The one that got away (Hope)

Nous étions alors au jardin, je laissais mes doigts parcourir les cordes de ma guitare, répondant à la question d'Hope par des mélodies toutes plus diverses les unes que les autres. Je lui faisais un petit medley qu'elle s'amusait à reconnaître. Il y avait un peu de tout, mais c'était surtout des airs rock plutôt connu, bien qu'il y avait aussi un peu de pop. Ce moment eut l'air de la détendre et de lui faire plaisir, puisqu'elle rigolait en essayant de reconnaitre les airs que je lui jouais. Nous nous mettions à rire lorsqu'elle se trompait lourdement, on était comme deux gamins en train de jouer. Nous étions vraiment en train de passer un bon moment. Après ce petit blind test, je lui commença à jouer un air de ma propre composition, bien évidemment, elle ne pu me dire de quelle chanson il s'agissait, je lui répondit alors, toujours alors que je jouais :

« C'est normal, c'est une de mes compos ça... »

C'était l'une des rares fois que je jouais pour quelqu'un, généralement, personne n'écoutait jamais mes airs, mes mélodies et ma voix, je gardais ça pour ici, chez moi. Personne d'autre que Molly ne connaissait cette partie de moi, bon, sauf à partir de ce soir, Hope serait la seule et unique privilégiée. Nous continuâmes alors à jouer comme ça, au fil des minutes, des heures, le soleil se couchait et la fraîcheur de la nuit arrivait alors. On ne tarda pas à rentrer de nouveau dans la maison, s'installant dans le salon, au chaud, je proposa une veste à Hope pour qu'elle se réchauffe, lui proposant alors une boisson, café, chocolat ou même un peu de vin, afin de continuer à parler calmement. On se confia alors légèrement, je compris qu'elle avait perdu son homme récemment, d'un accident de voiture et malgré la peine qu'elle ressentait à cet instant, elle réussit à m'en parler, d'elle même, ce qui me fit plaisir bien évidemment, parce que ça me montrait que la douleur commençait à la laisser, bien sûr, elle ne partirait jamais réellement, cet homme lui manquerait toujours, mais au fil du temps, la douleur serait moins grande... Je me confiais alors à elle, lui parlant également de ma situation délicate, la mort de mes parents, mon procès, la disparition de ma soeur Célia, le fait que nous n'ayons jamais retrouvé les coupables etc... et puis je ne sais pas comment, on dériva légèrement pour parler de choses beaucoup plus légères, nous rigolâmes alors, on se racontait des souvenirs heureux, des hontes, des gaffes que nous avions faits enfant etc.. c'était vraiment comme une bouffée d'air frais.

Vers une heure du matin, Hope se mit à bailler lourdement, je lui proposa alors de la ramener à l'école, ce qu'elle accepta. Après quelques longues minutes sur la route, je la raccompagna devant son bâtiment, j'étais vraiment heureux de cette soirée et je n'allais pas me priver de le lui dire :

« J'ai vraiment passé une excellente soirée Hope, ça m'a fait plaisir qu'on passe ce temps ensemble, en tout cas, si tu as besoin d'une épaule, d'un ami, si tu veux sortir ou pas justement, appelles moi, je serai là. »

Je lui souris et m'approcha d'elle pour glisser ma main dans l'arrière de son cou afin de déposer un baiser sur son front.

« Bonne nuit Hope, dors bien... »

Je lui souris alors et après quelques instants, je me remis en marche en direction de ma voiture, afin de rentrer chez moi. Je me sentais vraiment bien, même plus que bien, j'étais comme dans un état second. J'avais un sourire con sur les lèvres... merci Hopy ♥

« Et il y tenait à son Impala. De toute façon il connaissait tout niveau mécanique. J’aurais été mariée à un mécano !»
Elle rigola légèrement. Mariée. Oui, elle l’aurait épousée. Elle aurait été prête à le faire. Le grand Amour. L’unique. Le seul. Le parfait. Le réciproque. Celui qui vous donne une bonne raison de vivre. Celui qu’il faut avoir connu au moins une fois dans sa vie. Oui, elle était jeune et toute les gamines de son âge disent ça lorsqu’elles tombent amoureuse. Mais c’était différent. D’abord parce qu’elle n’était pas n’importe qui, parce qu’elle était passé au travers de nombreuses épreuves. Et puis elle avait envie d’y croire. Évidement elle retomberait sous le charme d’un autre garçon un jour. Mais ça ne sera jamais comparable. Pas pareil. Bien sans doute mais différent… Dans une certaine mesure il y aurait quelqu’un fait pour elle sur cette planète. Ou peut-être pas. Peut-être qu’elle se disait tout cela à cause de la bague. Qui sait ? Sur le coup… Peut-être qu’elle finirait par oublier son amour.

Bref. La soirée continua. Ils discutèrent, passèrent d’un sujet à l’autre, débarrassèrent la table. C’est à ce moment que Drake descendit une guitare à la main. Il ne lui avait jamais dit qu’il jouait. C’était un bon point. Il l’invita à retourner dans l’immense jardin. Ce dernier était bien entretenu, il y avait un lac au fond. C’était plutôt idyllique, tellement calme, loin du tumulte de la ville. Hope avait déjà eu cette réflexion, mais elle s’ancrait encore une fois plus profondément en elle. Cette maison devait être un véritable havre de paix coupé du reste du monde. Il devait y être agréable de se reposer, de se détendre et d’arrêter de penser. Chose qu’Hopy adorerait faire plus souvent. Si c’était si simple…

« On n’a pas été trop désagréables, ça va ? » dit-il alors qu’il commençait à jouer quelques accords.

Elle sourit en repensant à la soirée. Désagréables ? C’était difficile de qualifier ce duo si spécial de cet adjectif.

« Non, au contraire vous avez été parfaits. Ça m’a permis de m’échapper un peu de mon quotidien, c’est une bonne chose. Je suis encore désolée pour le petit incident… C’est sans doute le stress, les mauvais souvenirs qui refont surface. Je ne voulais pas vous m’être mal à l’aise. »

Hope haussa les épaules en plongeant son regard dans l’eau du lac. Au moins ça c’était dit. Elle s’était retenue d’avouer ce fait sur le moment. Par fierté peut-être… Ou bien pour ne pas casser l’ambiance. Même si c’était déjà loupé.
Mais bizarrement, elle se sentait un peu mieux. Maintenant que le repas était fini, ses épaules étaient plus relâchées. Sans doute grâce aux blagues et aux sourires de Molly… Il fallait avouer qu’elle était à la hauteur de ce que Drake avait dit.

« Tu connais quelle partition ? »

Curiosité, envie d’écouter de la musique et ne pas s’étendre sur le sujet. Jouer, chanter, écouter, regarder le ciel. C’était bien aussi.

Hope commençait à parler, ou du moins, cela semblait naturel oui. Une Impala? Waouw! Ce gars-là avait une veine pas possible, Drake était ravie de voir qu'Hope s'y connaissait un petit peu quand même et surtout : qu'elle avait pu approcher d'un tel bijoux !

« Bah bordel! Une Impala, c'est un trésor, même plus un bijou ! » Lança l'adolescent en souriant.

Puis le repas avança, lentement, l'adolescente parlait de plus en plus, souriait parfois et a même une fois réussi à rigoler avec une blague de Molly. Les plats se succedèrent et bientôt, on commença à débarrasser la table. L'adolescent emmena tout dans la cuisine, où Molly ne voulait pas qu'un d'eux ne touche à SON fief. Elle avait son organisation et ne voulait pas que l'on y touche. Drake lui déposa alors un baiser sur le crâne et invita l'adolescente à l'attendre quelques petits instants. Il monta dans sa chambre pour chercher sa guitare, puis redescendit sous les yeux brillants d'Hope. Il lui proposa alors d'aller dans le jardin afin de terminer la soirée un peu plus en privé. Ils avaient un très grand jardin, il était semblable à une colline et de l'autre côté, sur la pente, il y avait un petit lac, qui rejoignait plusieurs jardins de cette façon. L'adolescent avait hâte de voir la réaction d'Hope quant à cette vue. Ils s'installèrent sur le ponton, loin des regards de Molly et des voisins. Le soir tombait lentement, les lumières étaient douces et orangés. Hope avait prit sa veste et Drake aussi. Il faisait plutôt bon.

L'adolescent commença alors quelques accord à la guitare, jouant très bien, il fit plusieurs airs que l'adolescente ne pu que reconnaître. Drake lui demanda alors :

« On n'a pas été trop désagréables, ça va ? »

Voiture. Voiture. Parler de voitures ! Ne pas visualiser la carrosserie de l’Impala de Warren. Ne pas revivre l’accident. Ne pas revoir l’intérieur, les cassettes d’AC/DC et juste ça. Ne pas revivre ces moments-là. C’était possible. Tout était possible ! Et le tout sans vomir, sans pleurer ou même faire une mine de dix pieds de long.
Hope se concentrait sur la maison, Molly et Drake. C’était les seules choses qui pouvaient la distraire. Non pas qu’ils étaient drôles ou quelque chose dans le genre. Mais juste qu’ils représentaient beaucoup l’un pour l’autre et qu’ils vivaient sur leur petite planète. C’était bizarre de découvrir Drake de cette manière. Au fond, elle n’avait jamais connu la famille de ses amis. Enfin, depuis qu’elle était en Amérique. Il y avait eu Josh et son père et puis… C’est tout ? Les parents de Warren étaient décédés. Alfred avait parlé de sa famille mais il n’y avait pas eu de contacts. Chase avait mentionné la ferme de sa mère, Heaven le passé peu glorieux de sa mère prostituée. Mais… Pas de rencontre. Non, jamais. C’était plutôt étrange, non ?

Ils se réinstallèrent tous à table. Drake avoua que l’automobile était son péché mignon. Plutôt intéressant. Ça changeait de tous les obits habituels des jeunes du lycée ! Un truc salissant. Bouuuh. Ce n’est pas une Eta Iota qui apprécierait ! Bon, le côté gars qui transpire dans son marcel blanc légèrement tâché de cambouis c’est intéressant. Mais le petit copain qui pose sur vous des mains sales et qui sens l’essence, ça casse tout de suite le mythe ! Hopy se demanda quel genre de fille était sa petite copine. Il en avait une, non ? Peut-être pas… Il n’en avait jamais parlé. Question à poser ? Ce n’était pas une priorité ! Et puis ça amènerait certainement un sujet dangereux. Molly pourrait retourner la question à la blondinette. Et celle-ci pourrait très bien éclater en sanglots. Non. Définitivement une mauvaise idée.

D’ailleurs, la grand-mère du jeune homme prit la parole après que celui-ci eut tenté un sourire. Aussi doué que la jeune fille ! La remarque qu’elle fit redonna le sourire à Hope. Un vrai garçon ! Cependant Drake lui, s’empressa de faire taire sa grand-mère. Pourquoi ? Il n’y avait rien de gênant là-dedans ! Elle n’avait pas montré des photos de lui bébé ou tout nu… Donc… Pas de quoi en faire un plat ! A moins qu’il y ait quelque chose d’autre là-dessous ? Hope hésita avant de lancer :

« Ça ne me dérange pas, tu sais… J’ai connu quelqu’un qui était très amoureux de sa voiture. Autant que de moi, certainement… C’était une Chevrolet Impala de 1967 noire. Un vrai bijou ! Je n’ai jamais eu le droit de poser les mains sur le volant ! A croire qu’une voiture peut être très précieuse ! J’avoue ne pas y connaître… Personnellement j’ai ma vieille mini, anglaise jusqu’au bout des pneus ! Enfin non… Enfin… Voilà. Bref. »

Sa voix avait été un peu rêveuse. Elle avait réussi à en parler sans que son cœur en souffre. Peut-être que le fait de vomir avait été une sorte de libération. Maintenant que c’était fait, Hopy était un peu mieux. Plus libre. Plus légère. La demoiselle hésita quand elle commença à parler d’Angleterre. Elle n’était pas censée être anglaise. Elle s’appelait Hope Blackwood. Elle venait de Los Angeles et avait une mère prostituée. Ce n’était pas Pearl ce soir… Ce n’était pas l’anglaise…

« Et puis, c’est une passe-temps comme un autre ! Moi c’est bien la danse et la musique. Quand j’avais du temps à perdre j’ai essayé d’apprendre le piano. Enfin… Depuis l’été dernier j’ai pas beaucoup évoluée. Je me concentre plus sur ma technique vocale. Une chose à la voix, c’est mieux non ? »

Elle changeait de sujet, elle ne voulait pas que l'on parle de ce qu'il s'était passé, mais je voyais bien que ma grand-mère n'y croyait pas trop. Néanmoins, elle voulait qu'Hope se sente à l'aise, si bien qu'elle lui proposa gentilement de lui préparer autre chose si elle voulait. Hope refusa bien évidemment. J'étais partie chercher un verre d'eau et une fois qu'elle l'eut avalé, nous nous réinstallions à table.
Elle parlait de mes voitures, s'y connaissait-elle? Elle me l'avait laissé comprendre lorsque j'étais venu la chercher à l'école tout à l'heure en tout cas. Je tirais ma chaise pour m'asseoir et ne tarda pas à lui répondre:

- C'est mon péché mignon.

Je tentais de sourire, même si je n'étais pas très doué, je pensais avoir plutôt bien réussi. Molly ne tarda pas à rajouter:

- Plus qu'un péché mignon, une vraie passion! Il est prêt à faire des centaines de kilomètres pour aller chercher une voiture! Il passe des heures pas possible dans son garage à réparer, construire tout un tas de petite chose, il améliore ses voitures
- Grand-mère! Ca n'intéresse peut être pas Hope de connaître les détails.

Il avait eut un ton assez insistant et fort afin de bien faire comprendre à Molly que dévoiler ce genre de détails sur lui n'était pas forcément bon. Personne n'était au courant de cette partie de lui, il la cachait à tout le monde, ne la dévoilant qu'à un moment précis. Alors non, ce n'était pas pour que Molly le découvre et en fasse profiter tout le monde. Drake devrait être plus vigilant. Ce n'était peut être pas une si bonne idée que ça que d'emmener Hope ici. Riley avait déjà découvert son plus grand secret lorsqu'elle était venu ici, bien que ça les ai rapproché, il ne voulait pas que tout le monde soit au courant. Et puis Hope s'inquiéterait et elle avait d'autres chats à fouetter en ce moment, notamment des démons du passé.

Elle entendit la voix de Drake dans son dos. Il lui demandait si ça allait. La réponse était pourtant simple a donné. Hope respira plusieurs fois. Elle tira encore sur la chasse d’eau. Il fallait qu’elle s’aère l’esprit. Mais c’était un peu trop difficile. Elle essuya son visage d’un geste de la main. Elle avait un peu froid. Tout cela n’était que mental. Elle s’était fait du mauvais sang. Trop de pression. La blonde posa la main sur la poignée. Elle savait que derrière l’attendait quelques explications. Voilà, elle venait de louper toute sa bonne impression. Des millions de points en moins.
La demoiselle ouvrit la porte. Son estomac la travaillait toujours mais elle tentait de ne pas y penser. Au premier plan, Drake l’observait. Il avait un peu l’air confus et interrogateur. Il n’avait pas du tout comprendre. Juste derrière, au second plan, Molly attendait. La femme semblait inquiète, elle avait une petite trousse de secours. Une pharmacie.
Après quelques secondes à les regarder puis à contempler le sol, la jeune fille lança :

« Je suis désolée… Je crois que j’ai mangé un mauvais truc ce midi. Mais ça va mieux. Une petite nausée et tout repart ! »

Non. Elle n’était pas non plus enceinte. Elle tentait de faire bonne figure. De mettre de l’entrain. Il fallait juste qu’elle se rappelle sa promesse. Ne pas penser à Warren et tous les autres problèmes de sa vie. Juste se concentrer sur Drake et sa grand-mère. Leur sourire. Voilà qui est fait. Il fallait passer à autre chose.

« Je vous rassure, ce n’est pas à cause de votre repas. Il était succulent ! Je mange très rarement ce type de nourriture. Mais j’adore ! Si un jour j’arrive à trouver le temps de cuisiner, il me faudra ces recettes ! Bien que les donner à la cafétéria ne serait pas un mal ! »

Parler de nourriture n’était pas forcément la meilleure des choses pour quelqu’un qui a encore la gorge irrité et un goût âpre dans la bouche. Mais c’était toujours mieux que de penser à des accidents de voitures. Et c’est reparti… Elle revenait de voir une image. Hopy secoua la tête et fit un pas.

« Je pense que je vais prendre un verre d’eau… Je suis vraiment désolée pour ce petit intermède. Ce n’est pas grave, hein ! Revenons à notre discussion ! J’ai vu pas mal de voiture au garage, c’est impressionnant ! »

Et voilà qu’elle revenait sur le sujet. Complètement idiote. Mais elle voulait faire bonne figure. Ses bonnes manières la dominaient entièrement.

Elle nous demanda où était les toilettes et franchement je ne m'attendais pas à ça du tout. Elle n'avait pas l'air d'aller très bien, elle était partit vite et je m'étais excusée auprès de Molly afin de la suivre. Elle s'était enfermée et avait vomi. Et merde. Ne supportait-elle pas la nourriture asiatique? Si c'était le cas, elle perdait des points oui, mais ce n'était pas de sa faute après tout. Mais peut-être y avait-il autre chose? J'en savais rien.

J'attendis à côté de la porte puis quand je n'entendis plus de bruit de vomissement, je pris doucement la parole:

- Hope? Ca va?

Je me sentais con d'être là. Mais Hope était comme... une petite soeur. Oh mon Dieu. Qu'est-ce que je venais de penser là? Je venais de la comparer à la personne que j'aimais le plus sur cette Terre? A la personne de ma vie? Je venais de la comparer à l'être qui comptait le plus parmi des millions d'autres personnes au monde et tout ça, naturellement. Mais oui, Hope me rappelait Célia. Déjà, l'image que je me faisais de ma soeur aujourd'hui, était à peu près semblable à la jeune femme, mais aussi mentalement. En fait, j'espérais que ma soeur lui ressemble à ce jour. Je l'espérais vraiment et peut-être que je ne le saurai jamais après tout, je n'avais pas encore retrouvé sa trace. Mais Hope avait une sensibilité et une fragilité qui me touchaient plus que n'importe quoi ou qui d'autre au monde. Elle avait ce petit quelque chose que les autres n'avaient pas, que je n'avais retrouvé nul part encore. Hope c'était comme une petite pierre précieuse qu'il fallait protéger et défendre coûte que coûte. On le découvre et à peine cela fait, ça devient la chose la plus précieuse qu'on possède au monde. Hormis le terme de posséder, c'était exactement ça.

Après quelques secondes, j'entendis du bruit derrière moi, Molly venait d'arriver avec sa malle de soins, rempli de médicaments, pommades etc.. je lui fis un signe de main, pour lui faire comprendre que ce n'était pas nécessaire et que je m'occupais de notre invité. Avais-je était trop brusque? Avais-je dis quelque chose qu'il ne fallait pas? Et si c'était trop tôt pour rencontrer Molly et ma vie? Et si ça ne lui plaisait pas, d'être avec moi, d'être ici? Après tout, je ne lui avais pas trop laissé le choix, peut-être qu'elle n'appréciait pas ma compagnie? C'était sûrement ça. Et alors que j'étais en pleine refléxion, elle ouvrit la porte.

Ils sont complices. Réellement. Peut-être un peu trop. Dans ce genre de situation, Hope se sent facilement mise à l’écart. Les regards qui en disent long et qui ne sont compréhensible que par le duo. Ils se racontaient des choses entre eux, se disaient tout bas ce qu’ils voulaient réellement dire. La blondinette ne se sentait vraiment pas à l’aise. Mais le pire c’est que ça faisait naitre sa méfiance. La peur d’un complot, encore et toujours présente dans son être. Chaque parcelle de son corps avait peur de quelque chose. Elle n’avait aucune confiance en elle et certainement pas dans les autres. C’était ainsi. A force de se faire avoir, elle avait fini par se barricader. Un mur bien fermé dans lequel, la demoiselle avait percé quelques œillères. Et la vue sur les hommes qui l’entouraient lui faisait plus peur encore. Ils étaient tous déformés à cause de ce petit trou dans le mur.

« Je me souviens de la première fois où je l'ai fais conduire, il devait avoir 10 ou 11 ans, c'était en vacances. On a manqué de peu de finir dans un champ de tournesols! Tu te souviens Drake? »

Molly avait ramené Hopy à la réalité. Elle l’avait coupée dans son raisonnement. Mais rapidement, elle reporta son attention sur Drake. La jeune fille observa un instant le lycéen. Lui et Molly rigolait. Hope en fit de même. Son cœur n’y était pas forcément. Mais ça faisait l’affaire. Tout le monde n’y voyait que du feu.
Malgré le fait que son cerveau lui répète de ne rien dire, sa langue fut plus rapide.

« On a tous une histoire avec une voiture. Ou même plusieurs histoires. Je dois avouer que celle-ci est très drôle ! Je ne me souviens même plus de mes premières heures de conduites… »

Ce n’était pourtant pas si vieux. Mais pourtant, il s’était produit tellement d’évènement entre temps. Une année avait sans doute les allures de dix. C’était une succession de jours chargés et mouvementés. Hope ne pensait plus pouvoir monter dans une voiture. Pourtant elle l’avait fait tout à l’heure. Trop préoccupée à autre chose sans doute. Maintenant, le fait de savoir qu’elle l’avait fait la troublée. Ça la dérangeait.

«Désolée. Où sont vos toilettes ?»

Elle se leva précipitamment de sa chaise et prit la direction indiquée le plus rapidement possible. Il fallait qu’elle vomisse. Et ça ne tarda pas. Elle se rendait malade. Ou bien était-ce la nourriture asiatique. Ce serait sans doute la raison officielle. C’est toujours mieux que de dire que l’on a rompu sa promesse. Elle s’était jurée de ne pas penser à Warren. Et de faire encore moins de comparaison. Hope s’était pourtant revue dans la voiture de collection de Drake. Puis ses pensées la menèrent à celle de son texan. Et la peur du champ de tournesols fut horriblement transposée sur l’accident. La peur.

La blondinette souffla au dessus de la cuvette. Quelques perles de sueur venaient s’afficher sur son front. Elle tenta de les effacer. Mais aussi de se relever. Il fallait qu’elle fasse bonne figure. Bonjour l’ambiance qu’elle venait de mettre.
C’est à cause de la nourriture. Elle se répéta cette phrase jusqu’à ce qu’on lui demande si tout allait bien…

Hope semblait apprécier Molly, en même temps, on ne pouvait que l'apprécier, cette femme était extraordinaire, elle avait le don de mettre tout de suite à l'aise les gens, même ceux qu'elle ne connaissait pas. Elle réussissait à leur rendre un sourire perdu, un espoir envolé, un bonheur trop court, le faire durer. Cette femme était une magicienne et Drake avait le dos enfoncé dans sa chaise, une jambe repliée et l'autre tendue, sa main sur celle-ci, formant un angle presque droit, il la regardait. Il ne décrochait pas ses yeux clairs de ce visage vieillit par le temps. Celle qui l'avait dès lors élevé comme un fils, mais gardant toujours la marque de Grand-mère, ne voulant pas effacer le souvenir de ses parents... Ses défunts parents, sa famille.

Perdre sa famille est quand même la chose la plus terrifiante et la plus affreuse qui soit au monde, on perd ses repères, on perd le Nord, on perd ce phare qui nous guide, sur les eaux de la Vie, sur les eaux pour devenir une grand personne alors si personne ne nous donne le cap on se perd. Se perdre dans les torrents de l'enfance ratée, ignorée, perdue. Qu'est-ce qu'on devient? Une personne mi-enfant, mi-homme et on ne va jamais bien loin. On n'est pas totalement adulte, pas totalement prêt à affronter la vie. Molly et Hope avaient commencé à manger le repas Japonais préparé par Molly. Oui, Drake et sa Grand-mère était fanas de cette cuisine et en mangeaient minimum une fois par semaine. Mais en réalité ils mangeaient presque tout le temps asiatique à présent. Ils étaient partit au Japon il y a deux ans, puis avaient terminé par Hong-Kong. Leur voyage avait duré trois semaines et ils avaient ramené beaucoup de souvenirs, disposés un peu partout dans cette immense maison, mais la plupart étaient dans leurs deux chambres. Drake s'était fait plaisir en achetant deux sabres absolument magnifiques, avec des gravures sur les lames. Ils s'en servait parfois. Mais cette arme est très reconnaissable, par son côté très.. tranchant. Et donc, on sait rapidement, qui à Miami, a un sabre et là, c'est moins drôle.

Bref, l'adolescent finit tout de même par s'approcher de son assiette, commençant dès lors à manger son repas alors que Molly demandait à Hope si elle avait besoin de quelque chose qui n'était pas sur la table. Puis, après la réponse de l'adolescente, elle finit par répondre à sa précédente question, sur Drake:

- Oh, mon petit-fils est un garçon très mystérieux, je ne suis pas sûre moi-même de le connaître réellement. Elle sourit alors et tourna son visage vers le garçon, ils se regardèrent longuement en se souriant. Elle posa sa main sur celle de son petit fils, avant que ce dernier n'ajoute:
- Mais bien sûr que si Grand-mère, tu me connais parfaitement.

Un tendre sourire complice les envahit tandis que Drake repensait à la question d'Hope. Parler de lui, des souvenirs heureux qu'il avait... en réalité, pour les souvenirs de ce genre, il fallait remonter à la période où ses parents étaient encore en vie et où sa soeur était également présente. Aujourd'hui, il détestait parler de cette vie là à vois haute, il préférait garder tout ça pour lui, comme un secret, par peur que tout ça ne s'envole si on le découvre ou qu'on en parle? Peut-être. Néanmoins, c'était un sujet dont ils ne parlaient plus entre eux, parfois si, mais rarement. Pour lui, c'était comme une vie antérieure, ça lui semblait tellement loin tout ça et puis, il était seul pour s'en souvenir et en parler, sa Grand-mère ayant toujours vécue loin d'eux lorsque la famille était encore réunie, il n'avait pas de souvenirs à partager en commun avec elle, sur cette période. Alors non, il n'en parlait pas, jamais. C'est comme si son enfance était passé au cible, comme si elle s'était gommée, aujourd'hui, sa vie commençait à ses 9 ans, point barre. Sa grand-mère ne tarda alors pas à dire, après avoir finit sa bouche:

- Je me souviens de la première fois où je l'ai fais conduire, il devais avoir 10 ou 11 ans, c'était en vacances. On a manqué de peu de finir dans un champ de tournesols! Tu te souviens Drake?

Molly rigolait, suivit de tout le monde, oui, Drake s'en souvenait de ça, sa grand-mère tenant son chapeau de peur qu'il ne s'envole, la vieille voiture qui sautait comme pas possible sur le chemin de terre, laissant une atroce fumée et poussière derrière elle. Les coups d'accélérateur, de frein, les callages. Haha, oui, il s'en souvenait de cette après-midi d'été...

Hope eut le droit à plusieurs questions auxquelles elle se plia volontiers. Ce n’était pas comme avec la police, un psychologue ou même un prof. Non, là il y avait une certaine sérénité. Les questions ne servaient pas à l’analyser. Ce n’était pas ce scanner forcé auquel on ne peut se plier. La blondinette parla de son envie d’essayer de faire une université, de se spécialiser dans l’art ou bien la communication. Dans le pire des cas. Elle imaginait déjà son père râler. Il l’aurait vu dans le droit. Comme lui. Alors que sa mère l’aurait soutenu. Elle aurait sans doute été très fière. Elle la secrétaire à mi-temps et professeur de danse. Elle qui lui avait transmit sa passion. De mère en fille. Hope se souvenait d’avoir passer des après-midi à jouer à la poupée, assise à côté du poste de musique. Souvent elle finissait par abandonner ses jouets, elle se couchait sur le parquet et fixait sa mère. Elle était si gracieuse, si parfaite… « Ma petite perle ». Il suffisait d’un rien pour que la jeune fille entende à nouveau sa voix. Elle avait raconté l’origine de son vrai prénom qu’à une seule personne. Warren. Elle ne le ferait sans doute plus jamais. Pas maintenant qu’elle avait recommencé une nouvelle vie. Alors qu’elle a effacé ce passé de fugitive, il valait mieux l’oublier à jamais.
La grand-mère de Drake posa d’ailleurs la question sur l’activité de ses défunts parents. Pas besoin de cacher la vérité. Ils n’étaient plus là, autant changer de sujet. Molly enchaîna en parlant de la maison, son histoire. Cette femme était captivante. On avait automatiquement envie de l’écouter parler jusqu’au bout de la nuit en croyant ses moindres mots. A cause de la voix peut-être... Ou bien du sourire qui se cache entre chaque mot. Hopy n’avait aucune de pourquoi elle ressentait cela, mais ce sentiment était bien présent.
Ce devait être une grande maison pour seulement deux personnes. Le ménage, l’entretien du jardin, les pièces vides, le silence, les journées sans personnes… Enfin, c’était sans doute reposant. La demoiselle était habituée à vivre en communauté, toujours avec quelqu’un dans les parages. Que ce soit pour la conseiller, la protéger, l’entourer ou plus simplement l’accompagner. Évidemment tout avait été différent ces derniers temps. Mais avant ça… Elle n’avait pas trop connu la solitude. Bien que les gens ne fassent office que de figuration, ils étaient bien là. Du coup, Hope avait du mal à imaginer le calme d’une maison et le bien être que cela pouvait représenter.

Drake invita tout le monde à rentrer. Ça tombait bien, la blondinette venait d’avoir un frisson. La tombée de la nuit n’était jamais sa très grande amie. Frileuse ? Oui, un peu… Vous me direz que c’est bizarre pour une anglaise. Mais elle avait toujours été comme ça. Et puis, elle n’avait vécu que treize années à Londres. Plus six mois dans toutes les villes pour se cacher… Bref. Passons. C’était dans son sang. Glacée jusqu’aux os la petite !
La jeune fille ne pu accepter de rester dans le salon pour attendre le diner. Il fallait qu’elle aide. Drake aussi. Tant mieux. Il y eut deux verres de vins de servis. Puis tout le monde alla à table.

« Vous savez, Molly, je vous parle de moi mais Drake est resté un peu secret. Je sais pour vous, sa famille et aussi qu’il chante juste et danse très bien la valse. Mais pour le reste… Dites-moi tout ! »

Quoi ? Vouloir voir des photos de lui bébé ? Mais non, pas du tout ! Du croustillant ? Des anecdotes ? Des trucs ridicules que la famille raconte à chaque fois et qui vous mettent bien dans l’embarras ? Hopy n’oserait pas… Quoi que ! Du moment qu’elle éloignait le sujet de sa propre personne. Elle se sentait égocentrique quand il fallait faire ça.

« En tout cas, bon appétit tout le monde. »

Elle attendit que tout le monde soit servit pour prendre une première bouchée. Elle détestait les rendez-vous. Enfin, non, elle aimait ça. Mais Hope avait sans arrêt l’impression d’être tester. Avoir le dos droit, se tenir correctement, utiliser les bons mots, sourire, boire raisonnablement, tenir ses couverts de la bonne façon… Et ça ce n’est qu’un petit bout !

Drake sourit à la remarque d'Hope, puis les trois membres s'installèrent autour de la table pour déguster ce petit apéritif à l'extérieur. Là, Molly posa quelques questions sans indiscrétion, à la jeune femme, ses études, ce qu'elle désirait faire comme métier et puis elle lui demanda aussi ce que faisaient comme profession ses parents, malheureusement, l'adolescente resta honnête en leur avouant ne plus avoir ses parents en vie. Drake bu un peu de limonade, alors que Molly parla un peu de la maison:

- Nous sommes venu nous installer ici après notre mariage, avec mon époux. Ca fait donc bientôt 50 ans que je vis ici, avant, il n'y avait pas toutes ces maisons aux alentours, mais c'est devenu un endroit huppé à Miami, c'est calme et près de tout malheureusement, les prix ont suivit...

Molly et sa famille en général, était riche, oui, mais ce n'était pas non plus autant qu'ils avaient pu l'être, après tout, son maris était mort, ses enfants aussi et il ne restait plus que Drake pour l'aider, une fois ses études terminées. Aujourd'hui, leur famille n'était composée que de lui et elle, ainsi que de cousins éloignés. Il y avait bien entendu, la petite soeur de Drake, mais on ignorait si elle était toujours en vie ou non.. L'adolescent, après un long moment dehors où les minutes passèrent pour ne pas dire les heures, invita tout le monde à entrer afin de pouvoir commencer à dîner. Molly les invita à les attendre au salon, mais ils vinrent l'aider, Drake proposa du vin à Hope et en servit donc deux verres, Molly ne buvant pas vraiment d'alcool. Ils allaient passer à table et Drake était vraiment ravi de voir ce sourire sur le visage d'Hope. Il avait envie qu'elle sourit constamment à ses côtés, un besoin de la rendre heureuse? Pourquoi?...

Un endroit parfait ? Ça pouvait ! Hope était persuadée qu’il devait y avoir des recoins cachés, des petits bouts de rêve. Comme un kiosque entouré de rosiers ou bien une petite fontaine au bruit délicieux, un agencement d’arbuste… Bref. Quelque chose qui vous ramène aux sources sans que vous le vouliez forcément. Drake avait donc grandi ici. Ça doit être agréable d’avoir un foyer, de la considérer comme un refuge et de pouvoir y retourner quand on le souhaite. La blondinette aurait adoré pouvoir avoir cette sensation. Mais c’était impossible. Elle n’arrivait même pas à se souvenir de toutes les chambres d’hôtel, d’internat, de maison paumée, d’appartement qu’elle avait pu connaître. Toujours avoir une valise prête. La garder fermée et à disposition. Au cas où… S’il faut partir en vitesse, sans regarder derrière soi. Habitude lassante, mais la demoiselle si était habituée. Elle se demandait si elle pourrait rester tranquille sans ce sac, caché sous son lit. Avoir une maison. Concept idéalisé et bien difficile à intégrer pour Hopy. Même si depuis son changement, elle craignait moins de problèmes, il y avait toujours ce doute. Cette peur.

La grand-mère du jeune homme arriva. Elle était fraiche et souriante. Quand Drake se leva, la demoiselle suivit le mouvement. Un sourire envahissait son visage, par politesse mais aussi parce que la dame transmettait quelque chose. Que ce soit dans son attitude, son visage... Une touche naturelle qui donnait cette impression de bienvenue et de confort. Elle demanda aux deux lycéens s’ils avaient froid. En Floride avoir froid c’est presque criminel !
Molly vint faire une bise à Hope. Elle avait de magnifiques yeux bleus ! Impossible de passer à côté. Pendant ce temps, en bon garçon bien élevé, Drake les présenta l’une à l’autre. Il avait parlé d’elle. C’était bizarre de savoir qu’il avait pu raconter des choses à son sujet à la personne qui lui est la plus proche. La propriétaire des lieux lança une petite attention qui fit rire Hopy. Elle était même drôle. La grand-mère idéale…

« En tout cas, j’adore votre maison ! C’est loin d’être aussi spacieux à l’interna ! Même dans une chambre seule… »

Ne pas penser à son ancien colocataire. Ne pas penser à lui. Elle s’était lancé un défi. Il était réalisable. Il fallait qu’elle arrête de visualiser sa chambre. Qu’elle se concentre sur un point. Le jardin ! Et la limonade ! Bon…Voilà, ça c’est fait.

Drake sourit à la remarque de l'adolescente. Il bu un peu de la limonade puis profita de la vue et de cette magnifique soirée avant de dire:

- C'est un endroit tellement parfait... Un refuge

Alors qu'il disait ça, Molly arriva toute fraîche et toute excité, elle commençait déjà à parler mais on ne comprenait pas vraiment ce qu'elle marmonait. Un sourire. Des yeux bleus incroyables et puis un petit corps assez corpulent, vêtue d'une petite tenue agréable pour une grand-mère. Simplicité et naturel, voilà ce qui la qualifiait. L'adolescent sourit quand il la vit et se leva pour lui déposer une bise sur la joue.

- Vous n'allez pas prendre froid ici?
- Mais non Grand-mère, ça va aller.

Drake la dépassait de plusieurs tête, ils ne se ressemblaient pas du tout, étant donné qu'aucun liens de sang ne les reliaient. Mais l'amour était là et se ressentait vraiment. Drake l'invita à s'asseoir et lui servit à boire, alors que les jeunes femmes se faisaient la bise. Il ne tarda alors pas à dire:

- Grand-mère voici donc la fameuse Hope, Hope, je te présente ma Grand-mère, Molly.

Molly rigola et lança une petite blague qui fit sourire la jeune femme. Oui, c'est vrai qu'Hope était belle, il n'avait pas précisé ce détail. Il sourit alors et finit par reprendre place autour de la table, espérant que le dialogue se passe bien.

La voiture finit par sortir du lycée avec les deux jeunes à l’intérieur. Le bruit du moteur était agréable, un vrai ronronnement. C’était un vrai petit bijou, même à l’intérieur. Tout était propre et bien rangé. Comme dans la voiture de Warren avec les cassettes dans la boite à gants et les… Stop. Il fallait qu’elle arrête de faire des comparaisons avec tous les objets. Il fallait qu’elle arrête de tout ramener au défunt. C’était sa mission du soir. Plus de comparaison. Plus de pensées qui divaguent. Juste une caresse pour la bague si elle en ressent le besoin. Mais seulement quand la nécessité est la plus fort ! Début de la mission, go !
Drake lui dit qu’il l’emmenait au symbole de sa guérison. C’était vaste. Ça pouvait être une tonne de lieux différents. Une plage au calme. Un restaurant où il avait l’habitude d’aller le dimanche. Avec sa grand-mère ? C’était bien elle qui l’avait aidé à remonter la pente. Il y aurait sans doute un lien. Mais lequel… C’était difficile à cerner. Le centre de Miami n’était pas trop bouché à cette heure-ci. Les magasins avaient allumé leurs lumières ou fermer les rideaux. Les gens se promenaient tranquillement… Les bâtiments se firent de plus en plus rares. Ils quittèrent même la ville pour ces petits quartiers résidentiels éloignés de la vie économique. Les maisons étaient à peu près toutes cachées par des grandes haies.
Mais quand ils entrèrent dans une des propriétés, ils étaient déjà éloignés de tout ça. Comme si cette maison était à l’écart de l’écart. Vous suivez ? Enfin, bref. Elle semblait immense. La voiture entra dans un garage. Pas n’importe quel garage. Hope n’en avait jamais vu de la sorte. Des voitures, de plusieurs couleurs différentes, de formes différentes. Toutes lustrées, nettoyées, sans une rayure. Ce n’était pas une moto là-bas. Les yeux de la blondinette s’écarquillèrent. Oui, elle avait de l’argent, en héritage, mais jamais elle n’avait vu autant de voiture pour une seule famille ! Une seule maison ! C’était comme dans un film. Le prince charmant l’avait déposée dans un château, et là dans l’écurie, il y avait des dizaines de chevaux purs sang. Et ce n’est pas tout. Il y avait même un ascenseur ! Un ascenseur quoi ! Qui a ça dans sa maison ?

C’était chez lui ? Chez Drake ? C’était assez… Impressionnant. Ça petite maison londonienne paraissait ridicule à côté de ça. La magie continua à l’intérieur de la maison où un délicieux parfum envahissait chaque pièce. Elles étaient d’ailleurs toutes plus grandes les unes que les autres. La demoiselle ne prononçait pas un mot. Hope était trop absorbée par ce que ses yeux découvraient. Drake lui dit de s’installer sur la terrasse, face à ce jardin gigantesque. Infini. L’air du soir était rafraichissant. Il fit du bien à la jeune fille qui ne tenait en place. Son regard passait d’un objet à un autre. D’un arbre à l’autre. D’un détail à l’autre… Tout était analysé dans les moindres détails.

Drake revint, il lui tendit un verre qu’elle accepta volontiers. Il lui annonça alors qu’il préférait de loin cet endroit à n’importe quel autre vulgaire restaurant. Il ajouta en prime que sa grand-mère serait une rencontre importante. Il la présentait déjà à son unique famille… Rapide le jeune homme ! Aucun de ses amis n’avait fait ça auparavant. Peut-être une question d’éducation… Hope trinqua, bu une gorgée et se décida enfin à s’assoir.

« Ta maison est splendide ! Si je me serais attendue à ça… Ça en fait du gazon à tondre ! »

Phrases inutiles. Que dire de plus ? Hopy se sentait minuscule dans ce décor. Et puis quand on habite ici, on a certaine un jardinier. Voir plusieurs. Et des femmes de ménage. Et des… Petits fours ! Hope s’humecta les lèvres, légèrement.

« La limonade est délicieuse. »

Comment faire une conversation sans but précis mode d’emploi !

L'adolescente s'approcha de lui et ils s'embrassèrent timidement sur la joue avant qu'elle ne lui fasse une remarque sur son "carrosse", s'y connaissait-elle en voiture? Si oui, elle marquerait d'excellents points! Drake l'invita donc à entrer à l'intérieur puis, une fois assis au volant il lui répondit:

- Oui, je t'emmène dans le lieu qui symbolise ma guérison

Il ne lui dirait pas directement qu'il l'emmenait chez lui, elle aurait pu se poser trop de questions douteuses ! Une fois le contact mit, il prit la direction de sa maison, traversant alors la ville et son centre ville, ils finirent par sortir de Miami pour arriver au quartier où vivait Drake et sa grand mère. Leur maison était la plus grande et la plus éloignée. Arrivés sur les lieux, il emmena sa voiture devant le garage où dormaient toutes ses chéries. Des voitures toutes plus belles que les autres. Il l'ouvrit et y gara sa caisse parmi toutes les autres. Hope les regarda attentivement et il sourit à ça, oui, elle s'y connaissait apparemment. Dans ce garage sommeillaient quelques trésors de l'automobile, une bonne?.. vingtaine sans nul doute? Drake emmena alors l'adolescente à l'ascenseur afin de regagner la maison. Une délicieuse odeur de bonne nourriture avait envahit les lieux, ça donnait l'eau à la bouche! Drake posa ses clefs et ses lunettes dans l'entrée puis emmena l'adolescente à la véranda donnant alors accès à la terrasse. Il proposa à Hope de s'y installer, lui demandant aussi ce qu'elle désirait boire. Il la laissa alors quelques instants là, se rendant à la cuisine afin de chercher de la limonade fraîche. Molly devait sûrement être à l'étage en train de se préparer. Il prit trois verres et le pichet et déposant tout sur un plateau, il prit aussi les petits amuses gueules préparés par sa grand mère et rejoint Hope dehors. Le jardin était assez grand et il y avait un plan d'eau au fond, reliant quelques maisons, par un ponton et quelques barques. Il déposa tout sur la table et la servit, lui tendant son verre, il en fit de même puis s'assit enfin. Là, il prit enfin la parole:

- J'ai préféré t'emmener ici plutôt que dans un restaurant, tout d'abord parce qu'on y mange mieux et aussi, parce que c'est bien plus personnel et je pense que de rencontrer ma grand-mère t'apportera beaucoup

Il leva alors son verre vers l'adolescente afin de trinquer, attendant aussi que sa grand-mère débarque d'ici peu.

Le rendez-vous était fixé. Vendredi soir à 20h. Les cours se passaient comme il le faut. Hope était retournée en classe. Dans le fond, cachée, un peu perdue. Elle avait vu Drake, lui avait dit bonjour parfois. La blondinette avait rencontré un garçon à la dernière table, tout au fond. Maximilien. Il l’avait aidée à s’en sortir. Gentil. Les gens pouvaient être sympas. Il y avait eu Mily aussi. Et Jasper. C’était comme si tout s’était débloqué à partir de sa rencontre avec Drake. Un magicien. Voilà ce qu’il était. Il tentait d’effacer à coup de baguette magique tous ces petits soucis. Il avait commencé à rendre sa vie un peu plus légère. Pas totalement. Tout ne s’efface pas en un instant. Hope jouait avec la bague qui entourait son doigt. Ses yeux étaient posés sur l’écran de son portable. Il y avait là sa conversation avec le jeune homme. Il lui avait dit qu’ils se rejoindraient sur le parking. Et à la question de la blondinette, il avait répondu simplement. Comment s’habiller ? Naturellement.
Bon. C’était le mieux, non ? Hopy enfila un jean sombre, une veste noire et un chemisier vieux rose avec quelques broderies blanches. Un brin de maquillage, des cheveux légèrement ondulés. C’était assez bien comme ça. L’heure allait bientôt arriver. Un peu de parfum. Quelque chose de sucré mais discret. Pas de bijoux. Enfin, si. Sa bague et puis la chaine à son cou où pendait une autre bague. Ça ne la quittait jamais. Même pour se rendez-vous.

19h55. Il serait temps de partir. La demoiselle éteignit la lumière après avoir regarder un instant la pièce. La clé s’enfonça dans la serrure. Un tour. Sa main alla ranger le petit passe métallique dans son sac à main qu’elle plaça sur son épaule. Il n’y avait pas un long chemin à faire avant de rejoindre le parking. Deux ou trois minutes plus tard, Hope arriva à destination. Un petit regard à gauche, puis à droite. Ses yeux bleus cherchaient ce visage connu. Elle finit par le remarquer. Il était là, adosser à sa voiture. Le soleil se reflétait sur la carrosserie. Elle avança vers le garçon. Ses ballerines ne faisaient pas de bruit sur l’asphalte Un sourire se dessina sur son visage. Plus la demoiselle s’avançait, plus il était grand.

« Bonsoir, Drake.»

Douce entrée en matière. Elle lui fit une petite bise avant de regarder la voiture. On aurait dit une vieille voiture que l’on présente pour les expositions. C’était une mode ou quoi ? Warren avait une Impala. Une vieille automobile de presque soixante ans. Et Drake en avait une toute aussi vieille. Ou presque… Hope ne s’y connaissait pas.

« Chouette le carrosse ! Tu m’emmènes ? »

Drake avait terminé sa semaine de cours à 17 heures. Il avait pu faire ses devoirs sans encombres à la bibliothèque, dérangé parfois par les appels de Molly, sa grand-mère. Oui, cette dernière l'avait appelé trois ou quatre fois à propos du dîner de ce soir, de ce qu'elle pouvait ajouter ou non. Drake lui répondit tout le temps la même chose, mais il pouvait sentir dans sa voix qu'elle était contente et très excité de recevoir Hope à dîner. Elle ne se faisait pas de films, non, Drake avait été franc et lui avait décrit comment était Hope et aussi pourquoi ils s'étaient soudainement rapproché. Molly était sans doute fière de son petit fils et très émue par cette histoire, par cette voie qu'il suivait, comme elle l'avait fait il y a moins de dix ans maintenant. Drake avait donc terminé son travail vers 18 heures trente, il était rentré chez lui se doucher et se changer. Portant un simple jeans et un tee-shirt. Il était ensuite descendu aidé sa grand-mère à finir de préparer. Elle allait rester manger avec eux, tout d'abord pour rassurer Hope sur ses intentions de l'emmener chez lui, mais aussi car Molly était une pièce maîtresse pour ne pas dire LA pièce maîtresse, dans sa vie actuelle, c'était grace à elle s'il était là aujourd'hui. Et puis même, c'était un sacré personnage cette femme, elle était intelligente, drôle, attentionnée alors il savait qu'elles allaient se plaire. Hope devait absolument la rencontrer et de ce fait, n'arrivant pas forcément à parler de lui, s'il l'emmenait dans SA maison, dans SON univers, il lui montrait qu'il lui faisait également confiance. Vraiment.

Sous les coups de 19 heures trente, l'adolescent quitta la maison familiale à bord de sa Chevrolet Corvette Stingray bleue ciel. Un petit bijou de collection. Il ne la sortait que trop peu celle-ci, mais autant sortir le grand jeu ce soir! Drake prit alors la direction de l'école et arriva un peu en avance sur le Parking. Sortant de sa voiture, il attendit l'adolescente arriver. Les minutes passèrent et alors que 20 heures retentit, elle apparût, un brin timide. Magnifique.