Mars et ça repart [ft Haily et Tracy]

Marchant toujours d'un pas mal assuré en direction de la sortie de la cafétéria, Tracy entendit qu'une voix s'élevait au beau milieu de tout ce tintamarre que pouvait représenté un lieu publique comme celui-ci. Surprise, elle s'arrêta et se retourna, sans toutefois faire marche arrière. De là où elle se trouvait elle ne risquait pas grand chose, à moins que la folle qui lui adressait à nouveau la parole ne soit dotée de bras bioniques, façon inspecteur gadget. Ce qui était fort peu probable. Elle regarda dédaigneusement la brune qui s'adressait à elle.

« Je te signale au passage que tu as commencé en laissant trainer tes feuilles par terre, j’aurais très bien pu me briser la nuque. Et puis, tu as aussi écrasé ton sandwich sur mes cheveux, alors pour ce qui est de la direction, je ne suis pas certaine qu’ils tiendront forcement avec toi. Après tout, je n’ai fait que me défendre. »
« Et même si c'était le cas, penses-tu vraiment que quelques heures de colles me font peur ? Crois-moi, j’ai vu bien pire. Et qu’on s’entende bien, je ne serais pas renvoyée, ma grand-mère ne le permettrait pas et malheureusement pour toi, ma famille est beaucoup trop riche pour qu’on ne lui refuse quoi que ce soit. »


Et blablablabla et blablabla... Pffiouuu, qu'est ce que les gens pouvait parfois être à mourir d'ennui. Comme si son histoire personnelle pouvait bien l'intéresser, qui plus est le fait d'être riche ou non n'avait rien à avoir avec tout ça. Pauvre idiote si elle savait, la fortune de sa mère aurait suffit à elle seule, à nourrir tout le continent africain pendant 10 générations. Elle rendit son sourire à Haily, d'une manière quelque peu sadique au passage. Elle choisit ses mots avec soin avant de dire :

« Il est vrai que c'était tout à fait prémédité de ma part le coup des feuilles par terre. Réfléchis donc un peu, avant de sortir des âneries plus grosses que toi. Tu es sans doute riche, mais tu n'as pas inventé la corde à tourner le vent. Tu n'as fait que te défendre, mais bien sûr... ta réponse n'était pas proportionnelle à la mienne, tu ne peux donc parler de défense. »

Elle s'arrêta un instant avant de reprendre sans se démonter :

« Tu as vécue bien pire, tant mieux. Crois-moi ce n'était rien, comparé à ce qu'il t'attends. Et ton argent n'y changera pas grand chose, car de ce côté ci j'ai aussi de très bons arguments »

Tout le monde avait ses petits secrets, elle non plus n'avait pas été très gâtée par la vie, mais elle avait apprit à faire avec, bien que cela lui en coûta chaque jour. Lasse de faire mumuse avec cette fille, Tracy tourna à nouveau les talons et partit d'un pas dynamique, cette fois-ci elle ne se retournerait plus quoi qu'elle puisse lui dire. Inquiète elle ressortit le miroir de son sac et inspecta à nouveau son visage. Ce n'était pas franchement joli à voir, c'était rouge, ça commençait à enfler... que demander de mieux pour une première semaine passée ici?
Elle prit la décision d'aller voir l'infirmière, au cas où...

Au bout d’un petit moment, l’autre fille -dont Haily ne connaissait pas le nom d’ailleurs - réussit à se remettre sur ses jambes. La voyant avancer vers elle du coin de l’œil, Haily se dit que celle-ci était tout de même courageuse et persévérante malgré le fait que cela la rendait également pathétique, voulait-elle réellement se battre avec celle qui venait de l’assommer à moitié d’un seul coup de poing ? Sous les yeux de tous les autres élèves en plus, enfin, si cette fille voulait se discréditer auprès de tout le monde, l’australienne serait ravie de participer.

Cependant, il apparut rapidement que c’était pour une autre raison qu’elle s’approchait, puisqu’elle s’arrêta à la hauteur de la Stigma et parla.

« T'es complètement timbrée ma pauvre, faut te faire soigner... Les gens comme toi n'ont rien à faire dans un lycée... Ta place est en hôpital psychiatrique, d'ailleurs je vais de ce pas signaler à la direction ce qu'il s'est passé. Crois-moi tu ne perds rien pour attendre ! »

Puis la fille se tourna et commença son voyage vers la sortie. Un sourire apparut sur les lèvres d’Haily. Sans même se lever, elle répondit à la brune qui se retourna.

«  Je te signale au passage que tu as commencé en laissant trainer tes feuilles par terre, j’aurais très bien pu me briser la nuque. Et puis, tu as aussi écrasé ton sandwich sur mes cheveux, alors pour ce qui est de la direction, je ne suis pas certaine qu’ils tiendront forcement avec toi. Après tout, je n’ai fait que me défendre. »

Il y avait ça, et le fait que la direction en question était au courant de son secret. Lorsqu’ils l’avaient apprit, Haily avait aperçut cette odieuse lueur de pitié qui apparaissait toujours dans les yeux de ceux à qui elle révélait son secret. Et puis, dans le pire des cas, elle aurait toujours le soutient de sa famille.

« Et même si c'était le cas, penses-tu vraiment que quelques heures de colles me font peur ? Crois-moi, j’ai vu bien pire. Et qu’on s’entende bien, je ne serais pas renvoyée, ma grand-mère ne le permettrait pas et malheureusement pour toi, ma famille est beaucoup trop riche pour qu’on ne lui refuse quoi que ce soit. »

Voilà, au moins elle était prévenue, ses menaces n’avaient pas le moindre effet sur Haily, si elle voulait se venger ou la blesser, il faudrait qu’elle trouve autre chose.

Ne s'attendant pas du tout à ce genre de réaction de la part d'Haily, Tracy n'eut pas le temps de réagir à l'assaut. Toujours située derrière celle-ci, elle reçut en plein dans la pommette le poing de la jeune fille. Sa tête partie sur le côté sous la violence du choc. A l'endroit de l'impact, son os émit un craquement sinistre. La douleur irradia tout le coté gauche du visage de Tracy.
Totalement sonnée, la brunette vacilla, et s'effondra à moitié quelques mètres plus loin, sur une table, où deux élèves étaient paisiblement en train de prendre leur repas. Ceux-ci tentèrent tant bien que mal de la maintenir debout. Ils lui demandèrent si tout allait bien, question foutrement débile.
Elle recouvrit quelque peu ses esprits, mais fut prise d'un vertige, les deux élèves l'aidèrent donc à s’asseoir par terre. L'un d'eux partit avertir l'infirmerie...
Elle se toucha la joue, celle-ci était douloureuse à souhait, elles espérait n'avoir rien de cassé. Cette nana était vraiment tarée, mais après tout Tracy n'avait sans doute eu que ce qu'elle méritait, on ne pouvait pas impunément continuer à martyriser les gens sans ne rien avoir en retour. A l'avenir elle se méfierait un peu plus.
Histoire de s'assurer de l'état de sa joue, elle farfouilla dans son sac à main de grande marque, y extirpa un petit miroir et s'inspecta le visage. Pour le moment, elle était juste très rouge à l'endroit ou la folle l'avait frappé, elle aurait sans doute un énorme hématome le lendemain, celui-ci passerait par toutes les couleurs de l'arc en ciel, magnifique ... Tout en espérant que rien n'était cassé, et qu'elle ne ressemblerait pas à éléphant man d'ici quelques heures, Tracy réussit à se remettre debout. Beaucoup de monde c'était amassé autour d'elle, ce devait être le spectacle de la journée, deux filles en train de se battre, parfaitement excitant pour des ados attardés. Elle en poussa quelque uns sans ménagement pour se frayer un passage, et s'avança d'un pas décidé dans la direction d'Haily, elle s'arrêta à sa hauteur.

« T'es complètement timbrée ma pauvre, faut te faire soigner... Les gens comme toi n'ont rien à faire dans un lycée... Ta place est en hôpital psychiatrique, d'ailleurs je vais de ce pas signaler à la direction ce qu'il s'est passé. Crois-moi tu ne perds rien pour attendre ! »

Tracy tourna les talons, en direction de la sortie, cette fois-ci elle ne prit pas le risque de revenir vers la fille qui lui avait foutu la raclée de sa vie. Malgré tout cette petite garce allait amèrement le regretter. A partir de maintenant il faudrait la jouer beaucoup plus fine que cela. La jeune fille n'avait pas dit son dernier mot, bien au contraire. La vengeance est un plat qui se mange froid dit-on, très bien cet adage allait être mis à exécution lorsqu'il serait temps.

Spoiler:

Une fois ses feuilles épongées, la fille les fourra rageusement dans son sac à main de grande marque, au moins, à défaut d’avoir l’air calme ou intelligente, elle avait bon goût. Elle finit par laisser tomber le sac pour se tourner vers Haily qui la regardait toujours d’un air des plus hautains. Elle se tapa alors le front, histoire d’avoir l’air un peu plus idiot ? Se demanda Haily. Puis elle parla d’un ton des plus ironiques.

« Ah mais ouiii... suis-je bête, pourquoi n'y ai-je pas pensé plus tôt? Peut-être parce que c'est le truc le plus stupide que j'ai entendu durant ces dernières 24 heures... »

Elle se mit alors à secouer sa tête, Haily arqua un sourcil, la phrase qu’elle avait dire n’avait rien de stupide, si la fille en question était trop bête pour aller demander à quelqu’un ses cours, c’était son problème.

« - Ecoute ma chère, ta vie insignifiante ne m’intéresse guère, je te serais donc gré de ne pas m’en faire part. Si tu n’avais pas laissé trainer tes feuilles sur le sol, rien de tout cela ne serait arrivé. Quant à ma proposition, si tu la trouve stupide, tu n’as qu’à ne pas la suivre, tu auras juste l’air un peu plus idiote… Enfin, si cela est possible. »

L’appétit apparemment coupé, ou bien trop énervée pour manger, l’autre jeune femme fourra sa boisson dans son sac et se dirigea vers la sortie. Haily continua alors de manger comme si de rien était. Elle ne vit donc pas l’autre brune faire volte face et revenir en douce derrière elle. Non, elle sut que l’autre fille avait fait demi-tour seulement lorsqu’elle sentit le sandwich s’étaler dans ses cheveux. Oui, dans ses CHEVEUX. Soit la seule partie d’elle qu’il ne fallait absolument pas toucher, sous peine d’une mort lente et douloureuse.

« - ça, tu vas le regretter ! » Chuchota-t-elle.

Mettant ses années de self défense en pratique, Haily se leva doucement, toujours de dos par rapport à l’autre fille. Elle serra les poings, se concentra quelques secondes et, avec toute la force dont elle était capable, elle se retourna et jeta son poings fermé dans la figure de la seconde brune qui jusque là, arborait un sourire sadique et un air vainqueur.

Malgré sa petite taille, toutes ses années à s’entrainer à la self défense et à la boxe au cas où elle recroiserait un jour un quelconque agresseur, avait permit à Haily de se renforcer. Oui, elle était petite, mais elle savait se défendre, surement mieux que la plupart des élèves de Wynwood et surtout, elle avait une certaine force. D’ailleurs, l’autre fille avait vacillé, reculant de quelques pas et amenant sa main à son visage. Bien sur, la surprise avait été en faveur de l’australienne, l’autre n’aurait pas pu deviner qu’elle réagissait toujours au quart de tour.

Haily se contenta de se rasseoir sur sa chaise, sans la moindre attention pour la fille qu’elle venait de frapper ou tous les élèves qui s’étaient concentrés autour de celle-ci afin de savoir si elle allait bien. Non, ce qui inquiétait Haily, s’était ses cheveux, d’ailleurs, malgré tout le brouhaha dans la cafétéria, c’était la seule chose qui lui importait; savoir dans quel état étaient ses cheveux.

Une fois les feuilles à peu près correctement épongées, Tracy se saisit de son sac à main et les fourra rageusement dedans, en vrac, de toute façon elles n'était plus vraiment lisibles ni utilisable, alors à quoi bon les ranger correctement. Elle laissa tombé à terre le dit sac, avant de se retourner vers l'autre brune. Celle-ci ne trouva rien de mieux à lui dire que :

« - J’imagine que tu n’es pas seule en classe, il y aura bien une grosse tête bien élevée pour te prêter ses cours. Et puis, au pire, tu demanderas au prof, il n’y en a pas tant que ça. »

Tracy ne put s'empêcher de se taper le front du revers de la main, puis ajouta d'un ton ironique :

« Ah mais ouiii... suis-je bête, pourquoi n'y ai-je pas pensé plus tôt? Peut-être parce que c'est le truc le plus stupide que j'ai entendu durant ces dernières 24 heures... »

Elle secoua la tête l'air contrit, franchement pour qui se prenait cette fille? Non seulement elle avait totalement ruiné son cours de math, mais non contente de cela elle ne prenait même pas la peine de s'excuser. Pour finir elle lui proposait le truc le plus débile de la terre. Tracy n'était pas du genre à mendier quoi que ce soit. Plutôt mourir que de demander ses cours à l'intello de la classe ou bien même au prof. Tant pis elle aurait de nouveau une bâche, après tout c'était devenu une question d'habitude avec les années. Une de plus ou de moins, qu'est-ce que cela pourrait bien changer? Rien sans doute. Elle était nulle et elle le resterait.

A bien y réfléchir, la brune était un peu comme un miroir pour Tracy. Elle prenait soudain conscience de ce que cela faisait de se faire "maltraiter" par quelqu'un. Il est vrai qu'elle n'avait jamais connu ça auparavant. C'était la première personne à lui tenir tête, d'habitude les gens s'écrasaient, mais pas elle. Cette fille était sans doute folle, ne sachant pas vraiment à qui elle venait de s'attaquer. Cette situation ne pouvait pas durer.

Pour ne rien arranger, Haily s'installa comme si de rien n'était à la seule table encore disponible, à savoir, la sienne... pffff si ca c'était pas la poisse. Tracy qui n'avait plus vraiment d'appétit et qui était à présent trop énervée pour pouvoir avaler la moindre chose, se leva, fourra son coca zéro inentamé dans son sac et prit son sandwich. Elle se dirigeait vers la sortie lorsqu'une pulsion l'assaillie. Elle fit volte face et se dirigea vers la brune, qui lui tournait le dos, son sandwich en main. Oeil pour oeil, dent pour dent. Sans hésitation elle broya ce qu'il restait de sandwich dans sa main avant de l'étaler copieusement dans les cheveux de son agresseuse. Un air de défi et un sourire sadique se dessinèrent sur le visage de la jeune femme, elle se planta au milieu de la cafét', les poings sur les hanches, attendant la réaction d'Haily...

De toute évidence, l’autre fille était trop surprise pour répliquer, tant mieux, Haily n’était pas censée se faire des ennemies, enfin pas dans la tête de ses grands-parents. D’une petite voix l’autre fille répondit tout de même.

« Je... je suis désolée, je n'avais pas vu qu'une de mes feuilles était par terre »

Puis, elle sembla se ressaisir, mauvaise idée si elle ne voulait pas finir sa pause déjeuné à se battre. Elle lança une simple phrase, mais d’un ton cinglant qui ajouta une couche à la mauvaise humeur de la Sigma Mu.

« Cela dit, tu pourrais quand même t'excuser. Ce serait la moindre des choses après une gaffe pareille. Estime-toi heureuse que je ne te fasse pas manger ton bol. »

Haily lui lança un regard noir, ne fit pas d’excuses, mais elle ne releva pas, non plus. Après tout, elle avait faim, la pause déjeunée était courte et, elle venait de s’apercevoir que la table de la fille en question était la seule de « libre ». Sans demander son avis à la fille, Haily s’assit à sa table et commença à manger son gâteau puisqu’elle n’avait plus de soupe.

« Qu'est ce que je vais faire de ça maintenant ? »

L’Australienne leva les yeux vers l’autre fille, elle se moquait éperdument de ce que celle-ci pouvait faire de ses feuilles mais nota sans lui dire qu’elle avait vraiment l’air nunuche à éponger ses feuilles de cours. Elle soupira et lui lança un regard dédaigneux avant de répondre à la question qui ne demandait pourtant pas de réponse.

« - J’imagine que tu n’es pas seule en classe, il y aura bien une grosse tête bien élevée pour te prêter ses cours. Et puis, au pire, tu demanderas au prof, il n’y en a pas tant que ça. »

Tranquillement, elle reprit une part de gâteau. Puis, elle lança un regard hautain à Tracy. Pourquoi avait-elle été si méchante avec cette fille qu’elle ne connaissait pas ? Surement parce qu’elle en voulait au monde entier et que ce jour là, elle était particulièrement de mauvaise humeur. Et puis, on ne la changerait pas, depuis l’agression, elle était toujours ou agressive ou dans un état second et cela ne risquait pas de changer de si tôt.

Quelques minutes plus tard Tracy était toujours en pleine concentration, tentant tant bien que mal de comprendre quelque chose à cet amas d'écriture que constituait son cours de math. Si seulement elle avait pu tombé malade aujourd'hui, cela lui aurait évité bien des déboires.
Mais non, pour une fois elle avait décidé d'assumer son rôle de lycéenne. Il fallait bien reconnaître que cela ne lui convenait pas forcément. Elle n'était plus vraiment habituée à ce genre d'activité... réviser, écouter les profs... Cela faisait belle lurette qu'elle avait totalement laissé de côté sa scolarité pour se concentrer sur autre chose. Comme faire du lèche vitrine, ou bien traumatiser ses pauvres camarades de classe. Il faut dire qu'elle était passé maître dans l'art de torturer verbalement les autres, pour ne rien gâcher elle était plutôt bonne actrice. Elle aurait pu intégrer une école d'art ou bien de cinéma... si ses résultats n'avaient pas été aussi catastrophiques.
Une feuille, remplie de sigles mathématiques tous plus étranges et incompréhensibles les uns que les autres, glissa à terre, sans que Tracy ne s'en rende compte.
Appuyée sur son avant bras, tenant en même temps son sandwich, la jeune fille était en train de se dire que son cas était des plus désespéré lorsqu'elle entendit un petit cri strident. Le genre de cri annonciateur d'une catastrophe interplanétaire. Elle n'eut pas le temps de relever la tête qu'un tsunami de liquide brunâtre vint s'écraser sur tout son cours de math, éclaboussant au passage son nouveau gilet rose fuchsia de chez Versace. Une pluie acide d'insultes ne tarda pas à venir s'abattre sur la pauvre jeune fille qui n'avait rien demandé à personne... pour une fois.

« Est-il possible d’être aussi cruche dans la vie ? Tu ne peux pas faire attention ou tu mets tes cours, j’aurais pu t’ébouillanter, pauvre fille ! »

Prise au dépourvu et encore sous le choc du ras de marée, Tracy ne trouva rien à rétorquer de plus qu'un petit :

« Je... je suis désolée, je n'avais pas vu qu'une de mes feuilles était par terre »

Elle se ressaisit tout de même et ajouta d'un ton cinglant, mais ne releva pas le "pauvre fille", elle n'était pas franchement d'humeur à jouer à la garce :

« Cela dit, tu pourrais quand même t'excuser. Ce serait la moindre des choses après une gaffe pareille. Estime toi heureuse que je ne te fasse pas manger ton bol. »

Elle désigna le tas de feuille totalement noyé de soupe, d'un air abattu.

« Qu'est ce que je vais faire de ça maintenant ? »

Il ne lui restait plus qu'à éponger les feuilles pour sauver ce qui pouvait encore l'être. C'est à dire pas grand chose...

Haily aimait les cours de Wynwood, étrangement, la présence des autres la rassurait. Elle se sentait comme plus grande, plus libre et plus vivante lorsqu’elle était entourée. Tout cela n’était qu’une vague illusion bien sur, mais elle adorait cette illusion. Elle, perdue et insignifiante au milieu de tous les autres, elle pouvait vivre, être libre, prendre un chemin sans que personne ne la regarde de travers en lui disant de faire demi tour. Le fait de n’être qu’une élève parmi tant d’autres la rassurait, elle n’était plus cette fille aux multiples professeurs particuliers, présents juste pour elle, juste pour qu’elle apprenne. A ce moment là, elle pouvait oublier d’apprendre une leçon sans que forcément tout le monde le sache. Evidemment, elle se devait de garder une bonne moyenne, mais elle avait gagné la liberté de faire quelques écarts à ce règlement si stricte imposé par ses grands-parents.

Elle ne connaissait pas grand monde, mais elle se sentait déjà beaucoup mieux qu’à Sidney. L’Australie lui manquait, certes, mais l’ambiance de la grande maison familiale -glaciale et morose - ne lui manquait en aucun cas. Cependant, les appels de sa grand-mère tous les midis la mettaient en général de très mauvaise humeur. Et ce jour là ne fut pas une exception.

Elle avançait d’un pas rapide à travers le lycée qu’elle commençait à connaitre pour se rendre à la cafétéria lorsque son Iphone sonna. Le numéro tant détester de ses grands-parents apparut bien évidemment. Haily se força à prendre une voix enjouée. « -Bonjour, mamie, comment allez-vous ? Le temps est-il agréable en Australie ? ». La vieille Anderson, apparemment agréablement surprise de la fausse gaité de sa petite fille commença alors un monologue sur les paysages et le climat de l’Australie qu’elle aimait tant. Puis elle demanda à Haily comment se passait ses cours, chose pourtant totalement inutile puisqu’elle payait la plupart de ses profs pour qu’ils lui annoncent eux même comment tout se passait pour l’héritière des Anderson-Holloway. «  Tout ce passe merveilleusement bien, et vous, comment allez vous ?». Comme la grand-mère se lançait dans un nouveau monologue, la jeune Australienne se dépêcha de prendre une soupe ainsi qu’un morceau de gâteau au chocolat. Ce qui constituait la plupart du temps son repas, une soupe et un dessert. Elle attrapa au passage une bouteille d’eau et remit le portable à son oreille, son interlocutrice finissait à peine son monologue.

Tout en continuant de parler à celle sui l’avait élevée, Haily passa entre différente table. Et soudain, elle poussa un cri, déséquilibré par quelque chose qui trainait par terre, elle avait faillit tomber. Elle s’était rattrapée de justesse, sauvant son Iphone et son gâteau au chocolat, mais sa soupe valsa vers la table la plus proche, se renversant presque entièrement sur le gilet d'une brune qui était posé près d’elle.

Haily posa son plateau sur la table en question et ramassa ce qui l’avait fait glisser, une feuille de cours, un cours de math, un peu comme les autres feuilles éparpillées sur la table de la fille au gilet où Haily avait posé son plateau. Calmement, l’australienne raccrocha son téléphone et s’approcha de la seconde brune. « Est-il possible d’être aussi cruche dans la vie ? Tu ne peux pas faire attention ou tu mets tes cours, j’aurais pu t’ébouillanter, pauvre fille ! »