Out of love (PV) TERMINE

La voilà. Enfin. Voilà enfin la réponse à sa question, à son mal être depuis tant d'années. Il venait tout simplement de comprendre, aux mots de la jeune femme. Il fallait trouver la bonne personne et se reposer dessus? C'est ce qu'il avait fait avec Paige. Et à cause d'un concours de circonstances le lien n'existait plus. Il ne savait même pas où elle était, si elle allait bien. Alors il avait du se remettre de ça en plus du reste. De ce petit monde qu'il avait tenté de construire avec elle et qui s'était effondré pitoyablement. Alors si jamais ça devait se reproduire aurait-il autant de "chance" qu'il n'en avait eu?

Le jeune homme se tourna alors pour chercher la jeune femme du regard et il la regarda se baigner, sans forcément bouger ni parler. Il la regarda et se laissa aller à ses réflexions.

Il était perdu par tout ça, beaucoup de souvenirs remontaient à la surface avec cette discussion et même s'il avait la sensation que les choses s'éclaircissaient, il était encore plus embrouillé qu'avant. Il ne savait plus quoi penser, il ne savait plus quoi faire, en cet instant là, il était comme perdu. Il avait du surpasser trop de moments douloureux et sans craquer... Jamais. Et là, il avait la sensation qu'il allait s'écrouler sans pouvoir se relever. Il plongea alors dans l'eau pour nager un moment avant d'apparaitre près de la jeune fille. Il se plaça près d'elle et vint lui murmurer un simple et doux "Merci".

Que pouvait-il ajouter? Pas grand chose, elle lui avait donné un conseil, il allait y réfléchir et peut être voir si cela fonctionne. Ou peut être pas. Peut être restera t-il comme il est à ce jour? Qui sait?

Le jeune homme ne tarda pas à lancer:

-Tu n'as pas faim? On peut aller manger un petit quelque chose non?

Le temps s'était rafraichit calmement et la douceur de la soirée commençait à apparaître, alors que le soleil se faisait plus discret... Le jeune homme sortit donc de l'eau, ayant attendu qu'Helinä le rejoigne.

(On continue dans un autre lieu? Si oui, choisis !)

Il était envieux par rapport à moi. Par rapport à ma force de pouvoir avancer. De ne pas me retourner sur le passé. Je pouvais comprendre qu’on veuille savoir la recette mystère. Mais était-ce vraiment une recette mystère? Il suffisait simplement de penser au présent et pas au passé. Son ton était à la limite de me faire peur. Mais peut-être était-ce quelque chose d’habituel chez lui. Je n’en pris pas note et je répondis à sa déclaration sur un ton doux.

- Tu sais Alfred, je pense que j’ai été assez dépressive pendant mon année de calvaire que mon père me faisait subir. Je pense que pour aller de l’avant il faut que quelqu’un vous aime plus que tout. Mon frère m’aime énormément c’est lui qui me remontait le moral quand je n’allais pas bien et il le fait toujours. Après pour ce qui est d’Aaron, c’est un petit garçon. Je l’ai porté pendant neuf mois c’est énorme tu te rends compte neuf mois dans une vie ce n'est rien mais quand c’est toi qui portes la vie tu ne peux pas faire semblant. J’ai rêvé plusieurs fois de le tuer. Je ne voulais pas de cet enfant. Mais au final c’est lui qui m’a permis de m’accrocher et de passer outre à ce que j’ai pu vivre. Je me dois de protéger mon enfant, de l’aimer, le chérir et surtout de ne pas le faire culpabiliser de sa venue au monde. Il n’a pas demandé d’être là. Il n’y est pour rien il est une victime. Alors comment pourrais-je lui en vouloir? Je ne sais pas ce que tu as vécu, mais cherche la personne qui te fera oublier. Celle qui te réconfortera quand tu en auras besoin. Celle qui serait prête à tout pour toi et qui t’aidera à oublier mais surtout qui te fera apprécier le présent pour que tu ne penses plus au passé. La personne qui me fait penser au présent c’est Aaron. C’est pour lui que je me bats. J’ai l’air forte comme ça mais il m’arrive aussi de repenser au passé mais quand mes yeux tombaient sur mon ventre rebondi ou alors que mes yeux tombent aujourd’hui sur Aaron, je ne peux qu’apprécier le moment présent.

Je m’approchais doucement d’Alfred et me mis sur la pointe des pieds pour lui faire une bise sur la joue. J’étais beaucoup trop tactile depuis que j’étais enceinte. Je me reculais lentement et lui souris gentiment. Ce n’était qu’un geste réconfortant rien de plus. À plus ça va à plus j’ai l’impression d’être trop prévenante et trop mère poule.

- Trouve juste cette personne! Et ton passé te paraîtra moins douloureux.

Je repartis sous l’eau et nageai aussi loin que je le pus. Je n’avais plus pied et j’observais ce grand bonhomme toujours debout au loin n’ayant toujours pas bougé. Je souris devant ce tableau stupéfait. Ce jeune homme avait quoi dix-neuf ans et il était si perdu par ce que je lui disais. Pour le coup je ne savais pas quoi faire.

Le jeune homme ne l'avait pas vu venir c'était certain. Il tomba comme une masse dans l'eau et bu la tasse comme un pauvre type. Il ne tarda cependant pas à remonter à la surface et se tourna vivement pour faire face à la jeune fille qui à sa surprise, était très proche de lui en cet instant. Elle était plus petite de plusieurs centimètres et il la surplomba de son regard sombre et même s'il aurait voulu lui sourire, il ne le pouvait pas, c'était dans sa nature, il ne souriait pas pour rien, fallait pas le prendre pour soi, mais malheureusement, la plupart des gens le trouvait trop austère et décidaient de ne pas en savoir davantage.

En cet instant précis donc, Alfred était face à Helinä, leurs corps se touchant presque. Ca n'a duré quoi? Que quelques secondes avant que les deux jeunes gens ne s'éloignent sans vraiment prêter attention à cet instant là. Alfred était encore sous le choc de telles révélations et il ne se priva pas d'engager cette conversation, de sa voix rauque et froide habituelle:

-Tu le prends d'une façon tellement étrange en fait... C'est sans doute ça qui est le plus déroutant. Tu dis ne pas être depressive, mais ne crois-tu pas que tu devrais justement l'être? Enfin désolé de tenir un discours pareil, mais je pense que c'est important de passer par là pour se reconstruire, non? Ne crois-tu pas que tu seras toujours bancale sinon? J'ai la sensation que ce n'est qu'un épisode parmi tant d'autre dans une vie, alors que putain mais merde! C'est un truc qui te bouffe, donc tu te souviens toujours avec le temps, qui reste gravé dans ta mémoire et qui ne peut pas s'oublier comme ça, même si tu fais semblant ou autre... C'est tellement traumatisant... Je n'arrive pas à comprendre comment tu fais en fait.... Simplement ça. Je ne vois pas comment tu as réussis à aller de l'avant, à garder cet enfant en vie et à l'aimer tout simplement... On entend que dans ce genre de cas, les mères ne peuvent parfois même pas prendre ou regarder leur enfant et toi, tu me dis que tu donnerai ta vie pour lui... Je n'arrive pas à saisir en fait, je suis un peu embrouillé, c'est un sujet tellement difficile à aborder... Je ne voudrais pas te vexée ou te faire de la peine surtout, mais je cherche juste à comprendre comment tu peux en être là aujourd'hui, après ce que tu as vécu.... J'ai également vécu des choses traumatisantes dans ma vie et je mettais plusieurs temps à m'en remettre et je crois que pour la plupart, je n'en suis même pas encore remis. Et puis je te vois... Je te regarde, toi la fille de 16 ans qui est juste devant moi. Et je me demande comment tu fais....

Le brun ne réagit pas sur le coup. Une fois remonter à la surface il ne savait pas quoi dire pour me consoler ou que sais-je encore. Je voulais le rassurer et je lui offris un sourire digne de ce nom. Mais il n’eut pas le temps de le voir en effet il s’était retourné et la seule vue que j’avais c’était son dos. Je pris quand même la parole. Pour qu'il ne reste pas sans voix et que je sache ce mal aise.

- Tu sais je ne l’ai pas dit à grand monde tout ça. Mais j’ai remonté la pente, je ne suis pas dépressive. Loin de là, j’ai un frère qui m’aime plus que tout et mois j’aime un enfant magnifique en retour. je sais que ce n'est pas facile d’entendre ça mais je me voulais être sincère avec toi je l’ai été. Après libre à toi de passer outre le fait que je sois trop bavarde ou alors de partir. Je ne t’en voudrais pas mais sache que tu n’es que le troisième à savoir ça. Alors même si cela fait à peine une heure qu’on se connaît, je sais à qui me fier. Et même si je me trompe je te fais confiance sur ce que je viens de dire. Après c’est peut-être une grossière erreur de ma part mais il faut bien faire des erreurs pour avancer. Et puis ne t’inquiète pas je vais très bien. Je ne te demande pas d’essayer de trouver des mots il est vrai que c’est impossible dans mon cas. Alors ne te torture pas l’esprit.

Okay ce n’était pas vraiment réconfortant ce que je disais mais bon. Alors que je n’avais le droit qu’à la vision de son dos un sourire apparut sur mon visage. Ce n'était le moment ou jamais! Il aimait jouer moi aussi. Je sautais sur son dos et déposais mes mains sur ses épaules et l’emmena avec moi sous l’eau. J’avais réussi bon c’est sûr c’était de la triche j’avais profité de son trouble pour m’attaquer à lui mais bon j’espérais mille fois qu’il perde ce visage fermé. Je n’avais pas dit ça pour qu’il se renferme. J’avais juste décidé d’être franche je l’avais été, il n’avait pas fui je prenais ça pour un encouragement de sa part. Je remontais à la surface en même temps qu’Alfred.

- Et je veux pas que ce que je t’ai dit t’ait refroidi, j'suis toujours là, j'suis en bonne santé, j’ai un enfant merveilleux et en plus je commence à apprécier la personne avec qui je suis. C’est plutôt bien. Tu voulais savoir qui était le père d’Aaron, je ne pouvais pas te dire que c’était mon père sans l’explication qui va avec. Tu m’aurais toute suite jugée non?

J’avais été si peu délicate en lui racontant tout. Enfin presque tout, je ne lui avais pas dit qu'enfin non ne pas y penser. Je risquerais de le faire fuir pour de bon ce coup-ci. Voilà que maintenant je culpabilisais à avoir été si bavarde. Qu’est-ce que je peux être conne parfois. Je ne suis pas réfléchie et en plus on me le dit souvent. Je devrais travailler sur ça j'suis sûr que ça m’aiderait dans beaucoup de choses. Je passais ma main devant ses yeux et repris la parole pour ne pas changer.

- Aller Jeune Homme fais pas cette tête, sinon j’aurais illuminé ta journée avant de né retirer toute trace de lumière. Et je m’en voudrais toute ma vie. En plus je veux pas d’un professeur qui me regarde comme ça. Tu ne voudrais pas faire fuir Aaron!

Je n’étais définitivement pas douée, c’est bien ce que je me disais tout à l’heure alors que j’avais apporté un peu de joie dans sa journée morose je venais de retirer toute trace de sourire sur son visage. Je me serais cogné la tête contre un mur si je n’avais pas été dans l’océan. Je souris à ma pensée ridicule.

& BIM !


Ca donnait un peu ça dans la tête du garçon. Y'avait trop de paroles à absorbé pour son cerveau, mais surtout, la nature de ces révélations étaient malsaines. Oui, cette histoire l'était et Alfred ressenti un mal aise le ronger. Comme toute personne entendant cette histoire, on se demande finalement sur qui on est tombé. Alfred se sentait un peu con, il ne trouva rien à dire, ne faisait rien, il était là, debout, la regardant, les mains posées à plat sur la surface de l'eau et le temps qui défilait...

Dans sa tête les choses s'embrouillaient car il se devait de réagir rapidement et ça, il en était conscient. La jeune femme avait fait preuve de courage et d'honnêteté. Malheureusement oui, la pilule était dure à avaler. En même temps, après une histoire pareille, on ne pouvait pas rester indemnes. Alfred ne disait rien, attendant que la jeune femme remonte à la surface.

Il avait ce putain de mal aise et mal être vis à vis d'elle à présent, en fait, son ressenti par rapport à cette histoire et Heli était vraiment mitigé: d'un côté, il l'a trouvait plus que remarquable d'avoir pris de tels choix, d'avoir eu le courage d'avancer, de continuer, de se battre malgré tout ce qu'il lui était arrivé mais en même temps, toute cette histoire le perturbait vraiment. Ca faisait beaucoup à emmagasiné d'un coup: 16 ans et déjà maman, violé par son père, mère de son frère & arrêtant les études. Mais il savait ô combien se relever après un tel traumatisme était déroutant et difficile. Il le savait très bien. Alors malgré ce mal aise, il se souvenait de trop de choses par lesquelles il était passé pour pouvoir fermer les yeux sur tout ça et lui dire bye bye. Après les dures épreuves qu'il avait du subir, sans quelques rencontres, il n'aurait jamais pu se relever.

Le jeune homme se sentit envahit d'un souffle de compassion, il avait envie de lui révéler son secret, mais après ça, les choses ne deviendraient-elles pas étouffantes? Alors qu'il s'apprêtait à lui avouer son fardeau, il se retint. Et aucune révélation ne sortit d'entre ses lèvres.

Il finit par lâcher:

-Je ne sais pas quoi dire, tout simplement parce que dans ce genre de cas, les paroles ne servent à rien et j'en suis bien conscient.

Ils n'étaient pas assez proches pour qu'il puisse lui dire autre chose. Ils ne se connaissaient pas vraiment et elle venait de lui vider son sac comme ça, en réalité, il aurait presque préféré qu'elle lui mente pour le moment, voir s'il était digne de confiance ou non. Voir si leur amitié évoluerait ou non. Là, elle venait de lui avouer quelque chose qui n'avait pas sa place dans cette conversation ni durant cette journée, ils ne se connaissaient pas...

Alfred ne trouva rien à dire, aussi, il referma son visage et se tourna, claquant ses mains sur la surface de l'eau en lâchant un léger "Putain" pour lui-même.

Si je m’attendais à ce qu’il vienne me couler. Heureusement pour moi je savais retenir mon souffle assez longtemps pour que je ne m'étouffe pas. Il me dit très bien savoir jouer lui aussi. Je souris à sa déclaration. Moi aussi je savais jouer… Bon je pense que j’arriverais pas vraiment à le couler si j’essayais. Il était trop grand, j'suis sûr que même si je m’accrochais à lui comme un singe je n’arrive même pas à le faire bouger d’un millimètre. C’était rageant. Il finit par faire la planche. J’adorais faire la planche ça me détendait facilement. Un sourire malicieux ce peint sur mon visage et c'était ma chance de le couler. Au moment où je m’apprêtais à nager jusqu’à lui je déglutis. La question tant redoutée venait d’être posée. Je cherchais un brin d’aide qui ne venait pas malheureusement pour moi pas beaucoup de personnes n’était dans l’eau et j’étais seule avec Alfred. Je pris une grande inspiration plongeait sous l’eau essayant tant bien que mal de me donner du courage. J’ouvrais les yeux sous l’eau et je ne voyais rien, l’eau bien trop salée me força à refermer mes paupières. Revenant à la surface de l’eau, je décidais de m’approcher un peu plus près du brun. J’inspirais un grands coup et je me lançais.

- Le père d’Aaron? Il fallait bien que tu poses cette question à un moment ou à un autre. Je… c’est pas facile à dire. Mon frère Polo est partie après la mort de ma mère… Je ressemblais beaucoup même énormément à ma maman. Mon père faisait tout pour essayer de combler le vide qu’était l’absence de ma mère. Pollo n’était plus là j’étais triste. Mais je ne le montrais jamais. Un jour alors que je ne m’y attendais pas mon père était rentré plutôt du travail mais son haleine était imbibé d’alcool, je n'ai rien dis, je continuais de préparer à manger.Quand…

Les mots n’étaient pas faciles à sortir. C’était la première fois que je parlais à un inconnu aussi ouvertement. Je ne sais pas pourquoi mais j’avais l’impression d’être lié quelque part à ce garçon. Alors je finis par continuer mon histoire. Ma vie... Je repris la parole m'arrêtant simplement pour reprendre mon souffle et mon courage.

- Quand un jour il me mit une gifle puis une autre avant de ne me laisser par terre, je pleurais, mais il s’était enfermé dans son bureau. Je m’étais levé avait arrêté la gazinière et j’avais été prendre une douche pour essayer d’enlever tout ça. Je croyais que j’avais fait quelque chose de mal. Je n’avais rien dis pendant plusieurs semaines il n’a rien fait et un autre soir il avait encore absorbé de l’alcool, ça devenait une habitude pour lui. Je ressemblais à ma mère, il m’en voulait d’être comme elle. Il me rua de nouveau de coups, je pensais encore une fois que je l’avais mérité je n’avais rien fait. Que faire après tout? Il finit par m’interdire d’aller à l’école bah oui quand il déchargeait sa colère sur moi les autres ne devaient pas voir mes hématomes. Un jour comme un autre m’attendant à sa colère j’étais soulagé qu’il ne fasse rien mais mon soulagement fut vite réprimé il m’emmena dans sa chambre et si je m’attendais à ce que l’homme que j’aimais plus que tout avec mon frère fasse ça. Ce soir-là il vola ma virginité, mon innocence, ma dignité et ma fierté. Oh il recommença souvent. Jusqu’à que je ne sois malade, j’avais la nausée, j’avais des sautes d’humeur. Je ne savais pas ce que j’avais après tout personne ne m’avaient parlé des risques que j’encourais si lorsque ’avais des rapports sexuels je ne me protégeais pas. Dans un moment de lucidité mon père avait eu la décence de m’emmener au docteur. Quand il me dit ce que j’avais j’étais resté neutre, impassible, je n’avais rien dit. J’étais juste monté dans ma chambre et une fois seule j’avais pleuré. Cela ne pouvait pas arrivé, je ne pouvais pas être enceinte pas à mon âge et surtout pas de mon propre père. J’étais détruite, j’ai essayé de perdre le bébé rien à faire. Il restait là et mon père ne voulait pas que je me fasse avorter. Si une chose était mieux qu’avant je ne recevais plus de coup et mon père ne me violait plus. Il avait trop peur que je perde le bébé. Il ne fallait pas que je perde son enfant. C’était le sien pas le mien après tout, je ne faisais que le porter. Jusqu’à qu’un jour je décide de fuir, de partir mais rien ne serait possible si mon père était encore là. Enfin bon j'suis pas sûr que ça va t’aider à grand-chose que je viens de te dire. J'suis pathétique n’est-ce pas? Et en plus je raconte mon histoire au premier venu. Mais au final mon garçon je l’aime plus que tout et je ne regrette pas de l’avoir mis au monde même si Aaron reste le fruit d’un viol et d’un inceste. Je donnerais ma vie pour mon petit ange.

Je replongeais ma tête sous l’eau attendant bien évidemment le rejet du brun. C’est vrai comment pouvait-il rester en ma compagnie après ce que je venais de lui dire? Je regrettais vivement d'avoir été aussi sincère envers le brun.Toute vérité n'est pas bonne à prendre.

A sa demande, il s'était approché d'elle pour nager dans les coins ou ses pieds touchaient le sol. Le jeune homme fit quelques courbettes dans l'eau avant de se faire éclabousser par Heli. L'eau salée lui piquait les yeux et il ne vit plus rien après quelques instants? Cependant, il plongea dans l'eau et disparut sous l'océan impénétrable. Ne nageant que de quelques mètres, il arriva près de la jeune femme, lui saisit les pieds et l'emporta vers lui, sous l'eau. Il prit soin de ne pas tirer trop brusquement et de prendre son temps avant de la couler, sans quoi elle n'aurait vraiment pas prit d'air. Il espérait qu'elle l'eut fait.

Le jeune garçon se plaça à ses côtés, sous l'eau, pour ne pas la perdre et après quelques longues secondes, il la poussa vers la surface, afin qu'elle reprenne sa respiration. Il la suivit de peu et, passant ses mains sur son visage pour se sécher rapidement, il lança:

-Fais attention parce que je joue très bien...

Il sourit alors et replongea dans l'eau pour ne ressortir que quelques mètres plus loin, il revint en nageant et s'approcha à nouveau de la jeune femme. Il s'installa en mode "Planche" à la surface de l'eau et voulu engager la conversation, seulement il ne trouva rien à dire. Il ne savait pas vraiment quoi dire... Mais soudain, une question lui parut intéressante, elle n'en avait pas parlé, mais Alfred se demandait quand même bien ce qu'il se passait à ce sujet là. Il finit alors, se remettant sur pieds, à poser cette question:

-Tu n'as pas évoqué le père d'Aaron, il te soutient ou bien... ?

En effet Alfred venait de réagir qu'il n'avait pas même posé cette question pourtant essentielle. En effet elle lui avait annoncé qu'elle était maman, lui expliquant sa situation scolaire et tout ça, mais aucun mot sur le père du petit. Espérons qu'il n'ait fait aucune gaffe...

Je regardais le jeune homme se lever il était accepté de m’accompagner. Tant mieux je ne serais pas toute seule. Je marchais sur le sable chaud évitant de bousculer quelqu’un qui visiblement avait aussi eu la même idée, de venir squatter la plage du lycée. La prochaine fois je réserverais une plage pour moi toute seule. Non mais c’est vrai-je n’aimait pas la foule. Pourtant dieu seul sait que j’aimerais faire de nouvelle connaissance. Mes pensées étaient très contradictoires en effet je n’aimais pas les gens en règle générale mais j’essayais tout de même d’avoir de nouvelles connaissances. Comment faire de nouvelle connaissance si je n’allais pas vers les gens? M’enfin bon pour le moment mes pieds étaient dans l’eau je pris soin de mettre de l’eau sur ma nuque. Ce n’était pas le moment de faire une hydrocution. Quoique vous me disiez l’eau n’était pas froide du tout. Je faisais vraiment ma mijaurée. Une fois que l’eau était à mes genoux je m’immergeais dans l’eau et je nageais plutôt rapidement vers le brun que j’avais obligé à m’accompagner. Reprenant mon souffle et me remettant sur mes pieds, j’eus le plaisir de constaté que je n’avais pas vraiment pied. Je hais les personnes grandes.

- Tu pourrais venir où j’ai pied, tu es trop grand, j'suis petite moi!

J’avais parlé assez fort pour qu’il m’entende et je lui souriais chaleureusement, sourire qui s’accordait parfaitement avec le temps. Il faisait chaud même en étant dans l’eau c’était quand même grave. Le soleil tapait fortement il était pourtant déjà bien quatre heures passées et pourtant j’avais l’impression que le soleil était toujours à son zénith. Je soupirais bruyamment et Alfred revint un peu plus vers le bord de la plage. Pour que je ne me noie pas sous l’effort c’était gentil de sa part.

- En attendant cette petite baignade ça fait un bien fou.

C’est vrai que maintenant que j’y repensais je n’avais pas remis les pieds à la plage depuis environ cinq mois puisque la dernière fois remontait à ma première rencontre avec Chase. Je n’avais pas remis les pieds dans une étendue d’eau depuis tout ce temps. C’était impardonnable. Mon coach m’aurait sermonné et fait faire au moins cinq kilomètres de nage. Malgré toute la Finlande me manquait, je n’avais pas vraiment d’attache là-bas mais le pays me manquait. Manquait plus que ça je devenais nostalgique et puis de toute manière si je mettais les pieds sur le sol finnois j'suis pas sûr que j’en sorte indemne. Après tout j’étais considérée comme témoin de premier ordre dans l’affaire qui se portait sur la mort de mon géniteur. Sortant de mes pensées je pris soin d’éclabousser le visage du brun, sa surprise était à mourir de rire.

-Trop de boulot? T'inquiète et ça me fera du bien de revoir certaines bases. Que cette année de redoublement me serve à quelque chose au moins!

Alfred avait voulu la rassurer un peu sur ce point là. S'il avait jugé trop contraignant de suivre les cours de la jeune fille en plus des siens, il ne l'aurait sûrement pas aidé, mais il est vrai que de reprendre certains cours lui ferait le plus grand bien.

-C'est réciproque, je te rassure.

Répondit-il à son merci. En effet, parfois, on rencontre des gens ne serait-ce qu'une journée, mais ils nous font prendre conscience de certaines choses ou valeurs dont on avait besoin pour avancer. A plusieurs reprises dans sa vie, Alfred avait été confronté à cela. Des tournants ou bien simplement des arrêts suite à des épreuves traumatisantes. Il était dans le flou, jusqu'à ce qu'il rencontre des gens qui l'avaient aidé, sans même s'en rendre compte. Paige l'avait rendu plus sincère et plus sociable et Hayden le rendait chaque jour moins morose. Le jeune homme était névrosé, mais il commençait à comprendre que de rester tel quel ne l'aiderait pas à être heureux, à retrouver ce bonheur perdu. On lui avait arraché quelque chose à un moment donné dans sa vie, c'était sûrement cet incident qui l'avait rendu à ce point presque détestable et puis au fil des années, il était devenu trop sombre pour s'approcher de la lumière du bonheur. Certaines personnes lumineuses lui faisaient donc part de cette lumière, qu'il appréciait. Mais peut être appréciait-il ça juste parce que c'était occasionnel? Ne serait-il pas dangereux pour lui d'y rester trop longtemps? Peut-être qu'il était fait pour rester comme ça. our rester l'homme sombre, dans l'ombre, regardant la vie et ses joies de loin? L'avenir nous le dira. Mais ce qui était sûr, c'est qu'Alfred était à un moment crucial de sa vie. C'était en ces jours qu'il se concentrait sur lui, sur son évolution.

Quand Helinä lui proposa d'aller retourner dans l'eau, il soupira un petit moment avant de finalement se lever (seul! Non mais oh! C'est un homme, un vrai, pas besoin d'aide ! LOL) et de l'accompagner jusqu'à l'océan. Cette scène le fit rire doucement, il avait la sensation que tous les moments importants de son évolution personnelle se passait au bord de l'eau. Paige, son agression, son coma et maintenant cette journée pleine de réflexions. Peut-être que cette jeune maman de 16 ans était justement la réponse à ses interrogations? Peut-être qu'elle renfermait en elle ce qui le ferait avancer? Par son vécu, ses conseils etc... Le jeune homme se laissa aller à cette idée.

Il l'accompagna dans l'eau et après quelques minutes d'hésitations, il plongea pour réapparaître un peu plus loin. L'eau était douce et bonne. Ni trop chaude, ni trop froide et puis ce soleil frappait un peu trop fort, certes, mais il faisait bon et ce temps ne pouvait apporter que de bonnes choses.

Le jeune homme parut surpris par mon âge, je ne pouvais pas lui en vouloir après tout qui se douterait une seule seconde que j’avais seize ans. Malheureusement ce que j’avais vécu m’avait permis de mûrir plus vite et je pense que ce fut beaucoup trop vite. J’avais perdu toute innocence le jour où mon père avait levé la main sur moi. Une maturité trop vite arrivée et alors que je n’étais même pas majeure je devais avoir des responsabilités d’une femme adulte et de surcroît les responsabilités d’une mère. J’avais seize ans et je ne pourrais jamais revenir en arrière.

Mon passé était tel qu’il était et aujourd’hui nous étions au présent, alors profitons. Il était sérieux il voulait bien m’aider à ne pas perdre le fil des études.

- Mais ça va te faire du boulot en plus si tu viens m’aider. Il ne faut pas que tu négliges tes études pour moi. Et en plus tu devras me supporter ce qui n’est pas chose facile. Mais si tu es prête à me supporter et bien je ne te dis pas non bien au contraire.

Le jeune homme était sur le ventre et je ne pouvais pas vraiment discerner son visage l’ombre m’en empêchait. Il était vrai que son aide était la bienvenue cela m’éviterait tout simplement de ne pas trop me reposer sur mes lauriers et ainsi je ne serais pas dans l’incapacité de reprendre les études si l’envie me prenait.

Beaucoup de gens s’amusaient, ils criaient, jouaient, ils ne se rendaient pas vraiment compte que la vie peut être difficile. On ne nous prépare jamais à entrer dans la vie active. Ou dans la vie adulte. Les choses ont toujours l’air tout beau tout rose quand on observe les personnes plus âgées. Mais à y voir de plus près ce n’est pas chose simple. Et encore je n’avais pas trop à me plaindre j’avais assez de sous sur mon compte en banque pour vivre facilement au moins jusqu’à mes vingt huit ans.

La voix grave d’Alfred me sortit de mes pensées il me demandait la raison pour laquelle je le remerciais. Pourquoi est-ce que je m’attendais à cette question? Je me mis à sa hauteur pour pouvoir lui dire les choses droit dans les yeux. Je tombais dans ses orbes onyx et je lui souris.

- Je te remercie parce que tu me remontes le moral pardi.

Une chose était sûre je ne pouvais pas faire plus franc ou sincère. Cette phrase était sorti du cœur. La chaleur commençait sérieusement à se faire sentir. Je me levais et demandais à Alfred s’il voulait me suivre.

- Je sais que tu sors tout juste de l’eau mais tu peux m’accompagner? S’il te plaît.

Ma voix était teinté d’espièglerie. De toute manière s’il ne venait pas, j’avais une bouteille d’eau que je me ferais un plaisir de lui vider sur le corps. En plus l’eau était relativement froide. Qu’est-ce que je pouvais avoir des réactions de gamines quand je m’y mettais. Mais j'aimais pas aller me baigner toute seule. Non en fait c'était faux j'étais douée en natation, d'ailleurs j'étais la première au club jusqu'à ce que mon père ne me désinscrive de l'école et que je suive un cursus scolaire à la maison. Oui ça aurait été contraignant que quelqu'un voit sa petite fille plein d’ecchymoses. Oublie ça Heli tu risques d'être énervé sinon et ce n'est pas le moment de l'être.

- Aller vient! dis-je en lui tendant la main pour que je l'aide à se relever.

Alfred fut une nouvelle fois surpris par la réponse de la jeune fille. Ce n'était en réalité qu'une adolescente. 16 ans. Il n'en revenait pas et il ne voulait pas forcément faire semblant de le prendre bien, pour cacher un mal aise comme la plupart des gens. Alfred n'avait pas peur d'être franc, de montrer ouvertement ce qu'il pensait, ressentait. Il leva un sourcil quand elle lui annonça depuis combien de printemps elle avait ouvert les yeux pour la première fois mais cette surprise laissa ensuite place à une image de courage encore plus forte. Bien sûr, on peut se demander si ce n'est pas plutôt du désespoir au lieu d'une forme de courage. Si ce n'est pas plutôt de l'inconscience et de la folie.

Après tout, à 16 ans oui, c'est la période des conneries, mais aussi des premières leçons, des premières fois ou on se responsabilise, les débuts d'une personne pour devenir plus tard adulte. Mais à cet âge là, nous ne sommes que des enfants. Alfred se souvint alors comment il était à cet âge là. Un sourire se dessina à nouveau sur ses lèvres. Mon Dieu. A 16 ans.... Mais il chassa bientôt ses souvenirs de sa tête pour répondre comme il se doit à Helinä.

-Non non je rigole pas. Bah justement, vu que je suis plus âgé, je peux te donner des cours y'a pas de soucis. Je pourrai m'arranger avec des gens de ta classe ou même tes profs pour avoir tes devoirs si tu veux?

Alfred était toujours allongé sur le ventre, ses coudes le retenant et son visage à l'ombre, pouvait voir l'expression sur le visage de la jeune fille. Elle semblait contente. Il en fut ravi.

-Pourquoi tu me remercie? Ca n'a pas lieu d'être...

Alfred pensait alors à la sincérité de son geste. POurquoi un tel élan de compassion envers les autres? Pourquoi un tel sens de l'amour de son prochain? Honnêtement, venant d'Alfred c'était plutôt hilarant. C'est vrai que ça clochait, que ça n'allait pas ensemble. Mais que c'était-il passé dans sa tête quand il se baignait? Qu'est-ce qui le rendait tout simplement plus gentil envers les autres personnes? Attentif, généreux? Peut être tout simplement que pour une fois, une personne venait de lui montrer une nature et une réalité plus sincère. Peut-être qu'en réalité tout cela provenait de sa rencontre avec Helinä, arrivée au bon moment dans sa vie. Il était peut être prêt à changer en fait? Qui sait? Alea Jecta Est.

Je fus surprise par autant d’énergie. Il n’avait pas fui, il avait simplement dit que je le surprenais. Je suis sûr que ma tête était à mourir de rire à l’instant même. J’étais surprise, sceptique et je me demandais s’il se foutait pas un peu de ma gueule. Mais j’eus très vite ma réponse. Il ne se foutait pas de ma gueule. Il continuait à parler, j’écoutais longuement, sagement sans jamais le couper dans ses phrases. S’il connaissait ma vie… Serait-il encore plus admiratif à mon égard. Mon fils était aussi mon frère. Je souriais moins à cette pensée. Le jeune homme s’extasiait sur mon courage, mais si mon géniteur n’avait pas été là j’aurais avorté depuis belle lurette. Aujourd’hui je ne regrettais pas même si j’aurais préféré que mon enfant naisse d’un autre père. Mais bon le passé c’était le passé, n’est-ce pas ce que Pollo se répétait à me dire. « Regarde le présent, pense à ton avenir, va de l’avant. » C’est vrai Pollo n’avait pas tort, il fallait que je passe à autre chose, mais ce n’est pas facile de se dire que votre fils à peine âgé d'un mois est né après un viol enfin j’ai même envie de dire plusieurs viols, violence faite par son grand-père, enfin du moins son père.Je culpabilisais énormément sur la raison des agissements de mon père mais je ne trouvais aucune réponse à toutes les questions que je me posais.

Je secouais la tête pour me sortir ses pensées moroses et me concentrais davantage sur le jeune homme à mes côtés. Je n’étais donc pas la seule à aimer le prénom Aaron. Je trouvais ce prénom original quoique vous me direz aujourd’hui ce prénom ne faisait plus vraiment original tout le monde aimait ce prénom. Aller savoir pourquoi.

Il me dit aussi que j’avais réussi à le faire sourire. Alors qu’il ne l’avait pas fait depuis un moment. Curieuse comme pas deux je voulais savoir pourquoi un homme âgé tout au plus de dix-neuf ans avait perdu le sourire. Il est vrai que j’avais à peine seize ans, j’avais vécu pas mal de choses traumatisantes mais j’arrivais toujours à sourire. C’était même l’une des façons de m’exprimer en plus des larmes. Mais pour en revenir au brun je ne me pensais pas aussi douée pour remonter le moral des troupes. Je lui lançais un sourire bienveillant. Je ne savais pas quoi dire, il m’avait coupé la chique, c’était bien la première fois que je me retrouvais muette devant quelqu’un. Est-ce que cela venait du débit de parole du brun ou alors était-ce tout simplement dû à l’impression que ce jeune homme me faisait. Il était pourtant allongé mais il restait imposant.Il me coupa dans mes pensées et me surprit pas sa demande. Enfin du moins il me proposait son aide, il voulait m’aider pour que je ne perde pas mes bases de la scolarité. Pour le coup il n’était pas le seul à être surpris. Il me surprenait aussi. Jamais je n'aurais pensé que quelqu’un pouvait être gentil alors qu’il ne me connaissait même pas enfin si depuis quoi dix minutes tout au plus. Un sourire bien plus franc que les autres vint fleurir mon visage.

- Tu es sérieux quand tu me proposes ça? Je… C’est vrai? Oui je veux bien mais nous ne devons pas être au même niveau scolairement parlant. Tu sais je n’ai que seize ans…

Si je ne le connaissais pas que depuis peu je ne me serais pas gêné de lui sauter dessus pour le remercier. Oui quand j’étais contente j’étais très énergique et j’aimais bien montrer que j’étais contente.

- Merci Alfred! Dis-je simplement.

Sans lui donner aucune réponse à ses questionnements après tout pourquoi le remerciais-je. Je le remerciais tout simplement pour m’avoir remonté le moral. Il était vrai qu’en ce moment je ne voyais pas grand monde. Alors trouver quelqu’un qui ne me rejetait pas et qui ne me jugeait pas me réchauffait agréablement le cœur. C’était rare de trouver quelqu’un comme ça. À ce moment même je ne regrettais carrément pas de m’être installé ici.

Alfred fut franchement bien étonné d'une telle réponse. Qui aurait pu croire que ce petit bout de femme avait donné la vie il y a de cela moins d'un mois? Il ne connaissait aucune jeune maman et il faut dire que pour lui, c'était une première. Cependant, cette surprise fut agréable. En effet, rien qu'en écoutant les paroles de cette ancienne lycéenne, il venait de sourire. Il n'avait pas sourit depuis longtemps, mais ce récit lui réchauffa le coeur. Non de pitié, mais plutôt de joie. De joie que l'Homme n'était pas perdu, mais bien encore là, présent dans quelques un de ces sujets qui gardent le courage, la foi et la volonté de se battre malgré les épreuves.

-Wow. Je ne m'attendais pas à ça! C'est... surprenant, je crois que tu es la première fille qui arrive à me surprendre!

Helinä avait eu peur qu'il parte en courant, cependant Alfred n'en avait pas jugé possible une seule seconde, il ajouta alors:

-Pourquoi devrais-je partir en courant? Je ne trouve pas ta situation effrayante, bien au contraire, c'est plutôt moi qui vais passer pour un fou, mais je trouve ça admirable en fait.

Il fit une pause puis continua:

-C'est vrai, on a je pense, le même âge et pourtant tu as déjà donné la vie à un bambin. Je pensais que ma vie était dure, mais ça ne faut qu'augmenter mon égoïsme quand j'entends une histoire comme la tienne. Tu as du vivre des moments très durs, ne serait-ce que de réaliser que tu es enceinte à ton âge. Pourtant, là où beaucoup de fille de notre âge auraient avorté, seraient parties, fuient le pays peut être, tu es restée. Tu es restée dans ton école, dans ta ville, tu as fais le choix d'assumer et d'être fière de ce cadeau de la vie et c'est surtout ça qui m'impressionne en fait. Enfin pardon, je m'emballe un peu là.

Souriant encore, il passa sa main dans ses cheveux, comme gêné. Alfred? Gêné? Ca semblait pourtant impossible en vue de sa confiance en lui, mais non, cette femme avait su lui apporter ce qu'il lui manquait: L'espoir. C'est quand on croit être au fond du gouffre qu'on se rend compte du cadeau que DIeu nous apportait. Cette fille, qu'il "connaissait" depuis quoi, 5 minutes à peine, venait de lui redonner foi dans la vie. Venait de lui montrer qu'il n'était pas le seul à s'accrocher pour retrouver le sourire et qu'un beau jour cela finit toujours par revenir.

Alfred regarda le ciel et tout d'un coup, il se sentit bien. Encore une fois, il comparait cet instant au premier vécu avec Paige, il avait ressenti quelque chose d'assez semblable. Une sensation que cette personne inconnue et lui était en réalité proche. Cette sensation de ne plus être seul. Elle avait sans doute ressenti les mêmes émotions, moments que lui à travers différentes épreuves et aujourd'hui, elle s'était accrochée.

Il la regarda et lança alors:

-Franchement je suis bluffé. Aaron est en plus un prénom que j'adore. Je trouve ça beau une telle histoire et tu vois, je crois que c'est exactement ce que j'avais besoin d'entendre. Tu vas me prendre pour un taré, mais tu as réussis à me faire sourire après plusieurs semaines sans. Là encore, double bonne impression de surprise.

Il se tourna sur le ventre pour la regarder assidument et ajouta alors:

-Pour les cours, ça serait bien qu'on suive les mêmes, je pourrai t'aider à ne pas te descolarisée afin que quand Aaron sera plus grand, tu puisses reprendre.

Le jeune homme n’était pas dérangé par ma présence et je devais bien avoué que j’étais soulagée il me donna son prénom. Il s’appelait donc Alfred, étrangement je trouvais que ce prénom lui allait très bien. Je lui offrais un sourire chaleureux avant qu’il ne s’étende dans toute Sa Grandeur sur sa serviette sur le dos. Je m’étais rassise mais je ne m’étais pas couché. J’aimais bien voir la personne avec qui je parlais. Le jeune homme avait un physique de gros nounours. Il n’était pas vilain loin de là. Je décidais que finalement je serais mieux allongée, je me remis sur le ventre passant mes mains sous ma tête et celle-ci tourné vers le brun. Il en fit de même avant de ne me demander si j’étais à Wynwood mais aussi ce que j’étudiais là-bas. Comment répondre à ce jeune homme? Comment lui dire que je suis bien pensionnaire à Wynwood mais que je ne suis plus aucun cours mon activité de maman me prenant tout mon temps. Après tout pourquoi lui mentir et inventer une histoire bancale. Dire la vérité était toujours la meilleure chose à faire. Je me redressais sur mes coudes avant qu’il ne me coupe en me disant qu’il n’était pas quelqu’un de sociable. Pourtant je n’avais pas ressenti son mal-être. Je lui souris et j’ouvris ma bouche pour ne pas changer.

- Tu n’as pas à t’excuser, pour tout te dire je n’avais pas ressenti ton asociabilité, alors t’excuses pas. Pour répondre à ta question de tout à l’heure. Tu vas pas fuir hein?

C’est vrai que j’avais un peu peur qu’il essaye de se dérober pour ne pas être en compagnie d’une maman toute jeune. Au pire je saurais toute suite si c’est un homme qui juge sans savoir ou si c’est une personne plus ou moins fréquentable. Je pris un ton plus sérieux et fixais ses yeux longuement avant de ne me décider à parler. De toute manière j'suis sûr qu’il savait déjà. La voix était bien présente et elle ne laissait rien dans l’ombre. Tout le lycée était au courant que la petite Helinä avait accouché d’un garçon du nom d'Aaron et que d’après elle mon fils était immonde. M’enfin bon je ne m’arrêtais pas sur ce genre de ragots. Tous plus méchants les uns que les autres. Je pris mon courage à deux mains et me lançais.

- Tu l’as peut-être déjà entendu mais j’ai accouché il y a un mois d’un petit garçon et étant mère-célibataire je n’ai pas d’autre choix que d’abandonner les études pour un temps au moins. J’ai eu l’autorisation enfin du moins après avoir versé une somme plutôt importante au lycée ils m’ont permis de garder ma chambre ici à Wynwood mais je ne suis plus considérée comme lycéenne. Je me consacre entièrement à Aaron. Et toi alors qu’est-ce que tu étudies ici?

Je n’étais pas vraiment douée non plus pour faire la conversation. Malgré tout j’étais timide et c’est vrai que ce jeune homme était plutôt impressionnant. Il est si grand, il fait vraiment homme, il ne ressemble pas vraiment à un jeune lycéen. Et c’était impressionnant et il était lui-même imposant. Je me tournais sur le dos m’appuyant sur mes coudes, j’observais l’océan qui était un moyen apaisant enfin du moins pour moi. J’attendais la réaction du jeune homme plutôt impatiemment je dois dire, en effet il me tardait de voir si le jeune homme préférait s’éclipser. Même si au fond de moi je pensais qu’il n’était pas comme ça. Comment appelle-t-on ça? L’instinct féminin? Oui c’était comme ça que ça s’appelait. Je tournais ma tête vers lui et le gratifia d’un sourire sincère.

Alfred avait passé un agréable moment dans l'océan. Allongé à la surface, face au ciel bleu, ses pensées s'étaient éclaircies et il se sentait presque apaisé. Ca parait con, mais c'était pourtant le cas! Le jeune homme nagea alors jusqu'à la plage, calmement, se mettant debout pour marcher dans l'eau, il regarda sa serviette, voir si rien ne manquait à vue d'oeil. Il fronça alors les sourcils en constatant qu'une personne s'était installée près de son emplacement. Il passa ses mains sur son visage pour enlever l'eau salée puis ébouriffa ses cheveux avant de sortir définitivement de l'eau et de s'avancer vers sa serviette.

Alfred cru tout d'abord qu'il s'agissait de Paige, mais quand celle-ci se dévoila complètement, il comprit que ce n'était que son imagination. Il n'avait jamais croisé cette personne auparavant, pourtant, cette plage était destiné aux étudiants de Wynwood. Il s'empara de sa serviette en essayant de ne pas en propager sur la jeune fille, qui ne tarda pas à bondir pour se présenter.

- T'inquiète pas, ça ne me dérange pas. Moi c'est Alfred.

Il sécha ses cheveux et son corps avant de remettre sa serviette sur le sable chaud et finit par s'y allonger. Sur le dos, face au soleil, la tête à l'ombre, il profita à 100% de ce soleil radieux sur sa peau. La chaleur explosa toutes les perles d'eau de son corps, abîmant ses cheveux par le sel.

Le jeune homme tourna alors son visage vers la jeune femme et se dit qu'il était temps de changer un peu sa façon de faire. Etre comme il était autrefois ne le menait pas très loin, alors il se dit qu'il vallait peut être changer de façon de faire. Il se força alors pour faire la conversation à la jeune femme:

-Tu es à Wynwood? Tu étudies quoi?

Puis se sentant absolument ridicule à jouer le rôle d'un garçon sociable il ajouta:

-Désolé, j'essaie de faire la conversation comme si c'était une habitude, mais ça n'est pas le cas. Je ne suis pas quelqu'un de sociable.

Sa voix était sèche, comme il l'était au fond de lui. Ah ces bonnes résolutions qu'on ne tient jamais. C'est tellement pitoyable.

Cela faisait déjà un mois qu’Aaron était né. Aujourd’hui ma colocataire m’avait proposé de garder le p'tit pendant quelques heures. Je l’en gratifiai pendant quelques minutes jusqu’à ce qu’elle me vire littéralement de la chambre et qu’elle me dise d’aller faire un tour à la plage. Aaron dormait tranquillement dans son lit et je vins lui faire un baiser avant de ne pas préparer mes affaires et de laisser mon bébé avec Alisa. Un panier à la main comprenant ma crème solaire, une serviette, un livre, une bouteille d’eau et un paquet de gâteaux je me dirigeais lentement vers la plage. Le soleil était au rendez-vous et je ne fus pas surprise de voir du monde sur l'étendue de sable et dans l'eau. Il y avait peu de place à l’ombre, ce n’était pas le moment de prendre un coup de soleil alors je me dirigeais vers une serviette étendue qui se trouvait tout juste sous un arbre. Il y avait bien assez de place pour deux serviettes, je n’aimais pas m’imposer aux gens de cette manière mais faut dire que soit je cramais soit je m’incrustais. Je préférais la deuxième solution et puis ça me permettrait de ne pas être seule.

Depuis que j’étais arrivée ici à Miami, j’avais beaucoup de mal à rester seule. Ce n'était pas facile quand on savait que votre père vous a séquestré et violenté pendant près d’un an voire deux. Je n’avais vu personne pendant un certain temps. Ma nouvelle insertion dans la vie sociale n’avait pas vraiment été dure, puisque mon frère était là. C’était un bonheur dont je ne me plaindrais pas. Même si Pollo était beaucoup trop protecteur, je ne le remercierais jamais assez pour sa présence.

Je pris la serviette dans mon sac et l’étendis près de celle déjà présente, je retirais ma robe, la pliais soigneusement avant de ne pas la remettre dans mon cabas. Je m’installais confortablement sur ma serviette et je me passais de la crème solaire sur mes bras, mes jambes et malheureusement pour moi je n’étais pas encore contorsionniste et je ne pouvais pas m’en mettre sur le dos. J’abandonnais donc l’idée et prit mon livre écrit dans ma langue natale bien évidemment. Je me plaçais sur le ventre enfin j’avais retrouvé ma position favorite n’ayant pas pu me mettre sur le ventre pendant environ cinq mois.Je pouvais enfin le faire. Les coudes ancrés dans le sable par-dessus ma serviette et mon livre dans mes deux mains je souris bienheureuse et ne vit bien évidemment pas le propriétaire de la serviette s’avancer vers moi. Enfin pas vers moi mais plutôt vers sa serviette. C’est en recevant des grains de sable sur mon corps dénudé qui me firent remarquer que quelqu’un s’était approché et avait retiré délicatement la serviette à mes côtés. Je me retournais lentement pour tomber sur la silhouette d’un jeune homme aussi grand que peut l’être mon frère, dans les uns mètre quatre vingt. Sa silhouette était un peu amaigri pour sa taille, ce qui le rendait quelque peu malade. M’enfin bon je ne m’attardais pas plus sur le garçon assez poilu au passage et cette pensée me fit décrocher un petit sourire en coin. Je déposais mon livre à mes côtés et pris la parole.

- J'suis désolée de m’être installé ici mais y avait pas vraiment d’autres endroits ombragés.

Je lui souris avant de me relever, une fois debout je tombais dans ses yeux noirs et je finis par me présenter.

- Je m’appelle Helinä…

Alfred avait un besoin urgent de prendre l'air. La nouvelle année scolaire avait débuté et depuis, son moral flanchait. Devoir refaire son année n'avait rien de très flatteur ni de très joyeux. Refaire une même année sans les avantages ne plaît à personne. Et oui, en grande partie à cause de son trauma et de sa disparition, il avait perdu beaucoup trop de mois d'école. Le jeune homme sortait donc de plus en plus, pour éviter de rester coincé dans l'académie.

Aujourd'hui, le soleil était clément et le vent assez doux, une journée donc idéale pour aller à la plage. Alfred n'avait pas encore reprit le sport après tout ça, mais il comptait s'y mettre sérieusement et voulait commencer par une petite remise en forme dans l'eau. Il arriva sur la plage, il y avait d'autres élèves qui avait apparemment eu la même idée que lui.

Il s'installa dans un coin tranquille, près d'un arbre pour en consommer son ombre légère et après avoir étalé ses affaires sur sa serviette étendue, Alfred enleva ses vêtements, laissant au soleil le plaisir de chérir sa peau trop pâle pour cette période de l'année. Il passa sa main dans ses cheveux et marcha vers l'océan, sentant le sable chaud bruler ses pieds. Avançant vers la mer, il se laissa aller à des réflexions intenses.

Que s'était-il passé cette année? Une relation amoureuse tumultueuse et ne menant nul part autre qu'au désastre et à la douleur? Parce que oui, bien que le temps fut passé depuis leur séparation, Alfred en souffrait encore aujourd'hui. Il avait été très amoureux de Paige et n'ayant toujours pas renoué avec les amours, elle restait la dernière à avoir ouvert une porte autrefois close. Le jeune homme ne parlait pas beaucoup auparavant, mais aujourd'hui, il se renfermait davantage sur lui même. Ne parlant presque plus, ne souriant plus, mangeant à presque, il avait perdu de sa clarté autrefois rare mais aussi son visage et son corps s'étaient amaigris dangereusement. Il savait très bien qu'il devait surmonter tout cela, mais étant seul, il y arrivait malheureusement trop lentement à son goût.

On dit que le meilleur moyen de passer à autre chose était de retomber amoureux, mais quand sa personnalité n'attire personne, que l'on est tout simplement pas fait pour parler, sourire, rigoler avec les autres gens, cela prend beaucoup plus de temps qu'à la normal.

L'eau salée vint lui chatouiller les orteils avant d'avaler ses pieds pour ensuite que ses mollets s'enfoncent dans cet abîme un peu frais. L'océan était tellement vaste, pur et simple. Une immensité d'eau qui renfermait en son sein d'innombrables espèces différentes et pourtant si complètes les unes aux autres. Alfred plongea alors, retenant sa respiration et profitant de cette sensation de mouvement souples, lui procurant cette liberté incontrôlable. Le jeune homme se laissa aller à plusieurs nages différentes, d'un bout à l'autre de la plage, pensant toujours à ces mêmes questions qui venaient lui souffler dans la tête: Paige, cette année, Hayden, Cuba, les trafics en tout genre etc...

Quand est-ce que la roue allait enfin tourner?