take a walk on the wild side { Gabriel.

April restait statique, attendant désespérément une réaction de Gabriel. Elle ne demandait pas grand chose. Seulement d'avoir un minimum d'intérêt pour lui. Enfin, un minimum. Façon de parler. L'air faussement indifférent, la jeune femme ne jeta pas un seul regard vers Gaby. Elle ne savait pas si elle allait tenir longtemps, tout ce qu'elle espérait, c'est qu'il lui adresse la parole, au moins. C'était ridicule comme réaction. Elle était quand même pas en train de tomber amoureuse ? Mhaha, sûrement pas. L'amour et April, c'était de l'histoire ancienne. Très ancienne. Perdue. Abandonnée. C'en était finit pour elle, elle n'aimerait plus. Surtout pas Gaby. Ce pseudo-mec parfait, qui pétait plus haut que son cul ? Probablement pas. Il n'empêchait qu'elle restait là, face à lui, feuilletant dans le vide un bouquin qu'elle avait choisit au hasard. Pourvu qu'il ne lui demande pas ce qu'elle lisait. Au pire, elle s'en fichait. Mais pourquoi ne lui parlait-il pas ? C'était dingue de voir comment la fierté pouvait tout gâcher. April et Gaby se connaissaient depuis très longtemps. Ils venaient tous les deux de Londres, et s'était pas mal fréquenté à une époque. Mais cette époque était révolue depuis un certain temps déjà. Gabriel avait changé. Il était plus sérieux ... Il était même devenu chef des Khi, à Wynwood. Hahaha, alors comme ça c'était son chef. Hilarant. April aussi avait changé. En pire, probablement.
Les deux anglais étaient la preuve vivante que l'Homme est perfectible : il peut s'améliorer comme Gaby, et devenir ce jeune homme modèle qu'il n'était pas censé devenir. Il peut aussi se pervertir comme April et devenir le dernier des salops sur Terre. April n'était pas une fille bien. Enfin, en général. Elle pouvait se transformer en bonne copine comme en garce sournoise. C'était d'ailleurs cette dernière option qui lui plaisait le plus. Mais tandis qu'elle se perdait dans ses pensées, comme d'habitude, Gaby n'avait pas encore levé les yeux vers elle. Du moins, pas depuis que leurs regards s'étaient brièvement croisés. Il fallait qu'elle fasse quoi pour qu'il s'intéresse à elle ? Devait-elle se mettre à courir ou à danser nue dans la pièce, sous yeux, pour qu'il daigne enfin lâcher ce stupide livre ? La situation devenait grotesque. Quand le miracle se produit.

« Salut. »

Dit-il, toujours aussi indifférent. Il n'avait même pas lâché son livre des yeux. Il était là sans vraiment être là. Il l'ignorait quasiment. Rien de pire pour énerver April. Elle ne répondit pas tout de suite, et se contenta de le fixer dans les yeux, qu'il la regarde ou non. Avec un regard froid et méprisant. Tu veux jouer, mon coco ? Aucun problèmes. Jouons. La jeune femme ne le lâcha pas du regard. Ses doc martens trempées, un horrible bruit de plastique mouillé couinait au contact du sol. Ses cheveux bruns étaient humides et relâchés le long de son cou. Puis, elle se résigna enfin à lui répondre.

« Salut. »

Son "salut" était aussi indifférent que celui de Gabriel. Et oui, April était une adepte du donnant-donnant. Elle savait que c'était puéril, tout comme cette situation. April, elle-même, se trouvait puérile parfois. Mais pourquoi changer ? Elle était bien plus forte comme ça. Rien ne pouvait l'atteindre. Enfin, presque.

« Alors, chef ? On prépare le prochain exposé de sciences ?
Ton stupide bouquin est aussi passionnant que ça pour oser ignorer un petit membre de sa confrérie ? »

Bon ok, c'était nulle. Mais quand quelque chose n'allait pas, April sortait toujours des conneries de ce style. Comme si elle perdait un peu de son sang-froid. Elle était impulsive, et elle le savait. C'était parfois dur de se contrôler. Impossible parfois. À l'intérieur, April commençait à bouillir. Elle n'aimait pas l'attitude de Gabriel. Et pourtant, elle devait en avoir l'habitude. C'était toujours comme ça entre eux depuis qu'ils s'étaient retrouvés à Wynwood. Là, elle le provoquait. Évidemment. Rester à savoir comment Gabriel allait réagir. Garderait-il son calme ? Craquerait-il ? April n'en savait rien. Il était assez intelligent pour ne pas réagir. Mais la jeune anglaise espérait qu'il arrive le contraire. Elle voulait le voir s'emballer, s'énerver contre elle. Elle cherchait le conflit, c'était certain. A la fois excitée par la situation, et furieuse de sa journée et du comportement de Gaby, la jeune femme se plongea à nouveau dans son livre. Elle lut seulement quelques lignes avant de réaliser qu'elle n'en avait rien à foutre. Pourquoi se forçait-elle à lire ce bouquin merdique ? Fallait toujours qu'elle fasse des trucs étranges ...

Mai. Mai, c'est l'annonce de l'été, de la chaleur, des fêtes, des sorties entre potes. Mai, c'est la fin de l'année scolaire. Mai, c'est les exams. C'est surtout ça, en fait. Le reste c'est APRES les examens. Héhé. C'est donc pour ça que je passais une grande partie de mon temps à la bibliothèque, dernièrement. On y était au calme, et il y avait bien assez de bouquins pour réviser les différentes manières. Parfois Willow, ma colocataire sportive, m'accompagnait. Elle disait qu'il fallait que je la remette dans le droit chemin. Et ça me faisait rire. C'était toujours plaisant d'être en sa compagnie. Bon, elle me déconcentrait par moments, mais nous redevenions sérieux rapidement.

Mais aujourd'hui, j'étais seul pour réviser. La bibliothèque était légèrement plus bondée que d'habitude, mais pas moins calme. Et pour cause; dehors, c'est la tempête. Depuis plusieurs jours déjà. Temps de merde en perspective alors les gens se réfugie où ils peuvent. La bibliothèque, c'est pour les intellos et ceux qui veulent bosser. Et le reste, ils vont au foyer ou alors dans leur chambre. 'faut que je donne l'exemple, maintenant que j'ai été élu chef des Khi. Surtout avec ce message que j'ai reçu. Concernant le conseil. Et April, aussi. ça ne m'a pas empêché de me faire du souci pour elle, malgré la situation actuelle.

April et moi, on se connaît depuis qu'on est gosse. Elle fuguait souvent, moi aussi. On était très proche. Et puis en grandissant, j'étais plus dans le même délire, je suis devenu plus sérieux, il s'est passé des choses dans ma vie. Et ça, elle ne l'a pas compris. On s'est perdu de vue. Et on s'est retrouvé par hasard à Wynwood, cette année. On ne se parle que très rarement. Il y a quelque chose d'étrange entre nous. C'est comme si... on aimait se retrouver ensemble, mais on est trop fier pour se parler, et se pardonner. Alors, on s'ignore. C'est idiot, mais c'est comme ça. J'ai d'autre chats à fouetter, et je préfère ne pas rester dans le passé.

Mais ce message m'avait particulièrement interpellé. Il fallait que je garde un oeil sur elle. Discrètement.

C'est pour ça que j'avais du mal à me concentrer, alors que j'étais confortablement assis dans un fauteuil, un livre de physique à la main. Je cherchai désespérément où et à quoi pouvait bien ressembler cette chose que je devais chercher... Putain. Je levai les yeux de mon bouquin deux secondes, histoire d'observer la pièce. Et qui est-ce que j'ai eu l'honneur d'avoir juste en face de moi ? April. Elle était juste là, en train de lire. Son regard croisa le mien, une demi seconde, et elle fit mine de retourner à sa lecture. Ah. Ok.

« Salut. », lançai-je, indifférent.

Je n'avais pas spécialement envie d'engager la conversation. Il fallait d'abord que j'éclaircisse cette histoire.

Chapter 2 __ take a walk on the wild side.

Pff. Temps de merde. Dehors, la pluie tombait à tout rompre. Le beau soleil du début d'après-midi n'avait pas fait long feu. Le vent s'était levé, et plus le temps s'écoulait, plus il semblait gagner en intensité. Souhaitant profiter du temps clément, April avait quitté le lycée juste après le déjeuner, dans le but d'aller en ville, et faire du shopping pourquoi pas ? Elle n'était pas de ces bimbos superficielles et matérialiste, vouant un culte à la mode, mais il n'empêche qu'April aimait aller s'acheter de nouveaux vêtements. D'autant plus qu'elle commençait à vraiment en avoir besoin. Tous ses fringues commençaient à se faire vieux, et April les trouait, les déchirait plus de jours en jours. Il devenait urgent d'y remédier, car déjà que les gens craignaient son caractère, il ne manquerait plus qu'elle les fasse fuir avec son allure de clocharde ! Vêtue d'une fine robe noire et de ses Doc Martens, April s'était donc rendue en ville grâce aux transports en communs. Oui, elle n'avait pas de voitures. Pas les moyens. Et au pire, elle s'en passait. Après quelques dizaines de minutes en bus puis en métro, c'est munie de sa modeste carte bancaire que la jolie anglaise commença à faire son tour des magasins. Comme vous pouvez le deviner, April n'avait pas coutume de fréquenter les mêmes magasins que la majorité des filles de son âge. Préférant éviter les grandes enseignes à la mode, elle optait la plupart du temps pour les magasins vintage. Vous savez, ces magasins miteux, qu'il faut connaitre pour trouver mais qui regorgent de petit joyaux ? April en raffolait. Ça lui rappelait Londres, quelque part. Le quartier de Soho, ses rues, ses magasins vintage ou punk, l'ambiance qui y règne. Elle avait beau le nier, Londres lui manquait. Affreusement. Elle n'avait pas plus accroché que ça avec Miami. Ok, il y avait les plages et le soleil ... Mais en parlant de soleil, April n'avait pas remarqué les gros nuages d'orages qui menaçait ce dernier. Elle aurait su, elle serait restée au lycée. Où alors elle se serait plus habillée. Après de longues minutes d'essayages en tout genre, April décida de rentrer, les mains vides. Mauvaise pêche aujourd'hui, apparemment. À peine la jeune femme avait mit le pied dehors que des gouttes commencèrent à tomber. Surprise et inquiète à la fois, elle leva les yeux au ciel et remarqua enfin le gros nuage noir qui sévissait au-dessus d'elle et de la ville. Elle pressa le pas. Elle ne tenait vraiment pas à recevoir la flotte sur la gueule et sauta dans le premier métro. Tandis qu'elle priait pour rentrer à temps, un terrible tonnerre se fit entendre. Et merde. Loupé. Il allait falloir qu'elle rentre par ce temps. La vie était vraiment injuste.

Une demie-heure plus tard, c'est excédée et trempée jusqu'aux os qu'April poussa la porte du lycée. Un air furieux sur le visage, elle inondait les couloirs à elle seule. Toutes les personnes qu'elle croisa pouffèrent de rire à sa vue ou se moquèrent d'elle ouvertement. April eut pour seule réponse de leur faire un regard noir ou quelques doigts d'honneur, par-ci par-là. À cette heure-ci, il ne fallait vraiment pas la chercher. Non seulement elle était revenue vide de son après-midi "shopping", elle avait aussi reçu un orage sur la tronche et la moitié du lycée qui s'était foutu de sa gueule. Lorsqu'elle monta dans sa chambre, April n'avait qu'une envie, se retourner le crâne. Et pour cela, rien de mieux que sa dope favorite. Elle jeta son sac sur son lit et se dirigea vers un tiroir de son buffet, celui où elle avait l'habitude de planquer sa came. Lorsqu'elle ouvrit ce tiroir, elle constata avec effarement qu'il ne lui restait plus rien. Nada. Son sachet était vide. La rage commençait à monter en elle, infectant veines après veines. Elle referma son tiroir avec colère et commença à jurer :

« Meeeeeerde ! Connard de dealer ! J'ai payé 50 balles pour cette merde qui m'fait deux jours ? »

Toujours aussi furieuse, elle se défoula à jeter toutes sortes d'objets ou de vêtements à travers la pièce. Puis, une fois calmée - calmée est un grand mot - elle s'assit sur son lit et commença à attendre que ça se passe. Non ce n'était pas possible. Il fallait qu'elle fasse quelque chose sinon, elle allait crever, là, à rien faire. Se surprenant elle-même, elle attrapa son sac de cours et commença à regarder le travail qu'il lui restait à faire. Maths, Philo, Histoire, ... Trop. Il lui restait bien trop de choses à faire. Elle jeta son agenda de l'autre coté de la chambre, tout comme son sac. Fuck, elle ferait ça plus tard ... Mais, il n'empêchait qu'elle devait trouver quelque chose à faire au lieu de rester ici, à bouillir toute seule. Puis, une idée lui vint à l'esprit. Que faisait-elle quand elle ne se dopait pas et qu'elle .... ne se dopait pas ? Elle lisait, bien sur. La littérature était l'une - si ce n'est sa plus grande - passion, et elle consacrait beaucoup de temps à la lecture. Enfin, un peu moins depuis qu'elle était arrivée ici ... Mais qu'à cela ne tienne ! A peine quelques secondes plus tard, April avait déjà mit le pied dehors et se dirigeait vers la bibliothèque.

Lorsqu'elle y parvint, elle poussa la lourde porte qui permettait d'entrer dans la bibliothèque du lycée. Une fois entrée, elle scruta les environs. Personne. Vide. C'était étonnant qu'il n'y ai personne étant donné le temps catastrophique qu'il y avait dehors ... M'enfin, au moins, elle était tranquille. Elle ne dit pas un mot lorsqu'elle passa devant la bibliothécaire. April ne l'aimait pas. C'était le stéréotype de la femme qui travaillait en bibliothèque : assez âgée, un air strict sur le visage et un balai dans le cul. Cette dernière regarda April avec dégout et suffisance et la jeune anglaise ne mit pas beaucoup de temps à comprendre pourquoi ... Elle l'avait oubliée, mais elle était encore trempée, ses doc martens couinaient et de l'eau coulait toujours de sa robe. Alors qu'elle commença à zigzaguer entre les rayons, April reconnut un visage familier. Celui de Gabriel. Ah, Gabriel ... Il était l'une des rencontres les plus étranges qu'April ai faite ici. Ce n'était pas lui, qui était étrange, mais bien ce que ressentait April. Lorsqu'elle lui parlait, ou tout simplement lorsqu'elle l'apercevait, la jeune femme ressentait de drôles choses. C'était comme si elle le trouvait super attachant mais trop énervant à la fois. Comme si elle avait envi de lui faire fermer son caquet mais de lui demander de lui parler quand même. Il l'intriguait, en réalité.

Faisait mine de d'intéresser au rayon de livres opposé, April passa à quelques centimètres du jeune homme qui ne bougea pas d'un cil. Agacée, cette dernière attrapa un livre au hasard et alla s'asseoir pile en face de lui. Elle espérait bien que ce soit lui qui vienne vers elle, et non le contraire. Elle était bien trop fière et bien trop excédée par sa journée pour faire le premier pas. Mais elle appréciait sa compagnie et commençait à sérieusement s'irriter d'une telle indifférence. La séance shopping ratée, la pluie torrentielle qui avait frappé April, les élèves du lycée qui s'était foutu de sa gueule, sa pénurie de came et maintenant l'ignorance de Gabriel, c'était définitif, April touchait le fond. Il valait mieux pour Gaby d'engager la conversation et ainsi d’exaucer le vœu de la jeune femme, s'il ne voulait pas en recevoir les foudres ...


{ HRP : Je t'ai laissé le soin/choix d'ouvrir le dialogue ou de sensiblement agacer April. x)
Si ça ne te convient pas, dis-moi et je modifierai. }