| | Long, long time ago. [Katina] - Terminé. | |
| | Auteur | Message |
---|
Invité Invité
| Sujet: Re: Long, long time ago. [Katina] - Terminé. Dim 4 Mar 2012 - 17:08 | |
| Ça ne débitait que des conneries, je me sentais à chaque instant au bord de l'explosion, prête à leur cracher ma haine au visage. L'allusion au mariage, le nom de mon beau-père que cette femme semblait vouloir m'attribuer, c'en était trop ! Oh oui, bien sûr, ma grand mère en aurait été ravie et j'aurais pu dire adieu à mes études et tout ce qui va avec pour me marier à mon pire ennemi. Celui-ci même qui... Oh bordel ! Il me faisait du mollet, beurk ! Je n'eus pas le temps de m'en écarter qu'il me donnait un coup de pied. Mais c'était moi qui aurait du le cogner ce connard ! Je lui adressais un regard noir alors qu'il entamait un juron en langue américaine.
Partir. Tout laisser tomber et prendre un autre avion. Ailleurs. Fini la Russie, fini les États-Unis ! M'envoler vers un autre continent où il ne me retrouverait pas. Ni lui, ni personne. L'Océanie, dans un petit village d'une île mincuscule perdue dans l'Océan Pacifique.
- Pardon. Je… je viens de me rappeler d’une bêtise. Continuez. - Excusez moi, je... reviens dans un instant.
C'était lui, la bêtise. Je quittai la table sans plus d'explications, allant m'isoler aux toilettes du café. Malheureusement il y avait trop de monde devant la glace et les robinets pour que je me rafraîchisse le visage. Alors, j'allais m'enfermer dans la première cabine libre tentant tant bien que mal de me calmer. Mes jambes tremblaient, j'étais bien plus nerveuse que je le croyais mais je ne pouvais définitivement pas passer le temps qu'il nous restait avant le vol ici même si cette solution me paraissait la moins dure à supporter. Pourquoi me retrouvais-je toujours dans des situations étranges avec lui ? Comme si tout était fait pour nous réunir.
Je sortais de la cabine, claquant maladroitement la porte, les filles qui avaient squatté jusque là devaient avoir fini leurs retouches maquillages et leurs échanges de potins puisqu'il n'y avait plus personne. J'en profitais donc pour me barbouiller la tronche d'eau fraîche à plusieurs reprises. Je jetais un œil dans la glace et je me sentais étrangement... Honteuse.
Après m'être essuyée convenablement, je revenais à la table feignant de sourire et participais alors à la conversation, les jambes passant sous ma chaise pour veiller à ce que Rogdaï ne les atteigne pas, la tête tournée vers les deux familles, ignorant complètement la présence de Rogdaï qui se trouvait toujours en face de moi. Je ne savais pas ce qui se passait de son côté et je ne voulais pas le savoir. Quoique... Non.
L'heure approchait enfin, j'allais monter, m'asseoir à ma place qui serait j'espère loin de lui et puis, surtout, je n'aurais plus à feindre le bonheur absolu devant nos familles. Foutue mascarade qui m'aura simplement permise de supporter plus facilement ces longues minutes. Mais là, c'était la fin. Soulagement. Nous disions au revoir à nos familles et je partais la première, fermement décidée à ne plus le voir, pas avant notre premier cours de rentrée où je l'ignorerai aussi sec. Je prenais alors place dans l'avion puis, ce crétin arrivait devant la place vide à côté de moi.
- Qu'est-ce que tu fiches planté là ? - Putain c'est pas vr... T'as payé combien l'pilote pour te retrouver à côté d'ma place ? T'sais, il existe des traitements psychiatriques très efficaces contre les névroses obessionnelles. - Ah, la blague ! C'est toi qui a un problème mon vieux... Qui aurait envie de se retrouver avec un crétin pareil collé aux basques ?
Haussements de sourcils. Ben tiens. Négligemment, la valise que Raphaël tenait fermement percuta le porte-bagage. D'un coup sec, il la calla précautionneusement dans le fond. D'une pierre deux coups. Protéger ses biens d'une chute éventuelle et écraser les miens.
Ouais, c'est ça. J'te r'tourne le compli... AOUTCH !
BANG ! Un gobelet en plastique heurta le sol grisâtre de l'avion et roula sous les sièges. Lentement, il releva la tête. Oh non...
- Non mais vous pouvez pas faire attention ?!
Notre aimable voisin n'avait pas correctement fermé son putain de sac.
- En principe, les gens ferment la tirette !
Il jeta un regard à sa future place.
- Et toi pousse-toi ! Tu prends trop d'place.
Je me collais le plus possible au hublot pour éviter tous contacts physiques avec lui sans réclamer plus de politesse. De toute façon, ça n'existait pas entre nous et ça ne m'importait pas plus que ça. Je sortais des écouteurs de mon acoudoir afin d'écouter de la radio et ne plus avoir à entendre cet abruti avec un peu de chance, je finirai par en oublier sa présence. Mais au bout de cinq minutes, il me fit une pichenette sur la tempe.
- Le principe des oreillettes c'pas de partager tes goûts d'merde avec tout l'avion !
Regard noir, j'enlève un écouteur.
- Ta gueule.
Je n'avais pas entendu un mot de ce qu'il m'avait balancé à la face mais entre son coude contre ma tête et le simple fait qu'il me cause, c'était justifié. Évidemment, ça ne lui suffisait pas. Ça ne suffisait jamais. Faire le voyage chacun de son côté, c'était apparemment pas dans ses plans, il voulait à tout prix attirer l'attention sur lui, chercher les embrouilles. Alors cette fois, il m'arrachait les écouteurs des oreilles.
- Ça te dérangerait tant que ça de m'oublier ? - Alors fais pas ta sourde et mets ta putain de musique moins fort. - Si ça peut me permettre d'avoir la paix. Ok.
Et j'avais enfin fini par l'avoir, j'avais baissé le son et passé le reste du voyage à fixer le hublot même si de temps son reflet y apparaissait... Sournois. Troublant. Mais qu'importe. J'avais même réussi à dormir, environ une heure. Puis nous arrivions. J'attendais qu'il soit parti pour me retourner et sortir à mon tour. Ma voiture était à la place où je l'avais laissée sur le parking. Wynwood, me revoilà. Malheureusement. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Long, long time ago. [Katina] - Terminé. Sam 28 Jan 2012 - 23:19 | |
| Tatiana Romanov n’était connue dans la noblesse ni pour sa douceur, ni pour sa verbe délicate. Certes élégante, la femme semblait paradoxalement avoir omis tous les principes d’éducation qui lui avaient autrefois été inculqués. Simple et franche, elle n’avait pas pour coutume de mâcher les mots qu’elle était capable d’aligner en un temps record. Les plus prétentieux de la haute allaient jusqu’à la comparer à ceux qu’ils qualifiaient de nouveaux riches. A leurs yeux, elle représentait leur grossièreté et leur manque de distinction. Mais quelle qu’était l’image qu’ils avaient d’elle, tous s’accordaient à souligner sa force, son humanité et son courage. Ainsi, l’affectueusement appelée « Tiany » était connue sous le surnom de « Tiany l’insubmersible ». Ce surnom, son neveu avait longtemps été fier de ce qu’il représentait. Pourtant, en cette fin de matinée, il maudissait son engouement comme sa simplicité. Les bras toujours fermement croisés sur sa poitrine, l’inadmissible vérité s’imposa à lui. Bientôt, il n’aurait pas d’autre choix que de suivre le petit groupe et la fille qu’il désirait tant éviter. Pire. Il fronça brièvement les sourcils. 86339 ? De sa poche, il tira discrètement le billet qui lui permettrait de rentrer dans son pays natal, lui lança un regard méfiant. Sur le coin, une heure et un chiffre. Dans ses veines, son sang se glaça. Oh non. Les coordonnées étaient identiques aux siennes. Malencontreux hasard. Il pinça les lèvres. Tandis qu’il écrasait le morceau de carton dans le fond de son jeans, préférant oublier ce détail pour le moment, la mère dont il ne gardait aucun souvenir parvint un instant à voler le monopole de la parole à sa tante. Profond désespoir. C’était pour accepter l’invitation.
- Excusez-la, ma petite Alisa est un peu intimidée. Oui, nous avons de la marge encore avant son vol et ça nous ferait très plaisir passer ce temps en votre compagnie. - Merveilleux, merveilleux. commenta Tatiana. Mais tu n’as aucune raison d’être intimidée ma chérie. Je préfèrerais d’ailleurs que tu m’appelles Tiany. Madame, ça me vieillit un peu trop, tu ne crois pas ?
Sur ses lèvres s’était dessiné un large sourire alors qu’elle guidait les deux familles sur la terrasse d’un café établit à proximité. A l’arrière, mine déterrée, Rogdaï suivait comme prévu, mains enfoncées dans ses poches. Dans une mimique presque effacée, il avait levé les yeux au ciel. De l’intimidation… Katina intimidée. Ha. ha. C’était une interprétation certes originale, et elle avait après tout son taux de valeur et de logique, mais elle était si loin de représenter la réalité qu’il en aurait rit volontiers. Dans d’autres circonstances, évidemment. Distraitement, sa main se calla devant sa mâchoire. Il bailla à s’en décrocher la mâchoire et suivit machinalement du regard les doigts féminins qui se débarrassaient du gobelet dans une poubelle qui débordait déjà. Alors, il revint sur… Une seconde ! Il secoua vivement la tête. Il ne revint sur rien du tout. Sauf sur le vide, ou sur cette foule qu’il regardait sans vraiment la voir. Parce que bien sûr il n’avait jamais contemplé les formes obscènes que soulignait son dos cambré par son port trop droit, c’était évident. Ce n’était naturellement pas son genre. Encore moins avec elle ! Et… et merde ! Il aurait mieux fait d’être plus rapide. Autour des deux tables rassemblées, toutes les places étaient prises, exceptée une. Celle face à la sorcière. Dans sa mâchoire, il sentit ses dents crisser les unes contre les autres. De concert, sa chaise racla le béton sali par les maints passages. Déconfit, il s’assit et rapprocha le siège. L’effet fut instantané. Vive rougeur promptement métamorphosée en pâleur. Le support était si étroit que leurs jambes se frôlaient à la moindre tentative de mouvement. Sur ses rotules, ses doigts se crispèrent. Maudite proximité. Chaque fois qu’ils s’effleuraient, une violente éruption semblait exploser dans le creux de ses entrailles, si luxurieuse qu’elle en était inavouable. Même pour lui-même. Et Dans le recoin « monde réel » de son crane, deux voix féminines s’élevèrent sans qu’il ne se concentre réellement sur le sens de leurs paroles. Qu’importe. Sa tante s’en chargerait pour lui. Il avait dés lors une énigme plus capitale à résoudre : pourquoi ni elle ni lui ne détournait son putain de regard ?!
- Complètement fou cette histoire ! Comme quoi tout se répète, n’est-ce pas ? Quoi qu’il en soit c’est plutôt amusant, vous pourrez faire plus ample connaissance sur vos sièges. Six bonnes heures, vous aurez le temps de raconter tour à tour toute votre vie. Oh ! Garçon ! Les commandes s’il-vous-plait. Alors vous aviez dit… arrêtez-moi si je me trompe : un thé aux agrumes pour Madame, pour Messieurs trois whiskys, en ce qui me concerne je prendrais un capuccino et pour les jeunes…
Silence.
- Mes chéris, votre commande plutôt que de vous faire de l’œil ! - Un café noir, s’il-vous-plait. trancha sèchement la fille. - Parfait et toi ? Rode’ !
Brusquement, le garçon détourna la tête, mine désorientée.
- Euh… oui… euh… ma commande. Euh… un verre de… euh… vodka ou... - Et bien, tu n’y… ! - Non ! Non ! Pas ça, je voulais dire un chocolat chaud. C’est très bien ça. Disons un chocolat chaud. - Hum… ok. Un chocolat chaud, donc. - Je récapitule. lâcha le serveur avec lassitude. Un thé aux agrumes, trois whiskys, un capuccino, un café noir et un chocolat chaud. C’est exact ? - Oui ! - Je vous apporte ça.
Sur ces mots, l’homme regagna les cuisines et les laissa en paix. Ou presque. Rogdaï avait à la fois la tête d’un gamin prit sur le fait et d’un type qui avait passé 48h sans fermer l’œil et le regard perçant que sa tante pesait sur lui le mettait plus mal à l’aise encore. Oui mais en fait ce n’était pas plus mal. Qu’elle parle, et qu’elle ne s’arrête plus. Ainsi il se contenterait sur autre chose que sur... que sur cette fille qu’il ne regardait et qui ne l’intéressait pas !
- Et bien ! Vous ne croisez jamais de filles à la caserne que tu es troublé comme ça? On dirait un jeune adolescent. - Pardon ? - Oublie, trésor. Je t’ennuie. Il n’empêche. Je vous imagine assez bien dans cinq ans, hein Alexandrovna ? Un Romanov et une presque-Trotski sur l’autel, nous on rirait bien ! Et nos ancêtres auraient de quoi se retourner dans leur tombe. Un comble !
Hum. Oui. Un comble. C’était le cas de le dire. Mâchoire serrée, l’étudiant se mit à fixer la table. Finalement, il aurait mieux fait de ne pas l’écouter. Il n’avait rien mangé depuis la veille, pourtant la nausée lui tordait l’estomac. Sans parler de…
- PU…
…TAIN (en anglais). Qu’est-ce qu’elle le faisait chier cette salope avec ses connasses de jambes ! Violemment, la pointe de son pied la percuta. Sans trop savoir pourquoi, sans doute épris d’une fichue démence, son mollet pour une raison totalement méconnue callé contre le sien était un quart de seconde remonté à la recherche de plus de proximité. Geste complètement insensé, ridiculement incompréhensible, totalement absurdement irréel et…
- Pardon. Je… je viens de me rappeler d’une bêtise. Continuez.
|
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Long, long time ago. [Katina] - Terminé. Sam 28 Jan 2012 - 1:15 | |
| - Cinq ans, c’est exact. - Oh mon dieu ma chérie, comme tu as grandi ! C’en est presque pas croyable, tu as complètement changé. Tu es devenue une femme ! Pourtant je te revois encore avec tes petites couettes et ton chocolat plein la figure à courir dans tous les sens, ta poupée précieusement callée dans tes bras. Une vraie tête de linotte. Tu étais si maladroite que tu n’arrêtais pas de tomber, mais tu continuais à persévérer. Il n’empêche. Tu nous as bien fait peur quand tu as failli tomber dans la piscine, un jour. Tu dois certainement te souvenir de ça, Alexandrovna ! La petite devait avoir un an, tout au plus… Mon dieu ! Heureusement que les cris de Lela nous ont avertis, je n’ose même pas imaginer ce qu’il se serait passé, sinon. C’était un ange tout de même cette enfant, elle s’occupait de toi comme une véritable petite maman. Enfin... Et oh ! Raphaëlle. Raphaëlle était dans un état ce jour là… elle en tremblait presque la pauvre femme.
Un moulin à paroles cette femme. Mais, je ne pouvais lui en vouloir. Elle se rappelait de choses qui, pour elle apparemment, étaient de beaux souvenirs, drôles sûrement... Pourtant, tout cela ne m'était pas familier.«Raphaëlle», c'est étrange comme ça me rappellait... Le visage déformé de ce type. Ce type qui est censé s'appeler «Raphaël»... Hilarantes ces coïncidences ! Mais non, il ne fallait surtout pas croire ce que mon esprit tordu imaginait, Farès était Farès et non pas un certain... Ok, bon, Farès s'appelait Rogdaï mais le reste était faux, qu'on soit bien d'accord ! Et puis, ce n'était pas le même Rogdaï que celui qui se tenait en face de moi, ça, non, c'était imp... Impossible ?
Then I find myself choking on all my contradictions
Impossible. N'était-il pas le premier à dire qu'il y avait mieux à faire que d'aller en Russie ?
- Aaah… tu en as raté des épisodes à ne pas connaitre la Mistinguett dans ses jeunes années ! Une petite terreur. Elle avait même le culot de voler les jouets de Rogdaï et de les balancer au fond de l’eau. C’est à cause de ça que tu tires cette tête d’enterrement ? - Euh…
Il s'était déjà incrusté bien tôt dans notre famille, ça allait merci. Je n'arrivais décidément pas à me souvenir de ce genre d'histoires. Dans tout ce qui me restait, il y avait mon combat perdu d'avance pour garder l'affection de ma mère lorsqu'à l'âge de cinq ans elle se mariait avec cet homme odieux, mes draps mouillés de larmes après avoir essuyé de désobligeantes remarques de celui-ci tandis que ma mère assistait à ces scènes, silencieuse, notre dispute lorsqu'elle décida de m'envoyer à Los Angeles pour faire mes études et vivre chez mon père qui se souciait encore moins de mon sort qu'elle ne le feignait, et puis... Il y avait ces deux années d'isolement. Mais ça... Conneries. Malgré ça, j'aimais ma mère. Je ne rêvais que d'un geste de sa part, une preuve de réciprocité, un rappel, un mot, n'importe quoi qui signifiait qu'elle tenait encore un peu à moi. J'aurais voulu rester cette petite fille à couettes que cette femme décrivait avec tant de chaleur et de joie.
Un instant. Quoi ? Je... Je connaissais Rogdaï ? Non... Ce n'était pas la même personne et puis, le «Rodgaï/Farès» n'avait certainement pas 25 ans mais plutôt 18, grand maximum... Quoique ces gestes, son attitude... Chut. Non. Le Rogdaï de Wynwood n'était qu'un sale gamin prétentieux, il était de toute évidence plus jeune que moi et puis, je ne suis pas attiré par les sales gosses donc ça confirmait même le fait que nous n'avons jamais... Tout le reste n'était qu'un... Mais qui était ce mec en face de moi ?
- Non, non, je te taquine chéri. Et bien ? Cela vous intéresserait-il de boire un verre pour patienter ? On ne va pas rester planté ici. Quel avion prends-tu ma puce ? Oh tu as certainement un peu de temps devant toi ! - Ce ne serait pas…
Ma parole, il était comme... Il souhaitait éviter de... me voir plus longtemps ? Bonne idée mais... Pourquoi ? Les yeux fixés aux siens, je comprenais que la gène était partagée. Merde ! Était-ce... ? Non ! Non ! Non, non, non, non, non, impossible, inadmissible, improbable, inacceptable, inimaginable, infecte image de l'incroyable invasion de cet imbécile dans mon ignoble et infantile... illusion incessante de cet individu imbu de son imparfaite identité. Imparfaite ? Imitation impeccable de cet immature et impartial immondice. Immobile, illuminée, m'immolant intérieurement... Implorant... Il n'était pas... Il n'était pas ici. Impossible.
Inévitable était l'instant où nous fûmes forcés de suivre nos familles respectives pour au moins cinquante minutes. Pourtant, je voulais continuer de croire que ce n'était pas lui. N'importe quel jeune homme aurait pu être géné de devoir rester en compagnie de personnes extérieures à son entourage... Mais, ce regard... Cette voix... Cette nervosité... Comment aurais-je pu autant halluciner ?
- Oh, toi ne fais pas l’idiot, vas ! - Le numéro 86339 pour Miami à 12:35 porte A, madame. - Excusez la, ma petite Alisa est un peu intimidée. Oui, nous avons de la marge encore avant son vol et ça nous ferait très plaisir passer ce temps en votre compagnie.
Je la haissais lorsqu'elle parlait comme cela, je la méprisais de ne pas comprendre, de parler de moi comme si je n'étais qu'une enfant qu'elle traînait derrière elle comme une petite poupée faite à son image mais jamais assez satisfaisante. Mais je ne pouvais rien dire et encore moins «Maman, les seuls souvenirs que j'ai de ce gars sont plus que récents, en effet, il est dans ma classe, il se donne un autre nom et j'ai cru qu'il était américain jusqu'à ce que, il y a un mois environ, nous buvions à nous en rendre saouls, que je découvre qu'il s'appelle Rogdaï, que bourrés, nous nous réunissions au dessus d'une cuvette de toilette pour vomir puis, tombions dans la baignoire pour nous y rafraîchir.». Je devenais assez folle comme cela, inutile d'en rajouter une couche en me donnant en spectacle devant ma mère et des "étrangers".
Toute la troupe, y compris ce Rogdaï et moi-même se retrouvait alors à une table d'un café. J'avais jeté mon gobelet dans une poubelle près de l'entrée sans pouvoir détacher mon regard de celui qui s'avérait être le Rogdaï que j'évitais depuis un mois sans vouloir admettre pourquoi. Quelque part, penser cela était comme s'avouer que... Non, tais toi cervelle. À notre table, nos familles eurent la mauvaise idée de se placer de telle sorte que lui et moi étions exactement, encore et toujours, face à face. Remarque que cela aurait pu être pire, nous aurions pu nous retrouver côte à côte sur la banquette, serrés l'un contre l'autre... Rien que d'y penser, j'en avais la nausée. Vomir ? Pitié... Mais qui disait face à face, incluait, dans ce cas précis, une affreuse proximité de ses jambes avec les miennes. Des frissons me parcouraient au moindre frôlement que je tentais d'éviter au maximum. S'il ne savait pas garder ses membres inférieurs bien rangés, je me verrais forcée de lui faire du... de lui donner un coup de pied dans les tibias ! Pourquoi regardais-je encore son visage ? Ses yeux, ses lèvres... Je baissais mon regard, atrocement embarrassée par la pensée que je faillis avoir. Non, je n'avais pas ça en tête, je devais penser à quelqu'un d'autre... Qui ?
- Alisa ? As-tu entendu ? Rogdaï prend exactement le même vol que toi ! N'est-ce pas une merveilleuse coïncidence ? - Euh... Certainement, mère.
Une merveilleuse coïncidence ? Je nageais en plein cauchemard...
|
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Long, long time ago. [Katina] - Terminé. Ven 27 Jan 2012 - 18:15 | |
| Résolument figées, les pupilles glaciales du garçon examinaient sans retenue les traits atypiques de ladite Alexandrovna. Ses bras croisés sur son torse et ce port trop droit dont il ne savait se défaire accentuaient cette sensation de placidité qui l’entourait. Au coin de ses yeux, des œillères. Il n’était toujours pas question pour lui d’inhiber ses craintes. Dans le creux de ses oreilles, un violent sentiment d’appréhension lui murmurait incessamment qu’en réalité elles ne se verraient que confirmées, nervosité trahie que par ses doigts qui n’avaient de cesse de triturer les manches grises de sa veste. Sous sa poitrine, son cœur semblait s’activer comme jamais dans l’espoir d’apporter leur dose d’oxygène à ses organes perturbés. L’air déjà lui manquait. Anxieux, il en inhala une inconsidérable bouffée. Aussitôt, il se crispa. Derrière le froid mordant de Russie qui désintégrait ses sinus, une délicieuse odeur poudrée. Une note marquée d’abricot, plus subtile d’iris, d’ambre et de rose, teintes réchauffée par un fond riche, envoutant et féminin. Divin mélange de fleurs et de fruits, traduction de la mémoire des plus beaux paysages et de la plus douce des intimités. Céleste arôme, cosmique essence. Le parfum l’entrainait loin du froid de janvier. Bien vite, pourtant, la vitre à travers laquelle il contemplait ce monde recréé éclata bruyamment. Elle avait parlé. Et la voix, cette voix qui le temps d’une seconde s’était élevée au-dessus de la cacophonie régnante, à la fois cristalline et glaciale… tout comme cette infernale saveur qui incitait à la contradiction, c’était celle de Katina.
Dans sa tête, une seule question : qu’avait-il bien pu faire pour mériter cela ? Parce qu’il n’y avait plus de doutes possibles, désormais. Ou peut-être que si. Il délirait. C’était cela, il délirait et cette sorcière n’était que le fruit d’une imagination ces temps-ci un peu trop débordante. Ca ne pouvait être elle. Pas ici, pas maintenant. Quelle était la probabilité qu’il se retrouve confronté à son ennemie de toujours dans un pays aussi grand que la Russie, à Saint-Pétersbourg alors qu’elle vivait à Moscou, au milieu de toute cette foule où il était difficile de s’arrêter sur un visage, pour prendre un avion certainement similaire et à une heure correspondante ? Presque nulle. Alors celle que leurs parents se soient un jour rencontrés, elle devait être négative. Doucement, trop doucement pour que cela ne paraisse singulier, ses prunelles glissèrent sur les pieds emmitouflés dans d’élégantes bottines et remontèrent avec retenue. Ses jambes graciles étaient recouvertes de bas noirs, contraste avec sa peau de porcelaine et la robe en coton blanc qui les surplombaient. Comme Lela. Et comme Lela, elle portait au-dessus d’elle un long manteau gris. Un instant, cette pensée le rebuta mais il l’enfuit presque aussitôt pour s’attarder sur les doigts refermés autour d’un gobelet en plastique. Du café. Il serra la mâchoire, réprima une violente envie de s’en saisir et de le lui jeter au visage pour ne plus avoir à supporter cette embarrassante présence, continua à décrypter ce gabarit fuselé. Bientôt, leurs regards se croisèrent enfin, partage d’éclats azures et bistrés. Elle le dévisageait aussi. Définitivement, il ne pouvait plus nier. Que ce soit ou non une illusion, Dieu l’avait abandonné.
- Cinq ans, c’est exact. - Oh mon dieu ma chérie, comme tu as grandi ! C’en est presque pas croyable, tu as complètement changé. Tu es devenue une femme ! Pourtant je te revois encore avec tes petites couettes et ton chocolat plein la figure à courir dans tous les sens, ta poupée précieusement callée dans tes bras. Une vraie tête de linotte. Tu étais si maladroite que tu n’arrêtais pas de tomber, mais tu continuais à persévérer. Il n’empêche. Tu nous as bien fait peur quand tu as failli tomber dans la piscine, un jour. Tu dois certainement te souvenir de ça, Alexandrovna ! La petite devait avoir un an, tout au plus… Mon dieu ! Heureusement que les cris de Lela nous ont avertis, je n’ose même pas imaginer ce qu’il se serait passé, sinon. C’était un ange tout de même cette enfant, elle s’occupait de toi comme une véritable petite maman. Enfin... Et oh ! Raphaëlle. Raphaëlle était dans un état ce jour là… elle en tremblait presque la pauvre femme.
Les yeux de Tatiana, animés par l’excitation de ces présentes retrouvailles, glissèrent vivement vers la silhouette austère du descendant des Trotski.
- Aaah… tu en as raté des épisodes à ne pas connaitre la Mistinguett dans ses jeunes années ! Une petite terreur. Elle avait même le culot de voler les jouets de Rogdaï et de les balancer au fond de l’eau. C’est à cause de ça que tu tires cette tête d’enterrement ? - Euh… - Non, non, je te taquine chéri. Et bien ? Cela vous intéresserait-il de boire un verre pour patienter ? On ne va pas rester planté ici. Quel avion prends-tu ma puce ? Oh tu as certainement un peu de temps devant toi ! - Ce ne serait pas… - Oh, toi ne fais pas l’idiot, vas !
|
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Long, long time ago. [Katina] - Terminé. Jeu 26 Jan 2012 - 23:33 | |
| Long, long time ago A moment to myself.
J'avais passé les vacances de Noël chez ma chère mère et son très cher mari. Oh, bien sûr, revenir à Moscou m'enchantait énormément si l'on oubliait le côté réunions familiales, les retrouvailles avec certaines personnes de cette même famille à St Petersbourg aussi. Mais bien sûr appel des terres natales était plus fort que l'angoisse de revoir ma grand mère maternelle, qui était contre le fait que je fasse des études, ma mère, qui elle en revanche me voyait future chirurgienne ou avocate au moins, l'agacement des conversations entre cousines, l'énervement devant les remontrances de mon beau-père et de cette sale façon qu'il avait de s'approprier l'attention de ma mère que je ne voyais presque plus seule depuis mes 5 ans. Le paysage enneigé pouvait balayer tout ça car j'étais chez moi. Et lorsque j'avais enfin des moments à moi, je n'avais plus mettre un casque sur mes oreilles, écouter une chanson et marcher, contempler les vastes étendues qui s'offraient à moi. Le monde extérieur n'avait plus aucune importance, aucun sens lorsque j'étais enfin seule, les pieds traçant un chemin sur le tapis blanc. Je me sentais comme flottant sur les nuages, bercée par une multitude de notes, quelque soit la chanson en cours de lecture, je n'entendais plus personne me juger, me réprimander ou même parler de moi comme si je n'étais pas présente. Qu'étais-je dans cette famille honneement ? Un pion de plus... Ro... Pardon, Farès avait peut-être eu raison la première fois que nous nous sommes parlé... Pourquoi pensais-je encore à cet imbécile ?
Dimanche 8 janvier 2012, Les vacances arrivaient à leur fin, j'allais de nouveau quitter la Russie, depuis l'aéroport de St Petersbourg, cette fois-ci car nous avions passé trois jours dans la demeure de ma grand mère maternelle, qui celle-ci n'était plus très loin de son lit de mort. Bref. Madame nous avait prêté son chauffeur, pour nous conduire à l'aeroport. Nous ? Ah oui, ma grand mère tenait à ce que ma très chère mère et son mari m'accompagnent pour s'assurer qu'il ne m'arrive aucun trouble car, voyez vous, «On ne sait jamais avec toute cette racaille qui rôde, de nos jours.». Nous n'avions point contesté, ce n'était de toute manière pas envisageable. En quittant Moscou, je me serais rendue jusqu'à ma porte sans accompagnateur mais bon, passons... Une fois arrivés, je lâchais mes "chaperons" sous prétexte de vérifier l'horaire ainsi que la lettre de porte. En vérité, je m'accordais un peu de temps en buvant un café. Mais je n'en oubliais pas pour autant mon prétexte, j'allais donc gobelet en main, près des écrans immenses affichages. Ok. Tout était bon, je m'apprêtais alors à rejoindre ma mère et mon beau-père malgré le temps d'avance qui nous restait lorsque ma si jolie maman m'appelait...
- Alisa, viens voir une minute ! - J'arrive, m...
I know I'm diving into my own destruction
Choc. Non. Impossible. Pas ici. Pas lui. J'écarquillais les yeux, scotchée, j'étais encore à quelques mètres de la preuve que non, il n'existait aucun Raphaël Farès dans le coin, ce garçon là ne pouvait pas avoir posé les pieds à St Petersbourg, dans le même aeroport que moi, le même jour, à la même heure... Encore un mauvais tour de mon imagination qui devenait de plus en plus malsaine. L'approche du retour à Wynwood faisait déjà effet. Mes cauchemards s'étaient multipliés depuis ma rentrée dans cet établissement mais ils avaient de nouveaux sujets à exploiter. Grand hasard si le plus récurrent s'avérait être Ro... Farès. Après tout, on ne contrôle pas son inconscient...
Lorsque j'étais à hauteur de ma mère, mon esprit persistait à voir le visage de Rog... Farès. Je devrais faire avec tout en essayant de déstresser, je savais qu'il était impossible de reporter ma date de retour pour beaucoup de motifs dont celui d'avoir à entendre ma mère me sermonner. Je finissais ma phrase et saluais nos interlocuteurs dont le jeune homme à la figure déformée par l'objet de mes plus récents mauvais songes.
- ...mère. Bonjour. - Alisa, j'imagine que tu n'en as aucun souvenir mais tout de même, sois plus accueillante avec les Romanov. Voici Nicolas, Andreï, Tatiana et Rogdaï, qui doit être ton aîné de quatre ou cinq ans, me trompe-je ?
Ro... Rog... Rogdaï ?! Avais-je bien entendu ? Pincez moi ! Coïncidence ? Non, c'était encore une vue de mon esprit, cette fois-ci il s'attaquait à l'ouïe. Bien des nuits, j'ai cru le toucher plus qu'il ne le faudrait alors rêver de jour, éveillée, cela ne m'étonnerait même plus. Ce prénom, je l'avais imaginé de toutes pièces, Farès était américain, je ne l'avais jamais vu à la soirée d'anniversaire de Jack. Quelle soirée ? Qui était Jack ? Inventions. Rogdaï était un prénom russe tout ce qu'il y avait de plus banal, et... et... Et pourquoi aurais-je rêvé de lui d'abord ? Cauchemard, ma grande, cau-che-mard. Réveilles-toi ! |
| | | Invité Invité
| Sujet: Long, long time ago. [Katina] - Terminé. Mar 24 Jan 2012 - 21:43 | |
| [Tous les dialogues sont en russe]- VVIIIOOOOOUUUMM !Dans le vague, les yeux d’un petit garçon. Deux perles hâlées englouties devant la magnificence du voile immaculé qui recouvrait Saint-Pétersbourg. Les bras étendus à l’horizontale, il sautait à toute vitesse d’un pavé à l’autre, emmitouflé dans son gros manteau de laine et ses chaussures à crampons. Tel un avion haut perché dans le ciel, il virait fièrement entre les passants. Accroché à ses lèvres, un insaisissable sourire. C’était la première fois qu’il découvrait les splendeurs du palais hivernal. Jusqu’alors, il ne l’avait visité qu’à travers les photos et les souvenirs de ses ancêtres, mais il se rendait compte aujourd’hui qu’aucune image, aucun murmure ne pouvait décrire avec exactitude la somptuosité d’un paysage comme celui-là. Ni même la pureté de l’oxygène que l’on pouvait y respirer et le puissant sentiment de liberté qui s’emparait des êtres arpentant les rues enneigées. Les rues… ses rues. Elles étaient siennes. A lui, comme à toute sa famille ! C’était Papa qui avait dit ça, un soir. Il avait expliqué qu’autrefois, elles leur appartenaient mais qu’elles avaient été dérobées par de méchants hommes. C’étaient ces hommes qui, délibérément, avaient tué le frère, la belle-sœur et les neveux de l’un de ses ascendants, Nikolaï. Ces meurtriers, il leur avait à plusieurs reprises donné le nom de « Communistes ». Drôle d’appellation. En tous cas, ils devaient être redoutables. Et immortels, aussi ! C’était déjà à cause d’eux que ses ancêtres avaient déserté le pays pour trouver exil à New York en 1918, et toujours à cause d’eux s’ils n’avaient pu jusque là retourner au pays. 8 janvier 1993, 75ans de terreur. 75ans d’exil. Papa et Maman disaient que c’était dangereux d’y retourner mais qu’aujourd’hui, la menacé était presque éteinte. Les Américains avaient su assoir leur incommensurable pouvoir. C’était pour cela qu’ils leurs avaient fait ce cadeau, à Lela et lui. Parce qu’ils n’attendaient plus que le bon moment pour récupérer ce qui leur revenait de droit : la Russie. - Bandit à deux heures, on accélère et on descend en piqué ! VIIOOOUUM !- Rogdaï ! Rogdaï, reviens par ici s’il-te-plait !Entre les nappes blanches et vaporeuses des nuages, un avion venait de percer le ciel, majestueuse allégorie de l’ingéniosité humaine. Ombre devant le soleil, il laissait une tâche sombre et mobile sur la pelouse enneigée, tâche poursuivie par l’enfant qui sautait toujours de rocher en rocher. D’un cri, sa mère le rappela à l’ordre. Aussitôt, il sauta à pieds joints dans une flaque recouverte d’une pellicule de glace. Ses semelles brisèrent violemment la couverture translucide et rependirent tout autour de lui de l’eau boueuse et glacée. Son pantalon était blanc. Il tourna vivement la tête, face au vent. Le blizzard rabattait nerveusement les mèches de ses cheveux ébouriffés en arrière, comme les plumes d’un oiseau élancé dans les airs. Il arborait un sourire épanoui et au creux de ses pupilles siégeait fièrement le reflet du soleil. - Rogdaï !- Atterrissage réussi, excellente manœuvre, pilote !- Rogdaï, je t’ai demandé de rester près de… Oh mon dieu ! Regarde ce que tu as fait, tes vêtements sont déjà bons à jeter. Je t’avais pourtant dit de ne pas jouer dans l’eau avant la cérémonie ! Ton père va être furieux.- Raphaëlle, chérie ! Laisse donc les enfants en paix, j’ai quelqu’un à te présenter… !- On est juste là, d’accord ? En attendant, veille sur ta sœur, mon cœur. Tu veux ?- A vos ordres, lieutenant !Le petit garçon qui avait résolument baissé la tête, mine confondue en excuses sous la réprimande, retrouva instantanément sa joie d’antan. Imitant une seconde le salut militaire, il partit celle d’après rejoindre au pas de course une petite silhouette qui se mouvait près de l’étang. Un rire brisa le silence qui s’était installé. Un rire vif et clair, empli de joie. Un rire d’enfant. Une trainée de flammes filait un peu plus loin. C’était une petite fille. Elle courait. Ses cheveux étincelants comme les astres ondulaient, dansaient derrière elle, valsaient avec le long manteau et la robe blanche qu’elle portait, s’embrasaient lorsque les rayons du soleil les effleuraient. Elle sauta dans les bras du garçon. Il la fit décoller, la souleva au-dessus de sa tête, ce qui intensifia les rires de la petite fille. Ils étaient heureux. Il la redéposa au sol, décrypta ses traits fins et angéliques, son regard purifié. Elle lui souriait. Un sourire paisible. Un sourire si simple. Les doigts poupins se refermèrent autour de sa main, l’entrainèrent vers le point d’eau. - Viens ! Il faut que tu m’aides à caresser les cygnes !- Fais pas ça, papa dit que les cygnes sont méchants. Ils vont te mordre et après tu tomberas dans l’eau glacée et tu mourras d'hypothermie !- N’importe quoi ! Rogdaï…- Rogdaï… Rogdaï ! Tu m’écoutes quand je te parle ?- Hein ? Euh… oui, oui, j’écoute tante Tatiana.- Donc c’est à ce moment que je suis entré, forcément, et trop surpris d’avoir été pris sur le fait, ils ont renversé la table du salon. Haha haha ha ! Tu aurais vu leurs têtes, uniques ! Je m’en souviens comme si c’était hier ! Hahaha. Comme s’ils avaient été surpris en train de commettre un crime. Et les cris ! Les cris de la duchesse ! Exceptionnel ! Haha. Hum… Oh ! On est arrivé. Dehors tout le monde. Ce serait idiot que tu rates ton avion, n’est-ce pas ?- Il ne risque pas de le rater, il a une heure devant lui.- Oh, tu sais bien que j’aime être à l’avance, papa.Nicolas Romanov, grand-père paternel du jeune Américain, lui lança un sourire de compassion. Il savait pertinemment combien pouvait être lassant l’engouement de sa fille, mais il savait tout aussi bien que c’était sa manière à elle de leur prouver son affection et de combler le silence que marquait toujours son frère. Les portes de la voiture claquèrent bruyamment et la famille s’enfonça calmement dans la foule animée. Derrière eux, le chauffeur leur emboitait le pas et trainait à sa suite les valises. Glissant ses mains congelées dans ses poches, le plus jeune poussa un soupir. D’entre ses lèvres s’échappa un nuage de fumée. Il faisait froid, comme toujours. Et comme toujours, la neige était au rendez-vous. Profonde inspiration, ébauche d’un sourire. L’odeur des loukoums, des pâtisseries et autres confiseries préparées par les marchands de l’aéroport de Saint-Pétersbourg qui lui chatouillait les narines lui rappelait des souvenirs d’enfance. La date aussi. 8 janvier 2012. Il avait 19ans qu’ici même, ses pieds avaient pour la première fois frôlé le territoire russe. Il jeta un bref regard au sol. Les dalles n’avaient pas changé. - Oh mon dieu ! Papa, Andreï, regardez qui voilà ! Hey ! Salut !Le garçon tourna distraitement la tête vers la gauche. Sa tante, un vaste sourire accroché au visage, se faufilait à travers les inconnus pour rejoindre des visages dont il ne gardait pas de souvenir. Il fronça les sourcils dans l’espoir d’attiser sa vue. Elle s’était approchée d’un couple aux airs typés altiers et méprisants. La haute, quoi. Suivant la petite troupe, il s’avança à son tour. Devant eux se tenait un homme strict d’une quarantaine d’année. Son visage taillé au couteau était encadré par ses courts cheveux noirs. Lui, il ne lui disait rien. L’autre, par contre… A sa droite, une petite femme blonde dont les yeux bleus perçants ressortait avec une élégance indéniable. Marrant. Il ne gardait aucun souvenir de cette fille mais il avait en même temps la sensation de connaitre ce visage. - Alexandrovna, Silanti, c’est un plaisir de vous revoir.Vraiment, ces noms ne lui disaient rien. - Oh ça faisait tellement longtemps ! Rogdaï, tu te souviens d’eux ? Silanti est descendant des Tolstoï et Alexandrovna de la famille Soumarokov-Elston. Tu as du les croise trois ou quatre fois peut-être…- Euh… non… désolé.- Tu étais jeune aussi ! Tu devais avoir huit ans la dernière fois. Il a changé, n’est-ce pas ? Presque le sosie de son arrière grand-père. D’ailleurs, vous saviez qu’il s’était engagé dans l’armée ? C’est une vocation de famille on dirait ! Sinon comment va la petite depuis le temps ? Elle doit avoir changé ! Elle était haute comme trois pommes à l’époque.- Et bien elle est ici. Elle a simplement été voir si l'avion avait du retard. Elle ne devrait pas tarder, ce n’est… oh ! Et bien la voilà. Alisa, viens voir une minute !Le cœur de l’étudiant rata un bond dans sa poitrine. Il secoua brièvement la tête. Tête qu’il ne tourna pas, d’ailleurs. Ridicule comme ce prénom lui glaçait le sang. Mais il y avait des millions d’Alisa en Russie alors l’inquiétude n’était pas de mise. Derechef, il dévisagea la mère inconnue. Pourtant ces traits…
Dernière édition par Raphaël Farès le Dim 4 Mar 2012 - 17:16, édité 1 fois |
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: Long, long time ago. [Katina] - Terminé. | |
| |
| | | | Long, long time ago. [Katina] - Terminé. | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |