Wynwood University
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 Cette demande osée. [Lancelot]

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MessageSujet: Re: Cette demande osée. [Lancelot]   Cette demande osée. [Lancelot] EmptySam 19 Nov 2011 - 17:11

Alors qu’elle s’était redressée, sa voix s’était doucement élevée dans le brouillard, harmonieuse, halo de lumière imperturbable qui éclairait la brume. Sa voix. Cette voix. Son harmonie. C’était à travers elle qu’il était pour la première fois parti à sa découverte. Aujourd’hui, c’était à son travers qu’elle exprimait sa souffrance. Il n’avait plus eu l’occasion de l’entendre depuis le jour de leur rencontre. Drôle d’ironie, que ce soit dés lors en cette soirée que le privilège lui était à nouveau accordé. Ses genoux flanchèrent et elle s’écroula sur le sol imbibé d’alcool, implorante. Les pupilles vermeilles se plantèrent, perdues, sur la chevelure flamboyante d’Eva. D’Eris, parce que c’était sa voix, qu’il entendait. Pas celle d’une autre. Il ne voulait plus des autres. Eris, c’était sa sœur inébranlable, la force et la puissance. Celle qui lui résistait tout en restant fidèle. Elle ne pouvait pas l’abandonner. Pas comme ça. Pas maintenant. Ferme, sa main se referma sur la sienne, étau de fer trop résistant. Il entrouvrit la bouche. Cette main trop chaleureuse, c’était celle d’Eva. Faiblesse et sensibilité. Oui, Eva, elle était faible. Eva, elle l’aimait. Eva, avait tout gâché.

Elle le relâcha, emportée en avant. Elle n’affrontait plus son regard. Elle ne l’affronterait plus. Elle avait perdu toute sa hargne, toute son énergie. Elle argua ne jamais l’avoir trahi. Si, elle l’avait fait. Elle avait commis la pire des trahisons : elle avait tué Eris. Elle releva la tête, finalement. L’ébauche d’un affront. Mais ce n’était que pour mieux l’enfoncer. Elle prononça l’infâme verdict.

Amour, amour !
Elle n’avait que ce mot là à la bouche.

Son regard se durcit, il fronça les sourcils. Il s’était penché à la hauteur de la jeune musicienne et lui murmura au coin de l’oreille :

- Amour ? Jamais entendu parler.

Il s’écarta, recula d’un pas, méfiant.

- Même le son du mot me répugne.

Elle n'ajouta rien, haussa les épaules. Et là, lui tourna pour de bon le dos avant de définitivement quitter ce bar.
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MessageSujet: Re: Cette demande osée. [Lancelot]   Cette demande osée. [Lancelot] EmptyJeu 17 Nov 2011 - 15:22

    Perdue.

    Je ne savais plus quoi penser. Mes larmes dégoulinaient, encor et encore, pour la troisième fois depuis le début de cette entrevue. Ma main me faisait mal. Mes lèvres aussi, que je mordais pour ne pas sangloter. Mon corps tremblait, mon coeur aussi. Tout ce que je voulais c'était la vérité, et rien que la vérité, mais lui croyait dur comme fer que j'étais au beau milieu d'un mensonge dans lequel je m'embourbais moi-même. Pourtant, s'il avait su. S'il avait pu ouvrir mon crâne à coup de hache, s'il avait pu y voir la trace d'un amour véritable, celui qui n'existait que trop peu. Je m'étais faite avoir. Moi aussi, j'avais été dupée, stupidement dupée. J'avais été moquée, trahie, humiliée, et par deux fois. Je m'étais vengée sur le premier, j'avais fait comprendre à l'autre que me revoir signait son arrêt de mort. Je m'étais reposée sur la seule personne qui aurait pu comprendre, qui aurait pu savoir. Qui aurait pu connaitre la paix, avec moi, peut-être. Qui aurait compris. Mais il ne comprenait pas. Il ne comprenait rien. Il bégayait. Encore et encore. Mon coeur semblait voué à une souffrance dont je ne revenais pas. Encore. Pour la troisième fois. La troisième putain de fois, je m'étais faite avoir. Mon coeur se glaçait un peu plus à chaque mots qu'il disait. Tais-toi Lancelot, arrête. Ne me teste pas. Ne me fais pas ce coup là. Pitié, ne fais pas ça !

    Mais il continua. Imperturbable. Debout. Je m'accrochais, encore. Je ne pouvais plus bouger, tétanisée. Il ne me croyait pas. Il ne me croierait jamais. J'étais donc maudite ? Je n'avais donc pas le droit, moi aussi, a un peu d'affection, un peu au moins ? Un peu de la vraie affection. Lancelot et moi n'avions rien fait, et pourtant nous l'aurions pu tant de fois. Mais nous avions cette affection pudique qui nous obligeait seulement à rester distants, de peur de briser une amitié que nous jugions trop fragile. Et nous avions raison. Nous avions totalement raison. Ma voix laissa place à tout ce que je pouvais dire d'autre. Ma voix, qui ne parla pas, qui ne pleura pas. Ma voix qui chanta, des notes douces murmurées aux pieds de la personne qui comptait à présent le plus pour moi. Lancelot allait mourir. Il allait mourir, et je ne pouvais pas faire face à cela. Mais j'aurais aimé pouvoir l'aimer, un petit peu au moins, avant qu'il ne s'en aille. Avant qu'il parte, j'aurais aimé l'avoir un peu pour moi toute seule. J'aurais aimé qu'il reste à mes côtés, jour et nuit. Qu'il s'occupe de moi comme je m'occuperais de lui. Comme je le sortais des situations difficiles, je lui mènerais une vie impossible, mais malgré tout faisable. Je lui ferais des cadeaux, je lui montrerais la personne que je suis devenue, celle que j'étais. Mais que pouvais-je dire de plus ? J'avais mal. Trop mal. Je ne pouvais pas répondre à sa question. Je ne le pouvais pas autrement. J'étais perdue. Cela n'avait que trop duré.

    "Lost in the darkness,
    Hoping for a sign...
    Instead there's only silence,
    Can't you hear my screams...?
    Never stop hoping,
    Need to know where you are
    But one thing 's for sure,
    You're always in my heart."


    Ma voix tremblait. Elle était le timbre du passé. Celui qui me permettait de chanter ma rage et ma haine. Elle était mon arme. Elle était ma vie, celle qui m'aidait à surmonter les coups durs. Cette voix. Depuis la soirée au karaoké, je n'avais plus jamais chanté devant Lancelot. Il n'en avait pas eu le "privilège". Dans ce bar plein de monde, des gens qui étaient entrés en nous ignorant soigneusement, ma voix résonna comme un doigt humide sur les contours d'un verre en cristal. J'aurais aimé te le faire comprendre. Mais tu ne comprendras jamais. Tu ne sauras jamais. Mes genoux s'entrechoquent. Mon corps tremble. Ma voix aussi. Brisée par la colère et le chagrin. Nous avons tout gâché, Lancelot. Ma main attrape la tienne, encore une fois. Je suis la Pêcheuse, qui te conduit en Enfer. Tu es mon Enfer, et mon Paradis à la fois. Sauve moi. Compose pour moi. Aime moi. Désire moi. Brûle-moi, déchire moi, tue moi, autant que tu le voudras. Montre-toi. Dévoile-moi. Comprends-moi, ne me comprends pas. Cherche-moi, trouve-moi. Ne m'abandonne pas. Ne me laisse pas. Plus jamais. Je gardais ma tête baissée. Je ne veux pas te regarder. Tes yeux inquisiteurs, ton regard perçant, ton être qui me juge, qui me commande, qui m’abhorre et m'abjure. Je suis celle que tu pourrais avoir. Celle qui t'a toujours protégée. Mais comment te l'expliquer ? Comment te le dire, si un baiser ne suffit pas ? Une sérénade ? Une chanson ? Faut-il que je me mette nue, là, devant toi ? Faut-il que je hurle, crie, pleure, jamais tu ne pourras seulement m'écouter, et atterrir. Il y a des gens qui ne peuvent pas savoir. Tu sais souffrir. Je le sais aussi. Ne me laisse pas. Pitié, Lancelot. Ne m'abandonne pas, ou je te chercherai.

    "I'll find you somewhere
    I'll keep on trying until my dying day
    I just need to know whatever has happened,
    The Truth will free my soul..."


    Je lâche ta main. Sens mon corps basculer. Mais je reste, le buste droit, les jambes sous mes cuisses, la tête baissée vers l'avant. Je suis laide. Je suis trop laide, vraiment trop laide. Mais je ne te regarde pas. Je ne veux pas, je ne veux plus. Je suis déçue, sans doute trop. Pourtant, je me dois de te répondre. Ma voix se brise, se casse et s'effiloche, dans un murmure que je voile de silence. Je te trouverai quelque part, où que tu sois. Je te trouverai aussi loin, et ça me prendra sans doute du temps. Peu importe. Je ne veux plus jouer à ça. J'en ai marre. J'en ai vraiment, vraiment trop marre.

    "Tout ce que je peux te dire, c'est que par amour, j'ai tué. Par amour, j'ai abandonné. J'ai souffert, deux fois, moi aussi. On s'est foutu de moi. On m'a utilisée. Et ça fait mal. Très, très mal. Par amour pour toi j'ai voulu te le cacher, mais je ne peux pas me taire. Pas toi. Je ne peux pas te mentir. Pas à toi. J'ai toujours été droite, franche. Je ne t'ai jamais trahi."


    Je relevais la tête. Mes yeux le regardèrent. D'en bas, il paraissait me dominer. Et c'est ce qu'il faisait. Ma voix était éraillée, et mon visage dégoulinant de maquillage rouge, débordant sur mes hideuses cicatrices. Je m'étais faite belle, pour toi. Mais ça n'avait servi à rien. Mes mains touchèrent le sol. Mais lorsque je te le dis, je te regardais droit dans les yeux. Si tout ce que j'avais fait pour toi n'était pas une preuve, alors je ne pouvais plus rien faire pour te convaincre.

    "Je t'aime. Lancelot Perez, je t'aime à en crever."

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MessageSujet: Re: Cette demande osée. [Lancelot]   Cette demande osée. [Lancelot] EmptyMer 16 Nov 2011 - 23:23

L’autre empoté là, avec son accent italien à la con, il avait osé. Osé se planter devant lui, osé lui sourire, osé s’interposer entre Eva et lui. Il avait osé le couper. Et bordel, il avait osé parler avec cet accent ! L’accent. Un Italien. Faute de pouvoir défigurer l’Espagnole, il crevait d’envie de lui défoncer la gueule, à l’énergumène. Ce petit merdeux qui venait, tranquille, se mêler des histoires des autres et étaler sa merde partout, d’ores et déjà, il ne pouvait pas l’encadrer. Il fronça les sourcils, lutta pour ne pas lui envoyer son poing dans sa gueule. Abrège et bouge ton cul de là, connard !

Il parla. Et…
HEIN ?!

Instantanément, Lancelot avait écarquillé les yeux. Un Italien purement Italien, à en juger par son accent chantant à gerber, qu’il ne se souvenait jamais vu de surcroit, connaissait son nom ?! Et la tête qui allait avec aussi, forcément. Oh, la chose aurait pu être flatteuse si elle n’avait pas été accompagnée de ce regard. Et ce sourire… Il fronça les sourcils. Bordel c’était qui ce mec ? Genre un pauvre type dont il avait sauté la copine, en soirée ? Ou sur qui il avait gerbé ? Ou renversé de l’alcool ? Il ne voyait pas vraiment d’autres alternatives, en fait.

Bref. Le fait était que là, il se penchait un peu trop sur Eva. Il lui tendit une carte. Déjà, les notes de musiques qu’il y avait dessus l’énervaient. Genre j’me la pète, bravo quoi. « Ezio Cavalli, Compositore », qu’il était écrit dessus. Euh. Ok. Jamais entendu parler. Peut-être un mec qu’il avait battu au concours Reine Elisabeth ? Ou à qui il faisait de l’ombre ? Oh qu’importe ! Il en avait rien à battre de ce cinglé de toute manière (même s’il ne peut s’empêcher de penser mille insultes quand il lui donna un coup d’épaule) !

Eva s’était redressée. Derechef, leurs regards s’étaient mêlés. Elle soupira. Elle avait l’air dépitée, mais il s’en foutait royalement. Dépitée pour quoi, exactement ? Pour avoir gâché sa soirée ? Elle pouvait bien. Elle commença à parler, prétexta que pour répondre à sa question, elle devait lui « montrer ». Quoi ? Le musicien recula d’un pas. Non ! Trop tard. Ses mains de violoniste se refermèrent sur ses épaules. Elle le contraignit à reculer jusqu’au mur, l’y plaqua. Puis, doucement, elle l’embrassa. Il s’était figé, comme incapable de réagir. Comme si… comme si le temps s’était arrêté, et lui avec. Elle ne comprenait pas. Elle ne comprenait rien. Et elle ne le laissait pas s’expliquer. Elle brisa le contact, enchaina. Elle ne comprenait pas qu’il savait son baiser sincère aujourd’hui. Mais que justement, c’était aujourd’hui. Et un baiser. Ce n’était jamais qu’un baiser. C’était… l’instant présent. La traduction de ce qu’elle pensait là, maintenant, dans ce bar, face à lui. Mais après ? Quand elle sortirait ? Demain ? Dans une semaine ?

« Si peu… ». Elle revenait à la charge. Elle s’était saisie de sa main, tendrement, tenta de calmer sa colère vis-à-vis de son dernier aveu. Elle le serra dans ses bras. Il aurait voulu lui rendre l’étreinte, mais il n’y parvenait pas. Il était toujours immobile, face à elle. Elle le supplia, tomba à genoux. Les iris vermeils glissèrent machinalement sur sa forme effondrée. Il avait déjà donné son verdict, et il ne reviendrait pas en arrière. Mais, de toute évidence, elle n’était pas encore assez mature pour le comprendre. Qu’importe. Un jour, elle saisirait.

Il secoua la tête.
En fait, il buguait toujours sur l’autre détail.

- Non mais c’est… c’est vraiment sérieux ce que tu as dit là ? Parce que là tu es sincère, mais tu peux pas savoir si tu le seras encore demain. Et imagine… on… on se retrouve ensemble après une semaine, et admettons que je retourne en France, avec toi. Ou que je cède à ce que tu me demandes et… et là tu te mets à regretter de m’avoir dit ça. Mais c’est quelque chose de sérieux. Tu peux pas tout effacer… et moi je suis coincé avec une fille qui voudrait pas être avec moi et qui voudrait tout effacer…
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MessageSujet: Re: Cette demande osée. [Lancelot]   Cette demande osée. [Lancelot] EmptyMar 15 Nov 2011 - 21:04

    Il allait revenir. Il allait forcément revenir, il ne pouvait pas me laisser comme ça, il allait revenir. Il allait revenir, comme il était revenu à l'hôpital. Mais pourquoi, aussi, pourquoi avais-je été aussi stupide ? Je le savais, pourtant. Lancelot ne supportait pas la vérité. Je me sentais à présent démunie. J'avais perdu, encore une fois, ce à quoi je tenais plus que tout au monde. Je lui avais fait du mal, tellement de mal, beaucoup de mal. Sans doute s'était-il retenu, lui aussi, de me gifler ; mais ce qu'il me dit avant de quitter les lieux me fit autant d'effet qu'une gifle.

    Prendre des vies, c'était déjà atrocement égoïste.

    J'étais fatiguée, tellement fatiguée. Fatiguée de tout cela, fatiguée de lui courir après pour éviter qu'il ne tombe en désuétude. Mais sitôt qu'il ait quitté les lieux, il se jeta de nouveaux dans les bras de l'Enfer. Je ne pouvais plus rien faire pour lui. Il devrait se reprendre en main seul. Et j'espérais, de tout mon coeur, de tout mon être, qu'il le ferait. Oui, vraiment, qu'il le ferait. Qu'il se sortirait de ce pétrin. Je regardais mon verre, pensive. Le vidais d'un trait. Un vertige me prit, et ma tête heurta la table. J'en avait marre, vraiment. Marre de toujours devoir lui courir après. Si seulement tout avait été plus facile, s'il avait été heu... normal. Non, je n'aurais pas été son amie, s'il avait été normal. J'aime les gens bizarres. C'était de notoriété publique. J'aimais tous ceux qui étaient étranges, curieux, qui se démarquaient. Et là pour le coup, je n'allais pas être déçue, mais alors pas du tout.

    Lorsque j'entendis le raclement de la chaise, je levais la tête. Il était revenu. Mon Lancelot. Il était rev...

    Ah, non.

    Euh, c'était quoi ça ? Un type venait de s'asseoir face à moi, les cheveux en bataille, habillé comme au XVIIIème siècle, un sourire stupide aux lèvres. Il avait dû entendre toute la conversation, j'en étais sûre. Cependant, il s'avéra qu'il n'était pas aussi désagréable que cela. Plutôt que de me demander ce qu'il s'était passé, il s'occupa de ma main. Et me fit rire. Oui, rire. Cela faisait longtemps. Mais quel clown ! Rien que pour le principe de "pleurer avec moi" ce petit bonhomme s'était sifflé un verre de vodka cul sec. Il en pleurait le pauvre, et toussait comme un perdu. Entre mes larmes, j'eus l'esquisse d'un sourire. En voilà un qui n'avait pas froid aux yeux lorsqu'il s'agissait d'emballer. Mais le comique qu'il dégageait, la joie de vivre et la liberté que respirait ce petit homme face à moi m'avait réellement donné comme une seconde respiration. Lorsqu'il me vit rire, il crut que la partie était gagné. Il regarda rapidement dehors, puis tourna la tête vers moi. Et parla vite. Un peu trop vite ?

    "Je m'appelle Ezio, je suis à l'école Ouinewoud, là bas. Vous connaissez ?

    - Oui, j'ai étudié là-bas.
    - Alors vous viendrez me voir ? Ou moi, je pourrais venir vous voir ?"


    Eh ben, on pouvait dire qu'il n'allait pas par quatre chemin. Je lui souris gentiment. C'était donc un italien. Bien que curieusement accoutré (je n'avais rien à dire) il m'avait faite rire, alors que Lancelot m'avait déchirée en deux. Je ne savais pas où il était en ce moment. Et finalement, lorsque la sonnette d'entrée du bar tinta, je ne croyais pas une seule seconde que cela pourrait être lui. Alors, retirant ma main et observant mon bandage, je lui lançais.

    "Il faudra que j'y réfléchisse. En attendant, merci pour t...

    - Casse-toi Dracula, tu veux ? Tu trouveras
    pas ton compte avec celle-là. Elle vaut plus que ça. Enfin, j’peux
    toujours te présenter à la petite brune qui n’attend que de se faire
    sauter. Tu sais ? Dehors."

    Ah, oui.
    Lancelot ne lâcherait jamais l'affaire de cette manière.
    Ses yeux percèrent ceux d'Ezio de part en part. N'importe qui aurait détalé la queue entre les jambes. Il n'était pas calmé, pas le moins du monde. Et le fait qu'il m'ait sans doute vue parler à ce jeune homme n'avait fait qu'augmenter sa rage. Ezio défia Lancelot du regard. Ses yeux se froncèrent, mais il lui tourna résolument le dos, pour s'adresser à moi. Ses prunelles n'étaient pas les mêmes, quand elles me regardaient. Du moins, aimais-je me le faire croire. J'avais détruit ses espoirs, parce que j'avais dit la triste vérité. J'avais compris sa réaction. Mais je refusais de le laisser me détruire, moi. Certes, j'avais fait des erreurs. Mais je ne voulais plus la faire. Je ne voulais plus souffrir à cause de lui. Mon regard se fit dur. Mon maquillage avait coulé. J'étais absolument hideuse. Mais je m'en fichais. Nous venions de nous briser, tous les deux. Nous venions de nous dégoûter mutuellement. La barrière était franchie. Nous avions dit les mots de trop. Derrière les décombres, il y avait de quoi reconstruire, je le savais. Mais je ne pouvais pas rester comme ça, à ne pas comprendre.

    - Co... comment tu le sais ? Ce que tu
    m’as dit, avant. Tu… tu es sûre de ce que tu as dit ? Parce que… comment
    tu peux le savoir ?


    Blague.
    Mais Ezio ne me laissa pas le temps de répondre. Il se leva, fit face à Lancelot. Ils faisaient la même taille, mais Ezio paraissait moins imposant. Et pourtant. Il jeta un sourire glacé à Lancelot. Un sourire qui voulait tout dire, mais que moi je ne parvins pas à comprendre.

    "On se reverra, Perez, sois-en sûr. Je n'en ai pas fini avec toi."


    Euh... il connaissait Lancelot ? Je fronçais les sourcils, mais je n'eus pas le temps de dire grand chose. Il s'était déjà penché vers moi, et me tendit une petite carte cartonnée. Des notes de musique la décoraient et au centre il y avait un numéro de téléphone, ainsi que "Ezio Cavalli, Compositore". Ah. Ils devaient se connaitre dans le monde de la musique. Un compositeur qui me courait après ? Je m'en sentis très vite flattée. Je lui adressais un demi-sourire.

    "
    Prenez ceci, Eva. Au cas où. Bon courage, me dit-il avec un clin d'oeil.
    - Je n'y manquerai pas. Encore merci."

    Nous y étions.

    Il quitta notre table, non sans donner un bon coup d'épaule à Lancelot. Moi ? Je me levais également. J'avais laissé tout ce que j'avais dans les mains. Je devais puer l'alcool. J'étais une véritable loque. Mais je m'en fichais. Je levais les yeux vers Lancelot. Il était temps qu'il comprenne. Qu'il comprenne que je souffrais, et beaucoup. Mais je n'allais pas faire la bégueule. Après tout, il était revenu. Je poussais un long soupir. Un soupir qui voulait sans doute lui laisser comprendre à quel point j'étais harassée par tout cela.

    "Tu veux dire, si je suis certaine d'être tombée amoureuse de toi ? Eh bien, je vais te le montrer. Ne viens pas pleurer ensuite."


    Je l'attrapais par les épaules, et le plaquais violemment contre le mur. Peu importe ma main, Ezio, le sang, la colère, le chagrin. Il voulait voir si j'étais sincère ? Il allait. D'un geste doux cette fois, je l'embrassais. Une troisième fois depuis que nous nous connaissions. Mais ce baiser, il n'avait rien à voir avec les autres. Ce baiser, il s'enflamma aussitôt que je sentis son contact contre moi. Moi, je m'enflammais. Je m'agrippais à sa nuque, fourrageais dans ses cheveux, fermais les yeux, et me laissais basculer en Enfer. Il était temps. Ce serait sans doute le premier et le dernier, alors autant en profiter. Il sentait l'alcool. Moi aussi. Nous venions de nous disputer. Peu importe. Il voulait en comprendre la sincérité. Il allait. Je n'allais certes pas renoncer à lui montrer. J'en avais envie depuis longtemps, mais je me faisais violence. Pour ne pas le blesser. A présent, je n'avais plus rien à perdre. Et je mis, dans ce premier vrai, et sans doute dernier baiser, toute l'affection, l'amour profond que j'éprouvais dès à présent pour mon compositeur français. Lorsque je me séparais de lui, j'ouvris les yeux. Ils plongèrent dans les siens. Sans pudeur. Je venais de me mettre à nu devant lui. Pour la première fois de ma vie. J'avais embrassé mon ami comme je n'avais jamais embrassé personne. Et j'en avais presque honte. Mais peu importe. Je le regardais. Un regard plein de honte. De honte de moi-même, pour être tombée amoureuse de lui.

    "Je ne voulais pas. Je te le jure, je ne voulais pas. C'est arrivé comme ça. Je sais ce que c'est, l'amour. C'est avoir mal. Et j'ai mal, tu peux me croire. Mais je te demande si peu. Si peu..."


    Je pris sa main. Doucement. Comme demandant sa permission. De rester lui-même. De faire comme si c'était toujours moi.

    "Je voudrais juste... je ne voulais pas te le dire, putain ! Pourquoi est-ce que tu m'as faite sortir de mes gonds ? Maintenant, tu ne vas plus me regarder pareil. Je serais celle-qui-a-brisé-notre-amitié. Je serais le monstre, la fille stupide qui est encore tombée amoureuse de quelqu'un d'inaccessible. Mais maintenant je me suis faite une raison Lancelot. Tu ne m'appartiendras jamais, comme tu n'appartiendras jamais à personne. Tu es comme ça. Et je le sais. Je ne te demande rien de ce côté là."


    J'attrapais les pans de sa veste. Me serrais contre lui. Comme à l'hôpital. Déversais mes larmes contre sa veste de supplicié. Comme une amie, comme une amante, comme il le voulait. Je ne voulais plus me cacher. Mais cela, je ne le lui demandais pas.

    "Mais je t'en supplie Lancelot... Ne me fais pas encore souffrir... une fois. Laisse moi une tentative, une chance... Accorde moi le bonheur, au moins un petit morceau... Je t'en supplie, putain !"


    Impossible de finir. Je ne pouvais plus. Je tombais à genoux, mes mains encore posées sur sa veste. La tête baissée, encore. Suppliciée. Pêcheuse, peu importe ce que j'étais. Nous avions dépassé les bornes. Mais il était encore mon frère. J'étais encore sa soeur. S'il le voulait toujours. Il serait sans doute capable de me pardonner. Lancelot... Pardonne-moi, je t'en supplie...

    Une fois au moins, laisse le feu faire fondre la glace.
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MessageSujet: Re: Cette demande osée. [Lancelot]   Cette demande osée. [Lancelot] EmptyMar 15 Nov 2011 - 13:33

Trahi.

Il se sentait trahi. Il venait de quitter le bar et, curieusement, il était hanté par l’étrange sentiment d’être celui qui avait été abandonné. Quand ? Co… comment ? Comment cette fille qu’il avait qualifiée de « miracle » le jour de leur rencontre s’était-elle métamorphosée en son apocalypse ? Comment ce timbre salvateur qui toujours l’avait bercé pouvait-il s’être fait aujourd’hui si destructeur ? Et pourquoi ? Pourquoi découvrait-il sa sincérité d’antan peu à peu gangrenée par le mensonge ? Parce qu’à bien y réfléchir, ce qu’elle avait dit, ça ne pouvait être sincère. L’amour, quelle belle affaire. C’était le genre de choses instables, incertaines. Un domaine pour lequel il n’existait pas de certitudes. Et Eva était intelligente. Elle savait ces choses-là. Il était donc impossible qu’elle ait pensé ses murmures. Alors… elle aussi ? Elle aussi allait jouer au jeu favori de Deila ? Elle aussi allait lui servir cette pitoyable excuse, au passé, au présent, au futur, conjugué à tous les temps et tous les modes, dans l’espoir de faire de lui ce qu’elle voulait ? C’était l’unique conclusion qu’il parvenait à émettre. L’unique conclusion qu’il pouvait accepter. Alors quand ? Quand son amour pour la clairvoyance s’était-il métamorphosé en cette dévorante soif de conquête ?

Vraiment ?
Non, non. Elle n’était pas comme ça.
Pourtant…

Faster.
C’était le nom de la chanson qui les avait unis. Paradoxe, puisque c’était aujourd’hui, au crépuscule de leur relation, que les paroles prenaient sens. Elle était leur opposition. Lui, lancelot, l’être de glace, l’esclave du déboire aux mains liées par la platitude et le flegme de ses propres sentiments, l’être serviteur du mensonge, du semblant et de leur confort, jouet de la mort désireux d’être celui de la vie. Et elle, Eva, l’être de flammes, l’insoumise sauvage embrasée par la véhémence de ses émotions et la beauté de la franchise, l’unique directrice de sa destinée, volontaire et obstinée. L’esclave de la vie, incapable d’affronter ou de comprendre immobilisme et illusions.

- Hey ! Lancelot ! piailla une voix de crécerelle.

Ouch.
Une boule de nerfs bondit à son cou et posa un baiser maladroit sur sa joue. Il fronça les sourcils. Pas de doute. Elle était encore là, celle-là ?

- T’es d’retour alors ?
- Hm.
- La soirée est à nous maintenant, donc ?
- Hm.

Elle l’embrassa. Lui ne cilla pas. Oh, il ne lui rendit pas ses baisers, ni ne se fatigua à passer ses doigts dans sa chevelure délicate, histoire de lui montrer une quelconque attention. Il se laissa faire, tout simplement.

… pourtant cela ne changeait rien. Parce qu’elle n’était pas constante, justement. Tout ce qu’elle pouvait ressentir, tout sans exception, elle l’irradiait. Les sentiments se bousculaient en elle, boule d’énergie indomptable. Comme le feu, elle s’enflammait. Comme le feu, elle était instable. Comme le feu, elle faisait d’une étincelle un incendie. Voilà pourquoi il ne pouvait lui faire confiance, pourquoi il était persuadé qu’elle se trompait. Ils étaient proches. Une amitié fusionnelle. Les émotions se mélangeaient certainement dans sa tête.

Bordel, pourquoi se priver ?
Les mains du musicien se refermèrent autour de la nuque de la jeune femme. Eva l’avait énervé. Alors il allait les lui rendre, ses baisers. Et plus si affinités. Il la plaqua contre la vitre du bar, fit courir ses mains et ses lèvres sans pudeur sur ses formes impures.

Et c’est là qu’il vit l’inimaginable. L’impensable. L’impossible. L’insulte, le déshonneur !
Eva causait avec un pauvre type qui la draguait ouvertement ! Et quel type ?! Il était fringué comme lui se serait habillé en soirée costumée, style Empire Viennois du dix-huitième. La perruque avec ! Et putain. Il avait la même. Rien que pour ça, il l’aimait pas, ce pauvre con. Enfin aussi parce qu’il causait avec elle. Bref. Encore un crétin qui n’avait pas compris qu’il était stipulé dans la loi qu’il était strictement interdit de sortir de chez soi déguisé, hormis en jours de fête, et qui n’avait pas non plus compris qu’Eva, c’était SA ‘propriété’, et qu’il ne partageait pas.

Alors pas question de laisser faire ça !

- Bon, jy vais Sandy.
- Hein ?
- Ou Coraline, ou Stéphanie, ou j’men branle de ton prénom bordel !

Chose dit, chose faite, il rentra derechef dans le bar. Et…

QUOI ?!
Oublié l’alcool.
Elle riait ? Il était entrain de la faire… rire ?! Mais c’était quoi ce bordel ? Genre il se barrait et deux minutes après elle était déjà consolée par les débilités d’un vieil obsédé à la recherche d’une fille à baiser ? Il l’avait laissée en plan pour qu’elle réfléchisse, pas pour que ce connard l’allume et lui bourre le crane de confortations mielleuses !

PAF.
Ses iris vermeils se plantèrent dans ceux de l’énergumène, peu amènes.

- Casse-toi Dracula, tu veux ? Tu trouveras pas ton compte avec celle-là. Elle vaut plus que ça. Enfin, j’peux toujours te présenter à la petite brune qui n’attend que de se faire sauter. Tu sais ? Dehors.

Point final.
Il ne valait pas la peine qu’il s’y intéresse davantage.
Il se retourna. Dos à l'autre mec. Genre t'es absolument pas le bienvenu.
Au tour d’Eva.

- Co... comment tu le sais ? Ce que tu m’as dit, avant. Tu… tu es sûre de ce que tu as dit ? Parce que… comment tu peux le savoir ?
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MessageSujet: Re: Cette demande osée. [Lancelot]   Cette demande osée. [Lancelot] EmptyLun 14 Nov 2011 - 23:50

    Bon, euh. Moi, je voulais juste boire un coup, hein.

    J'étais arrivé de Rome depuis à peine quelques heures, et voilà que je me retrouvais là, dans ce bar, à siroter un petit demi à une table alors que j'écrivais l'ébauche de quelques partitions. Le voyage avait été long, fatiguant. J'avais voulu déposer mes affaires à Wynwood, et puis, mû par une soudaine envie de connaitre les quartiers de Miami, j'étais allé me balader, et j'avais fini là, posant mes fesses sur une chaise, au milieu du brouhaha des paroles, de la radio et de tout le reste. Pour ce qui était de trouver le Pérez talentueux disait-on, je verrais cela plus tard. Je n'avais pas fini mon aria, et pour moi c'était absolument intolérable. Donc, mon verre à la main, le bruit stimulant mes neurones et les gens qui commençaient à regarder mes fripes de travers, j'avais attrapé un crayon, un bloc de partitions et j'avais commencé à écrire. En fait, si on me regardait, on aurait pû croire que je sortais d'une autre époque. J'avais tenté de moderniser mes vêtements, mais s'ils étaient trop modernisés, je trouvais cela moche. Alors j'avais gardé mes vêtements d'époque, mes perruques, mes encriers. Je vouais une vénération totale au genre classique, que ce soit dans la musique, l'art, la manière de s'habiller, ou les évènements de l'histoire. Curieusement, non sans aimer la musique de mon pays, j'avais été fasciné par la musique viennoise, et je me concentrais beaucoup dessus, lors de mes travaux. Mes partitions étaient des pattes de mouche que seul moi pouvais lire, et c'était une vraie marque de fabrique chez moi, que de rendre mes originaux illisibles.

    Ainsi, absorbé dans ma composition, j'avais jeté un oeil dehors pour essayer de trouver l'inspiration dans la ville dans laquelle le soir tombait. Mais quelque chose avait attiré mon regard. Quelque chose de...

    Rouge.
    WAOUH.

    La Créature entra. Sa robe blanche vaporeuse semblait faire d'elle la princesse d'un opéra que je n'aurais jamais cru possible d'écrire. Elle était... parfaite. Son maquillage dessinait des coeurs brillants sur ses joues, ses yeux verts cerclés de noir à grands coups de khôl semblaient appeler l'homme qui se trouverait à proximité d'elle. On ne pouvait pas ne pas la remarquer, tant par son apparence que par la présence qu'elle dégageait. Elle avait de nombreuses cicatrices sur son visage, des marques de coupure. Mais ça lui allait bien. Des yeux farouches. Une beauté sauvage. Et oh miracle ! Elle venait de s'asseoir à une table libre ! Merveille des merveilles. Une femme parfaite. J'aurais aimé entendre sa voix, mais elle s'assit loin de moi, près de la fenêtre. Elle regardait au loin, perdue dans des pensées bien à elle. Son calme n'était pas normal. On aurait dit une bombe à retardement. Une femme qui ne se laissait pas marcher sur les pieds. Mon dieu qu'elle était belle. Une biche. Et elle était seule ! Alleluja !

    Mais au moment où je décidais de me lever pour faire mon numéro de drague spécial Italiano en chaleur, un jeune homme entra en titubant et en riant curieusement. Il s'assit lourdement en face de la beauté surnaturelle. Déposa un baiser sur sa joue.

    Damned. Dieu venait de m'abandonner.

    Je ne suivis pas la conversation, épier n'était que moyennement mon truc. Je savais que si on voulait apprendre quelque chose de juteux à propos de quelqu'un, il suffisait de le demander à quelqu'un qui épiait déjà suffisamment pour qu'on s'en donne suffisamment la peine. Voilà pourquoi j'évitais de me confier, en général. J'avais manqué de perdre ma réputation avec tout ce bordel. Enfin bref, j'essayais de me replonger dans mon écriture, cherchant à oublier la Créature mystérieuse, ma Reine de la Nuit. Si seulement j'avais pu lui parler, pour savoir si elle avait un peu de Q.I en plus de la beauté ! Et puis, au moment où la concentration revint, des cris me parvient de l'autre bout de la salle. Un cri féminin, masculin, des mots un peu trop fort pour ne pas être écoutés par tout le monde. Une histoire de gosse, de maladie. Deux prénoms. Eva. La beauté sulfureuse s'appelait Eva. Et...

    Omagad.
    LANCELOT ??

    Attendez. Le mec, là, le type complètement pété qui était entré taper un bécot à ma beauté splendide était LE Lancelot ? Non. Impossible. Pourtant le nom fut répété plusieurs fois, et là je ne pus pas me défiler. C'était bien lui. ça commençait bien, s'il se mettait déjà à me piquer mon gibier...

    Bruit de verre brisé. D'une gifle retentissante. De cris, de hurlements. Que je ne comprenais pas, que je ne voulais pas comprendre. Les gens commencèrent à sortir, mais moi je restais. Je n'allais pas me faire emmerder par le dénommé Lancelot alors que je n l'avais toujours pas rencontré, si ? J'en profitais d'ailleurs pour le regarder d'un peu plus près. Eh ben. Bonjour la zone, hein. Et puis, il se leva. Murmura deux phrases que je ne compris pas. Tourna les talons, et s'en fut. Alors je pus la regarder à loisir. Elle avait pleuré, son maquillage avait coulé. Bon dieu que je détèstais les hommes qui faisaient pleurer les femmes. Et... elle était blessée ?! Sa main saignait. Toute sa main, intérieur et extérieur. Houla. Cette fille devait être une pro du... scandale. Heureusement que j'avais une trousse à pharmacie sur moi (oui, de nature maladroite je me blessais souvent pour rien, alors autant avoir de quoi tenir.). Elle était de nouveau seule. Regardait le type dehors. Elle s'apprêta à se lever, mais renonça. Elle resta là, fixe, son verre rempli d'un liquide transparent qu'elle siffla d'un trait, avant de s'effondrer. Je me demande bien ce qui se passait entre ces deux là.

    En tout cas elle était de nouveau seule, merveille ! Dieu avait repris du service.

    Je n'hésitais pas. Je me levais, traversais la salle d'un pas ferme. Je risquais de m'en prendre une, mais peu importe. J'en avais pris, des claques, dans ma vie. Une de plus ou une de moins... Lorsque je tirais la chaise de mon ami Lancelot, elle redressa la tête, pleine d'espoir...
    ...Et fit carrément la gueule lorsqu'elle me vit, moi, et pas l'autre, là.

    ... sympa la gonzesse.

    "Foutez moi le camp, le spectacle est terminé"
    , grogna-t-elle à mon égard.

    Un soupir. Vraiment, il fallait tout faire soi-même.

    "Je viens soigner votre main, mademoiselle. Vous avez des éclats de verre, vous feriez mieux d'aller à l'hôpital.

    -Je n'ai besoin de personne je vais b...

    -Tatata. Votre mimine s'il vous plait. Après je m'en vais, promis."


    Elle grogna. Mais me donna sa main.
    Yes.

    "Vous voulez un café ? ça va vous requinquer.

    - Je vais très bien, je suis en pleine forme."


    Elle éclata en sanglots.
    Ah ouais, hein, ça se voyait tiens. J'attrapais sa petite menotte, et enlevais le reste du verre. Passant un peu d'alcool dessus, je la vis serrer l'autre poing. Une prière muette m'évita la boucherie, du moins je crois. Je fis un bandage léger autour de sa main et de son poignet, et le tapota doucement.

    "Voilà, c'est fini. Mais je reste.

    - Mais vous aviez... Vous aviez dit.

    - Je suis un gentleman, mâdâme. Je ne laisse jamais une aussi belle femme pleurer toute seule. Garçon deux vodka, per favore !"


    Lorsqu'on me servit mon verre je le bus d'un trait. Je n'étais pas habitué à l'alcool, et les larmes me montèrent aux yeux. Je lui fis un sourire tout en toussant.

    "Vous voyez ?"


    Son rire éclata dans la salle. Un rire timide, un rire d'enfant qui commençait à être consolé. Avec un peu de chance, j'allais la faire sourire ! Qui sait. Après tout, j'étais Ezio Cavalli, non ?
    Ah, ben non. Je vis un type arriver rageusement dans la rue. J'avais déjà vu sa trogne... c'était pas le type avec qui elle...
    Ah merde, mais pourquoi il revenait à la charge lui ?!
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MessageSujet: Re: Cette demande osée. [Lancelot]   Cette demande osée. [Lancelot] EmptyLun 14 Nov 2011 - 22:53

C’était étrange, cette sensation de ralenti qu’infligeaient l’alcool et la colère. Tout semblait lent, et paradoxalement, trop rapide. Lent parce que les gestes semblaient durer une éternité. Rapide, parce que malgré cela, nul n’avait le temps de réagir. C’est ainsi que Lancelot avait vu Eva se redresser. Il l’avait vue lever sa main, hargneuse. Et pourtant, ce n’est que lorsqu’elle la plaqua violement contre sa joue qu’il comprit la signification de ses mouvements. Il resta là, pantois, à la fixer comme si elle venait de commettre un crime, un peu paumé. Sonné, surtout. Et plombé d’incompréhension. Elle avait frappé fort. Il fronça les sourcils. Pourquoi, d’ailleurs ? Il s’apprêta à hausser le ton. Elle lui coupa l’herbe sous le pied, l’insulta. Ouais. Il était con. Salaud, connard, cabron, tout ce qu’elle voulait. Mais bordel, c’était pas une raison pour en venir aux mains ! Et c’était quoi ce prétexte à la con, « maintenant tu vas m’écouter » ? Parce qu’il l’avait écoutée, et c’était justement ça le problème ! Il entrouvrit la bouche. Elle le menaça. Il la referma.

Mais il aurait mieux fait de ne pas se soumettre à la menace.

Lancelot n’était pas d’un naturel violent. Mais en cet instant précis, il était dévoré par une envie foudroyante de refermer ses deux mains autour de la gorge si frêle de cette salope et de la priver sournoisement du précieux oxygène. De la noyer dans un bac d’alcool comme elle aimait y noyer ses déboires, de lui enfoncer un bon coup de poing sur la tempe comme elle venait de l’assommer, de l’immoler comme il était consumé par l’envie de la faire taire, de lui casser le nez comme elle lui cassait les couilles. De lui balancer un verre d’acide à la gueule, de lui planter une hache dans le ventre, de lui tirer une balle dans le crâne, n’importe quoi ! Mais de la condamner, comme elle venait de le condamner. Une boule s’était désagréablement formée dans le fond de sa gorge. Et il sentait les larmes monter. De rage ou de désarroi ? Qu’importe. Il n’était pas question qu’il cède devant elle après ce qu’elle venait de dire. Il se mordit le coin de la lèvre. Surtout pas. Jamais. Plus jamais !

Elle lui avait demandé pourquoi. Pourquoi pas, plutôt. S’il avait dés lors été capable de desserrer sa mâchoire et d’aligner deux mots, il aurait rétorqué « parce que ». Parce que sa malédiction, c’était serait de ne plus oser rêver, simplement. Parce qu’il finirait sa vie comme une lamentable loque sur un lit d’hôpital, à ne plus savoir que penser et écouter, fardeau pour l’Etat, fardeau pour les siens. Et il crèverait d’une mort ridicule, s’étouffant en tentant de manger ou de boire. Ou quoi que ce soit d’aussi déshonorant.

Elle pleurait. Lui se battait encore contre ses larmes. Surtout, ne pas craquer. Ne pas craquer. Pas devant elle. Rester impassible, comme il savait si bien le faire. Et la blesser en retour.

Elle revint sur ses imbécilités de jeunesse. Sur ses fautes. Sur ses pertes passées ou prochaines. Elle lui somma de lui expliquer pourquoi n’aurait-elle dés lors pas le droit d’être égoïste à son tour. La réponse lui brulait les lèvres. Mais il ne parvenait toujours pas à desserrer la mâchoire. Son poing fracassa le bar. Le garçon sursauta. Là-dessus, elle se lança dans l’étalage de tout ce qu’elle avait déjà fait pour lui. Il savait que c’était énorme. Il savait qu’elle avait toujours été là pour lui. Qu’elle n’avait, dans le fond, jamais qu’essayé de le bousculer pour l’aider. Mais là, tout de suite, après ce qu’elle venait de balancer, il n’était pas question de l’accepter.

Elle le fusilla du regard. Ses prunelles vertes semblaient renfermer une infinité d’émotions à la fois, antipode des siennes désormais totalement flegmatiques. Et elle recommença. Sauf que…

- Je suis tombée amoureuse de toi.

BANG !
C’était comme si le temps s’était arrêté.
Ces mots lui firent l’effet d’une gifle plus violente encore que celle qu’elle lui avait infligée. Il écarquilla les yeux. Terminée l’impassibilité. Impossible de contenir son désarroi. Elle, Eva, sa confidente, son amie la plus proche. Sa sœur ! Amou… C’était… C’était comme si toutes les fondations de leur relation venaient de s’effondrer sous leurs pieds. Elle ne pouvait pas faire pire. Parce que c’était Eva. La fille avec qui il était lié d’une amitié parfaite, sans la moindre arrière pensée. C’était… Il secoua la tête. Ses oreilles se remirent à bourdonner. Plus possible de suivre la suite de ce qu’elle racontait. Il voyait ses lèvres bouger incessamment, il entendait mots après mots, mais c’était comme s’ils n’étaient pas raccordés. Il n’entendait qu’un « bla bla bla bla » assommant. Comme si tout était dénué de sens. Oui. Dénoué de sens, comme l’était son aveu. Quand le temps se remit à tourner, il la vit assise, larmes séchées, un verre de vodka à la main.

- Tu veux savoir pourquoi tu ne peux pas réclamer le droit d’être égoïste après toutes les pertes que tu as vécues ?

Lui dire ça, elle n’en avait pas le droit.
Encore moins que de le sermonner.

- Parce que prendre des vies, c’était déjà atrocement égoïste.

Il n’ajouta rien de plus. Pas un mot. Et il se retourna, complètement sonné, pour regagner la sortie du bar d’un pas machinal.
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MessageSujet: Re: Cette demande osée. [Lancelot]   Cette demande osée. [Lancelot] EmptyLun 14 Nov 2011 - 18:49

    Je ne voulais pas en arriver là, vraiment.

    Peut-être avais-je fait une erreur en mentionnant la maladie de Lancelot. Je ne le compris que trop tard. L'horrible apparition était bien là, j'avais rendu Lancelot plus furieux que je ne l'avais jamais vu. La soirée à la plage n'était rien à comparé à ce que j'avais fait ressentir à mon ami. Oui, Lancelot, tu souffrais, le point noir de ton existence était cette maladie que tu avais avec toi et qui ne t'abandonnait pas. Cette folie qui t'empêchait de réfléchir, qui t'empêchait... de vivre, oui. Tu avais déjà un pied dans la tombe alors que tu étais encore là, en pleine forme devant moi. J'avais envie de te frapper, de te gifler pour te faire comprendre ce que tu devais absolument apprendre de ce qu'était la vie. Je voulais te montrer que ce n'était pas si grave que cela. Je voulais que tu comprenne, mais comment arriver à te montrer, comment te prouver que je voulais réellement cet enfant et que cela n'avait rien d'un caprice ? Je ne le pouvais pas. Il venait de hurler sa haine à mon égard comme on hurlait sur un animal lorsqu'il avait mangé vos chaussures préférées. Encore une fois je me sentis blessée, mais pas parce que ses insultes m'atteignaient, certes pas. Non, je me fichais de savoir ce qu'il pensait de moi. Il n'y avait plus rien à espérer de lui. Je savais que c'était peine perdue, mais il devait au moins écouter ce que j'avais à dire. Il était lancé. Furieux. Me lança une litanie de mots les plus instables et stupides les uns que les autres. Sa joie de se réveiller le matin, sa peur que cela soit le dernier. Quelle connerie. Je n'en croyais pas un mot. J'étais ivre de rage. Ivre de chagrin. Il n'avait pas compris ce que j'avais sous entendu. Il n'avait pas compris ce que je ressentais.

    - ...Eduquer un enfant qui n’aura pas le droit
    d’aimer, de fonder une famille et de se marier, un enfant qui n’aura pas
    le droit de vieillir, c’est ça que tu veux ?!


    ... Avais-je bien entendu ?

    - Alors réponds-moi maintenant, quelle espèce de monstre serais-je si j’osais t’accorder ça ?

    Je me levais, une fois de plus. Cette fois ci, il avait dépassé les bornes. Je lui jetais un regard plein de colère et lui collais une gifle retentissante. A présent les gens commençaient à quitter le bar, le gérant nous regarder d'un oeil patibulaire. Je lui jetais un regard lui faisant bien comprendre que la prochaine serait pour lui s'il intervenait. La puissance de l'impact me fit mal à la main. Voilà, maintenant les deux étaient inutilisables. Je restais debout, froide, et je ressentais non pas un triomphe mais un sentiment d'injustice qui n'avait pas été là depuis longtemps. Mais c'était injuste, trop injuste.

    "T'es un con Lancelot, un sale con, t'as compris ça ? Maintenant tu vas écouter chaque mot, chaque syllabe, chaque phonème de ce que je vais te dire et si tu te bouche les oreilles ou essaye de partir, je te jure que la prochaine elle va t'allonger."


    Un signe éloquent de la main en direction de son autre joue lui fit comprendre que je ne plaisantais pas.

    "Maintenant tu vas te faire une raison. Tu vas mourir. Tu vas MOURIR ! Et tu vas mourir plus tôt que moi, que ton voisin, que toutes les personnes que tu connais ou presque parce que tu es MALADE, mais pas que de corps, d'esprit aussi !! On dirait que ta maladie te rend complètement stupide ! Tu es devenu une espèce de loque égoïste, qui se repose sur les gens, qui fait miroiter des rêves à des personnes qui n'ont rien demandées ! Mais la vérité elle est là ! Tu vas crever Lancelot, mais tout le monde va crever. Moi aussi je vais crever. Mais est-ce que je fais autant de conneries que toi ? NON ! Savoir qu'on va bientôt mourir ne doit pas empêcher de continuer à vivre. Or c'est ce que tu fais. Tu es en train de te tuer Lancelot, et sous mes yeux, qu'est-ce que je peux faire d'autre que de te demander ça hein ?! Je te perdrais bien assez tôt ! Pourquoi l'enfant ne pourrait pas se marier, essayer d'avoir des enfants, pourquoi il ne pourrait pas se caser avec une gentille fille, faire des études, avoir un travail, en attendant la mort, comme tout le monde ? Tout le monde n'est pas obligé d'avoir la même mentalité de merde que toi !!"


    Je voulais seulement le prendre dans mes bras, l'étreindre, mais moi aussi, il avait réussi à me pousser à bout. Les larmes de rage s'infiltrèrent sur mes joues et formèrent un torrent impossible à réfréner, mais qui ne m'empêcha nullement de parler distinctement.

    "Je suis l'instigatrice d'un triple homicide, je sais ce que c'est que de voir la vie s'éteindre dans les yeux d'un enfant de deux ans. Je sais ce que c'est que de perdre un proche, mes parents et ma soeur sont morts il y a pas bien longtemps. Et je vais te perdre, toi !! Pourquoi n'aurais-je pas le droit d'être un peu égoïste au moins une fois dans ma vie, tu peux me le dire ?!"


    Je frappais la table de mon poing gauche. Des gouttelettes de mon propre sang aspergèrent mon bras. Peu importe, j'étais lancée. Je ne pouvais plus faire marche arrière. J'avais trop mal, mal de lui. Mal de mon ami qui ne comprenait pas.

    "J'ai... j'ai essayé de te le dire gentiment, mais comme d'habitude tu as décidé de me pousser à bout !! Maintenant j'en ai marre. J'ai assez vécu pour les autres. Pour mes parents ? Ils sont morts. Pour Liam ? Il m'a menti. Pour Pollo ? Idem. Et maintenant pour toi. J'ai fait tellement de choses dans l'ombre que tu n'as même pas remarqué. Je suis allée te chercher alors que tu avais besoin de moi. Je suis restée à tes côtés, je t'ai laissé vider ta haine, ta rage, ton chagrin, je t'ai sauvé des bras de ces femmes qui ne valent pas la moitié de ce que tu vaux. Je t'ai sauvé par plusieurs fois d'échecs et d'humiliations causés par ton penchant pour la bouteille, que je partage aussi. Mais l'as-tu seulement remarqué ? As-tu vu tout ce que je faisais pour essayer d'améliorer ton train de vie ?! Ce que j'ai fait à la plage, alors que tu pourchassais un fantôme, Lancelot, alors qu'il y a des gens qui ne demandent qu'à..."


    Oui. Il était temps. Je le fixais. Dans les yeux. Chagrin, peur, incompréhension, fureur, mes yeux n'étaient qu'un maelström d'émotions impossible à déchiffrer sans les regarder une à une. Il était temps de lui dire. Je ne réfléchissais pas aux conséquences que ça aurait pour plus tard. Peu importe. Il le saurait.

    "Je suis tombée amoureuse de toi, par mégarde. Amoureuse de ce que tu es devenu. Amoureuse d'un abruti de français. Et je n'ai rien espéré de toi. Je l'ai caché pour ne pas te faire peur, pour éviter que cela entraîne des conséquences désastreuses sur notre amitié. Je ne voulais qu'un souvenir de toi, un souvenir que tu n'aurais jamais vu de ta vie si tu le désirais. Alors, oui, je suis égoïste. Pour une fois, je ne veux protéger personne. Je veux me protéger moi. Maintenant, si tu n'es pas d'accord avec ce que j'ai dit, casse-toi. Je ne te retiens pas. Mais si je suis encore quelque chose pour toi, tu restera."


    Je me rassis. Essuyais mes larmes.

    Et commandais une vodka bien forte.
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MessageSujet: Re: Cette demande osée. [Lancelot]   Cette demande osée. [Lancelot] EmptyLun 14 Nov 2011 - 15:46

Sa tête demeurait résolument baissée. Quant à ses pupilles qui ne pouvaient plus affronter le regard de glace du garçon, elles préféraient désormais la contemplation du carrelage jauni par la bière. Sa bouche s’était entre-ouverte, laissant s’échapper un murmure. Juste un murmure, quelques mots évadés comme s’évade le mistral des lèvres d’Eole. Elle l’avait supplié. Eva Esperanza venait de jeter aux flammes son orgueil et son égo, sa réputation et son insoumission. Elle était comme à genoux devant lui, impuissante. Faible. Elle releva la tête, planta dans les siens ses iris étincelants. Etincelants de désespoir, de supplications et d’incompréhension. Mais qu’y avait-il à comprendre ? Rien. Après tout, lui non plus, il ne comprenait pas. Pourtant… pourtant elle reflétait dés lors le portrait qu’il voyait de lui chaque matin dans le miroir. Elle avait l’air si… misérable. Il aurait voulu la serrer contre lui, sentir son cœur battre, et qu’elle lui hurle que le sien battait encore. Mais il resta immobile. Elle continua à s’exprimer, et se fut à son tour de détourner le regard. Non, elle avait raison. Il n’apprécierait pas. Alors qu’elle se taise. Surtout qu’elle se taise, parce que ces mots-là, il ne voulait pas les entendre. Les prononcer, c’était marquer leur différence et la fin de tout. C’était briser le lien et accepter. Accepter qu’il allait... Non ! Tout ça, ce n’étaient rien que des mensonges. Un tas de mensonges ! Il n’y croyait pas.

Il sentit la main bienveillante de la jeune Espagnole se refermer sur la sienne, mais il savait que l’air froid s’engouffrait, et s’engouffrerait toujours entre leurs doigts effleurés. Elle s’était faite jolie, aujourd’hui. Ca lui donnait un air bien plus adulte que la veille. Était-ce le signe que leur quotidien commençait doucement à changer ? Elle baissa derechef la tête, comme si par là elle donnait raison à sa pensée.

- Il y a une chance sur deux, pour ta maladie.

Oui. Une chance sur deux, comme elle disait si bien. Cinquante pourcent de chance d’offrir un avenir monstrueux à un môme qui n’aurait rien demandé. Un môme qui, il pouvait le certifier mieux que quiconque, aurait préféré ne jamais voir le jour que de se voir ainsi déshonoré.

- Et de toute manière, j'en ai rien à foutre, je l'aimerais, malade ou pas.

C’était égoïste, de dire ça. Purement égoïste. Mais elle ne pouvait pas s’en rendre compte. Elle ne pouvait pas imaginer.

- Il sera...

Non !

- Un morceau de toi…

Non ! Qu’elle se taise, surtout qu’elle se taise !

- Le jour où je te perdrais.

NON !
Violemment, les mains de Lancelot abandonnèrent celles d’Eva et se plaquèrent contre ses oreilles. Il ferma les yeux, comme si ainsi il n’était plus là, dans ce bar, face à elle qui alignait tous ces mensonges. Elle continua. Perte. Mort. Solitude. Il secoua vivement la tête, fronça les sourcils face au sifflement persistant de ses oreilles. MENSONGES !

Tais-toi, tais-toi, tais-toi, tais-toi, tais-toi…
Il rouvrit les yeux.

- TAIS-TOI !!!

Il avait hurlé.
Sa voix était cassée.

- Pourquoi est-ce que tu dois toujours faire ça ?! Hein ? POURQUOI ?!

Il serra les dents.
Une larme roulait sur la joue féminine. Qu’importe. Lui c’était son âme toute entière qui pleurait.

- Pourquoi est-ce que c’est systématiquement plus fort que toi, ce besoin de gâcher ma tranquillité ?! Pourquoi est-ce que tu ne la fermes pas simplement ? Pourquoi ?! Pourquoi est-ce que tu es incapable de comprendre que j’ai encore assez de conscience et d’humanité pour ne pas céder à ton caprice ? Assez de conscience et d’humanité pour refuser de condamner quelqu’un à la naissance ! Est-ce que tu te rends seulement compte de ce que c’est ? De regarder les autres grandir, se forger des espoirs que tu ne peux même pas effleurer ? Est-ce que tu sais ce que c’est, que de se réveiller chaque matin, euphorique à l’idée d’être encore en vie, mais de prendre conscience la seconde d’après que l’échéance se rapproche ? Non, bien sûr que non. Mais crois-moi, c’est un bel avant-goût de l’enfer. Eduquer un enfant qui n’aura pas le droit d’aimer, de fonder une famille et de se marier, un enfant qui n’aura pas le droit de vieillir, c’est ça que tu veux ?! Le bercer d’illusions pour mieux le briser à l’âge auquel il est libre de rêver et de se prendre pour le roi du monde ? Tu serais égoïste à ce point ?! Parce que ton amour maternel ne suffira certainement pas à le sauver !

Il durcit le ton.

- Alors réponds-moi maintenant, quelle espèce de monstre serais-je si j’osais t’accorder ça ?
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MessageSujet: Re: Cette demande osée. [Lancelot]   Cette demande osée. [Lancelot] EmptyDim 13 Nov 2011 - 21:27

    Il voulait la guerre ? Parfait, il allait l'avoir.

    Lorsque Lancelot se rebiffa violemment contre mon idée, j'eus envie de lui hurler dessus, un A continu qui lui percerait les tympans et l'empêcherait de réfléchir. Mais non. Il fallait que je reste calme. Je sentais que lui aussi se mettait en colère, et il ne tarderait pas à devenir franchement désagréable. Qu'à cela ne tienne. J'allais m'occuper de lui comme il se devait. Il pourrait crier, hurler, se débattre. Je ne lâcherais pas l'affaire. Je trouverais tous les stratagèmes possibles et imaginables pour qu'il comprenne. Ce n'était pas un autre, c'était lui que je voulais. Et je ne l'engageais à rien, même pas à coucher avec moi. Alors accomplir son devoir de père ? Non, certainement pas. Jamais je ne le contraindrais à faire cela. De plus, Lancelot venait de lancer le point épineux de l'affaire ; sa maladie. Oui, sa maladie, sa putain de maladie qui faisait que chaque jour je perdais un peu plus mon français. Il semblait s'éloigner, c'était un fil ténu qui se tendait à n'en plus finir et qui bloquait tout, absolument tout. J'aurais voulu prouver que je pouvais me passer de cet incorrigible garçon qui se pavanais avec tout ce qui portait (ou non) un string, mais je ne le pouvais pas, et le fait de le perdre à cause d'une maladie me rendait moi aussi complètement malade. Alors cette idée avait germée dans mon esprit. Peu importe si le gosse serait malade ou pas, le principal était que je pourrais avoir une trace de lui si un jour il décidait de me quitter pour partir ailleurs. Je ne lui demandait que cela, que lui dire de plus que ce que je pouvais ? Lancelot, pitié. Pitié, fais ça pour moi. Si tu es mon ami...

    "... Fais ça pour moi, je t'en supplie."

    Depuis les cris de colère que lui et moi avions poussé, nous avions créé une sorte de silence plein de curiosité dans la clientèle du bar. Tête basse, écoutant les remontrances et le coup d'éclat de mon français, j'avais coupé sa dernière phrase en murmurant celle que je venais de prononcer. D'un trait. Sans le regarder dans les yeux. Résolument baissés, j'avais supplié mon ami de faire quelque chose pour moi. Supplié, oui. Cela signifiait beaucoup pour quelqu'un comme moi, qui n'avait jamais été réduite à faire cela. Je suppliais Lancelot de m'accorder ce cadeau. Je t'en supplie. Je t'en supplie fais ça pour moi. Lorsque je relevais la tête dans sa direction, j'avais les larmes aux yeux, des larmes que je contenais avec beaucoup de difficulté, des larmes d'un chagrin mêlé à de l'incompréhension. Il ne sera jamais à toi, Eva, il est trop farouche. Il ne t'appartiendra jamais. Il ne te fera jamais ce cadeau. Il ne t'offrira ni son amour, ni son corps, ni sa descendance. Tu aurais dû le savoir dès la première fois que ses lèvres ont touché les tiennes. Eva, tu es une pauvre conne. Dommage que tu ne t'en sois pas rendue compte assez tôt, vraiment. Pourtant, tes yeux le fixent. Et supplient du regard. Une supplication triste.

    "Ne m'oblige pas à tout te dire Lancelot, tu n'apprécierais pas. Ne m'oblige pas à te dire pourquoi ça doit être toi."


    J'attrape ta main, ta main calleuse, ta main d'instrumentiste et de compositeur de talent. Ta main de musicien parfait. Ta main farouche de jeune cerf avide de conquètes et de pouvoir. Ta main que j'ai serré contre mon coeur tant de fois, lorsque nous nous endormions après avoir trop parlé, trop dit de bien ou de mal, trop ri, trop bu. Ta main que je voudrais tenir toute ma vie, contre mon coeur, dans un endroit paisible où tu ne serais tenté par rien d'autre que moi. Ta main qui serait mienne à tout jamais. Ne m'oblige pas à te dire ce qui reste bloqué dans ma gorge par la seule force de ma volonté, ces deux mots qui te feraient fuir en courant. Pollo. Liam. Mais pas toi. Jamais toi, Lancelot. Jamais.

    "Je ne te demande pas d'élever un enfant avec moi. Je ne te demande pas de te lever la nuit pour donner le biberon, je ne te demande pas de dormir près de moi, de changer des couches, de nourrir, je ne te demande même pas de l'aimer, ce putain de gamin. Je te demande de me l'offrir. De l'offrir à ton amie. J'ai vingt ans, je suis mère d'un enfant qui a disparu, je suis l'instigatrice d'un triple meurtre. Alors un enfant de plus, que j'aimerais et que je pourrais choyer, c'est trop te demander ?"


    Je baissais la tête à nouveau. Fixais mes jambes. Je m'étais faite belle, j'avais mis un joli maquillage, une robe moulante épousant mes formes maigrelettes, avec tout le poids que j'avais perdu suite à l'accident regrettable qui m'avait défigurée. D'un seul coup, mes cicatrices me parurent encore plus repoussante qu'à l'accoutumée, mon fardeau beaucoup plus lourd à porter, la difficulté plus grande. Il me sembla que je ne pouvais plus faire marche arrière, quoi que je tente, quoi que je face. J'étais coincée. J'aimais un salaud, un vrai salaud, d'un amour que je ne pouvais décrire, d'un amour qui fendait mon coeur en deux. Une passion qui faisait souffrir. Pléonasme. Une passion terrible et fracassante, qui m'avait faite briser mon verre dans ma main. Le torchon que je reçus en pleine figure me permis de le reposer sur cette même main blessée. Le contact de l'eau froide sur mes plaies fut une sorte de soulagement, qui fut malheureusement de courte durée, en comparaison avec ce que je ressentais à l'égard de mon ami à ce moment là. Je ne savais plus comment lui expliquer, comment lui montrer.

    "Il y a une chance sur deux, pour ta maladie. Et de toute manière, j'en ai rien à foutre, je l'aimerais, malade ou pas. Il sera... un morceau de toi, le jour où je te perdrais."


    Je serrais sa main, à m'en faire mal à moi-même. J'avais de plus en plus de mal à retenir mes larmes. Zen Eva. Zen.

    "Tu ne comprends pas ? Te perdre ça me tuera. Si tu m'offre... cette trace de toi... ça sera plus supportable... Tu seras certain de ne pas me laisser seule... Lancelot... Cabron, je t'en supplie..."

    Un dernier murmure. Une larme solitaire qui coule. Je suis une conne. Une sale conne.

    "Je ne t'oblige même pas à coucher avec moi..."

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MessageSujet: Re: Cette demande osée. [Lancelot]   Cette demande osée. [Lancelot] EmptyDim 13 Nov 2011 - 18:40

Pour toute réponse, Eva commanda un verre d’eau. Grand. Et avec des glaçons, qu’elle avait dit. Hm ? De l’eau ? Pourquoi de l’eau ? Pourquoi pas genre… du rhum ? Ou de la passoa ? Ouais non. Ok. Encore un régime à sec bizarre. Pour sûr, elle délirait. Alors il n’allait pas chercher à comprendre. Après tout, elle faisait ce qu’elle voulait de ses soirées. Si elle voulait continuer à tirer la tronche, c’était son problème. Mais lui, il avait envie de rire. Alors il ne suivrait pas son…

- HEY ! Mais t’es complètement tarée ma parole ?! s’exclama-t-il.

En français.
Cette poufiasse d’Espagnole venait de lui balancer le contenu de sa commande à la figure ! Grognasse. Il lui avait rien fait, pourquoi elle s’énervait comme ça ? Sexuellement frustrée ou en rage contre son clebs, c’était pas sur lui qu’elle devait se venger ! Puis il allait avoir l’air de quoi, maintenant ? La brune qu’il avait repérée le regardait de travail. Pour sûr, il allait lui faire payer ça, à cette empêcheuse de tourner en rond. Et AH ! Les glaçons ! Dans sa nuque ! C’était super pas du tout agréable. Le garçon se tortilla de manière assez ridicule dans l’espoir de s’en débarrasser. Mais il avait du mal à se dégager puisque cette imbécile le maintenait fermement en place.

- C’est super FROID ! Arrête ça bordel ! EH !

Elle arrêta. Enfin non. Le verre était vide. Sa poigne se resserra. Elle le fusillait du regard. Lui se contentait de la fixer avec de grands yeux d’incompris. Quoi ? Quoi ? Père ? Papa ? Hein ? C’était quoi son délire, là ? Il comprenait rien, putain. Mais vraiment RIEN à ce qu’elle déblatérait ! Pourquoi est-ce qu’il aurait pensé à être « papa », comme elle aimait le dire, alors qu’il n’avait aucune relation fixe (ce dont il ne voulait pas) et que... En fait, les autres motivations il n’avait même pas envie d’y penser. Le fait est que soit elle était complètement dégueulasse, soit… quelque chose lui échappait.

Elle le relâcha vivement. Lui tangua. Wahouuu, ça tournait. Il tenta de profiter de ce moment d’inattention pour regarder ailleurs. Trop tard. Ses iris assassins revenaient déjà à la charge. Ses mains également. Il sentit sa poigne de fer se refermer sur son col, cette fois-ci. Hm, il avait l’habitude, maintenant. Cette pensée lui arracha un sourire qu’il réprima aussitôt, effrayé par la tête qu’elle tirait. Elle exprima le fond de sa pensée. Lui fronça les sourcils. Elle venait de le relâcher et lui tendit son torchon dégueulasse. Lancelot l’attrapa avec une tête de zombie, complètement à l’Ouest. Elle parla encore. Sa tête ne changea pas. Il avait beau retourner ces phrases dans tous les sens, il n’en tirait rien de bon. Une minute s’écoula. Dans sa tête, l’éternité. Il tenait toujours le chiffon comme un con, mais enfin il se mit à bouger. Il ouvrit la bouche, d’abord, la referma. La rouvrit, la referma encore. Puis il articula avec une tête d’idiot fini la seule conclusion qui lui était venue à l’esprit :

- HEIN ?

Il se frotta machinalement, étalant le sang de son amie dans sa nuque.
Froncement de sourcils.

- Mais qu’est-ce que tu déballes comme conneries, Eva ? Déjà, tu trouves que j’ai la tronche d’un mec paternel ? J’ai pas envie d’être enchainé à un pleurnichard qui va me bousiller les tympans et foutre le bordel dans MES affaires. Entre sommeil et éveil, puisqu’évidemment cette saloperie de mioche ferait pas ses nuits, je risquerais de le balancer par la fenêtre. Puis même, merde, tu veux pas être… parent à vingt-et-un an putain ! J’ai déjà pas assez de temps pour moi comme ça ! Et… qu’est-ce que diraient les médias ? Et…

Il lui balança violemment son torchon à la figure.
A son tour de la fusiller du regard.

- Tu sais pertinemment que je peux pas être père, te fous pas d’moi. L'hérédo-ataxie cérébelleuse de Pierre Marie est héréditaire, autosomique dominante, grosse maligne ! Alors arrête tes conneries, j’suis pas là pour me prendre la tête ou m’faire violer.
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MessageSujet: Re: Cette demande osée. [Lancelot]   Cette demande osée. [Lancelot] EmptySam 12 Nov 2011 - 23:02

    Bon, okay, j'avais compris. Il fallait la jouer vachement moins fine que ça.

    Je décidais d'arrêter les feintes. Il n'avait rien compris. Qu'est-ce que Requiem avait à voir là dedans ? Mon chiot était le plus mignon qui soit. Il avait mordu plein de gens, grognait avec les autres mais jamais au grand jamais avec moi. Sa petite bouille d'ange lui vallait une volée de caresse, les cadeaux marrons, mous et malodorants qu'il laissait le matin dans la salle de bain une volée de paires de claques. C'est comme ça qu'on éduque un animal. Comme un enfant. Oui les gars, parce que le principe du "je ne mets pas de claque à mon enfant" c'est du grand n'importe quoi. Si le gamin en fait une bonne grosse, je vous garantit qu'une bonne gifle ça remet les idées en place. Il ne faut évidemment pas en abuser. Mais Requiem était le petit animal le plus grandiose qui soit et je l'emmenais pour la plupart du temps partout avec moi. Si j'avais su je l'aurais amené ce soir. Rien que pour l'énerver, ce phénomène, là. Il y avait un certain nombre de choses que je n'aimais pas chez Lancelot, et je les avais déjà citées précédemment, mais j'en ai oublié une ; j'avais complètement zappé comment il pouvait être lent d'esprit, lorsqu'il avait picolé. Oui j'avais parlé d'être papa. Pas de Requiem. J'avais pas dit "maître" j'avais dit "Papa". Lorsque je le vis rire, je sus que la partie était loin d'être gagnée. Et lorsqu'il se mit à reluquer une fille qui venait d'entrer dans le bar, mon sang ne fit qu'un tour.

    "Garçon, un verre d'eau. Grand. Avec des glaçons. TOUT DE SUITE."


    Lorsqu'il vit que je commençais à gonfler de colère, le jeune homme à qui je venais de parler se hâta d'aller me chercher le verre en question. Il allait falloir que Lancelot soit pleinement attentif, et qu'il ne fasse pas seulement semblant tout en regardant les jeunes filles qui passaient. J'étais donc moins intéressante que cette pimbêche soit-disant canon ? Non, ce n'était pas possible, et j'allais y remédier sur le champ. Lorsque le grand verre d'eau me fut apporté, je me levais, et versais consciencieusement le liquide glacé sur la tête en veillant à laisser des glaçons sur la nuque de mon ami. ça lui rafraichirait l'esprit. Je lui tins fermement l'épaule tandis qu'il essayais de se dégager, alors que les autres clients nous regardaient curieusement, comme si j'étais complètement malade. Oui, et alors ? Ou était le problème ? Il était temps que quelqu'un remette ses idées en ordre, non ? Alors ça serait moi, et puis voilà, pas la peine de se prendre la tête. Ma colère avait pris le dessus. Encore. Ce n'était vraiment plus surprenant de ma part. Non, certes, mais je ne craignais plus les colères de Lancelot. Tout rebondissait sur moi. Alors qu'il s'amuse. J'allais même jouer avec lui.

    "T'écoutes quand je te parle, imbécile ?! Papa, Lancelot, PERE, d'un GOSSE, pas d'un clébard, là, tu l'as compris l'idée, la feinte comme tu dis ??"


    Je lâchais vivement son épaule et me rassis face à lui, le foudroyant de mon regard vert d'eau. Ou de vase, comme on veut. Mes cheveux semblaient encore plus rouge. Mon regard encore plus assassin. Il allait comprendre, et il retiendrait une bonne chose dans toute cette histoire, et toutes celles qui lui tournaient autour également. Si je ne pouvais pas avoir Lancelot rien que pour moi, personne ne l'aurait. Ni Kity, ni Janane, ni personne. J'en faisais le serment. J'avais souffert avec Liam, Pollo, j'avais perdu ma Sonata, ma pauvre Sonata. Je ne referais pas cent fois la même erreur. Je voulais prendre un nouveau départ, avec ou sans lui. Mais pitié, j'avais besoin d'un morceau. Au moins, d'un morceau de lui avant que je me décide d'abandonner la lutte. Un morceau que je verrais, des petits yeux brillants de malice. Un petit corps fragile qui pleurerait ou rirait au rythme de mes sourires et soupirs. Je ne lui demandait pas grand chose. Il n'aurait aucune responsabilité. Encore faudrait-il qu'il le comprenne, n'est-ce pas ? Alors je l'attrapais par le col.

    "On va jouer cartes sur table. Je veux un deuxième enfant, et je ne veux pas n'importe quel père. Je veux que ça soit toi, t'as compris ? Toi. Si c'est pas toi, ça sera personne. Mais par pitié, ne m'oblige pas à te forcer."

    Je devais serrer un peu fort. Je le relâchais, donc. Attraper par le col, c'était ma spécialité. Je donnais mon torchon plein de sang à mon ami pour qu'il s'essuie un minimum. Il y avait encore des éclats de verre dans ma main, mais je n'en avais cure. Je me pris méthodiquement la tête. Bien, à présent tout le monde suivait la conversation. Parfait.

    "Excuse moi, je n'aurais pas dû m'énerver. Mais je me trimbale cette idée depuis des mois, et c'est devenu une obsession. J'ai besoin de toi. Il me faut ce gamin. J'en ai besoin."

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MessageSujet: Re: Cette demande osée. [Lancelot]   Cette demande osée. [Lancelot] EmptySam 12 Nov 2011 - 19:45

Elle l'avait repoussé assez brusquement, clamant qu'il puait atrocement l'alcool. Bien que le musicien manqua de tomber à la renverse du tabouret, déstabilisé, l'affirmation n'eut pour effet que de lui arracher un large sourire amusé. Sourire qui se transforma en rire lorsqu'elle enchaina, armant sa phrase d'une critique envers son attitude avec ce qu'elle appelait les "salopes de Miami". Boh, c'étaient des salopes, comme elle le disait si bien. Théoriquement, il en avait donc le droit, puisque l'unique différence entre une prostituée et ces filles-là, c'était qu'elles étaient gratuites et véritablement consentantes. Diable, qu'il aimait les filles faciles ! Ah... oui, en fait, ce qui était censé être intéressant dans ce qu'elle venait de dire, ce n'était pas ça mais l'avertissement qui le conviait à écouter. Instantanément, le garçon parodia l'attitude d'un mec excessivement passionné par une conversation, coudes sur la table et mentons posés sur ses mains jointes, la dévorant du regard. Elle enroula un torchon autour de sa main -hein, comment elle s'était blessée d'ailleurs ?-. Pas intéressant. Elle se saisit d'un verre de... hm, disons vodka-citron ? Vu la couleur. Pas intéressant. Elle bu. Pas intéressant. Elle reposa son verre. Intéressant. Il avait soif et avait la flemme de commander. D'un geste presque agile (presque parce qu'il était complètement à la ramasse), il attrapa la propriété d'Eva et la porta à ses lèvres tandis qu'elle exprimait enfin le fond de sa pensée.

Brusquement, il recracha toute la boisson, foncièrement surpris.

- Tu bois des sodas ?! s'exclama-t-il, outré. Tu disjonctes complètement ou... ?!

Il se tut, fronça les sourcils.
Hein ? Qu'est-ce qu'elle venait de dire à l'instant ? Il ferma les yeux. Réflexion intense. Non, non, rien avoir avec son histoire de soda. Euh... Ah oui, il s'en souvenait maintenant : t'as jamais eu envie d'être papa ? Le Français rouvrit les yeux, pencha la tête sur le côté avec une drôle de mine. HEIN ? Être papa ? Mais qu'est-ce que... ? Qu'est-ce qu'elle bavait encore comme âneries celle-là ? Finalement, elle avait peut-être raison de carburer aux sodas. Elle avait l'air plutôt arrangée. Il la dévisagea un temps, cherchant le sens caché de cette question complètement méga trop bizarre puis, soudainement, l'illumination. Il explosa de rire, arrêta aussitôt. Derechef, il fronça puis haussa les sourcils. Il secoua la tête.

- Ouais non, en fait j'ai pas compris ta feinte.

Enfin, c'était peut-être pas tout à fait une illumination.
Nouveau sourire.

- Ah ! Tu veux déjà te débarrasser de Requiem ? Compte-pas sur moi pour l'adopter ma chérie. J'aime pas ta bestiole. Et elle m'aime pas. C'est réciproque, la vie est belle et OH bordel la, brune, juste à droite est genre super canon !
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MessageSujet: Re: Cette demande osée. [Lancelot]   Cette demande osée. [Lancelot] EmptySam 12 Nov 2011 - 11:07

    J'avais sans doute dû m'assagir beaucoup trop suite à la soirée sur la plage, parce que lorsque Lancelot arriva rond comme une boule, je ne fis que lui adresser une moue pleine de dégout. Étonnant qu'il n'ait pas encore vomi sur mes bas, tiens.

    J'avais attendu un petit moment, et je constatais que Lancelot n'avait pas besoin de moi pour être pété. ça avait toujours été comme ça. Il venait, on parlait, on buvait, on finissait bourrés, mais il ne s'était jamais rien passé de plus concluant que quelques baisers, entre lui et moi.

    Dommage.

    J'observais mon ami. Ce jeune homme qui m'avait suivie dans chacun de mes pas, qui avait pu et su me consoler, toujours, ainsi que m'écouter. Celui qui m'avait éconduite comme une vulgaire mégère, certes, mais qui ensuite avait su me prouver qu'il ne me trahissait pas par plaisir et qu'il n'était, parfois, pas maître de soi. Quel dommage, quand même. Lancelot resterait toujours mon "Cabron de francès", mais c'était comme ça que je l'appréciais. Je n'étais pas une de ces filles délicates et fragiles qu'il fallait conserver dans une petite boite en porcelaine molletonnée de velours. Moi, si on voulait me contenir, il fallait m'enfermer dans une cage avec des barreaux solides, très solides. Il ne fallait pas beaucoup de temps pour que la douleur que je contenais explose et que je face de la personne visée de la vraie chair à pâtée. Je n'avais pas reparlé à Pollo depuis des mois, je n'avais pas voulu savoir ce qu'il était devenu, et je riais, lorsque Lancelot se répandait en insultes à son sujet, comme une enfant. Une enfant blessée et meurtrie, et qui n'allait pas tarder à l'être à nouveau. Je m'en fichais, pour l'heure .Je regardais les yeux vitreux de mon ami qui me fixait avec un sourire stupide. Même si le fait qu'il soit déjà complètement sec m'énervait, cela me faciliterait la tâche. Au moins écouterait-il peut-être un peu plus attentivement ce que je lui dirais, et si il ne comprenait pas, je le ferais dessaouler.

    A ma façon.

    Je savais pourquoi Lancelot se mettait dans des situations pareilles. Je savais pourquoi il cherchait à profiter, à faire excès sur excès et à lever filles sur filles, jour après jours, soirs après soirs. Mais je n'étais pas la seule à être au courant, maintenant que la Voix avait gentiment publié la nouvelle au sujet de mon ami. Sa maladie semblait le rendre complètement stupide, au point que plusieurs fois, j'avais dû l'héberger dans ma chambre pour lui éviter de se faire démonter par sa colocataire, comme le premier soir où nous nous étions rencontrés. J'allais le chercher dans des bars miteux, entouré d'une bande de minettes qui se pressaient contre lui en ronronnant des obscénités. Auparavant, cela me faisait bien plus rire que pleurer, certes. Mais à présent, je n'avais que de la rage lorsque je le ramassais dans un état pitoyable. Je chassais les filles, et si elles osaient faire un pas devant moi, elles se prenaient la claque de leur vie. Il était certain que je n'étais pas du genre à me laisser marcher sur les pieds par toutes les idiotes de Miami. Toutes ces filles, d'ailleurs, que Lancelot avait sans doute dû rencontrer plusieurs fois. Mais ce que je ne supportais pas, chez lui, c'était son hypocrisie. Oui, son hypocrisie, non pas à mon égard certes, avec moi il n'est jamais aussi naturel. Non, avec cette stupide blonde candide qui était partie en pleurant après qu'il l'ait éconduite. Mais je sentais, je savais que Lancelot allait chercher à se faire pardonner d'elle, et c'était quelque chose que je ne supportais pas. Comment pouvait-il se faire passer pour le parfait Gentleman à ses côtés alors qu'en vérité il n'était rien de plus qu'un crétin névrosé qui buvait, couchait et enchainait les conneries à longueur de journée ? Je savais que cette soirée n'aurait pas vacciné la dénommée Kity, et je comptais bien l'aider un peu. Le contact du poignard collé à ma cuisse me donna la motivation suffisante pour lui fixer rendez vous et mettre carte sur table.

    Alors, j'attrapais un verre de soda...

    "Oh ! J'ai rencontré deux filles trop cool.
    Euh... Tracy. Non, Emily ! Ou Carry ? Bref. Deux filles trop cools.
    Enfin moins cools que toi, mais trop cools quand même ! Mais moins que
    toi. Et ça, c'est trop génial ! En plus la blonde embrasse comme une
    déesse ! Tu sais, genre pas agressive comme la majo...
    "

    ...Qui explosa dans ma main.
    Merde.

    Alors que j'attrapais ma robe pour essayer de comprimer le sang dans la main, Lancelot, complètement pété, me fit péter un bisou alcoolisé sur la joue, en disant que je lui avais manqué. Cela aurait pu me faire très plaisir s'il n'y avait pas eu la phrase d'avant. Je fis l'effort de contenir ma rage. Juste une phrase acerbe pour bien lui faire comprendre de ne pas continuer sur cette voie. Je priais pour qu'il soit lucide. Je le repoussais. Il sentait trop l'alcool, ça me donnait la nausée.

    "Ah, pousse toi crétin, tu pue l'alcool à plein nez ! Tu vas finir par me faire gerber."


    Oui, c'était toujours comme ça avec Lancelot. J'avais juré de ne jamais lui avouer que j'avais pour lui un sentiment grandissant de besoin. Un besoin de lui, de le savoir près de moi le jour, comme la nuit. Je le voulais pour moi toute seule. Mais j'étais résignée, cela ne serait jamais le cas. Inutile de lui avouer cela. Je garderais le secret.

    "Peut-être que quand tu aura fini de regarder sous les jupes de la moitié des salopes de Miami tu pourras écouter ce que j'ai à te dire ?"


    Je pris un autre verre dans ma main intacte, en évitant de serrer. Le barman me donna un torchon et m'aida rapidement à retirer les bouts de verre sur ma main. J'attachais le torchon autour, me faisant un pansement rafistolé. Je bus mon soda, il ne fallait pas que je boive avec lui. Quand je buvais, j'avais tendance à dire un peu toute les vérités. Surtout les plus dérangeantes. Alors autant rester sobre. Je priais pour qu'il ne remarque rien. Alors, posant mon verre sur la table, je pris un ton léger, badin.

    "Dis moi Lancelot, t'as jamais eu envie d'être papa ?"

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MessageSujet: Re: Cette demande osée. [Lancelot]   Cette demande osée. [Lancelot] EmptyVen 11 Nov 2011 - 15:40

Octobre, déjà. C'était avec une vitesse extraordinaire, presque irréelle, qu'avaient défilés les derniers jours de l'été et les premières fraicheurs de l'automne. La soirée à la plage ? Lointaine, oubliée. Le bal des anarchistes et sa suite désastreuse ? N'en parlons pas. Tout était réparé, tout s'était arrangé. Ou presque. Pour sauver l'intégralité, il aurait fallu que soit accordé aux humains le pouvoir de revenir en arrière. Mais comme tous, Lancelot Perez en était dépourvu. Il était juste un homme perdu au milieu du brouillard qu'il s'était lui-même façonné. Au milieu de l'injustice dont il avait hérité. Alors, il faisait semblant. Semblant de comprendre, semblant d'accepter. Semblant de consentir. Et il vivait ainsi, dans son propre mensonge, noyé dans ses belles illusions. Malheureusement, ça n'était pas toujours très efficace, et les autres vivants demandaient toujours des comptes. Trois noms. Cette inefficacité, qui n'entrait ici pas dans le domaine de son onzième chromosome, portait trois noms. Féminins, bien sûr. Qui d'autre qu'une femme attirait autant d'ennuis ?

Il y avait Eva, bien sûr. Eva et sa perspicacité. Eva et son attachement. Eva et son attitude agaçante, ses remarques cyniques, déplacées et trop lucides. Eva et son habitudes insupportable à se mêler de ce qui ne la regardait pas. Eva et sa sensibilité masquée, ses pleurs, son réalisme et ses folies. Eva qui lui cachait quelque chose. Eva et son amitié. Ensuite il y avait Kity. Kity et sa fraicheur. Kity et sa pureté. Kity et sa gentillesse, son innocence. Kity et sa fragilité, ses illusions et ses utopies. Kity et sa douceur, sa candeur, ses rires et sa simplicité. Kity et ses incompréhensions. Et finalement, Janane. Janane et sa splendeur. Janane et ses passions, son sale caractère. Janane la garce, la salope manipulatrice. Janane et son entière ressemblance. Janane et sa perfection. Janane qui lui avait renvoyé la réalité en pleine face, aussi facilement que l'on brise un miroir, mais plus violemment que l'expression de l'impuissance d'une mère qui vengerait ses enfants décédés. Enfin, toutes ces choses étaient loin, pour le moment. Très loin, enfuies dans son esprit déjà... embrumé ?

- Ok chérie, on parie ?
- Ce que tu veux.

Une main posée sur la taille d'une d'une petite blondinette en tenue aguichante, l'autre autour d'une bouteille de vodka, la bouche au goulot et les yeux dans le décolleté plongeant d'une inconnue, le garçon n'avait de toute évidence pas attendu son Espagnole préférée avant de commencer les festivités. C'était donc l'esprit bel et bien embrumé par l’alcool déjà emmagasiné qu'il venait de remporter avec triomphe son cinquième pari de la soirée, aphonnant la boisson sans l'once d'une hésitation. Il abandonna le déchet au milieu du trottoir, profita de sa liberté pour saisir les hanches de sa deuxième cible.

- Ce que je veux, hein ?

Sourire.
Ses lèvres happèrent aussitôt celles de la blonde. Puis celles de la brune. Puis... tiens ? La fille qui venait de entrer dans le bar lui disait vaguement quelque chose. Robe blanche délicate. Kity ? Haha. Bah non. Kity n'avait pas des cheveux rouges. Ni des bottes rouges à talons. En fait elle avait pas de rouge. Le rouge, c'était Eva. Puis elle n'allait pas d'elle-même dans des bars. Elle était pas assez débauchée pour ça. Enfin, pas qu'il sache. Soit. Elle occupait un peu trop son esprit. Il faudrait qu'il aille s'expliquer avec elle, un de ces quatre. Bref. Eva était là, et il était initialement venu pour elle, donc...

- Je vous laisse les minettes. Mon rendez-vous est là.
- On peut venir avec toi ?
- Hein ? Ben non. Mais on s'revoit plus tard dans la soirée.

Clin d’œil.

- Promesse. Merci pour la compagnie !

Là-dessus, il abandonna les deux filles, pénétra derechef dans le bar de classe moyenne devenu son Nirvana, son hôtel des plaisirs. Elle était là, assise au bar. Il s'approcha, sourire aux lèvres. Elle lui fit signe de s'assoir, lui tendit un verre de Tequila. Il s’exécuta avec une légère maladresse, vida d'une traite l'alcool.

- Carrément trop trop longtemps. Pourtant on s'est rencontrés bourrés comme des coings. Faudrait qu'on y remédie. Oh ! J'ai rencontré deux filles trop cools. Euh... Tracy. Non, Emily ! Ou Carry ? Bref. Deux filles trop cools. Enfin moins cools que toi, mais trop cools quand même ! Mais moins que toi. Et ça, c'est trop génial ! En plus la blonde embrasse comme une déesse ! Tu sais, genre pas agressive comme la majo...

Encore un sourire.
Il glissa un bras autour de ses épaules, posa un baiser sur sa joue.

- Tu m'as manquée, mon Espagnole.
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MessageSujet: Cette demande osée. [Lancelot]   Cette demande osée. [Lancelot] EmptySam 15 Oct 2011 - 18:19

    Nous étions déjà en Octobre, et je n'arrivais pas à y croire.

    Oui, je n'arrivais pas à croire qu'après des mois, je me retrouvais déjà en Octobre, fraîchement diplômée, et chanteuse dans la chorale professionnelle de Miami. Détruite par mon aventure avec Apollo Tässäon, je n'avais pas réussi à me relever jusqu'au début de ce mois. Tout me semblait fade, sans goût. Je me retrouvais plongée dans une léthargie telle qu'à ma sortie de l'hôpital, je n'avais pas quitté ma chambre. La soif de vangeance que j'avais éprouvé à l'égard de Kate n'avait d'égale que le chagrin que j'avais éprouvé en apprenant qu'Elena portait à présent le nom de Tässäon. Peu importe. Pendant des mois où j'étudiais, seule, avec Ange comme seule compagnie quand il se décidait à ne pas découcher, j'avais étudié sans relâche et obtenu mon diplôme. Et j'avais pris le temps de réfléchir. Lancelot. C'était surtout à propos de lui que j'avais réfléchi. Ma relation avec lui s'était compliquée depuis sa trahison, et la mienne. Nous avions échangé ce qui nous faisait du mal. Nous avons pardonné nos erreurs, avec justice et respect. Mais en moi demeurait ce malaise, mêlé à cette joie de voir mon ami lorsqu'il me rendait visite. D'abord à l'hôpital. C'était à ce moment d'ailleurs que je sortais une bonne bouteille de picrate que j'avais soigneusement planquée dans la mousse de mon matelas. Oui, j'arrivais à en piquer, à la cafeteria de l'hôpital. Quand j'avais la force d'y aller, au moins. J'avais passé deux semaines là bas, et ils avaient essayé de me remettre à neuf ; mais j'avais refusé toute chirurgie esthétique pour mon visage. Parce que le jour où j'allais croiser Kate, je voulais qu'elle voie, qu'elle prenne conscience de ces marques, qu'elle les imprime dans sa mémoire lorsque j'aurais, à mon tour, rendu son propre visage méconnaissable. Je risquais la prison pour ce que je voulais lui faire. Mais j'étais prête à courir le risque. Lancelot me soutenait à fond, et c'était peut-être parce que je le lui avais sommé qu'il n'avait pas encore fait de la tronche de Kate une bouillie de morue. Je réservais ma vengeance pour plus tard. En effet, ces mois passés confinée sur moi même, ne recevant que Lancelot comme visite m'avait permis de réfléchir à quelque chose dont je n'aurais jamais cru penser. J'avais vu avec quelle ferveur mon ami tenait à venir me voir, même si ce n'était que pour cinq minutes parfois, des heures pour d'autres. Je savais presque tout de lui, et lui de moi. Si nous n'étions pas tous les deux aussi stupides l'un que l'autre, nous aurions sans doute fait un couple merveilleux. Mais non. Il fallait toujours tout compliquer. Et bordel, ce que je voulais demander à Lancelot était foutrement compliqué. Le pire sans doute, dans tout cela, c'est qu'il ne voudrait jamais. Je ne pouvais pas penser un seul instant qu'il accepte la proposition que j'allais lui faire. Il avait trop peur. Beaucoup trop peur de lui même. Pour lui, il n'y avait pas d'espoir, pas d'échappatoire. Mais moi, j'avais bien l'intention de le convaincre. De l'obliger à faire ce que je désirais. J'étais une Espagnole. J'avais le caractère d'une Espagnole ; et comme une Espagnole, j'obtenais toujours ce que je voulais, quel qu'en fut le prix. J'aurais aimé être à la place de Pollo et Lena ; du moins, c'était ce que je m'étais convaincue. Mais je m'étais vite rendue compte que pour rien au monde, je n'aurais échangé ma vie contre celle d'Elena Tässäon. C'était un fait avéré, une certitude. Et je n'allais certainement pas me laisser marcher sur les pieds.

    Ce jour là, où j'avais décidé de sauter le pas après des semaines de réflexion intensive, J'avais songé que j'approchais de mes vingt ans à grand pas. Que Sonata aurait bientôt trois ans ; et que je n'étais pas là pour prendre soin d'elle comme il l'aurait fallu. J'avais offert mon médaillon à Pollo. Remplacé par un autre représentant l'Espagne. Ma patrie. Celle que je ne reverrais jamais. Le crime que j'avais commis ne ferait jamais prescription. J'étais encore recherchée là bas. On cherchait toujours la meurtrière sans pitié qui avait tué une famille entière, Eva Esperanza, qui prise de folie, avait tué son amant et toute sa petite famille. J'avais sauté dans un avion. Je m'étais teinte les cheveux en rouge, adopté le look le plus terrifiant que je n'avais jamais pris, et forgé mon caractère de manière à devenir la pire des salopes que ce monde puisse connaitre. Et le pire, c'est que même si tout cela me fit du mal au début, à présent j'en étais fière. Sonata avait une famille. Je ne pourrais jamais la remplacer. Je ne pourrais jamais créer une autre petite fille telle que ce bébé. Mais elle représentait mon échec. Et je refusais d'honorer sa mémoire, à présent. Je m'appelais Eris Melody. Et ma vie ne dépendait plus que d'un français insupportable mais dont je ne pourrais jamais me passer. Oui, jamais.

    J'avais oublié Apollo. Terminé. J'avais brûlé tout ce qui pouvait me rappeler que nous avions partagé des moments doux. Mes draps dans lesquels nous avions fait l'amour pour la dernière fois. Le briquer que je lui avais passé pour s'allumer une clope. Mon Stradivarius. Les vêtements qu'il avait touché, les sous vêtements qu'il avait vus. J'avais rassemblé tout cela dans la cour, et j'avais tout brûlé, me sentant mieux à chaque fois que la chaleur du feu se propageait sur la peau.
    Résultat des courses : trois semaines de travaux d'intérêt généraux et des lignes à copier pendant d'interminables heures de colle auxquelles je n'étais pas allée. Eh bien quoi ? Ils ne pouvaient plus me renvoyer ! J'étais pétée de thunes. Ils étaient obligés de me garder.

    En fait, j'adorais les visites de Lancelot, même si je m'en plaignais sans cesse. Il avait même dû défoncer la porte, un soir où j'avais refusé de voir quiconque y compris lui, un soir où j'avais atteint mon pic de déprime totale. Eh oui. Pendant des mois, j'avais fait une profonde dépression nerveuse. Et même si je grognais chaque fois que Lancelot passait le pas de la porte, je ne pouvais m'empêcher, ensuite, de le serrer entre mes bras fins et blancs. J'aimais Lancelot, d'un amour ambigu mais qui ne nous empêchait pas de vivre, ni l'un ni l'autre. Je savais qu'une certaine Kity lui tournait autour, et cela me donnait envie de rire. Qu'attendait-il pour la mettre dans son lit ? Rien. Il n'en voulait pas de cette manière là sans doute. Ou du moins, c'était comme ça que je le voyais. J'avais vu Lancelot avec pas mal de demoiselles, mais jamais je ne l'ai vu conclure avec l'une d'elles. Rien qu'à la fête où on m'avait fait cadeau de mes cicatrices. Mais bon, je ne vivais pas avec lui H-24, et même si parfois il lui arrivait de s'endormir avec moi à force d'avoir trop discuté le soir, je n'avais ni couché avec lui, ni partagé sa couette comme une bonne épouse. Nous étions tous deux trop sauvages pour cela. Si loin, et si près à la fois.

    Et puis j'avais reçu la proposition de travailler dans la chorale de Miami, en temps que Soprano. Je serais payée et je pourrais sans doute faire quelques petits voyages dans l'état de Floride. Je ne m’emballais pas ; je détestais profondément voyager. J'avais cependant accepté. Cela me permettrait de faire quelque chose de mes journées. Je passais souvent les soirées dans ma chambre, encore. Réfléchissant. Cogitant. Je savais que mon ami s'était douté que j'avais quelque chose en tête. Mais je n'avais rien voulu dire. Il fallait que je sois sûre de ce que je voulais. Et j'en était sûre, ce soir-là. Je m'habillais en hâte. Une robe blanche, fine, et simple, mes cheveux dénoués, pour cacher la mèche qui repoussait, lentement mais sûrement. Sacha. Faudrait que je lui tombe dessus, un de ces jours à lui aussi. J'enfilais des bottines à talons rouge vif, dessinais rapidement les coeurs sous mes yeux, ces coeurs que je n'avais pas faits depuis des mois. Voilà. A présent, j'étais prête à sortir. Clefs de bagnole fraichement achetée, fermeture de l'appart, et me voilà partie. Le bar n'était pas très loin de Wynwood, mais mon ami était de toute manière lui aussi diplômé, et n'avait pas poursuivi ses études. Nous allions nous retrouver, et j'allais le faire boire. La pilule passerait mieux. Lancelot avait le mérite de ne pas être trop chiant, quand il picolait.

    Je m'assis donc au comptoir. Lorsque le patron me vit, il me donna immédiatement ce que je cherchais : de l'alcool. Un verre de tequila, puis deux. J'attendais Lancelot. Sans doute n'allait-il pas tarder. Je voulais lui faire part du secret qui avait mûri dans ma tête, alors je repoussais le troisième verre de tequila que le patron m'offrit en prenant un soin tout entier à observer mes cicatrices ; il fallait que je sois sobre si je voulais parler à mon ami. Lorsqu'il franchit la porte du bar, je lui fis signe. Il était élégant, comme d'habitude. Et moi je me sentais un peu moins laide, à ses côtés. Je lui fis signe de s'asseoir et lui tendis le verre de Tequila.

    "ça faisait un bail qu'on était pas sortis tous les deux ailleurs que dans le parc du lycée, pas vrai el Francès ?"

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