De l'alcool pour oublier première idée... PV Baban'

Tu parles d’un endroit pour une jeune maman. Un bar, comme si c’était ma place ici. Venant noyer mon désespoir dans une montagne d’alcool pour oublier, pour oublier ma triste et misérable vie. Pour oublier les méfaits de l’amour, les effets notoires que provoquent la sensation d’aimer. J’essaye pourtant de l’oublier mais je n’y arrive pas et de toute manière pour l’oublier il faudrait que je le veuille et que je le puisse. Chose qui m’était impossible pour le moment. Le brun devait avoir déjà bien bu en juger par son discours. Essayait-t-il de fuir lui aussi sa vie ou de vivre tout simplement? Qu’importe de toute manière cela ne me regardait carrément pas. Comme si les clients du bar se demandaient quelle était la raison de ma présence ici dans ce bar. Alors que le brun me répondit je souris quand il me commanda un verre ainsi que trois shooters de vodka. Était-t-il alcoolique?

- Ce sera la même chose que lui s’il vous plaît…

Je regardais mon voisin d’bar j’sais pas si ça se disait mais peu importe. Il m’avait demander mon prénom chose que je lui donna sans demander mon reste.

- Et pour ce qui est de mon prénom c’est Helinä ou Heli comme tu l’sens. J’peux te tutoyer au fait? C’est quoi ton prénom d’ailleurs à toi?

J’avais vidé cul sec deux blue lagon, et puis sans m’en rendre compte j’avais terminé également les trois shooters gentiment offert par le brun. Peut être que moi aussi j’étais alcoolique à c’compte là. Si un jour on m’avait dit Helinä quand tu auras dix sept ans tu seras maman et tu te saouleras la gueule dans un bar paumé je ne l’aurais jamais cru. Pitié ouais j’faisais carrément pitié dans ce bar en présence d’un inconnu qui me payait un verre. Vraiment où allait le monde. Je bu cul sec mes trois shooters et je demandais un autre verre avant de ne sourire au jeune homme.

- Je pense sauf correction que tu es légèrement saoule et moi aussi d’ailleurs. Alors dis moi enfin si tu veux hein. Pourquoi tu es venu te saouler au bar. Je m’adressais au barman en remarquant que les verres de mon voisin étaient vide la prochaine elle est pour moi. Demandez donc au jeune homme ce qu’il veut.

Il serait peut être préférable qu’on aille boire dans un endroit plus gérable.

- Dis ça te dis qu’on aille boire dans ma chambre à l’internat, on devrait passer par une épicerie de nuit et prendre deux trois bouteilles. Non? Enfin tu m’diras on se connait pas mais j’m’en fou soyons fous et puis au point ou j’en suis une merde de plus ou une de moins ne changera pas ma vie déjà bien merdique. En plus Aaron n’est pas là ce soir il est chez la nounou…

V

odka-Litchi. Le shooter de la victoire. Boire tous seul dans un bar, quelque chose de déprimant à première vue, mais pour une fois ça ne l’était pas. Enfin par pour lui, pas à cet instant. Peut être que c’était une décision stupide, trop précipitée, bientôt regrettée mais qu’importe ! C’était une décision quand même et cela faisait longtemps qu’Esteban n’avait pas eut le courage d’en prendre. Il manquait de courage, il avait toujours été du genre passif, rêveur. C’était son caractère tout simplement. Il n’avait pas envie de réfléchir au pourquoi du comment, surtout ce soir. Tous cela lui donnait simplement envie de glousser bêtement. Les méfaits de l’alcool sans aucun doute et l’euphorie peut être, l’adrénaline. Il l’avait fait, il avait envoyé cette foutue lettre, coupé les ponts avec sa famille … Enfin de son côté en tout cas. Il avait beau être un éternel optimiste, il n’avait jamais été naïf … enfin pas à ce point. Inutile de dire qu’en réalité cette histoire était loin d’être finie, la vie allait devenir bien plus difficile à partir de maintenant : beaucoup moins d’argents ça c’est sûr, quoi que … Peter lui avait promis de lui apporter son soutien (amical et financier), il allait devoir se trouver un job et peut être arrêter sa collection de costumes de marques. Vodka-Piment. Le shooter du désespoir. Vodka-Caramel. Le shooter de l’oublie. Vodka-Pomme. Le shooter de l’alcoolique en devenir.

Il n’était pas tard en fait, quelque part entre la fin de l’après midi et le début de la nuit, il ne savait pas trop. Il n’avait pas vraiment envie de savoir. De toute façon dans les bars on ne savait jamais, un peu comme dans les casinos, une basse technique pour piéger les clients plus longtemps dans ces lieux de débauches. Dans cette ambiance de semi-obscurité glauque le temps semblait s’allonger, puis rétrécir d’un coup, ne laissant qu’aux pauvres diables de clients un goût désagréable sur la langue et un mal de tête à gerber. Peut être que le shooter Vodka-Pomme était de trop, l’aristocrate-plus-si-aristocrate-que-ça-maintenant-qu’il-avait-choisit-de-n’être-plus-personne se sentait légèrement perdre pied comme déconnecté. Il flottait, n’ayant plus vraiment conscience de rien, ses yeux avaient cessé de suivre les vas et viens des clients, il sifflota absent. Ainsi, l’étudiant n’entendit ni la porte s’ouvrir pour la énième fois, ni le raclement du tabouret. De même il ne remarqua même pas la jeune femme blonde qui vint s’asseoir à sa droite, retira sa veste et commanda un verre avant que celle-ci ne daigne lui adresser la parole.

- Bonsoir! Tu… tu n’serais pas à Wynwood?

Hum, Vodka-Pomme, définitivement le shooter de trop. Louchant sur son prochain verre avec suspicion, le jeune homme le repoussa doucement (de peur de le faire tomber), regarda le barman s’éloigner en ronchonna avant de se concentrer entièrement sur son incendiaire de voisine. Pauvre mec, ça ne doit pas faire du bien à l’égo. Gloussement stupide. Wynwood, Wynwood, Wynwood, bien sûr qu’il était à Wynwood, enfin avait été ! La part encore lucide de son cerveau (qui reprenait lentement le dessus depuis qu’il avait cessé de boire) lui fit remarquer à quel point cette question était étrange dans un bar. Vérifiant que le barman était parti s’occuper de ses affaires un peu plus loin, il adressa à sa jolie (il venait à peine de le remarquer, ah la la les méfaits de l’alcool) voisine un sourire qui se voulait énigmatique (en tant normal c’était un sourire qu’il maitrisait à la perfection mais l’alcool avait tendance à émousser ses talents de séducteur, donc bon …).

- Ça se pourrait bien. Cela dit, étant actuellement dans un bar, à boire cela va s’en dire, vous ne m’en voudrez pas si j’utilise mon joker. Aller, pour me faire pardonner je vous paye un verre tant que je le peux encore. Il rit. Vous avez un nom ? Enfin je veux dire un prénom ? Ou même un surnom si vous voulez. Il rit encore, l’alcool rend stupide.

Claquant des doigts pour attirer l’attention du barman, Esteban avala d’une traite le dernier shooter qui lui restait. Vodka-spéculos. Le shooter de la cuite avenir. Fixant le verre de sa voisine, il finit par abandonner l’idée d’identifier le cocktail en question et commanda simplement.

- Alors pour moi ça sera trois autres, hum … disons … Pêche, Poire et de nouveau Litchi, et voyez avec ma voisine ce qu’elle souhaite, c’est moi qui offre.

Je n’avais plus vraiment le goût de sortir à l’extérieur. Pourquoi faire? Pour me rendre compte que l’extérieur rayonne de luminosité? Pour que la triste réalité sur ma vie me frappe de plein fouet? Pour me montrer à quel point je suis minable? Pour me montrer également la naïveté dont j’ai fait preuve en laissant Alfred entrer dans ma vie…

Laisser cet être si parfait à mes yeux tout savoir de moi de A à Z. Alors que cet homme si parfait à mes yeux avait brisé le peu de confiance en moi qu’il me restait alors que même avec Aaron j’avais garder son enfant et ce même si ce n’était qu’un accident. Que j’ai perdu notre bébé. Rien que d’y penser cela me rendait triste et tout l’poids de la culpabilité m’écrasait au sol et il m’était impossible de porter cette charge. Encore une fois il fallait que je sois forte pour Aaron pour lui seulement pour lui. C’était tout d’même difficile de garder la tête hors de l’eau alors que quelqu’un ou quelque chose vous maintenait fermement sous l’eau.

Je secouais la tête de gauche à droite et me regardait dans le miroir face à moi. J’avais déposé mon fils chez la nounou et j’avais décidé de sortir afin de m’changer les idées, d’air, de repère. Mais surtout sortir de ma chambre que je squattais quasiment vingt quatre heures sur vingt quatre sept jours sur sept. Je brossais soigneusement mes cheveux afin de les disciplinés légèrement. Je me passais un petit coup d’eau sur le visage avant d’aller me préparer. J’enfilais un jean et une chemise marron avec une paire de botte de la même couleur. Fin prête je passais mon manteau sur mes épaules avec mon sac à main en bandoulière sur mon épaule également.

Mes écouteurs sur mes oreilles je marchais consciencieusement jusqu’à un bar, ce n’était pas le meilleur endroit pour une jeune maman, mais qu’importe il fallait que je me change les idées et il était bien trop tôt pour aller en boîte de nuit. Et puis fallait-t-il encore que je puisse entrer en boîte de nuit. Au moins je savais qu’un certain bar dans l’centre de Miami servait de l’alcool sans demander notre carte d’identité et c’est donc là bas que je me dirigeais à mon rythme mais surtout au rythme de la musique qui se jouait dans mes oreilles. Je n’écoutais pas vraiment les paroles des chansons qui défilaient.

J’étais encore perdu dans mes souvenirs, souvenirs heureux toute suite brisé par des souvenirs moins joyeux. Ma mère, mon père, mon frère, Aaron et Alfred. J’avais encore du mal à prononcer son prénom et ce même dans mes pensées c’était quand même grave. Il serait peut être préférable que j’aille consulté un psychologue… Dans tous les cas le psychologue ferait quoi pour moi? Il jouerais au psy de comptoir en m’disant ou ça n’allait pas pourquoi etc… Mais qu’est-ce que ça allait changer à ma vie tout ça? Je serais juste pourquoi je suis comme ça et cela ne m’aidera certainement pas à oublier mon premier amour, l’homme qui m’avait demandé en mariage il y a de cela moins de trois mois, celui qui voulait reconnaître mon fils et ce même si ce n’était pas l’sien. J’étais tombé enceinte de lui, et même si il ne comprenait pas mon refus de porter un enfant je l’ai garder en moi pendant un peu plus d’un mois pour lui, pour nous. Et au final tous les efforts que j’avais pu faire, les concessions, les confessions n’avaient servies à rien.

Des larmes débordèrent de mes yeux la musique n’ajoutais rien de gaie à tout ça non plus. J’étais triste mais je m’en voulais tellement d’avoir été si naïve les mecs étaient tous pareils. Et visiblement je n’aurais jamais de chance dans ma vie. J’arrivais enfin devant le bar en question je retirais les écouteurs de mes oreilles les fourrant dans mon sac, j'essuyais mes larmes et j’entrais dans le dit bar. Je saluais les clients pas trop nombreux contrairement à ce que j’aurais pu croire. Direction le bar, je m’asseyais sur un tabouret de bar et retira mon manteau. Je commandais un Blue Lagon au barmaid. Il me le servit rapidement et je tournais ma tête sur la gauche pour tomber sur une jeune homme pas bien plus âgé que moi boire également un verre. Je pris une gorgée de mon cocktail et pris la parole à son attention.

- Bonsoir! Tu… tu n’serais pas à Wynwood?

J’avais comme l’impression de l’avoir déjà vu… Où c’était une très bonne question, peut être l’avais-je vu en photographie sur le net. Ou dans les anciens albums de photo du lycée. Enfin bref après tout je n’étais pas là pour bavarder sur le lycée. Je n’étais plus lycéenne, j’ai un enfant de quatre mois alors que j’ai seulement dix sept ans. Je tournais de nouveau mon visage face au bar et j’avalais cul sec mon verre. Le barman prit la parole à mon attention.

- Vas-y doucement ma jolie!

Sa jolie depuis quand j’étais la jolie de quelqu’un? J’lui en foutrais. J’ancrais mes yeux dans ceux du trentenaire et prit la parole.

- Qu’est-ce que ça peut bien t’faire à toi? J’te paye donc tu fermes ta bouche et tu m’serres un autre verre.

J’avais l’impression que depuis qu’Alfred m’avait laissé tomber mes paroles étaient froides mais bien pires encore virulente. On avait l’impression que j’en voulais à la terre entière. Mais en même temps j’avais la haine contre tout l’monde. Un nouveau verre fut posé devant moi et je me calmais en avalant une gorgée.