Résultats surprenants [ft. Gabriel Hudson]

Elle lui annonça que leurs parents étaient morts. Et il eut une réaction assez logique, c’est-à-dire qu’il n’en eut pas, ou presque. Il eut l’air un peu triste peut-être, mais il ne les avait pas connu, il ne pouvait pas l’air réellement. Comment pourrait-il être effondrait comme elle l’avait été alors qu’il ne les avait pas connu ? Il n’avait pas vu à qu’elle point ils étaient géniaux, il n’avait pas appris à faire du piano avec sa mère et à jouer au basket avec son père. Non, elle était la seule à avoir eu cette chance et même si elle souffrait encore de leurs morts, elle n’aurait échangé ses souvenir pour rien au monde. Mais Gabriel, lui, tout ce qu’il savait de ses parents biologiques c’est qu’ils l’avaient abandonné, alors comment aurait-il pu être effondré de les perdre ?

Gabriel disait qu’elle n’avait rien à se reprocher, comment faisait-il pour être toujours si mignon et gentil ? Et si elle n’avait rien à se reprocher, pourquoi ce sentait-elle si coupable ? Peut-être parce qu’elle aimait des gens qui avaient osé abandonner son frère. Son frère, même le penser était encore étrange, elle mettrait surement plusieurs semaine voir plusieurs mois à s’y habituer. Mais au moins une chose était sure : elle était réellement heureuse de retrouver quelqu’un de sa famille, son jumeau en plus. Elle sentit la pression de la main du garçon sur la sienne et releva les yeux alors qu’il lui disait qu’elle était adorable. Un nouveau sourire illumina le visage de la blonde.

Puis le silence retomba quelques secondes, avant qu’elle n’observe la chambre. Il y avait des posters, des photos, des souvenirs, comme dans sa chambre à elle. Certaines photos lui font d’ailleurs penser à celles qu’elle a dans sa chambre, la représentant avec ses anciens amis de New York, avec Jane aussi… Mais là, elle était avec son frère, elle ne devait pas penser à ça. Et finalement, elle se retrouva à nouveau face à Gabriel et elle lui pose sa question. L’expression de son frère était étrange, mais elle fit comme si elle n’avait rien vu, elle était curieuse mais pas au point de gâcher ce moment. Et puis s’il cachait des choses, il n’allait pas lui dire tout de suite, elle était bien placée pour le savoir.

Il répondit tout de même à la question, il jouait de la batterie. « Moi je joue du piano… Enfin j’en jouais… Avant. » Fit-elle. Elle n’ajouta rien, elle avait commencé le piano très jeune, vers l’âge de quatre ans, grâce à sa mère qui était musicienne, mais elle n’avait plus approché un instrument depuis la mort de ses parents, c’était stupide car elle avait toujours adoré ça, mais seule, ça avait toujours était trop difficile. Pourtant, elle était contente de trouver cette nouvelle ressemblance, ils aimaient tous les deux la musique et ça ne pourrait que les rapprocher, c’était une excellente nouvelle pour elle.


Alors que le silence retombait, la sonnerie retentit annonçant qu’une nouvelle heure de la journée venait de s’écoulait, mais Charlie s’en moqué, elle avait fini les cours et elle savait que c’était pareil pour son frère puisqu’ils étaient dans la même classe. A moins qu’il ne fasse partie de l’une de ces associations dont elle avait entendu parler, il avait l’air moins timide et plus sociable qu’elle après tout. « Ça fait trop bizarre tout de même, j’arrive pas à réaliser que j’ai vraiment un frère… » Fit-elle en souriant, vraiment cette fois. « C’est trop étrange, tant d’émotions d’un coup, je suis vraiment contente et en même temps, j’ai déjà peur, de toi, de moi, des autres…. » Elle souffla, elle était triste pour lui aussi, qu’il n’ait pas eu cette chance qu’elle avait eu de connaitre ses vrais parents, mais ça, elle ne le dirait plus, c’était un sujet trop sensible pour le moment pour elle et apparemment pour lui aussi, peut-être le serait-il toujours d’ailleurs. Elle se tut, perdue dans ses pensées encore une fois, en plein dilemme en fait. Elle hésitait à lui avouer un secret, pas le plus lourd, non, celui là elle ne pouvait pas l’avouer au risque de le mettre en danger ce qui était totalement hors de question. Par contre elle avait bien envie de lui dire pour son changement de nom, pour sa grand-mère aussi, pour qu’il ne se fasse pas avoir par la gentillesse apparente et trompeuse de la vieille femme acariâtre et surtout, au cas où il voudrait faire des recherche sur ça famille : avoir le bon nom de famille pouvait être pas mal.


Mais comment avouait-on une chose pareille ?

Un très joli sourire étira les lèvres de ma désormais soeur jumelle. Et ce sourire ne fit que grandir le mien d'avantage. Elle souffla un merci qui me réchauffa le coeur, avant d'ébouriffer mes cheveux. Puis, elle s'excusa. A propos de nos parents, parce qu'ils l'ont choisie elle, plutôt que moi. Elle dit que c'est de sa faute si je n'ai pas connu ma famille, et si je ne la connaîtrai jamais, puisque nos deux parents sont morts.

Ah.

Je ne sais pas trop quoi en penser. Quelque part, je me dis que ce n'est pas plus mal. ça évitera des tas de réponses qui peuvent parfois être pires que si elles n'avaient jamais été dites. Bien sûr, ça m'attriste un peu, parce que je n'aurais jamais l'occasion d'appeler quelqu'un " papa " ou bien " maman ". Mais bon, j'ai Charlie avec moi, maintenant. Et c'est tout ce qui compte. Et elle n'a rien à se reprocher, d'ailleurs. Elle avait l'air tellement triste soudainement.

« Tu n'as rien à te reprocher, Cha... » lui dis-je, tendrement, tout en serrant un peu plus sa main dans la mienne.

Elle continue en disant qu'elle était indépendante elle aussi. Puis, elle me promet d'être là, si j'ai besoin. Dans un sourire triste, encore une fois.

« T'es adorable, Cha. Et tu le serais encore plus si tu ne souriais plus tristement comme tu le fais... », lançai-je, un sourire honnête aux lèvres.

Elle m'observe quelques secondes, puis détourne le regard vers ma chambre. Je la vois sourire lorsqu'elle croise le poster des Stones. Ah, peut-être qu'elle est fan aussi ? ça serait énorme, ça. Elle continue d'observer ce mur. Ce mur remplit de mes souvenirs. Et il y a cette photo. On est tous les trois. Mike, Lola et moi, assis à l'arrière de la Jeep que j'avais retapé, quand j'avais quinze ans. Il y a deux ans, maintenant.

Quand j'y repense, la longue cicatrice qui barre mon flanc droit se met à picoter un peu. Je passe doucement mes doigts dessus, sous mon tee-shirt. Ne pense plus à ça... La voix de Charlie résonne. Je lève alors les yeux vers elle, encore un peu dans mes pensées. Elle me demande si je joue de la batterie.

« Ah, euh, ouais. Depuis pas mal de temps. », répondis-je, un petit sourire aux lèvres, mais légèrement inquiet que Charlie ait remarqué un quelconque comportement étrange venant de moi dans les dernières secondes...

Il fallait qu’elle se fasse à l’idée. Elle avait un frère, c’était la réalité et elle était contente, oui, pour la première fois depuis la mort de ses parents, elle était purement et simplement heureuse. Si on lui avait dit auparavant qu’un autre membre de sa famille était toujours en vie, elle n’y aurait vraisemblablement pas cru une seconde et pourtant, Gabriel était bien là, en chair et en os. Et le meilleur dans toute cette histoire était surement qu’ils étaient devenus amis avant d’apprendre qu’ils étaient bien plus que cela.

Elle se demanda comment aurait pu être sa vie, si elle n’avait pas grandi loin de lui. Différente, sans aucun doute, si elle avait eu quelqu’un sur qui s’appuyer à la mort de ses parents, si elle avait eu un frère à soutenir également, jamais elle n’aurait fait toutes ces erreurs. Peut –être même qu’elle n’aurait pas eu à porter cet horrible secret. Si ses parents n’avaient pas pris cette décision étrange et si lointaine de l’idée que Charlie se faisait d’eux, d’abandonner l’un de leurs enfants. Comment pouvait-on faire ce genre de choix ? Préférer garder l’un de ses enfants plutôt que l’autre et abandonner définitivement le second sans un regard en arrière. Comment pouvait-on faire ça ? Comment avaient-ils pu décider de séparer des jumeaux sans aucun scrupules et surtout pourquoi l’avait-il gardé elle, plutôt que Gabriel ? Autant de questions qui resteraient surement sans réponses aussi perturbant cela puisse-t-il être pour l’un comme pour l’autre.

Mais qu’importe comment aurait pu être le passé, on ne peut pas le changer de toute façon. Mieux vaut se concentrer sur le futur. Surtout que pour une fois, il était assez agréable à entrevoir. En effet, à ce moment-là, elle avait quelqu’un sur qui elle pourrait compter et qui pourrait réciproquement compter sur elle. Un être qu’elle aimerait certainement de façon inconditionnelle. Elle savait bien qu’il y aurait surement des disputes comme dans toutes les familles…. Parce que c’est ce qu’ils étaient à présent, une famille. Cette chose si précieuse qu’elle avait cru perdu à jamais, Gabriel le lui avait rendu sans le savoir. Et maintenant qu’elle l’avait, il n’était plus question de le lâcher !

Assise sur le lit de son frère, elle l’observait en silence, ressassant ses pensée, tandis qu’il faisait la même chose de son côté, les coudes posés sur les genoux et la tête posé sur ses poings. Et elle posa sa question, toute stressée et effrayée qu’elle était, malgré son bonheur, c’était dans sa nature de toujours s’inquiéter pour tout, contrairement à son frère, apparemment et elle avait peur de tout depuis son secret… Il répondit d’une voix calme qui l‘apaisa presque instantanément. Il lui expliqua qu’il n’y avait pas de mode d’emplois pour ce genre de choses et qu’ils allaient devoir y aller au feeling, sans se prendre la tête… Autant dire que c’était un nouveau défi pour Charlie, mais si au bout, elle avait droit à une fraternité agréable et au plaisir de retrouver une famille, alors elle acceptait le challenge sans aucun doute.

Elle se contentait de hocher la tête alors qu’il parlait, elle le regardait dans les yeux chose rare, d’habitude elle fuyait toujours le regard des autres, il disait qu’elle allait passer dans ses priorité à ce qu’il disait, c’était une grande première pour Charlie. Depuis qu’and n’avait-elle pas été une priorité dans la vie de qui que ce soit ? Elle n’eut pas vraiment le temps de trop se pencher sur la question. Gabriel parla de son enfance et elle l’écouta attentivement. Il avait passé toute son enfance dans un foyer et était donc devenu indépendant. Et il termina en lui annonçant qu’il serait toujours là pour elle, en cas de besoin avant de lui attraper délicatement la main.

Un sourire illumina alors le visage de la khi. Elle lui souffla un « merci » en lui ébouriffant les cheveux de sa main libre comme si c’était un geste naturel. « Je suis désolée qu’ils m’aient choisit plutôt que toi, j’ai comme l’impression qu’à cause de moi tu n’as pas connu ta famille et maintenant, il est trop tard, ils sont tous morts il y a quelques années… » Fit-elle triste et désolée à la fois, c’était la stricte vérité, elle avait le sentiment d’avoir privé son frère de famille par le simple fait d’exister. Bien sûr, il restait bien leur grand-mère, mais il était hors de question que Gabriel soit au courant de son existence, la veille femme était trop méchante et acariâtre pour que Charlie ne la présente à son frère et l’évincer de leur vie était une façon de protéger le garçon. « … Et ne t’inquiète pas, je suis indépendante moi aussi, je me débrouille toute seule depuis un moment maintenant… Mais si un jour tu as besoin de moi, pour quoi que ce soit, je te promets d’être là aussi. » Termina-t-elle en esquissant un sourire un peu triste.

Puis elle l’observa encore quelques secondes avant de contempler un peu mieux la chambre. Quelques CDs traînaient par ci par là, un poster des Stones était accroché au mur, Charlie adorait les Stones alors le poster lui décrocha un nouveau sourire. Elle aperçut quelques photos sans distinguer les personnes présentes dessus des baguettes, des tickets qui ressemblait à des entrés pour un concert et surtout, des baguettes de batterie posées dans un coin. Une vie pleine de musique à priori, ce qui convenait très bien à Charlie au final. « Tu fais de le musique ? » demanda-t-elle finalement, joviale. Parce qu’après tout, la musique faisait entièrement partie de sa vie, même si elle avait arrêté le piano depuis un moment.

Je sentis la jeune fille sourire au creux de mes bras. J'en esquissai un également. Beaucoup de choses se bousculaient dans ma tête. Mais une seule prenait vraiment de la place : le bonheur. Je pensais être déjà heureux. Mais en fait, ce que je définissais comme le bonheur avant de ne connaître Charlie n'était qu'une pâle copie de la réalité. Un brouillon, un dessin raté. C'était juste une version bêta-test. Alors, bien sûr, il y avait du bonheur. Beaucoup de bonheur. Des projets. Pleins de projets se faisaient dans ma tête. Des clichés. Oui, parce que forcément, quand quelque chose de nouveau arrive dans notre vie, les clichés viennent avec.

Des trucs bien baveux, du style, aller au cinéma, faire des sorties bidons dans des endroits surpeuplés, je vois venir les longs discours sur l'amitié frère-soeur, les questions et les engueulades sur la famille quasi-inexistante, de moins, jusqu'à présent, les voyages jusqu'au bout du monde. Jusqu'au moment où ma jumelle trouvera un mec que je jugerai assez bien pour elle, avec qui elle se mariera peut-être et aura des gosses, mes peut-être neveux-nièces. ça me ferait bien marrer. Mais bon, pour l'instant, je veux juste me faire à l'idée que j'ai de la famille. Une personne qui a le même sang que le mien qui coulent dans ses veines. J'allais en faire une priorité dans ma vie, petit à petit.

Et cette priorité petit à petit se retira doucement de mon étreinte. Je lui souris gentiment, et elle fait quelques pas dans ma chambre. Je l'observai au passage. Elle n'était pas vraiment personnalisée. Si ce n'est quelques CDs qui traînait ça et là, un poster des Stones, des baguettes de batterie posées dans un coin, des tickets de concert, deux-trois photos... Rien de très extravaguant. Mais Charlie trouve ça joli. Alors ça me fait sourire, parce que ça me laisse penser qu'elle apprécie la simplicité. Un peu, comme moi. Puis, elle demanda tout aussi simplement si elle pouvait s'asseoir. Je lui souris en guise de réponse, et désigna le vieux fauteuil qui se tenait dans un coin de la pièce non loin de mon lit.

Lit sur lequel je vins m'asseoir, juste en face d'elle. Je posai mes coudes sur mes genoux, afin de poser mon menton sur mon poing. J'observai ma soeur, tranquillement, tandis qu'elle réfléchissait. C'est alors qu'elle demanda ce qu'on était censé faire, maintenant. S'il fallait que l'on rattrape le temps perdu ou s'il fallait que l'on apprenne à mieux se connaître. Elle était perdue. Et pour être franc, moi aussi. Mais, je ne suis pas vraiment du genre à me prendre la tête...

« Ecoute, Charlie... Je pense pas qu'il ait de... mode emploi. Je pense plutôt qu'il faudrait qu'on fasse ça au feeling. Je suis pas tellement du genre à me prendre la tête. Pour l'instant, on peut peut-être juste avancer, doucement. Beaucoup de choses vont changer, c'est sûr. Mais, après tout, c'est une bonne nouvelle. Autant pour toi que pour moi. Tu vas passer dans mes priorités, Charlie, tu sais. Moi, j'ai jamais eu de famille. J'ai passé toute mon enfant en foyer, donc, je suis super indépendant. Mais quoiqu'il puisse arriver, je serai toujours là pour toi, si tu as besoin de moi... », dis-je doucement.

Je pris doucement la main de Charlie dans la mienne. J'avais dit un paquet de chose que j'avais sur le coeur. Parce qu'il fallait qu'elle le sache. On ira doucement. Tout doucement.

Elle avait donc un frère et chacun avait l’air de bien prendre la nouvelle. Oui, bien sur que Charlie prenait bien la nouvelle, elle rêvait tous les jours de retrouver un minimum de famille, elle qui n’avait plus personne. Mais cela ne l’empêchait pas d’être bouleversée. Comment allait-elle faire pour apprendre à Gabriel que finalement, maintenant qu’il avait retrouvé sa famille, il n’y avait plus qu’elle. Enfin, non, il y avait aussi leur grand-mère mais, aux yeux de Charlie, celle-ci avait fait bien assez de mal autour d’elle, il n’était donc pas question qu’elle puisse également en faire à son frère.

Et puis, il y avait tout ce que cela impliquait, le fait que ses parents lui aient toujours menti, que ses grands-parents n’aient rien dit eux non plus, qu’elle ne saurait surement jamais la vérité. Trop de chose qui se bousculaient dans la tête de la blonde, l’empêchant d’apprécier ce moment. Et pourtant, elle voulait pouvoir être heureuse, même si ce n’était qu’un court moment, entre deux périodes de doutes. Alors pour une fois, elle laissa les problèmes et les doutes de côté. Bien sur, elle y repenserait dès qu’elle aurait quitté Gabriel, mais au moins, elle pourrait apprécier ce moment unique.

Gabriel soupira, puis regarda autour de lui. Elle avait presque oublié qu’ils n’étaient pas seuls, bien au contraire. Il y avait du monde dans la salle. Trop de monde pour un moment comme celui là. C’est ce que sembla penser le frère de Charlie, car il se leva brusquement, sous le regard interrogatif de la Khi.
Puis, la tenant toujours par la main, il l’entraine hors de la salle.

Elle le suit sans résister. Après tout, il est son frère, alors elle lui fait presque confiance. Oui, presque, parce qu’elle est incapable d’accorder une confiance entière à quelqu’un, plus depuis l’année précédente. Il monte rapidement les étages qi mènent aux chambres, la tenant toujours par la main. Puis ils arrivèrent à une chambre, la chambre de Gabriel sans doute. Il ouvrit la porte et l’invita à entrer, ce qu’elle fit avec un sourire. Une fois à l’intérieur, le garçon referma la porte alors que Charlie jetait un coup d’œil dans la chambre, puis il s’approcha d’elle, plongeant son regard dans celui de Charlie. Lorsqu’il passa un bras autour de son coup, elle frissonna, trop peu habituée à ce genre de geste tendre. Puis, alors qu’il posait son menton sur la tête de sa jumelle, il murmura quelques mots.

Charlie se mit à sourire et ferma les yeux à son tour, elle se sentait mieux qu’elle ne l’avait été en trois ans. Peut être justement parce ce qu’il lui manquait c’était ça : une famille. Bien sur, dès le lendemain -et peut être même avant - la culpabilité reviendrait la hante, mais pour l’instant, elle était juste bien. Après quelques minutes dans les bras de son frère, elle se détacha de lui et fit quelques pas dans la chambre.

« - Jolie chambre ! Je peux m’assoir quelque part ? »

Elle s’assit à l’endroit désigné en réfléchissant. Qu’étaient-ils censé faire maintenant ? Devait-elle lui parler de ses… Non, de leurs parents qui avaient été pour elle si géniaux alors qu’ils avaient osé l’abandonné lui ? Ou bien devait-elle se taire et attendre qu’il pose lui-même des questions ? Cette situation, elle devait l’avouer, était des plus étrange, on ne retrouve pas son jumeau tous les jours. Et ce n’est pas ce genre de scène pour lesquels il y a des phrases toutes prêtes, non, là, elle devait improviser, totalement et à vrai dire, elle ne savait pas du tout quoi dire ou quoi faire. Alors, elle releva les yeux vers le garçon.

« - Et maintenant, qu’Est-ce qu’on est censé faire ? Rattraper le temps perdu ? Apprendre à mieux se connaitre ? Je veux dire…. Je ne m’attendais pas du tout à redécouvrir de la famille un jour, je ne me suis pas préparée et j’ai aucune idée de ce que je dois dire ou faire maintenant. »

Enfin si, Charlie savait une chose, elle savait qu’à partir de là, elle allait l’aimer. Parce qu’il était son frère, sa seule famille et surement la personne la plus précieuse à cet instant.

Sur le cul. J'étais littéralement sur le cul. Je suis ému et soucieux à la fois. Ému d'avoir découvert que j'avais de la famille sur cette planète, bien sûr. Mais soucieux de ce que Cha' allait bien pouvoir en penser. Si elle allait complètement rejeter le fait qu'on soit jumeaux ou alors qu'elle ne veuille plus me parler. C'est pourquoi j'avais pris sa main dans la mienne. Pour profiter des derniers instants avec elle, si c'était les derniers. Elle releva la tête, et plongea ses yeux perdus dans les miens. Elle ouvrit la bouche, arrivant à peine à articuler un " c'est impossible ". Puis, je la vis réfléchir. Je caressai doucement sa main, de mon pouce. J'étais aussi perdu qu'elle. C'était le vide dans ma tête...

J'attendais qu'elle dise quelque chose. Nerveux. De longues secondes, elle réfléchit. Cherchant une explication, certainement. Il n'y avait qu'elle qui pouvait en avoir. Même quelque part, je ne préférerai pas avoir d'explication. Si on était frère et soeur, c'est que ça devait en être ainsi. Je ne voudrais échanger ma place contre rien au monde. Parce que je m'y sentais presque à l'aise, à cette place. D'ailleurs, Charlie releva ses yeux vers moi. Elle m'expliqua qu'elle avait toujours rêver d'avoir un frère. Que c'était vraiment, car elle m'adorait qu'on sache ça. Mais ce qui l'embêtait c'était que ses parents lui avaient menti toute sa vie. Ils lui avaient dit que son frère - "Thomas"- était décédé à la naissance. Et elle ne les imaginait pas abandonner un des deux enfants que sa mère avait mis au monde.

Je soupirai. Je ne savais décidément pas quoi penser de tout ça. En tout cas, il y a beaucoup trop de gens, dans ce foyer. Ces instants, je voudrais les partager avec Charlie. Juste avec Charlie. Je me lève brusquement, et entraîne ma soeur - rien que de me faire à cette idée, j'en ai les poils qui se hérissent - avec moi à l'extérieur, prenant avec douceur sa main dans la mienne.

« Viens là... »

Je cours presque. Nous montons les étages qui mènent à ma chambre rapidement, tenant précieusement la main de Charlie dans la mienne. Une fois arrivés, je tourne la clef dans la serrure, et l'invite à entrer. Dedans, je me dirige vers elle, et plonge mon regard dans le sien, durant de longues secondes. Puis, je passe mes bras autour de son cou, et pose mon menton sur le sommet de son crâne. Je ferme les yeux, profite de l'instant. Je murmure :

« Je crois que j'ai jamais été aussi heureux de ma vie... »

Lorsqu’il lui dit de respirer, elle se calma un peu. De toute façon, elle se sentait bête d’être aussi nerveuse, elle le savait bien, elle n’avait rien à espérer de ces résultats, elle n’avait plus personne mis à part sa grand-mère. Pourtant, lorsque Gabriel ouvrit l’enveloppe elle retint son souffle, elle avait presque peur qu’il n’y ait aucun lien entre eux. Non, elle n’avait pas peur, elle était effrayée, parce que si ce test ne révélait rien, elle serait à nouveau seule. Finalement, elle commença même à se dire que tout ça était une mauvaise idée, ce test la flippait complètement.

Gabriel sortit une feuille de l’enveloppe et commença à lire silencieusement le résultat, tout en sachant que cela ne servait plus à rien, Charlie croisa les doigts. Il fait une tête bizarre en reposant la feuille et il se passe une main dans les cheveux, signe de nervosité. Avec un regard étrange, il passe les résultats à la jeune fille, qui lit à son tour les résultats en silence. Puis, arrivant tout en bas du texte réglementaire, elle aperçoit une ligne; « Résultat A.D.N. : semblable ». Bouche bée, elle releva la tête vers Gabriel, qui prit sa main tremblante dans la sienne.

« - Mais… Ce… C’est impossible… à moins que… »

Elle cherchait rapidement dans ces souvenirs, des brides d’images revenaient rapidement. Tout était confus, elle ne pouvait pas avoir de frère, c’était impossible. Pourtant, elle se souvenait distinctement de sa mère pleurant dans sa chambre le jour de ses six ans, parce qu’elle ne supportait plus la maison qu’elle disait, mais Charlie avait remarqué que sa mère avait à la main un body bleu avec un nom brodé qui n‘était pas le sien. S’en était suivit une suite innombrable de déménagement « pour le travail » d’après ses parents, et pourtant, après leurs morts Charlie avait découvert qu’ils étaient endettés depuis plusieurs années. Alors, elle se souvint du jour où cachée dans un placard, elle avait surprit une conversation de ces parents, « pourquoi a-t-on fait ça » répétait inlassablement sa mère; « on n’avait pas le choix » disait alors son père. Puis, elle se rappela d’un jour, alors qu’elle avait huit ans, lorsqu’elle avait trouvé une vieille photo au fond d’un tiroir, elle avait demandé qui était sur la photo. Elle releva alors des yeux ronds vers Gabriel.

« - J’ai rêvé toute ma vie d’avoir un frère et c’est vraiment génial surtout que je t’adorais déjà avant de le savoir, mais en même temps, ça veut dire que mes parents m’ont mentit toute leur vie ! Ils m’ont dit que « Thomas » mon frère était mort à la naissance, je n’arrive pas à les imaginer abandonnant un enfant et surtout, je n’arrive pas à comprendre pourquoi ils en auraient abandonné un tout en gardant l‘autre. »

Tout était embrouillé dans la tête de Charlie, à présent, elle était certaine que ses parents avaient cessé de travailler pour chercher Thomas, qui en fait était Gabriel à travers le pays, mais elle ne comprenait pas pourquoi ils ne l’avaient pas retrouvé rapidement, ni pourquoi ils l’avaient recherché après l’avoir abandonné. Puis, soudain, l’image de sa grand-mère se fraya un chemin dans son esprit, cette vieille mégère était bien capable d’être dans le coup ! Malheureusement, Gabriel et Charlie ne sauraient surement jamais ce qu’il s’était réellement passé, il ne restait que la grand-mère et si elle racontait quelque chose, ce serait inévitablement à son avantage. Elle regarda à nouveau Gabriel en ayant les larmes aux yeux, mine de rien, elle venait de retrouver un membre de sa famille, elle n’était plus seule désormais, et quoi qu’il arrive, elle sentait qu’elle ne le serait plus jamais.

Je sors de l'agence de mannequinat, un peu pressé. Charlie vient de m'envoyer un message me demandant de la rejoindre au foyer. Elle "les" a. D'abord, Charlie et moi, on se connaît depuis quelques semaines. On est tous les deux en Junior. On est né le même jour, la même année. Et puis, les gars et les filles de notre classe arrêtent pas de nous dire qu'on se ressemble sans compter la couleur des cheveux et des yeux. Alors, de fil en aiguille, on en est venus à se fréquenter. On étudiait juste ensemble au départ. Et puis un lien s'est tissé. Des points communs sont apparus. Et quelque chose d'inexplicable est né. Une complicité que jamais auparavant j'aurais pensé connaître. Charlie est rapidement devenue une de mes amies les plus proches.

Ensuite, quand je dis "les", je parle des résultats ADN. En fait, pour déconner, on a voulu comparer nos ADN, avec Cha. Après tout, pourquoi pas ? On aurait pu être jumeaux. J'avais dit ça comme ça, dans le vent. Mais au fond de moi, je l'espérais vraiment. Ca serait... l'accomplissement de quelque chose que j'avais toujours cru inaccessible. Mon point faible, c'est ça. Ma famille. Tout simplement parce qu'à la base, j'en ai pas. A part mes amis... Etant orphelin. Je connais rien de mon passé. Je sais seulement que je porte le nom de celui qui m'a emmené à l'orphelinat. Mon géniteur peut-être ? Rien ne peut le confirmer. Je n'ai ni photo, ni souvenir. Même le circonstances de ma naissance restent encore très floues...

J'étais donc à la fois inquiet et impatient de connaître ces résultats. J'arrive au foyer essoufflé par ma course. Un rapide coup d'oeil aux alentours. Cha n'est pas encore arrivée. Je me rappelle alors le moment où on avait donner les échantillons de sang à l'hôpital. Espérance suprême. L'espoir d'avoir une famille. Quelqu'un qui saurait vous guider. Vous aidez à faire vos choix. Chose que je n'ai jamais eue, étant gamin. Et je n'ose pas imaginer comment j'aurais fait, si j'avais eu une petite soeur ou un petit frère à m'occuper. Je m'installe à une table vide, un petit noeud au ventre. J'ai peur d'être déçu. Mais bon, je pourrais toujours considérer Cha comme ma soeur de coeur. Notre amitié sera belle et bien là, elle.

D'ailleurs, Charlie ne tarde pas à passer la porte du foyer, essoufflée elle aussi. Elle me fait un signe de la main, et je lui souris. Elle s'installe en face de moi. Je la sens... nerveuse. Elle sort une grande enveloppe blanche de son sac et me la tend, les mains tremblantes. Elle me demande de l'ouvrir. L'enveloppe est entre mes mains. Celle qui pourra certainement changer ma vie. Je regarde Charlie.

« Respire. Tout va bien se passer. »

Je lui adresse un petit sourire réconfortant. Mais au fond de moi, je suis tout flippé. Je glisse mon doigts sous l'ouverture de l'enveloppe, et l'ouvre. Je sors la lettre et les résultats. Je regarde la deuxième feuille, directement. Et la sentence tombe. Mon cul aussi. Merde. J'ai l'impression d'halluciner. Un mélange de joie et de doutes m'envahit. Je pose les résultats sur la table. Je passe une main dans mes cheveux, nerveux. Je revois les deux mots s'afficher devant mes yeux distinctement. " Résultats ADN : Semblables."

Je tends les résultats à Cha. Et je m rends compte que je suis ému. J'en ai presque les larmes aux yeux. Charlie fait partie de ma famille. Le même sang coule dans nos veines. Et le pire, c'est que c'est ma soeur. Je prends sa main tremblante dans la mienne et la caresse doucement, pendant qu'elle lit à son tour. Tout va changer maintenant. Tout.