Need explanations. ~ Willow and Alistair ♥

Alistair l’attira vers lui. Elle était là, la tête posait contre son torse. C’était si bon de le retrouver. Certes ce n’était pas tout à fait comme avant. C’était peut-être encore mieux ! Willow n’appréhendait pas de le regarder bizarrement ou de dire un mot de travers. Elle n’avait pas peur de s’énerver parce qu’il fait une allusion à une fille. Elle aurait dû être plus directe. C’était sans doute ce qui les avait perdus. C’était de sa faute. Willy en était persuadée… Elle n’agit jamais comme il faut.

Il eut eu un petit silence. Comme ça, contre lui, la brunette pouvait entendre son cœur. Il battait vite. Pas trop vite non plus. Disons qu’il était serein et très content à la fois. Enfin, son ami était vivant. C’était tout ce qu’elle était capable d’affirmer. Le reste n’était que supposition. Ce serait tellement plus simple de savoir ce que pensent les autres. Un coup d’œil et hop ! On sait. On comprend. On se rassure. Ou pas d’ailleurs.
Le jeune homme reprit la parole. Il s’excusa. Il parla de ses défauts. Oui il s’excusa d’être comme il est, de ne pas avoir su renier son caractère. Impulsif. Fier. Jaloux. Il était comme elle... Il n’avait pas à prendre toutes les responsabilités de leurs conneries. Elle avait mal agi. C’était elle qui avait commencé, non ? C’était elle la fille qui avait essayé de nouvelles expériences. C’était elle qui avait trop bu et qui s’était jetée au cou d’un garçon. C’était elle qui n’avait pas su exprimer clairement ses sentiments. C’était elle qui avait causé leur brouille… Elle s’était énervée. Willow avait énervé Alistair. Plus rien n’avait bien fonctionné à partir de là. A partir de ses stupides expériences.

« T’as pas à t’excuser. Tu sais, si j’avais pas bu et si j’avais fait face à ce que me disait mon cœur… J’agis jamais comme il faut et c’est mes actes qui conduisent à ta jalousie, ton impulsivité. Je sus vraiment nulle.. et perdue. »

Ses erreurs répétaient toujours le même schéma. C’était clair maintenant.

« En fait, quand je suis loin de toi, je sais pas comme agir. J'ai l'impression qui me manque quelque chose. Je me sens perdue. Alors je fais des conneries, sans m’en rendre compte. Je ne pense pas plus aux conséquences. Je réfléchis pas.. Je suis nulle… J’suis désolée. »

Elle leva sa tête pour regarder Alistair. La demoiselle parlait contre lui. Elle parlait doucement et refoulait une envie de pleurer. Une autre envie se profila dans son esprit. Elle désirait partir en courant et se cacher dans un coin. Par honte… Elle se trouvait nulle et pas digne d’être dans les bras du garçon. Il la protégeait depuis toujours. Il la réconfortait et la calmait à chaque fois que son sang chaud montait à la surface. Et elle en retour elle faisait n’importe quoi…

Pour la première fois elle doutait. Vraiment. Pourquoi mériterait-elle d’être dans les bras d’un garçon si parfait ? Y avait tellement d’autres filles !

Nerveux. J'étais nerveux. J'ancrai désespérément mon regard à celui de Willow. Pourquoi restait-elle silencieuse ? Pourquoi ne parlait-elle pas ? Elle réfléchit. Je le vois dans ses yeux. Mais à quoi ? La meilleur moyen de me faire comprendre que c'était pas possible ? Qu'elle ne voulait pas me pardonner ? Qu'elle avait peur pour notre amitié ? J'ai pris ce risque. J'ai envie de prendre le risque. Tout simplement parce que je pense sincèrement que dix-sept ans d'amitié, ça ne se brise pas comme ça. Je comprends qu'elle ait peur. Moi aussi, j'ai peur, malgré tout. Mais bon. Il faut prendre des risques parfois. C'est celui-là, je suis près à le prendre.

Je sentis ma meilleure amie s'écarter légèrement. J'espérais vraiment qu'elle allait mettre fin à ce silence. Elle me regardait, toujours aussi silencieuse. Raaah, pourquoi autant de suspens, bordel ? Je passe mes doigts dans mes cheveux, nerveusement. Willow se pince les lèvres. C'est rare, lorsqu'elle le fait. ça me fait un peu flipper, parce que je ne sais pas vraiment ce que ça signifie. Puis, enfin, elle ouvre la bouche. Pour dire que c'est moi qui l'énerve. Un petit sourire vient s'afficher sur mon visage. J'allais répliquer, du tac au tac, sauf qu'elle m'en empêcha, posant un doigt sur mes lèvres. Sous le coup de la surprise, mon sourire s'efface. Elle dit quelque chose, à nouveau.

Venise. Un fiasco. Puisque l'on s'est pris le chou pendant et après. Cependant, sa phrase n'évoque pas cela du tout. Elle a essayé de me le dire plusieurs fois, lors de ce voyage scolaire. Me dire plusieurs fois qu'elle m'aimait, sous entendu. Ma nervosité baisse d'un cran. Mes muscles se détendent. Un bout de papier déchiré déposé dans ma boite à mots doux, lorsque j'était en Italie, me revient en tête. Alors, c'était elle ? Juste elle. Et moi, comme un crétin, j'ai pas fait attention. Je devrai vraiment me concentrer plus sur les indices qu'on me donne, parfois. Mais bon. Le plus souvent, on ne voit ce qu'on a devant son nez. On est tellement incertain qu'on préfère ne pas comprendre.

J'ai gardé le mot. Il est dans le tiroir de ma table de chevet. Mon instinct m'avait conseillé de ne pas le perdre, tant que je ne savais pas de qui il venait. Et maintenant que je sais qui c'est, j'ai de meilleures raisons de le garder, ce mot. C'est juste un bout de papier. Mais bon.

Elle dit que je l'ai rendue folle. Je le sais, malheureusement. J'aurais dû en prendre plus soin de ma petite Willow, moi, le grand Alistair qui fait presque deux mètres. J'aurais dû, oui. Mais parfois, ce sont les disputes et l'éloignement qui nous font prendre conscience de certaines choses. Et finalement, ce n'est pas peut-être pas plus mal. ça donne des raisons de se réconcilier. Et ça permet aussi d'éviter de refaire des erreurs, généralement. Ou alors de les refaire encore mieux, je ne sais pas. Histoire de rendre encore plus compte de à quel point on aime une personne. J'en sais rien.

Ma main vient doucement rejoindre celle de Willow, pour lier nos doigts, doucement. Je passe mon bras derrière ces épaules, et l'emmène près de moi. Son contact me manque trop.

« Viens-là... »

Silence.

« Je suis désolé. Je sais que je suis maladroit, et que c'est de ma faute, ce qu'il s'est passé. Mais j'étais fou de jalousie que t'aies embrassé l'autre, là... Enfin, bref. J'ai pas agi de la meilleure des façons, je le reconnais. Je vais faire en sorte que ça ne se reproduise pas. Je te promets rien. Tu me connais, je suis impulsif, je m'énerve facilement, et en plus de ça, je suis super fier. Mais pour toi, c'est différent. », soufflai-je.

Voilà, c'est dit. Et, là, heureusement que je la dépasse d'un tête. Parce que sinon, Willow pourrait remarquer mes joues qui se colorent d'un teinte bien trop inhabituelle selon moi. C'est rouge, et un peu chaud. Ouais, je rougis. Mais ça, il ne faut pas le dire.

Il l’aime. Il lui disait qu’il l’aimait ! C’était… C’était euphorisant. Il l’avait embrassée parce qu’il l’aimait. Il avait des sentiments ! Il était là et lui disait qu’il l’aimait ! C’était la première fois qu’on lui disait ça. C’était la première fois que son meilleur ami avouait ne plus vouloir de leur simple amitié. Enfin… Ça il ne l’avait pas dit. Pas exactement. Mais c’était ce qu’elle avait envie d’en déduire. C’était ce qu’elle voulait. Évidemment, ce qu’ils avaient été précieux. Et si en allant plus loin tout était fini ? Ils ne se verraient peut-être plus jamais pareil. Ils ne seront plus amis ? Et si ils continuaient sur cette piste là, peut-être qu’ils ne pourraient plus jamais se regarder normalement… Si elle lui disait qu’elle aussi elle l’aimait… Est-ce que c’était une erreur ? Tout était peut-être dans sa réponse. L’avenir. Le futur. Eux deux… L’amour ou l’amitié. Le risque ou la sécurité ?

Oh et puis on s’en fout ! Il faut arrêter de penser à tout. Prendre le risque. Il faut lancer les dès. Fermer les yeux et sauter dans le vide. Elle n’était pas accrochée, elle n’avait pas de sécurité. Mais peut-être qu’elle ne risquait rien. Les enjeux étaient certes importants. Ce n’était tout de même rien comparer au bonheur qu’elle pourrait y gagner.

Willow s’écarta un peu plus d’Alistair. Elle le contemplait, silencieuse. Un sourire venait progressivement s’installer sur son visage. Un petit sourire que la brunette retint en se pinçant les lèvres. Elle était heureuse quand même.

« C’est toi qui m’énerve Monsieur Alistair Donovan Westwood. »

Elle posa doucement son index sur la bouche du jeune homme. Histoire de l’empêcher de dire. Histoire qu’il ne réplique pas. Ok, c’est nul de répondre ça à une déclaration d’amour. Mais il fallait qu’elle rajoute quelque chose.

« J’ai tenté de te le dire tant de fois depuis Venise…»

Elle n’avait pas cessé d’y penser. Tout le temps. Surtout depuis son baiser avec Luke. Tout avait été plus clair. Elle l’aimait. Elle lui avait dit qu’elle rêvait de lui parce que c’était vrai. Ok, c’était anonyme. Mais bon. Ce n’était pas compliqué de comprendre, non ? Bon, c’est nul… C’est un truc de fille, non ? Agir de façon débile et espérer que tout soit compris. Dire non en espérant qu’il comprenne oui. Du blanc pour du noir. Des larmes pour du bonheur et pas de la tristesse. Beaucoup de bonheur. Trop de bonheur. Une exposition de bonheur.

« Tu m'as rendue folle avec tout ça...»

Pourquoi j'avais dit ça ? Pourquoi j'avais dit qu'elle m'énervait ? Peut-être juste pour justifier mon geste. Au cas où. On est comme ça, nous les mecs. Notre fierté nous pousse à faire et dire des choses qu'on ne pense pas ou ne ferait pas, en général. C'est juste parce qu'on a peur de vous décevoir, vous, les filles. On a peur de se ridiculiser, aussi. Aussi, parfois, c'est pour vous taquiner. Parce qu'on sait - un peu - que notre avis vous tient à coeur. Mais, le plus souvent on se justifie. Et alors ? On ne justifie pas un baiser par un " tu m'énerves. " ! ça sert plutôt à justifier de la violence, ça. La violence des sentiments peut-être. Ou alors, je suis tout simplement con. ça doit être ça, certainement. Je suis con, et maladroit lorsqu'il s'agit de Willow, ou de mes sentiments.

Aussi, je priais. Pour qu'elle ne m'en retourne pas une. Je profitais au maximum de ce contact que nous avions, au cas où. Je sentais la chaleur envahir chacun de mes membres. Une douce chaleur. De la pointe des cheveux, jusqu'au bout des orteils. Et cette chaleur dura encore de longs instants. Oui, parce que Willow ne s'était pas reculée, non. Je n'allais pas me prendre de baffe dans la gueule. Enfin, pour le moment. C'est pour ça que je n'osai pas m'emballer. Approfondir le baiser, tout ça. Non, je tenais à ce que ça soit simple. Même si rien n'était simple, là, maintenant. Mais, je ne voulais pas qu'on s'embarque dans des choses encore plus compliquées. Non. On avait pas besoin de ça. Vraiment pas.

Puis, je rompis notre lien, doucement. Non, parce que c'est bien beau les bisous, tout ça, mais bon. ça allait pas faire avancer les choses. Enfin si, mais bon. Il fallait bien qu'on s'explique clairement. Néanmoins, je gardai mon visage tout près de celui de mon amie d'enfance. Nos souffles, légèrement saccadés, se confondaient. Et mon coeur battait très fort, malgré tout. Raah, je réagis comme une nana, merde. Bon. Logiquement, c'est là, le moment où elle est censée m'en coller une, non ? ... Bah, non. Willow ouvrit les yeux. Et pour la première fois depuis de longues minutes, elle ancra son regard dans le mien. J'essayais d'y lire, découvrir une quelconque information sur ce qu'elle pensait. En vain.

Et là, paf, question de qui tue la mort. Question qui a le don de me mettre mal à l'aise. Parce que ça implique que le grand et fier Alistair doit dire à sa meilleure amie qu'il commence à complètement craquer sur elle. Pas évident. C'est dans ces moments là que je me dis que les filles nous poussent à bout, quand même. On est pas tous des enfoirés de première, bordel ! Surtout moi. Bon, dernièrement, j'ai fait le con, c'est vrai, mais c'était exceptionnel. Et maintenant, il faut que j'avoue la vérité, au risque de me prendre un râteau. Bon, ça m'étonnerait fortement, mais... normalement, c'est les filles qui parlent, et les mecs qui agissent. Enfin. J'inspire un grand coup... Qu'est-ce que je ne ferai pas pour Willow...

« Parce que... parce que je t'aime. Je t'aime, Dylan. », avouai-je, dans un murmure.

Ce n'était même pas un murmure. C'était encore plus silencieux que ça. Je l'avais presque dit du bout des lèvres. Elle, et elle seule a pu l'entendre. De plus, je l'ai appelée Dylan. Dylan, c'est son vrai prénom. Il n'y a que deux moments bien particuliers où je l'appelle comme ça. Lorsque je suis en colère. Et lorsque je lui dis quelque chose d'extrêmement important.

J'avais envie de lui dire pleins de choses. J'avais envie de lui expliquer pourquoi. Peut-être croirait-elle plus en mon honnêteté, si je lui expliquais ? J'avoue que là, je suis perdu. Et je ne préfère pas l'embrasser une seconde fois. Non. ça sera elle de faire le prochain pas. Je ne veux pas trop en faire. Je ne veux pas qu'on aille vite. Je veux qu'on prenne notre temps. Que l'on se réconcilie déjà. Je ne veux pas qu'elle croit que je fais tout ça pour me faire pardonner. Je ne suis pas comme ça, moi. Je ne joue pas avec les sentiments des gens. Et encore moins avec ceux de Willow. Je la regardai dans les yeux. C'était peut-être ça, la solution. La regarder, simplement. On arrive à faire passer tellement de choses, en un regard.

Alistair prit la parole. Pour lui dire qu’elle l’énervait. Elle avait fait quoi ? Aussitôt Willow releva la tête, prête à riposter. Elle lui disait des choses sincères, venant droit de son cœur et il lui répondait simplement qu’elle l’énervait ? Mais c’était quoi ce bordel ? Il se foutait d’elle ? Il la…Son ami vint tout de suite la couper dans son élan.

« Non, chut, tais-toi. C'est toi qui m'énerves. »

Confuse. Willy était confuse. Elle l’observa. Alistair était là. Il avait fermé les yeux. Son corps bougea. Il vint passer ses mains dans la nuque de la demoiselle. Elles étaient chaudes, douce et ferme à la fois. Puis ses lèvres vinrent se poser sur la peau de la jeune fille. Elle frissonna. Ce n’était pas parce qu’elle avait froid. Non. Enfin si, un peu. Mais il y avait autre chose. Ce n’était peut-être qu’un petit bisou sur son front. C’était déjà ça.
Il ne s’arrêta pas là. Il continua et embrassa sa joue. Le silence régnait en maître dans la salle. Pourtant Willow avait l’impression qu’un bruit incessant venait perturber tout ça. Boum. Boum. Le rythme de son cœur envahissait ses oreilles. C’était rapide. De plus en plus rapide. Trop rapide.

Alistair se rapprochait. La brunette tremblait. Elle trépignait d’envie, d’impatience, de bonheur, de joie. Un feu d’artifice. C’est ce qui explosa dans son ventre quand le garçon l’embrassa. Ce fut la chose la plus incroyable qui lui ait été donné de vivre.

Elle continua. Elle fit durer le moment, le plaisir. C’était la deuxième fois qu’elle embrassait un garçon. Et à ce moment très précis, elle ne se souvenait même plus de la première expérience. Son cœur s’emballait et Will se laissait emporter dans la valse.
Le baiser prit fin. Ils étaient toujours l’un en face de l’autre. Leurs visages étaient justes à quelques centimètres. La brunette ouvrit les yeux. Ses paupières s’étaient abattues quelques secondes après le contact de leurs bouches. Son regard était ainsi enfoncé dans celui du jeune homme. Ils respiraient le même air. Leurs poitrines bougeaient rapidement, à croire qu’elles s’étaient lancées un défi.

« Pourquoi est-ce que t’as fait ça ? »

La question était sortie toute seule. Comme ça. Sans vraiment savoir pourquoi. Est-ce que c’était pour savoir s’il avait des sentiments pour elle ou juste… Juste par amour ? Par jeu ? Par vengeance ?

Je n'eus pas le temps de réfléchir ou d'attendre bien longtemps. Mon amie d'enfance s'avança vers moi, avec rapidité. Ses deux mains vinrent se poser sur mes joues. La soudaine proximité entre nos deux êtres me réchauffa un peu. Cela faisait longtemps que nous n'avions pas été aussi proches. Ses prunelles sombres se noyèrent dans les miennes. On était parti pour de longs moments à se fixer intensément. Et, enfin, elle finit sa phrase. Je lui manque. C'est ce qu'elle a dit. Elle le répéta une seconde fois, en insistant bien sur les mots. Je lui manques affreusement. Je me contente d'ouvrir légèrement la bouche, un peu sous le choc. Et ce n'était pas fini.

Les paroles qui ont suivi... sont indescriptibles. J'aimais à l'entendre me dire de pareilles choses. Parce que je pense exactement pareil qu'elle. Parce qu'elle aussi, elle me manque. Parce que, quoi que je puisse dire, je la trouve infiniment belle. Parce que c'est ma Willow. C'est la mienne. Parce que son sourire n'a plus illuminé mes journées pendant un long moment. Parce que je me sens bien avec elle. Parce que moi aussi, j'ai besoin d'elle. Parce que, ces paroles, elles me font prendre conscience d'une seule chose. Elle me montre que Willow tient à moi. Autant que je tiens à elle. Et, ça, c'est le plus important.

Et une fois son monologue terminé, ses deux mains se décollèrent de mes joues, et glissèrent le long de son corps. Son regard se dirigea vers le sol. Non, non, non, continue de me regarder... Laisse-moi te regarder. Et puis un murmure. Quelque chose que seuls nous deux aurions pu entendre, même s'il a résonné, dans cette grande salle. Je ne peux pas me passer de toi. Et à ce moment là, je n'avais qu'une envie. La serrer dans mes bras. Parce que je vois bien qu'elle a froid, là, dans ses fringues trempées. C'est peut-être aussi un truc de nana. Avoir froid. Histoire de donner un prétexte aux gars pour qu'on puisse les serrer dans nos bras.

« Tu m'énerves. », lançai-je.

Elle releva la tête, comme pour répliquer. Elle ouvrit la bouche, je la coupai :

« Non, chut, tais-toi. C'est toi qui m'énerves. »

Je fermai les yeux. Et, pris d'un certain courage, je vins passer mes deux mains dans sa nuque. J'embrassai d'abord son front, lentement, avec le plus de douceur dont un pauvre type comme moi peut en être capable. Mes lèvres vinrent ensuite se poser sur sa joue, puis à la commissure de ses lèvres. J'hésitai une micro-seconde à l'embrasser sur les lèvres. Oh, et puis, merde. Mes gestes se débrouillent bien mieux que mes mots pour lui faire passer le message. Alors, légèrement, le plus délicatement possible, calmement, j'ai posé ma bouche sur la sienne. En espérant secrètement qu'elle ne m'en collerait pas une en échange...

Alistair éclata. Il voulait qu’elle finisse sa phrase. Il était là à dire des tas de truc. Son sang devait bouillir pour qu’il parle à une telle vitesse. Mais plus elle y réfléchissait, plus ce qu’il lui répondait la troublait. Il lui avouait tout ce qu’elle voulait savoir. C’est comme si tout ce qu’il retenait bien pour lui sortait d’un coup comme ça. Tori. Les baisers. Elle. Alistair parlait de Willow. Pas le temps de réfléchir. Willy s’avança rapidement vers son ami d’enfance, ses mains se placèrent sur les joues du garçon. Elle ne le lâchait pas des yeux. Et lui non plus.

« Tu me manques ! Oui c’est ça ! TU – ME – MANQUES ! Affreusement… »

La brunette avait dit ça tout en se déplaçant. Une fois face à lui, elle savait qu’elle ne pouvait plus faire demi-tour. Les dès étaient enfin lancés. Il était temps d’affronter la vérité, d’ouvrir son cœur. Putain c’est difficile d’ouvrir la bouche sans se poser de questions ! Et si j’ai mauvaise haleine ? Et si mes mains sont en train de lui glacer le visage ? Et s’il disait ça pour déconner ? Et si elle balbutiait quand elle parlerait ? Et si… Merde !

« Ton être me manque, ta voix me manque, ton regard rieur me manque, ce que tu fais avec tes cheveux me manque, ton rire moqueur quand je fais un truc de travers me manque, nos moments complices me manque… J’ai besoin de toi. Ma vie sans toi… J’arrive même pas à respirer, à avancer. Je pense tout le temps à toi, je rêve de toi, je m’imagine avec toi. J’ai besoin de toi, Alistair. Vraiment. Je… »

Elle laissa ses mains glisser lentement vers le sol et son regard les accompagna. Des mèches humides vinrent se placer devant ses yeux. C’était nul ce qu’elle avait dit. La pluie continuait de battre les carreaux de la fenêtre. Le vent soufflait sa mélodie.

« Je ne peux pas me passer de toi. » susurra-t-elle.

On en avait déjà parlé, oui, c'est vrai. Elle n'avait pas supporté mes reproches. Elle n'avait pas supporté mon comportement. Tout ce bordel, c'est ma faute. C'est vrai, elle était bourrée. Et moi, énervé. ça revient au même, non ? Pas pour elle, visiblement. Je savais ce que je faisais. Et elle a certainement raison. J'ai juste cédé à la tentation. Comme l'aurait fait tous les gars de la confrérie des Pi Sigma. J'ai été faible, jaloux, et fier. J'ai agi comme un gosse. Et voilà le résultat. Je suis même pas crédible. Mais finalement, Will' choisit de ne pas redire toutes ces choses. Sinon, on ferait un remake de ce qu'on s'est dit la dernière fois. La pluie en plus. Histoire de faire bien cliché.

Elle soupire, secoue la tête. Je passe une main dans mes cheveux. Puis, elle fait un pas vers moi. Je la regarde dans les yeux. J'attends la suite. Quoi, elle a juste fait un pas comme ça ? Juste pour faire joli ? Bon, ok, c'est à mon tour de parler... Mes doigts viennent dans ma nuque. Bon. Trouve un truc à dire... Oh, regarde il y a un caillou sur le sol ! Un tout petit caillou. Comment a-t-il bien pu arriver ici ? C'est peut-être Willow qui l'a emmené avec elle, sans faire exprès. Il est tout seul, le pauvre. Et si je sortais pour le ramener chez sa famille, avec les autres cailloux ? Il a peut-être des frères et des soeurs... Bon, ok, c'est ridicule.

Mais la douce voix de Willow qui résonne dans cette salle, vide, me fait lever la tête. Deux petits mots. Je suis là, suspendu à ses lèvres. Quoi ? Je te quoi ? On va pas avancer si elle ne finit pas ses phrases ! Comment je peux être sûr de quoi que ce soit, si elle fait comme ça ? God. Je shoote dans le petit caillou, doucement. Désolé, mais c'est toi qui va me déstresser, petit caillou. Même si tu es un peu trop loin, maintenant. La phrase non terminée de Willow résonne dans ma tête. Quand est-ce qu'on va se mettre à parler franchement ? On est amis depuis qu'on est bébé, presque ! On ne devrait pas avoir de difficultés à dire ce qu'on pense.

« Je te quoi ? Finis ta phrase, enfin ! Comment tu veux que je sache ce que je dois dire ? Si tu ne me dis pas ce que tu ressens, je ne pourrais pas te dire ce que moi je ressens non plus ! Je pourrais pas te dire que Tori ne m'intéresse pas ! Je pourrai pas te dire que les fois où je l'ai embrassée, je ne pensais qu'à toi ! Je pourrais pas te dire que si je l'ai embrassée, si j'ai cédé à la tentation, c'est juste parce que j'étais jaloux, et énervé ! Je pourrais pas te dire tout ça ! », finis-je, le souffle court.

J'avais dit tout ça, d'une traite, sans respirer. Avec un peu d'énervement, aussi. J'ai le sang chaud, c'est comme ça. Je me rends de tout ce que je viens de dire, petit à petit. Et merde... Néanmoins, je laisse mon regard s'ancrer dans celui de Willow. J'attends de voir comment elle va réagir. La pluie bat fort. Tout comme nos coeurs ce soir, certainement.

Les trente secondes passèrent. Et plutôt que de virer Willow, son ami parla de l’autre. Cette peste. Cette Tori. Une grande amie. Une amie qui compte plus à parement ! Et elle, elle était quoi ? Juste une copine que l’on oublie ? Ses yeux se levèrent automatiquement du sol en entendant le prénom. Pourquoi Alistair remettait-il ça sur le tapis ? Il voulait vraiment que ça recommence ? Il voulait la faire souffrir encore plus ? Enfoncer le couteau dans la plaie… Il n’était pas comme ça le Alistair Donavan Westwood qu’elle avait connu. C’était un gars simple, gentil et touchant. Un ami sur qui on peut compter qui vous fait rire et qui vous tend la main si un problème survient. Alistair est celui qui pourrait manger le plus de sucrerie sans jamais se lasser. C’est la personne a qui elle racontait tout et qui venait avec elle dans la forêt le dimanche.
Ce Alistair n’avait pas disparu. Il était toujours présent et faisait simplement des bêtises. Comme avant.

« Pardon, c'est pas ce que je voulais dire. Enfin, si mais, je veux pas que tu crois que je me justifie. En fait, si, je me justifie. Mais c'est pas ça, l'important. Quoiqu'un peu quand même, mais... roh, merde. »

Hein ? Il s’embrouillait. Il l’embrouillait. Willow avait l’impression qu’ils étaient tous les deux dans des sables mouvants. Ils attendaient sans bouger, car chaque geste pourrait les enfoncer encore plus. Son ami avait essayé et voilà que la situation semblait plus compliquée.

Finalement il lui posa une question. Ce qu’elle pensait de tout ça… Hmm… Difficile à dire.

« Ce que j’en pense ? On en a déjà parlé Al’… J’ai pas supporté que tu m’ais reprochée d’avoir fait quelque chose que toi tu te permets de faire quelques jours après. Surtout que j’étais pas vraiment dans mon état normal. Alors que toi… Bon ok t’étais certainement énervé, mais tu savais pertinemment ce que tu fa…Mais.. Ça sert à rien de redire tout ça. J’ai merdé. On a merdé.»

Elle secoua la tête en soupirant. Willy finit par faire un pas vers Alistair. Son allure était toujours si parfaite. Dans son jean et son t-shirt… Il était beau. La brunette avait envie de la baffer, juste pour qui arrête de vouloir revenir sur le sujet qui fâche. Mais d’un autre côté, elle voulait le prendre dans ses bras, le serrer contre elle, sentir sa chaleur et son parfum, retrouver le contact de sa peau. Elle s’arrêta après avoir fait ce petit pas de trente centimètres. « Un petit pas pour l’homme, un grand pas pour l’humanité ». C’était ce que résonnait dans la tête de Willow. Elle s’avançait sur un terrain qui lui était désormais inconnu. Comme si tout ce qu’elle savait s’était envolé, ou plutôt transformé. Ça ne suffirait pas de faire une blague pour récupérer leur amitié.

« Tu me… »

…Manques Alistair. C’était trop dur à dire. Pourquoi devait-elle faire le premier pas ? Et s’il ne ressentait pas les mêmes choses qu’elle ? Et si pour lui ce manque n’était pas du tout le même ? Et s’il reculait ? Et s’il allait annoncer qu’il aimait Tori ?
Il lui aurait dit si ce n’était pas le cas… Il lui aurait dit que son mot anonyme l’avait touché et que ça lui arrivait à lui aussi. Pourquoi n’a-t-il pas reconnu son écriture ? Ok, elle avait fait attention à écrire en script pour que la reconnaissance soit plus difficile. Mais quand même ! Une autre fille pouvait lui dire ça ? Une autre fille pouvait penser à lui sans arrêt ? Est-ce qu’il avait une relation avec cette fille grâce à ce mot ? Qui était-elle ? Pourquoi ?

Trop de questions. Trop d'appréhension. Mais pourquoi avait-elle si froid ?

Elle est là. C'est ce qu'elle a répondu. Et en effet, elle a raison. Elle est là. Elle est là parce que je lui ai demandé de venir. Et, bizarrement, elle n'est pas en colère. Moi non plus. Pas comme la dernière fois. Je voulais qu'on parle. Que l'on s'explique. Et une fois qu'elle est là, plus aucun son ne sort de ma bouche. Je ne sais plus de quoi je veux lui parler. Je ne sais pas quoi lui dire, je ne sais pas par où commencer. Luke ? Tori ? La brouille ? Pourquoi est-elle venue ? Trevor ? Ou alors pourquoi est-ce que je reste là comme un idiot à ne rien dire et à réfléchir ? C'était avant qu'il fallait réfléchir. Pendant les trois minutes, là. Mais bon. Nous, les gars, on perd notre temps inutilement, c'est bien connu.

Un courant d'air frais vient chatouiller ma nuque. Willow n'a pas refermé la porte. Et comme si elle venait de lire dans mes pensées, celle-ci se retourne pour pousser la porte. Je la détaille discrètement, pendant ce temps. Ses cheveux sont trempés. Son jean, également. Elle doit crever de froid. Et moi, juste parce que je suis un des types les plus fiers du monde, je ne vais pas la prendre dans mes bras, comme j'aurais pu le faire, il y a quelques jours. Mais ce n'est pas seulement une question de fierté. Entre nous, quelque chose a changé. Et mon geste ne pourrait plus être interprété de la même façon qu'avant. J'ai pas tellement envie de me prendre un râteau. Enfin, ça, c'est vite dit.

La porte se referme. Willow se retourne. Elle se mordille la lèvre. Ce simple geste la rend encore plus vulnérable. Et adorable. Mais ça, encore, je le garde pour moi. Elle ne sait pas quoi dire. Moi non plus. Le silence est rythmé par le pluie qui s'abat contre les fenêtres. Violente. Willow en fait la remarque d'ailleurs. Une tempête. Oui, c'est exactement ça. C'est peut-être aussi la tempête, dans ma tête... et dans mon coeur. Dans celui de Willow, j'espère également. Elle regarde le sol, telle une petite fille ayant fait une grosse bêtise. Je le sais, parce qu'elle faisait comme ça, lorsque nous étions petits. On en a fait des bêtises. Souvent. Et lorsqu'on s'est engueulé la dernière fois, c'était une bêtise, aussi.

« Tori... C'est juste une amie pour moi. Une grande amie. »

C'était sorti tout seul. Et mon subconscient de répondre : " Alors pourquoi tu l'as embrassée, idiot ? ".

Je me rends compte que ce n'était pas forcément la meilleure façon de commencer le dialogue. On a déjà eu une conversation similaire... et on sait très bien tous les deux comment celle-ci s'est terminée. Je me racle la gorge. ça commence bien. Elle va croire que je me justifie, maintenant. Et c'est peut-être bien le cas. En plus, rien ne justifie mon geste. Enfin, si, mais c'est un truc d'un gamin de huit ans, ça. La vengeance. T'as fait ça ? Et bah, je fais faire pareil, voilà ! Des gamins... Nous ne sommes que des gamins...

« Pardon, c'est pas ce que je voulais dire. Enfin, si mais, je veux pas que tu crois que je me justifie. En fait, si, je me justifie. Mais c'est pas ça, l'important. Quoiqu'un peu quand même, mais... roh, merde. », m'emmêlai-je.

Je m'embrouille, signe manifeste de ma gêne et de ma confusion. Je suis un parfait crétin. Le dernier des idiots, le roi des cons.

« Tu penses quoi de tout ça, toi ? », demandai-je.

Bon. ça au moins, c'était clair. Y a du progrès.

Alistair était là, contre un mur, comme ça… Il était là. Le regard de Willow fut attiré par celui de garçon. Sa bouche s’ouvrit sans pouvoir dire un seul mot. Habituellement, à la fin d’un sprint, son cœur revenait progressivement à son rythme normal. Pourquoi est-ce qu’il ne faisait pas cet effort ? La réponse était toute trouvée. Alistair. C’était lui. C’était lui le coupable. Elle ne voulait se l’avouer mais c’était lui la raison de tout ça. De tout ce cirque dans sa tête, son cœur. Son être, quoi.
La porte restait ouverte pendant que les deux amis d’enfance se regardent sans dire le moindre mot. Des gouttes d’eau entre dans le bâtiment. Elles apportent en même temps un courant d’air glacial. Quel temps pourri ! Willy frissonne. Pourtant elle ne bouge pas. Ni pour fermer la porte, ni pour aller dans les bras du garçon. Pourquoi est-ce qu’elle ne fait pas un geste. Un truc tout con.

« Hm... Yop. »

Yop. Yop comme Yop ? Ou comme « yop ? ». Yop tu m’as manqué. Yop, tu m’as pas manqué du tout. Yop, je suis enrhumé. Yop, tu veux fermer la porte je me les gèle. Yop, j’ai mangé une pomme ce midi. Yop, yop, yop, je suis au top.
Willow. Arrête !

« Yop ! »

Pourquoi avait-elle répété ça ? Ça faisait la fille qui ne sais pas quoi dire et qui répète tout. C’est nul ! Pourquoi est-ce qu’elle n’avait pas dit… Je ne sais pas moi, un truc mieux ! Une phrase construite avec un sujet, un verbe, un complément. Avec des vrais mots ! Non… Elle avait juste répété.

« Bah je suis bien là… »

Encore pire ! Mais pourquoi est-ce qu’Alistair avait fait ce geste avec sa main aussi ! Ça lui donnait un air si… Mignon ! Il était adorable quand il faisait ça. Il avait ce petit sourire gêné et donnait envie qu’on passe aussi notre main dans ses cheveux pour sentir le parfum de son champoing… Bon, ok. Calmons-nous.
Willow tenta de respirer plus normalement. Elle se tourna et poussa la porte avec douceur. Tournant le dos à son ami, elle pu réfléchir un instant à l’expression qu’elle pourrait par la suite arborer. Un sourire. Pas de sourire. Etre grave. Froncer les sourcils. Plisser les yeux. Se mordre la lèvre inférieure… Ce fut cette dernière solution qui fut adoptée.

« Il pleut vraiment dehors. On dirait une tempête… »

Conversation sur la pluie. Pas de beau temps ces derniers temps. Encore une fois ça semblait être une mauvaise idée. Alors autant regarder le sol tout de suite et espérer ne pas passer pour une imbécile. D’ici trente secondes Alistair regretterait de lui avoir envoyé ce sms. Bravo ! Elle ne valait définitivement pas la peine…

Esclaves de nos sentiments. C'est ce que nous sommes. Justes des pantins articulés par ce que l'on ressent. On s'y plie avec plaisir, pour mieux souffrir après. Mais, après tout, c'est la vie. ça fait partie des choses, et on a toujours des gens pour nous aider, après ça. C'est à ça que sert les amis. On s'entraide les uns les autres. Mais on ne s'empêche pas de tomber dans le piège. C'est pas logique. Comme disait Frédéric Beigbeder, l’amour est une catastrophe magnifique. Savoir que l’on fonce dans un mur, et accélérer quand même. Courir à sa perte, le sourire aux lèvres. Attendre avec curiosité le moment où cela va foirer. L’amour est la seule déception programmée, le seul malheur prévisible dont on redemande.

C'est ça, qu'on aime, dans l'amour. Savoir comment ça va se passer, mais en même temps... espérer autre chose. C'est aléatoire.

C'est peut-être l'amour qui m'a guidé ici, ce soir, dans cette grande salle, appuyé nonchalamment contre le mur à côté de la grande porte. Je jette un coup d'oeil régulièrement sur le cadran de mon téléphone portable. Vingt-deux heures sept. Trois minutes. C'est quoi, trois minutes ? C'est même l'intégralité de Wonderwall, d'Oasis. En trois minutes, c'est le temps que t'es censé mettre pour te brosser les dents. En trois minutes, tu peux te faire cuire un oeuf à la coq. Dans trois minutes, Willow peut débarquer à tout moment. Et quand elle sera là, si elle vient, je lui dirai quoi ? J'en ai absolument aucune idée.

Qu'est-ce qu'on dit généralement, dans ces situations là ? Qu'est-ce qu'elles aiment entendre les nanas ? Bordel, je suis vraiment une quiche en psychologie féminine... 'faut que je fasse comme si de rien n'était ? Ou alors rester super froid et distant ? Non, je peux pas faire ça, c'est en partie de ma faute, quand même... J'attends qu'elle parle ? Enfin, 'faudrait qu'elle vienne, ce dont je ne suis absolument pas certain, puisqu'elle n'a pas répondu à mon message. Bordel, je suis dans la merde jusqu'au cou... La pluie bat toujours aussi fort... Je regarde mon portable. Vingt-deux heures treize.

Et la porte s'ouvre à la volée.

Une respiration heurtée. Je me suis levé. A quelques mètres de moi, essoufflée, trempée jusqu'aux os. Mais là. C'est Willow que si tient là, non loin de moi. J'ai furieusement envie de la prendre dans mes bras, mais je me retiens. On est pas là pour ça. Il faut qu'on parle. C'est pour ça qu'on est là. On se regard. Longtemps. ça faisait longtemps qu'on ne s'était pas regardé dans les yeux. Son regard m'avait manqué, oui. Mais ça, je ne lui dirai pas. Du moins, pas pour le moment. L'heure est aux explications.

« Hm... Yop. », dis-je.

Alistair. Mon gars, t'es vraiment le roi des crétins. Je me foutrais des baffes. Réfléchis, idiot.

« Hm... J'ai cru que... tu ne viendrais pas. »

Je passe une main dans mes cheveux. Je suis un parfait idiot.

Il était exactement 20h26 quand elle reçut un message. Son portable vibra, il était là au centre de son matelas. Le bruit de la vibration fut absorbé par la fine couverture. Willow était dans sa chambre, plongée sur des exercices de mathématiques. C’était bien le genre de devoirs qu’elle détestait. C’était un lundi… Une semaine après la soirée chez les Eta Iota. Cette soirée restait un peu floue. Dans tout les cas, ce qui était sûr c’est qu’elle avait vu Trevor. Elle lui avait parlé. Ils avaient discuté d’Alistair… C’était horrible de ne plus lui parler. Ils étaient dans la même classe mais Willy était trop têtue pour faire le premier pas. Jamais elle n’irait directement demander pardon. Elle souffrait dans son coin mais ne pouvait pas s’écraser avec des excuses.

La brunette abandonna les cours une demi-heure plus tard. Jamais elle ne s’était concentrée autant ! Elle n’avait même plus de colocataire pour la distraire, c’était nul. Surtout que Willow avait commençait à s’habituer à la petite Oprah ! Enfin, au moins elle allait pouvoir mettre une musique et danser comme une merde.
La demoiselle tournait sur elle-même, les yeux fermés. Sa main passait dans ses cheveux tandis que ses lèvres mimaient les paroles et parfois elle chantait carrément :

« But lately her face seems slowly sinking, wasting crumbling like pastries.. »

Cette chanson était si triste, si réelle, si belle ! A la fin, la belle s’étala sur son lit. Les yeux rivés sur le plafond, elle revoyait l’image d’Alistair. Un truc la dérangea. Dans son dos, ce n’était pas confortable. Willy roula et fouilla la couverture d’une main habile. Son portable ! Traitre ! Quelle heure était-il d’ailleurs ? 21h45. Oh ! Un message. L’étudiante déverrouilla son téléphone pour lire. C’était Alistair. Il lui donnait rendez-vous dans le bâtiment de sa confrérie. Il voulait avoir une conversation.

Combien de temps lui restait-il ? Que devait-elle faire ? La demoiselle resta ainsi une bonne dizaine de minute à se poser des questions. Puis elle se releva d’un coup. Il fallait qu’elle bouge, qu’elle agisse, qu’elle y aille. C’est en quatrième vitesse qu’elle ressortit de sa chambre. Elle descendit les escaliers et se retrouve dans le hall. La pluie était battante dehors. Elle ferait peut-être mieux de remonter chercher un manteau. Histoire d’éviter d’être malade et de louper la compétition de dimanche prochain… En même temps, avait-elle le temps ? 22h01. Bon. Les marches furent grimpées par quatre. Dans sa chambre, la demoiselle chercha une veste. Un coup d’œil à son portable lui annonça qu’il ne lui restait que 5 minutes pour être à l’heure. Une veste en cuir ? Ce n’était pas trop ‘je me la joue cool’ pour ce rendez-vous ? Un parapluie ? Non… En plus elle n’en avait pas. La veste que Jeremy avait oubliée ? Non, ça allait relancer la dispute. Tant pis. Pas de manteau pour le trajet.
La jeune fille galéra à fermer la porte à clé. Plus qu’une minute. Plus du tout de seconde. Le temps passait désormais en négatif. Elle ne serait pas à l’heure. Est-ce qu’Alistair penserait qu’elle ne voulait pas parler ? Bon. Il était temps de se dépêcher.

Willow commença à courir. Une fois sous la plus, elle s’arrêta un instant. L’eau était glaciale. Le sort s’acharnait ! La lycéenne courait. Ses foulées étaient souples et poursuivaient le même schéma. Son t-shirt noir commençait à lui coller à la peau, son jean devenait lourd alors que ses cheveux lui fouettait le visage. Le bâtiment des Khi était à quelques mètres. Comme une tornade, Will’ ouvrit la porte d’un coup. L’endroit était chauffé. Bonne nouvelle. Le regard sombre de la belle parcouru l’entrée à la recherche de son ami. Son cœur battait à cent à l’heure. C’était difficile de dire si c’était à cause de la course ou de l’excitation de revoir Alistair.

Willow and Alistair ♥

Temps de merde. Il pleut depuis des jours, sans arrêt. Le dérèglement climatique, sans doute.

ça fait des jours que je ne parle plus à Willow, non plus. Enfin, qu'on ne se parle plus. Tout ça pour des débilités, en plus. Il s'est passé quelque chose. Quelque chose a changé entre nous. Les sentiments... ne sont plus les mêmes. Lorsque Willow m'a dit qu'elle avait embrassé l'autre bouffon de Luke, la jalousie s'est emparée de moi. Et par simple vengeance et faiblesse, j'ai embrassé Tori, en retour. ça n'a fait que renforcer le feu qui a causé notre dispute. J'ai fait n'importe quoi, par simple fierté. Et pour me prouver quelque chose aussi, certainement. Me prouver quoi, d'ailleurs ? Je le sais, mais je n'ose pas le dire.

Pour moi, Willow est peut-être plus qu'une simple amie. C'est même certain. L'idée s'insinue en moi, petit à petit. Mais ma fierté me pousse à laisser cette hypothèse de côté. Et pourtant... Je pense à elle. Souvent. Et là, de ne pas lui avoir parler depuis plusieurs longs jours, ça m'a manqué. ça m'a fait prendre conscience d'une chose. A quel point je tiens à elle. Mais, là, la situation est devenue insupportable. J'en ai assez. Il faut qu'on parle, en tête à tête. Il faut que je sache ce qu'elle pense de tout ça, ce qu'elle ressent. Il faudra que je me contrôle, surtout que je ne m'énerve pas. Je risquerais d'être violent. C'est pas la solution.

C'est pour ça que je me retrouve dans le bâtiment des confréries, en ce moment-même. Et dehors, il pleut. La pluie s'abat fort sur la fenêtre. J'ai envoyé un SMS à Willow. Je lui ai donné rendez-vous, ici. Il est vingt-deux heures, la salle est déserte. J'attends nerveusement. Je suis habillé simplement, tee-shirt moulant avec un jean, le tout avec une paire de converses aux pieds. J'attends. J'espère que Willow passera la porte. Je l'espère vraiment. Parce qu'il faut qu'on parle. On se doit des explications.