Into the Unknown [Dag]

L'air interloqué du jeune homme ne surprit pas Kim, et bien au contraire, il lui prouva qu'elle avait encore le pouvoir de surprendre les gens par rapport à ce qu'elle était, et ce qu'elle laissait paraître aux autres. On pouvait appeler ça de la manipulation, oui, mais la jeune fille ne s'en cachait pas, et le vivait très bien. Bien sûr, cela la poussait à se faire des ennemis, mais qu'importe ; on ne peut pas être ami avec tout le monde.

Lorsque le Suédois répéta son "D'accord" d'un air hébété, tentant de reprendre ses esprits en secouant la tête et se frottant les yeux, la satisfaction que l'effet de sa réponse avait eu sur le garçon put se lire sur son visage, un sourire presque malicieux, voire malsain s'étendit sur son visage.
Son interlocuteur relâcha l'étau qu'il avait refermé sur le bras de la demoiselle - ce qui la soulagea, bien qu'elle fit en sorte de ne pas le laisser remarquer cette faiblesse -, et joua de sa galanterie pour la faire sortir de la bibliothèque avant lui - réelle galanterie ou manière de s'assurer qu'elle ne resterait pas derrière pour faillir à sa parole ? La jeune fille s'engagea dans l'ouverture de la porte, non sans jeter un regard en coin et un petit sourire au garçon qui lui tenait la porte.
Une fois dans le couloir, Kim s'adossa au mur, les bras croisés, et suivit du regard l'étudiant qui sortit à son tour de la bibliothèque pour venir la rejoindre, et planter ses yeux dans les siens, presque à la manière de la jeune fille, ce qui la fit d'autant plus sourire.

- Écoute Kim... Je suis désolé... Ma réaction a été... Excessive je pense et sans doute très irrationnelle pour toi, j'imagine... J'aime beaucoup la bibliothèque, je respecte énormément les livres et encore plus les gens qui les traitent avec soin... Alors oui ! Cet endroit me tient beaucoup à cœur et je préférais sortir plutôt que... Enfin bref !

L'Alpha Psi leva un sourcil. Ces excuses ressemblaient plus à des justifications qu'à des excuses et son interlocuteur mentait très mal. Aspirant à devenir comédienne, elle était presque passée maître dans l'art de tromper son prochain, et de jouer des rôles pour parvenir à ses fins, aussi était-elle capable de reconnaître les personnes qui lui mentaient, surtout s'ils mentaient aussi grossièrement que Dag le faisait en cet instant précis.
Cependant, tout ce qui touchait au domaine de la vie privée chez les autres n'intéressait pas Kim, et elle n'était pas le genre de personne qui s'intéresse aux rumeurs, et encore moins qui les lancent. Elle ne releva donc pas l'anomalie du discours du jeune homme et se contenta d'acquiescer et sourire en guise de réponse, signifiant ainsi qu'il n'y avait aucun malaise et qu'elle ne lui en voulait pas. Elle n'eut d'ailleurs aucun besoin d'ajouter quoi que ce soit puisque le garçon le fit à sa place :

- A présent que nous sommes dehors... Et pour te remercier d'avoir respecté mon choix... Je veux bien te suivre où tu voudras !

Un sourire indescriptible s'afficha sur le visage de la jeune fille ; un mélange de joie et tristesse, de victoire et de défaite, de considération et de mépris... Un sourire étrange pour un ressenti étrange. Se ressaisissant cependant bien vite, Kim lança sur un ton rieur :

- Où je voudrais Dag ? Mais te voilà devenu bien audacieux... Je serais plutôt tenter de sortir, mais je te laisse choisir : soit on sort du bâtiment, soit on monte sur le toit, à ta guise.

Kim avait tenté de détendre l'atmosphère par une petite réplique enjouée à propos du nom de la surveillante, mais le jeune suédois n'avait pas relevé, trop tendu pour décocher un sourire.. L'autorité avait toujours eut sur lui un effet très étrange... Les jeunes gens de son âge avait en général pour habitude de la provoquer, de tout faire pour transgresser ses ordres, mais Dag réagissait d'une façon tout à fait opposée... Il angoissait totalement à l'idée de décevoir ceux qui représentaient le corps professoral ou parental... Complexe d'infériorité ou grande paranoïa, quoi que ce soit, il était certain que le jeune homme avait un très gros problème...
Mais l'Alpha Psi semblait avoir interprété les choses d'une toute autre manière et ce n'était pas pour déplaire à l'étudiant qui risquait bien de passer pour psychopathe aux yeux de la belle si elle s'apercevait du mal dont il souffrait... En effet, la bibliothèque n'était pas vraiment la cause de sa gêne si soudaine, il s'agissait en réalité plutôt de la présence de la surveillante au regard sévère braqué sur eux...

Lorsqu'il enserra le bras de son amie pour l'entraîner vers la sortie, cette dernière tenta à nouveau de l'apaiser... Il sentit une légère pression sur le dos de sa main et y jeta un coup d'oeil. Kim avait déposé une main compatissante sur la sienne avant de planter son regard dans le sien et d'ajouter qu'elle était prête à le suivre si l'idée de saccager la bibliothèque lui déplaisait... Surpris, il haussa un sourcil... Kim ? D'accord avec ce qu'il disait ? Pincez-le, il rêvait ! A moins que son mal être ne se voyait bien plus que ce qu'il avait cru... Et dans ce cas, il avait quelque peu perdu sa faculté de jouer des rôles et de cacher ses émotions... Mais les situations extrêmes étaient bien plus difficiles à gérer que toutes les autres, c'était une chose avérée...

- D'accord ?

S'entendit-il répéter bêtement, encore étonné qu'elle capitule si facilement... Hésitant, il resta un instant planté sur place, hébété, incapable de décider s'il devait s'enfuir où rester calme...
Au bout de quelques secondes, il secoua cependant la tête en se frottant les yeux du bout de son index et de son pouce, histoire de remettre un peu d'ordre dans ses idées...
Relâchant enfin la poigne qui maintenait jusque là le biceps de la belle, il ouvrit la porte et fit un signe de tête à Kim pour lui signifier de le précéder..

- Après toi !

Une fois dans le couloir, il se tourna en direction de la jeune femme, plantant à son tour ses iris dans les siens...

- Écoute Kim... Je suis désolé... Ma réaction a été.. Excessive je pense et sans doute très irrationnelle pour toi, j'imagine... J'aime beaucoup la bibliothèque, je respecte énormément les livres et encore plus les gens qui les traitent avec soin... Alors oui ! Cet endroit me tient beaucoup à coeur et je préférais sortir plutôt que... Enfin bref !

Il corroborait la théorie de la bibliothèque, trouvant les bons arguments, plutôt que d'avouer la triste vérité à la jeune femme.. Se pouvait-il qu'il ait honte de ce point sensible de sa personnalité ? Sans doute, oui... Mais après tout, qu'apporterait la vérité à la jolie brune ? Rien... Rien du tout...

- A présent que nous sommes dehors... Et pour te remercier d'avoir respecté mon choix... Je veux bien te suivre où tu voudras !

Il afficha un sourire un peu plus détendu... Il fallait vite oublié ce passage un peu gênant et passé à autre chose...

Au vu du regard assassin que le jeune homme lui avait lancé, le sourire de Kim s'étira. Elle savait parfaitement qu'il ne fallait jamais, au grand jamais toucher à la coiffure du Suédois, mais elle n'avait pas résisté à la tentation. On aurait presque pu croire que le taquiner était devenu comme un sport favori pour elle. Le temps que la demoiselle aille s'assoir, l'anxiété semblait avoir augmenté d'un cran chez le jeune homme, ce qui fit sourciller la jeune Anglaise.
Le voyant déboutonner le haut de sa chemise, lui qui avait d'habitude tant à cœur d'avoir un aspect parfait, la jeune fille craint un instant qu'il n'hyperventile, ou encore qu'il soit épileptique, sur le point de faire une crise. Elle le regarda avec attention, au cas où quelque chose lui arrive - elle n'était pas un monstre tout de même -, mais put s'apercevoir qu'il conservait tout de même ses moyens lorsqu'il jeta un coup d'œil anxieux vers la surveillante du lieu avant de lui répondre :

- Écoute Kim... Tu veux pas qu'on sorte ? Je te suivrais où tu veux.. Mais par pitié ne provoque pas une émeute ici... Je ne tiens pas à être renvoyé, ni à subir les foudres de la surveillante... Dont j'ai déjà oublié le nom... Mince ! Comment elle s'appelle déjà ?

Le garçon avait dit ça d'une voix tellement étrange - éraillée, rauque, vraiment angoissée - que Kim sourcilla une nouvelle fois. Il semblait vraiment tendu, plus que d'habitude en tout cas. Peut-être était-ce dû au fait qu'ils étaient dans la bibliothèque - certainement le lieu de prédilection du jeune homme - et qu'il n'avait pas envie de se faire remarquer ici. Ce que, mine de rien, la jeune fille comprenait tout à fait. C'est pourquoi elle lança pour détendre l'atmosphère qui se faisait électrique :

- C'est à moi que tu demandes ça Dag ?

Elle laissa échapper un petit rire, gentiment moqueur dans son intention. Cependant, le Suédois repris, toujours aussi tendu :

- Bref ! Peu importe... Sortons, tu veux ?

Immédiatement après lui avoir posé cette question qui s'était révélée aussi ferme qu'un ordre, son interlocuteur s'était levé si brusquement que Kim, surprise de tant d'entrain, eut un geste de recul et un sursaut, faiblement marqué. L'anxiété lui faisant apparemment gagner de l'assurance, Dag lui empoigna fermement le bras, la tirant de la table. La force qu'il mettait dans sa poigne engourdissait le bras de l'Alpha Psi, ce qui la contraignit à le suivre. Calmement, elle posa sa main libre sur celle du garçon et y effectua une légère pression, comme pour lui conseiller de se calmer. Puis, elle plongea ses yeux dans les siens et afficha un sourire réconfortant.

- D'accord, on a qu'à sortir, lui dit-elle d'un ton rassurant. Ne t'en fais pas, je ne toucherai pas à la bibliothèque, puisqu'elle te tient tant à coeur...

La jeune fille ne savait pas si c'était sa "gueule d'ange" et sa sagesse, ou bien le fait qu'il soit chez les Khi Omikron, mais elle s'était donné pour but, presque comme un défi, de faire sortir le jeune homme, et de le pousser à sortir des rangs. Aussi, lorsqu'elle l'entendit soupirer, le vit fermer son livre et sentit ses épaules s'affaisser légèrement, en signe de presque désespoir, son sourire espiègle se transforma en sourire de triomphe. Elle savait pertinemment qu'il craquait à chaque fois, et lui aussi. C'est pour cette raison que la résistance orale du Suédois sonnait terriblement faux aux oreilles de la lycéenne.


- Kim.. Pitié, non, pas maintenant... Je viens à peine d'entamer la lecture de ce bouquin...

La jeune fille rit de bon coeur, sans pour autant être moqueuse ou méprisante envers son interlocuteur, et celui-ci ne lui laissa même pas le temps de répondre avant d'enchaîner sur des supplications et des arguments tout à fait logiques, mais qui n'avait strictement aucune chance de la toucher, puisque la jeune Anglaise était tout sauf rationnelle.

- Ton bouquin avait l'air très intéressant.. Pourquoi ne pas te replonger dedans, hum ? Je suis sûr qu'il pourra t'apporter des choses... Tu sais, lire à la bibliothèque n'est pas forcément réservé qu'aux Khi Omikron !
- Oh oui, il l'est, rétorqua-t-elle immédiatement. Mais il ne bougera pas de cette bibliothèque - à moins qu'il n'y ait un incendie, ce qui est peu probable - alors j'ai tout mon temps pour le lire une autre fois ! Et je sais bien que la bibliothèque n'est pas un lieu réservé au Khi Omikron, sinon tu ne m'y aurais pas vue ce matin... Cependant, tu sais aussi bien que moi que lire quand on n'a pas la tête à lire, c'est impossible. Et à cause de toi, je n'ai plus la tête à lire...!

Le sentant faiblir dans sa détermination à se battre contre elle, Kim se redressa, ébouriffa les cheveux du jeune homme si bien coiffés - et à l'allure tellement parfaite qu'elle en semblait d'ailleurs irréaliste - avant de venir à côté de lui, assise sur la table et les pieds sur la chaise en face d'elle. Dag enchaîna immédiatement, visiblement lassé de devoir à chaque fois la suivre dans ses déboires.

- Et dans quoi tu veux encore m'embarquer ?

L'Anglaise sourit et ne répondit pas immédiatement. Elle commença par scruter la salle, comme si elle l'analysait avant de passer à l'action. On aurait dit que le garçon en face d'elle n'avait toujours pas compris comment elle procédait ; en effet, il était impossible pour la jeune femme de prévoir quoi que ce soit à l'avance, et tout dans son comportement résidait dans un unique mot : improvisation. Elle redirigea alors sa tête vers lui, et plongea ses yeux dans ceux du Suédois, une lueur espiègle au fond du regard.

- Et si nous commencions par faire un peu de place dans cette bibliothèque ? Elle me semble un peu trop remplie, tu ne trouves pas ? répondit-elle d'un air malicieux.

Kim avait à peine eu le temps d'entamer sa lecture - elle était allée directement à la partie de l'ouvrage traitant du théâtre contemporain, s'y intéressant beaucoup plus qu'au théâtre classique, bien que ce dernier lui plaise aussi - que quelqu'un la perturba dans cette activité, ce qui eut pour don de l'agacer. Elle avait bien senti la personne s'approcher de sa table, bien qu'elle fût très prise dans sa lecture, certainement dans le but de s'y assoir. Elle avait crié dans sa tête un "va ailleurs" imaginaire, mais la personne était arrivée en face d'elle et lui avait même adressé la parole.

- Bonjour Kim ! Qu'est ce qui t'amène à la bibliothèque à une heure aussi matinale... Un samedi matin en plus !

Entendant son prénom , et ayant l'impression étrange de reconnaître la voix qui l'avait prononcé, Kim daigna relever la tête et analyser la personne en face d'elle. Elle reconnut le jeune homme et afficha un sourire indescriptible. Dag Larson. Le jeune suédois un peu coincé de Wynwood. Elle s'était vite liée d'une relation étrange avec ce jeune homme ; le voyant tellement coincé et ses traits suintant une perfection frôlant la mise en scène volontaire, Kim s'était presque sentie obligée de le dévergonder ne serait-ce qu'un minimum.

- On aura qu'à dire que je suis tombée du lit..., dit-elle, un sourire imperceptible se dessinant sur le contour de ses lèvres.

Le voyant plonger dans sa lecture, sagement, comme quelqu'un qui semblait n'avoir aucun temps à perdre - le genre de personnes que Kim supportait difficilement - la jeune fille en fit de même. Enfin tout du moins elle essaya. Avoir vu le jeune homme qu'elle trouvait si sage et si peu extraverti lui avait donné une envie irrépressible ; celle de faire quelque chose de fou. Et bien sûr de l'entrainer avec elle. Elle n'avait aucune idée de ce qu'elle voulait faire, mais se dit qu'après tout, le temps de le convaincre, elle aurait tout le loisir d'y réfléchir.
La lycéenne referma son livre et se leva en silence, de manière à ce que le garçon ne s'en rende pas compte, puis elle se redirigea vers la section Arts Dramatiques, dans le but de ranger son livre - elle avait un tel respect pour le théâtre qu'elle ne pouvait pas penser faire quelque chose de mal avec ce livre en main. Elle revint ensuite vers la table, tout aussi discrètement qu'elle s'en était éloignée, et se dirigea non pas vers sa place, mais derrière le jeune homme. En s'approchant de lui, elle se dit que sa silhouette et son visage lui étaient étrangement familiers. Il lui semblait l'avoir déjà croisé avant même d'arriver à Miami. Haussant les épaules comme pour elle-même, en se disant que de toute manière ça ne changerait rien à sa vie, elle se glissa sans un bruit derrière lui. Elle posa ses coudes sur les épaules du lecteur, ses avant-bras dirigés vers elle, puis se pencha vers son oreille.

- Et si on arrêtait de lire ? lui murmura-t-elle à l'oreille, un sourire espiègle venant illuminer son visage fin.

Ce jour-là - c'était un samedi -, Kim faisait partie des rares élèves ayant cours. Enfin cours... C'était un bien grand mot. En réalité, elle avait simplement une première rencontre au cours d'art dramatique, en début d'après-midi, à 2.00 P.M. En raison de cette heure tardive, la jeune fille avait décidé de s'accorder une grasse matinée bien méritée, après une première semaine de cours assez éprouvante moralement parlant. L'éloignement de sa famille et de son Angleterre natale était pour elle une épreuve bien plus rude qu'elle n'aurait pensé, et qu'elle ne laissait paraître. Et c'était en partie la raison pour laquelle elle ne réussit pas à faire sa grasse matinée comme prévu.
À 9.00 A.M., les yeux de la jeune anglaise étaient grand ouverts, et elle ne parvenait pas à retrouver le sommeil, sortant de son habituel cauchemar, auquel elle ne trouvait aucune explication, et qui l'effrayait et la réveillait presque chaque nuit...
Une autre raison pour laquelle elle n'arrivait plus à dormir était son excitation ; l'Alpha Psi n'était pas du tout patiente, et c'était là l'un de ses plus gros défauts. Elle attendait le cours qui devait avoir lieu l'après-midi depuis le début de la semaine, et n'en pouvait plus de patienter. Elle voulait absolument remonter sur les planches, et ce le plus vite possible.

Aussi, lorsqu'elle comprit qu'elle ne parviendrait pas à se rendormir, l'apprentie comédienne s'extirpa avec résignation de son lit, veillant à ne faire aucun bruit, pour ne pas réveiller sa colocataire, assoupie juste à côté d'elle, dans un lit similaire au sien. Elle prit discrètement ses affaires et se rendit aux salles d'eau pour prendre une longue douche, histoire de bien terminer de se réveiller, et de dissiper ce qu'il lui restait de son mauvais rêve. Pas loin d'une demi-heure plus tard, elle sortit de la douche et termina de se préparer ; elle retourna dans sa chambre, toujours aussi discrètement et enfila un vieux jean troué, avec une tunique aux bords usés, puis se dirigea vers le miroir pour se maquiller légèrement - comme à son habitude -, et relever ses cheveux en un chignon négligé.

Lorsqu'elle quitta sa chambre, après avoir regroupé quelques affaires dans son sac, qu'elle avait nonchalamment balancé sur son épaule, il était environ 10.00 A.M. Elle négligea alors de prendre un petit déjeuner, et se mit à arpenter les couloirs. Comme souvent, elle le faisait sans but spécial, préférant laisser ses pas la guider là où le destin déciderait de la mener. Et aujourd'hui, c'était la bibliothèque.
Kim avait une relation pour le moins étrange avec les bibliothèques. Elle adorait l'odeur des vieux livres, et tout ce que l'on pouvait y trouver, mais elle ne supportait pas l'ambiance studieuse et le silence oppressant qui y régnaient. Aussi, elle adorait y entrer, mais les désertait toujours très vite.

Lorsqu'elle poussa les portes de celle-ci, elle se laissa envahir par cette odeur qu'elle aimait tant, et sourit. Elle entreprit alors de trouver la section "Arts Dramatiques", qu'elle mit un peu de temps à trouver, au vu de la lenteur à laquelle elle déambulait entre les rangées de livres empilés comme au garde-à-vous. Arrivée au rayon de la bibliothèque qu'elle cherchait, elle regarda les livres proposés en prenant son temps, attendant celui qui retiendrait son attention. Au bout de quelques minutes, elle le trouva : il semblait très vieux, la reliure d'un noir de jais semblait avoir souffert les années et le nombre d'étudiants ayant tourné ses pages. Sur la tranche, écrit en fines lettres dorées : "Le théâtre au fil du temps". La jeune fille ne regarda même pas l'auteur, et sortit délicatement le livre de son emplacement, comme s'il risquait à chaque seconde de se réduire en poussière entre ses doigts.
Après avoir choisi son livre, elle entreprit de trouver une place où le lire tranquillement. Son regard fut attiré par une table vide près de la fenêtre, vers laquelle elle se dirigea. Elle posa ses affaires sur une chaise et en tira une autre, pour s'y assoir, les genoux relevés contre elle et les pieds sr la chaise, s'attirant les regards foudroyants de tous les rats de bibliothèques présents en ce samedi matin, et elle entama la lecture de l'ouvrage...