faire. Dorénavant, elle se sentait presque invincible et l’eau lui faisait déjà moins peur. Le tout était aussi de savoir si sa peur de l’eau ne reviendrait pas lorsqu’elle ne serait plus en compagnie de Jude.

Subitement, Isabelle décida de se jeter à l’eau… Enfin pas au sens littéral du terme. Elle décida juste d’obéir à son envie : elle lâcha les mains de Jude et l’enlaça amicalement même si ça ne l’aurait pas dérangée de l’enlacer un peu plus sensuellement. Elle resta quelques instants collée au jeune homme avant de s’écarter et de reprendre ses mains.

-Merci… Tu vois ce minuscule pas que tu viens de me faire faire ? C’était le plus difficile à faire pour moi. Ca fait des années que j’ai peur de l’eau et j’ai enfin eu le courage de combattre ma peur… Je crois que je n’aurais jamais eu ce courage sans toi…, déclara-t-elle sans cesser de sourire. Il faut dire qu’elle n’avait pas vraiment de raison d’arrêter de sourire, elle se sentait bien, elle était heureuse… La journée était une journée quasi-parfaite ! Il en faut peu à une optimiste telle qu’Isy pour être heureuse et avoir une bonne journée car un seul pas faire l’objectif qu’elle s’était fixé éclairait sa journée. En fait, c’était bien d’être dans la peau d’Isabelle car il y avait très peu de mauvaise journée !

Spoiler:

Je n’ai pas vraiment fait attention au fait qu’Isabelle me prenne la main. En fait, ça me paraissait logique. C’est normal qu’elle se sente apeurée pour une première fois… On a tous eu une première fois. Dans tout. Que se soit avec une fille, la première journée de classe, la première fois que l’on fait du vélo sans les roues, la première fois qu’on conduit une voiture. Enfin voilà, vous comprenez ! Et pour la jolie blonde c’est la première fois qu’elle met les pieds dans l’eau pour apprendre à nager. Évidemment qu’elle a peur. C’est pour ça que j’ai besoin de l’entendre dire qu’elle a confiance en moi. C’est primordial. Et ce n’est pas pour me rassurer moi ! Non. C’est pour elle. Parce que ça avait beau être clair et net dans sa tête, il fallait qu’elle prononce ces quelques mots. Qu’elle s’en imprègne, qu’elle les assimile. On se connait à peine après tout. C’est parfois la meilleure des solutions. Bien, que je ne pense pas qu’elle se laisserait tomber sous prétexte que je le lui demande. Mais c’est à ça que je veux arriver. Pouvoir lui demander ce que je veux sans qu’elle ne se pose de questions. Et ce n’est pas pour la manipuler, l’avoir dans mes filets… Non, c’est avec de bonnes intentions que je fais ça. Je veux simplement qu’elle apprenne comme il faut. Je ne veux pas être le professeur chiant qui ne prend pas en compte ce que pense son élève. Je n’aime pas l’éducation dans ce pays. Alors je ne suivrais certainement pas leurs exemples !

-«Ouais, je te fais confiance… Je ne serais pas là si je ne te faisais pas confiance» Isabelle me répond cette phrase. Je suis à peine convaincu, mais je ne renfoncerai pas le couteau. J’ai senti dans sa voix qu’elle était bien moins à l’aise que tout à l’heure. Je lui pris sa deuxième main et ne la lâche pas des yeux. «Bon, ce qu’il faut savoir avec la mer, ou ici l’océan, c’est qu’il y a des vagues. Et parfois elles sont traitres, elles arrivent quand tu ne t’y attends pas. Mais ça ne va pas être un problème. Pas vrai ? On va mettre notre tête sous l’eau. Jusque quelques secondes, histoire de s’y habituer. Ça te va ?»
J’attends qu’elle soit prête, qu’elle soit partante. On prendra le temps qu’il faudra, je ne la brusquerai pas. Je suis gentil parfois. Surtout quand une demoiselle avec un tel regard se trouve en face de moi ! Je ne ferais pas le premier pas. Enfin, je veux dire, je n’irais pas sous l’eau en premier. A moins qu’elle ne me le demande. Non, je ne parlais pas de faire le premier pas… Comme le premier pas dans rapprochement. Je sais que ça pourrait être mal venu. Et puis j’aimerai bien accomplir ma mission. Si je lui apprends à nager, on se verra plusieurs fois. Ça ne se fait pas en un jour. Comme pour le vélo, l’écriture, la lecture, l’amour… Pourquoi je retombe sur ce dernier point, encore ? Bref. Je regarde Isabelle. J’attends de voir…

Autant Isabelle était pressée de commencer autant Jude semblait hésiter. Isabelle avait senti le regard du jeune homme s’attarder sur son corps, elle aurait bien rougit mais, là, ça lui donnait plus envie de sourire. Elle répondit un rapide « Bien sûr » à la question du jeune homme. A la grande surprise d’Isy, lorsqu’elle se retourna alors qu’elle était tout près de l’eau, Jude hocha docilement la tête avant d’arriver. La blondinette ne le connaissait pas très bien mais il ne semblait pas être le genre de garçon qui obéit sans dire un mot. Néanmoins, elle n'allait pas s’en plaindre ! Il commença à lui donner ses instructions. Ils se trouvaient face à face et ne se lâchaient pas du regard. Pour le moment, ça allait. Isabelle s’avançait dans l’eau sans problème. Puis son calme apparent commença à s’effriter lorsque l’eau lui arriva à mi-cuisse. Elle était bien moins rassurée et attrapa la main de Jude. Le contact avec la peau chaude de Jude était vraiment agréable. La jeune fille se concentrait sur la régulation de sa respiration : elle inspirait calmement, tentant de ne pas céder à la panique. Puis il lui demanda si elle lui faisait confiance. Isabelle le regarda sans comprendre pendant quelques instants. Ca lui semblait évident sinon elle n’aurait jamais accepté qu’il lui apprenne à nager. Elle le quitta du regard, baissant les yeux et observant leurs mains. De loin, ils auraient pu ressembler à un couple. La blonde releva les yeux et retrouva le regard de Jude. Elle lui faisait confiance mais elle hésitait à un peu à répondre à la question du beau brun. C’était difficile de dire qu’on faisait confiance à quelqu’un alors qu’on le connaissait à peine. Après un nouveau sourire à l’étudiant, elle répondit enfin :

-Ouais, je te fais confiance… Je ne serais pas là si je ne te faisais pas confiance.

Désormais, son entrain avait disparu avec son assurance. Cependant, cela ne voulait pas dire qu’elle n’appréciait pas le moment : l’eau était bonne, la compagnie plus que… Humm…On va dire la compagnie plus qu’intéressante… L’un dans l’autre, Isabelle trouvait le moment assez bon. Avouons-le, Jude ne laissait certainement pas Isy de marbre. D’ailleurs, elle avait toujours prétendu qu’elle l’avait pris en photo involontairement le jour de leur rencontre. Je vous le dis : ce n’est pas la vérité ! Elle l’avait photographié simplement parce qu’elle trouvait mignon ! Et elle n’avait pas vraiment tort. Ses yeux se baissèrent et vinrent se poser sur l’avant-bras de Jude, juste là où était tatouée une phrase en français. Elle se demandait ce que cela pouvait bien vouloir dire. Isabelle avait beau avoir un prénom français et des origines françaises, elle ne parlait pas un strict mot de français. Cependant, elle préféra garder son interrogation pour plus tard.

La journée de cours se passe tout à fait normalement. J’écoute sans vraiment être attentif. J’ai des facilités, et j’en profite un petit peu trop. Je le sais. Mais que voulez-vous ? J’aime bien griffonner des petits dessins sur mes feuilles. Et quand le prof me pose une question, je me débrouille. Je tisse avec des mots. Et je brode une magnifique histoire. C’est toujours pareil. Mais aujourd’hui est un jour un peu particulier. Oui, je dois retrouver Isabelle à la plage ce soir. Enfin, juste là, après les cours. Il ne faut pas que je traine si je ne veux pas être en retard. Isabelle… J’aime bien prononcer ce prénom. C’est français. Comme mon tatouage. Et rien que me dire qu’elle a une touche française, ça me plait encore plus. C’est juste parce que mon père ne les aime pas. Il n’a jamais voulu m’avouer que mon grand-père venait de l’hexagone. Ça tombe pourtant sous le sens ! Mais bon, j’aime l’énerver. C’est son point faible. Je sais d’avance que je n’ai qu’à lancer le prénom de la belle blonde lors d’un diner pour voir le visage de mon père se perler de rouge. Je m’en frotte les mains à l’avance.
Bon, ce n’est pas tout. Il faut que je me dépêche un peu ! Isabelle doit déjà être en chemin pour la plage et je n’ai pas encore été chercher mon short de bain.
Je l’enfile en vitesse, balance mon jean dans ma chambre. Je cours presque dans le parc. Je connais bien le chemin. Le bruit des petits vagues parvient doucement à mes oreilles. Mes pieds s’enfoncent alors dans le sable. Je retire mes chaussures et cherche du regard la demoiselle. Elle est là. Dès que son regard me croisa, elle se leva pour se déshabiller. Elle semblait pressée. De commencer ? Bonne chose. Isabelle est belle. C’est digue comme son maillot de bain la met en valeur. Je… J’en suis troublée. Mais je n’aime pas les blondes. Non. Trop communes avec leurs yeux bleus et leur façon de ressembler à des poupées. Mais, elle, elle est différente. Son regard un peu gris peut-être. Comme métallique… Ou bien ses deux lèvres appétissantes. Son sourire, sa voix avec son léger accent… Mais il vaut mieux que j’arrête de penser à ça. Que j’arrête de détailler son corps ainsi. Sinon… Sinon, ça risque de devenir très gênant !
Je m’approche lentement et lui souris et elle aussi. Isy me demande si ça va. Elle avait lancé ça avec un entrain très prononcé. Ça me fait sourire encore plus. «Ça va et toi ?» C’est plus par courtoisie que je lui réponds. La demoiselle se dirige déjà vers l’océan. Je suis content, elle a l’air motivé. Moi, par contre, je ne sais pas comment je vais me débrouiller. Je n’ai honnêtement, jamais donné de cours de natation et je ne sais pas vraiment par quoi je vais commencer. Je regarde Isabelle s’avancer vers l’eau. Elle vient de se retourner et me regarde droit dans les yeux. Je pourrais presque l’entendre me dire de la rejoindre. Je hoche la tête, docile. Depuis quand j’obéis moi ? C’est cette petite photographe qui me fait tourner la tête. Méchante ! Bon. Je m’avance. L’eau est bonne.
«On va commencer par avancer dans l’eau. Histoire de se mouiller. On va pas commencer par ne pas avoir pied, hein ! On va chercher à flotter»
Je ne la quitte pas du regard. J’avance doucement, me retourne pour être face à elle et reculer quand elle avance. «Tu me fais confiance ?»

4 Mai 2012, 16h

Isabelle venait de finir ses cours et avait un rendez-vous avec Jude. N’allez rien imaginer, ce n’était pas un rendez-vous galant mais un rendez-vous pour une leçon de natation. Elle passa dans sa chambre, se changea : elle enfila son tout nouveau maillot de bain deux-pièces violet foncé et remis au-dessus son t-shirt et son short ainsi que ses ballerines. Elle attacha ses cheveux en chignon, prit le sac qu’elle avait préparé avec ce dont elle aurait potentiellement besoin et aussi ce dont elle n’avait pas besoin mais qu’elle ne quittait jamais. Elle quitta sa chambre et se dirigea vers la plage du lycée.

L’air était chaud en ce début de mois de Mai. Isabelle avait toujours un peu de mal à se faire aux températures élevées. Quelques minutes plus tard, Isy était à la plage. Elle jeta un coup d’œil aux alentours : Jude n’était pas encore arrivé. Elle allait l’attendre, il ne devrait pas tarder à arriver. Elle sorti l’une de ses serviettes, l’étala sur le sable chaud et la jeune fille s’allongea dessus sur le ventre. Certes la blondinette n’aimait pas particulièrement la chaleur et avait du mal à s’y faire mais là c’était vraiment agréable de se faire chauffer le dos par le soleil. Quelques instants plus tard, elle voyait son ami arriver. C’était fou ce qu’il était mignon, ce garçon ! Isy se remit debout et ôta ses ballerines, son short et son t-shirt pour se retrouver en maillot de bain. Elle était vraiment pressée de commencer, elle avait toujours un peu d’appréhension avant d’entrer dans l’eau mais rapidement cette petite angoisse s’en allait pour laisser place à une sérénité et à du bon temps passé en compagnie de Jude. Lorsqu’il fut à sa hauteur, Isabelle lui fit un sourire radieux.

-Hey, Jude… Alors ça va ?, demanda-t-elle alors que sa voix trahissait nettement sa joie de le voir.

L’étudiante se dirigea vers l’eau et s’arrêta lorsque des vaguelettes lui léchaient les pieds. Elle se tourna vers Jude et le regarda d’un air qui disait « Bon tu viens ou pas ? ». Elle était vraiment impatiente de commencer.