"Retrouvailles" or not? Pv Jeff

Invité

Le jeune homme était gentil comme dans mes souvenirs. Malheureusement je n'avais pas eu l'occasion de le revoir après notre voyage à Londres, une simple connaissance qui marque notre mémoire à jamais. J'inspirais profondément passant ma main dans mes cheveux blonds lâchés. Le monde était bien petit finalement. Je laissais apparaître un léger sourire sur mes lèvres. Il n’émettait pas de jugement contrairement aux autres, il avait plutôt l'air étonné rien de plus rien de moins. J'étais perdu dans mes pensées qui devenaient au fils des secondes des pensées plutôt mélancoliques et je me rappelait inlassablement Chase mais également mon frère. Apollo ne m'avait jamais autant manqué en ce jour. Pourtant c'était un jour comme les autres, mais à plus le temps passait, à plus les souvenirs me submergeaient et à plus je me rendais compte de leur absence. Leurs sourires, leur joie de vivre, l'assurance qu'ils m'apportaient, la protection. Mais dans mon egoïsme, j'ai oublié d'aimer ma famille, mes amis. Alfred m'avait détruite, mais je m'étais détruite seule sans l'aide de personne.

Je pris Aaron dans mes bras, heureusement qu'il était là mon petit ange, heureusement que mon fils était là parce que j'ai bien peur que que s'il n'avait pas été là. J'aurais perdu pied, je me serais renfermée sur moi même, je serais restée enfermé chez moi. J'aurais sans doute mit fin à mes jours. La culpabilité me prenait tout mon être, Aaron était aujourd'hui ma seule famille. Des amis je n'en avais presque plus, ils étaient tous partis, sans me prévenir de leur départ. Reprends-toi Heli laisse toi pas bouffer par les regrets, les remords et la culpabilité. Profites de cette journée. Souris, mets ton masque et parle, parle à ce jeune homme qui te pause des questions. Apprécies les petits moments comme ceux là. Laisses toi vivre. Vis ta vie! Affiche ce sourire que tu figes si bien.

Je tournais mon visages vers le blond et répondit enfin à ses questions m'asseyant quand il m'invita à le faire. Profonde inspiration, regardes ton fils et regardes Jeff.

- Ce que je fais ici, je promène mon fils et je me promènes aussi. Et pour répondre à ta seconde question, oui je vis à Miami. Et toi alors que fais-tu ici? Et sinon ça va depuis le mois de Juillet?

Invité

« Comme nous passions la frontière qui sépare le Colorado de l'Utah, je vis Dieu dans le ciel sous les espèces de vastes nuages dorés par le soleil qui surplombaient le désert et semblaient pointer un doigt vers moi et dire : « Passe par ici et va de l'avant, tu es sur le chemin du ciel (...) Avant d'avoir pu m'en apercevoir, je contemplais une fois encore la fabuleuse cité de San Francisco qui se déployait sur la baie au cœur de la nuit. Je courus immédiatement chez Dean. (...) j'avais coupé tous les ponts et me foutais complètement de tout. Un soir de lilas, je marchais, souffrant de tous mes muscles dans le quartier noir de Denver, souhaitant être un nègre, avec le sentiment que ce qu'il y avait de mieux dans le monde blanc ne m'offrait pas assez d'extase, ni assez de vie, de joie, de frénésie, de ténèbres, de musique, pas assez de nuits. J'avais envie d'être un Mexicain de Denver, ou même un pauvre Jap accablé de boulot, n'importe quoi sauf ce que j'étais si lugubrement, un « homme blanc » désabusé. J'avais eu toute ma vie des ambitions de blanc. »

Sur la route, Jack Kerouac.

Jeff frissonnait rien que de lire ces mots. Cette poésie qu'il aimait lire lorsque le temps se faisait long et que l'ennui s'emparait de lui. Bizarrement, ce livre lui redonnait le moral. Lui-même serait impossible d'expliquer pourquoi mais il était pour lui comme la promesse d'un monde meilleur, comme la preuve que la beauté existe et reviendra un jour. Arf, assez de poésie. Il ne fallait pas exagérer, il avait été heureux dans sa vie. Et après de nombreuses épreuves, il était content de dire qu'il était heureux à nouveaux depuis son arrivée à Miami.

Tandis que le soleil était à son zénith et qu'une légère brise traversait la chevelure blonde de Jeff, ce dernier était toujours plongé dans son livre fétiche, totalement indifférent au bruit constant de la ville et aux passants qui déambulaient tout autour de lui. Il faisait un peu exclu social comme ça, assit seul sur un banc à lire un livre calmement, malgré l'agitation ambiante.

Il faisait quelques pauses parfois, pour fumer une clope par exemple. Cette sale manie qui continuait de le poursuivre. Il commençait à se sentir seul. Il se mit alors à s'intéresser (enfin) un minimum aux gens qui passaient devant lui, avec le stupide espoir que l'un d'eux s'arrête pour lui tenir compagnie. La solitude faisait vraiment faire des choses bizarres ...

Conscient de sa bêtise, le blond se replongea dans son livre et l'environnement qui l'entourait redevint invisible et futile. Quelques minutes plus tard, une voix légèrement familière retentit aux oreilles de Jeff qui ne réagit qu'au bout de quelques secondes, le temps de comprendre que l'on s'adressait bien à lui. Il releva la tête lentement et vit qu'une jeune femme se trouvait devant lui. Elle était blonde et son visage fin rappelait quelque chose à Jeff. Mais pourquoi ? Qui était-elle ? Il n'arriva pas tout de suite à replacer un nom sur ce visage. Soudainement, le souvenir du retour en avion de Londres lui revint à l'esprit. C'était là qu'il l'avait rencontré et cette fille s'appelait ... Helina ! Oui c'était bien ça. Après de longues secondes de léthargie, Jeff adressa enfin un sourire à la jeune femme et dit :

« Helina ! Mais .... Qu'est-ce que tu fais ici ?! »

Jeff était carrément surprit de cette rencontre. Il se rappelait bien avoir passé tout le retour de Londres aux cotés d'Helina. Ils avaient bien discuté et à vrai dire, Jeff avait bien apprécié la présence de la jeune femme. Pour dire vrai, il l'avait un peu oublié et n'aurait jamais pensé la revoir ici.

« C'est dingue de se revoir ! Tu ... tu habites Miami ? »

Alors qu'il commençait à se remettre et à calmer sa stupéfaction, Jeff remarqua qu'Helina tenait une poussette, avec un bébé dedans. Jeff ne comprit pas vraiment pourquoi, c'était son bébé ? Elle était pourtant jeune pour avoir un enfant, et lorsqu'ils s'étaient rencontré, elle n'avait pas mentionné une seule fois sa maternité. Du moins pas selon les souvenirs de Jeff.

« Je t'en prie, assieds-toi. » dit-il en indiquant le banc sur lequel il était assit.

Invité

Le temps devenait bien long. Peut être même un peu trop. Apollo n’était malheureusement plus là, mon frère bien aimé, j’avais bien vu Valentin, il me remontait un petit peu l’moral certes, mais bizarrement un mal aise s’installait entre nous deux! Chase était mort lui aussi, les souvenirs revenaient au galop sans cesse notre voyage à Londres, il n’avait même pas eu l’temps de voir mon fils. Mon appartement me semblait désespérément vide. Et je me rendais vraiment compte à quel point j’étais seule. J’avais quitter la Finlande pensant trouver une vie peut être un peu meilleure. Au moins elle avait été meilleur pendant un certain temps, pendant quelques mois.

Je regardais ma pendule, Aaron allait bientôt se réveiller, j’irais faire mon petit tour comme d’habitude au parc et je rentrerais chez moi recommençant l’éternelle monotonie dans laquelle je m’étais enlisée chaque jour un peu plus. Assise sur mon canapé fumant ma cigarette, je regardais une émission de téléréalité que je suivais à peine, c’était plus que débile et ça n’avait aucun sens. J’écrasais ma cigarette, et j’allais fermer la fenêtre depuis quelque temps la météo s’était déréglée et il faisait un peu froid. J’observais par la fenêtre le mouvement de la foule qui s’activait, les gens pressés, les taxis… Un monde que je ne connaissais pas encore et que je ne connaitrais peut être jamais.

Enfin qu’importe, je soufflais longuement et bruyamment, me dirigeant vers la salle de bain. Une bonne douche me fera peut être oublier mes soucis, si soucis il y avait. Parce que je ne pouvais pas vraiment définir ma vie de soucieuse, j’avais un fils merveilleux mais la mélancolie faisait partie de ma vie. Un état de tristesse indéfinie. Oh si j’pouvais trouver des excuses quant à mon état, la mort de mon frère, la désertion d’Alfred, la mort de Chase. Mais je me cachais derrière des parures. Je ressassais de plus en plus mon passé, ma mère me manquait, Chase me manquait, Alfred me manquait et bien plus encore Apollo me manquait…

Sous la douche mes yeux s’humidifièrent se mélangeant à l’eau qui coulait le long de mon corps. Je lavais mes cheveux et mon corps avant de me rinçais, un geste devenu presque mécanique. Je sortais de la douche et je me séchais. Les pleurs d’Aaron m’alertèrent, je me dépêchais de m’habiller simplement, un jean, une chemise et ma paire de doc.

Je me dirigeais dans la chambre de mon fils, il avait les yeux ouvert, quand-t-il me vit il s’arrêta de pleurer. Un vrai comédien ce p’tit bout d’chou mais le seul qui me procurait au moins un sourire par jour. Je le pris dans mes bras et le berçais délicatement contre ma poitrine. Lui chantant une petite berceuse. Je lui changeais sa couche et l’habillais plus chaudement. Je lui enfilais son manteau et le mien par la même occasion.

Je regardais de nouveau par la fenêtre et finis par me rendre dans le local à poubelle afin de prendre la poussette de mon fils. Son sac à langer sur mon épaule que je glissais sur le guidon de la poussette. Je mis mon fils dans sa poussette et le couvrais bien. Direction le parc de Wynwood. Beaucoup de regards se tournaient vers moi, certain s’offusquant, me critiquant et certains trouvaient ça mignon. Je ne faisais plus attention. « Cette maman est bien jeune! » « Elle a raté sa vie! » « Elle ne sera jamais une bonne mère » « Où est le père? ». Enfin qu’importe des expressions que je n’écoutais plus. Enfin j’arrivais au parc après une vingtaine de minutes de marche.

Le parc s’était un endroit paisible et qui me faisais un peu oublier mes tracas. J’avançais jusqu’à un banc, il était déjà occupé. Je n’fis pas vraiment à attention à celui qui se trouvait sur le banc. Je ne vis qu’une seule chose chez lui parce que c’était un homme, il était blond. Je m’installais au bout du banc afin d’être à une distance raisonnable. Le dit blond lisait un livre. Un livre qui ne m’étais pas méconnu bizarrement, sauf que ma mémoire me faisait défaut, je n’savais plus où j’avais pu voir ce livre. À en croire les pages légèrement cornées, c’était un livre qu’on lisait régulièrement. Sur la route de Jack Kerouac. Je pris mon enfant dans les bras. Je me tournais vers le jeune homme et la position dans laquelle il était assis me rappelais quelque chose! Mais quoi! Attendez une minute… Londres, Avion, seule! Sur la route, blond…

- Jeff?

Voilà pourquoi ce livre me rappelait quelque chose. Alors qu’en raison de notre négligence à Chase et moi lors de notre retour de Londres, nous avions dû nous séparé, le blond avait dû prendre un billet en classe écolo et moi en première classe et je m’étais retrouver à côté de ce jeune homme pour toute la durée de ce trajet. Je tournais ma tête lentement vers lui! Attendant qu’il me réponde.