[TERMINÉ] Something like different [Elsa]

Juste après ma réplique stupide - genre vraiment stupide - j'ai fermé les yeux doucement. Je me sentais comme aspirée par le sommeil - pour une fois. Étrange sensation de bien être et de plénitude. J'étais pas très fatigue, pourtant. Enfin, si, un peu, peut-être. Mais pas plus que d'habitude. Sous mon tee-shirt, je sens les doigts de Chase qui s'enlacent aux miens avec douceur. Il murmure qu'il adore quand je dis n'importe quoi. Je soupire discrètement. Je ne sais jamais quoi dire, je préfère le silence. C'est tellement mieux. Ca laisse quelque chose de très spéciale s'installer. Alors je ne rétorque rien. Je laisse juste le calme s'installer.

Je sens ma respiration qui se fait de plus en plus lente, de plus en plus lourde. Mes muscles se détendent, petit à petit. Je commence à rêver. Je me laisse glisser vers le fond de mon lit, ma tête tombant doucement dans le creux du coup de Chase. Ma main est à présent toute chaude dans la sienne, sur mon ventre. Mon souffle se cale sur les battements régulier de mon coeur, qui bat lentement. J'oublie les soucis, les cours, les souvenirs... Mon père. Je me laisse juste aller, tout contre Chase. Je commence à m'endormir, tout doucement. Je l'entends à peine me demander ce que je voulais aller voir, au cinéma.

J'ouvre un oeil, pour le refermer aussitôt. J'ai même pas le force de le garder ouvert. Je réponds un truc qui est à moitié un mot, à moitié quelque chose qui ressemble à un son. Je sombre dans les bras de Morphée, finalement. Ma main toute chaude dans celle de Superman, entre nous. Quand je me réveillerai, je vais bien sûr m'en vouloir, de m'être endormie comme un gros caca, surtout que c'est lui qui devait dormir, au départ. Tss. Promis, un jour, je dormirai la nuit.

Fin.

A peine me suis-je calée sous la couette que Chase pose sa joue dans mon cou, avant de soupirer légèrement. J'écoute avec attention sa respiration lente et régulière. Elle m'hypnotiserais presque, alors que je suis perdue dans mes pensées. Superman se glisse sous la couette quelques instants plus tard, puis, pose sa main sur mon ventre tout doucement. Je m'arrête de respirer un quart de seconde. Je ferme les yeux, aussi. Je n'aime pas, quand on touche mon ventre. C'est un peu... comme si on appuyait sur un bouton et que tout un film repassait en boucle dans ma tête. Mes souvenirs les plus désagréables. Je repars dans mes pensées, de longues secondes. Je ne préfère pas y penser. Surtout que bizarrement, lorsque c'est Chase qui pose sa main sur mon ventre, ça me fait de petits frissons agréables, dans le dos.

Superman me sort de mes pensées, disant que je sens le bonbon. Et qu'il aime bien. Je souris timidement. Je passe doucement ma main dans sa nuque, la caressant du bout des doigts. Je murmure doucement :

« C'est gentil. »

Son souffle dans mon cou me chatouille. Chase continue en disant que ce qu'il aime bien, aussi, c'est qu'il y a quelque chose de différent, entre nous deux. Mon coeur loupe un battement. Je rougis, un peu plus. Je passe ma main dans ses cheveux doucement. C'est vrai que c'est différent entre nous. C'est à nous. Ca nous appartient. Personne ne nous l'enlèvera jamais. On profite simplement de ces instants, rares. Rien que nous deux. Je souffle doucement :

« Hm. Tu sais, d'habitude, je n'aime pas qu'on touche mon ventre... Et bizarrement, quand c'est toi qui le fait... Ca va. C'est un peu comme mes mains, quand elles sont dans les tiennes. Tu vois ? Enfin, bon... Je dis n'importe quoi... », dis-je un petit sourire sur les lèvres.

Je pose néanmoins ma main qui est juste derrière ma tête, sur celle de Chase. Celle qui est bien au chaud, juste sur mon ventre.

Elsa et moi avons le même tic. Cette sale manie de passer notre main dans nos cheveux sans arrêt. Enfin, non, moi je les ébouriffe. C'est pas pareil. Tiens, regardez : elle recommence. Puis, elle rougit. Adorablement mignonne. Hop, petit soupir.

- Hm, ok... Mais interdiction de déraper comme la dernière fois... D'accord ?

Je lui fais un grand sourire, tout content, avant de me pousser sur le côté. La petite brune se glisse à côté de moi, sous les couettes. Automatiquement, je cale ma joue dans le creux de son cou et soupire d'aise. Ma respiration s'apaise, elle se fait plus lente et régulière. Je ferme les yeux et passe à mon tour les draps au dessus de moi, avant de poser délicatement ma main sur le ventre de mon amie. Elle se soulève et s'abaisse au rythme de sa respiration, je me focalise sur ce simple geste. Nous restons ainsi une longue minute, durant laquelle je me sens bercé. Retour en enfance immédiat. Toute cette douceur... cette odeur de bonbons. Hm ? Odeur de bonbons ? Je respire le cou d'Elsa, tout doucement, avant de sourire, les yeux toujours fermés. Pas un muscle de mon corps n'est pas détendu à cet instant précis. Je suis bien.

- Tu sens le bonbon, Elsa... murmurai-je à son oreille. J'aime bien !

Une nouvelle fois, je soupire de plaisir, faisant voleter une petite mèche de cheveux bruns dans le cou de sa propriétaire. Il est près de 18 heures, et je suis fatigué, pourtant je n'ai pas envie de dormir. Quand on dort, on ne profite pas des secondes qui s'écoulent aussi agréablement qu'à l'instant.

- Et ce que j'aime, aussi, c'est qu'entre nous... Il y a quelque chose de différent.

Je ne savais pas pourquoi j'avais ajouté cela. Mais je le pensais du plus profond de mon petit cœur d'artichaut. J'avais envie de le partager avec mon amie, même si elle était peut-être déjà au courant que je le pensais.

Je suis debout au milieu de ma chambre, poussant deux-trois partoches du bout de mon pied, et on se regarde, comme deux idiots. Il a petit sourire en coin. Adorable, ce qui ne manque pas de me faire rougir. Il baille à nouveau. Décidément. Il est super fatigué. On aurait jamais dû faire autant les cons, hier soir. Ça m'apprendra. En tout cas, Chase tente de déceler je ne sais quoi dans mon regard puis finis par s'écrouler sur mon lit, de toute sa masse. Je souris légèrement et passe une main dans mes cheveux. Je souris un peu moins lorsque je le vois enlever son tee-shirt, mais ça, c'est autre chose. Je m'assieds contre le lit, et prend une partition au hasard. Une compo. Bon, sans piano ça va être un peu compliqué, mais ça fait des petits exercices de mémoire musicale. Mieux que rien. Stylo en main, je commence à réfléchir. Même si c'est difficile avec Superman, juste derrière moi.

J'entends Chase soupirer avant de me dire que je l'ennuie et qu'il n'était pas venu pour ça. Je souris. Il continue en me faisant remarquer qu'il pourrait aussi bien faire ça dans sa chambre. Je glisse mon stylo derrière mon oreille et tourne ma tête vers lui pour dire :

« Ouais, mais bon, je doute que tu ais la force de retourner à ta chambre... »

Il soupire à nouveau, pendant que je remplace un si par un do et une croche pointée double par une double croche. Un petit silence s'installe, j'ai même l'impression que Superman s'est endormi. Mais en fait, non. Il prend la parole, je tourne la tête vers lui alors qu'il me regarde avant de me demander si je ne veux pas venir près de lui. Je passe une main dans mes cheveux. Envie, c'est pas vraiment un souci... Seulement, j'ai pas tellement envie que ça dérape comme la dernière fois... Je soupire. Et sa gueule d'ange qui me fait trancher et rougir un peu plus. Je relève légèrement avant de dire :

« Hm, ok... Mais interdiction de déraper comme la dernière fois... D'accord ? »

Je me glisse à ses côtés, doucement, presque sans bruit. Je suis pas mal à l'aise. Juste gênée. Alors, je ne sais pas quoi dire.

Je voulais vraiment qu'on sorte, qu'on se change les idées. L'inviter aussi, parce que c'est tout le temps lui qui m'invite. J'ai l'impression de dépendre de lui par moments, ça m'énerve un peu. Bon, ok, le moment est mal choisi parce que là on est comme deux idiots à bâiller aux corneilles, mais c'est l'intention qui compte, non ? J'étouffe à nouveau un bâillement. 'faudrait que je songe à dormir vraiment, un de ces jours. Ouais, ça serait une bonne idée. Léger soupir. Superman refuse mon offre, comme je m'y attendais un peu, au fond. Prétexte : on est pas en état d'aller au cinéma. Il s'endormirait au bout de deux minutes de film. Surtout si c'est moi qui choisit, ajoute-t-il, sourire taquin aux lèvres.

Je souris doucement, secouant la tête. Il continue de me taquiner en assurant que je suis fan de One Tree Hill ou de 90210. FAUX. Enfin, juste One Tree Hill. Mais au ciné, je préfère regarder des films d'action ou des films d'horreur. Avec des super héros, aussi. Parce qu'ils ont la classe. Et parce que j'aime les BD Marvel, aussi. 'faudra que je regarde pour la cinquantième fois Sid and Nancy, un de ces quatre aussi. Voir le grand Sid Vicious joué par le parrain d'Harry Potter. C'est la classe ultime, quand même. Nancy, on en parle pas. Elle sert à rien, à part le foutre au fond du trou.

Chase bâille un bon coup avant se frotter les yeux, tel un petit enfant qui vient de se faire un cauchemars. Le même petit enfant que j'ai rencontré pour la première fois il y a onze ans bientôt. Avec ses cheveux blonds et ses yeux bleux. Dans la cour de récréation, à Londres. Je suis interrompue dans le flot de mes pensées par ce même enfant, en plus vieux, fatigué. Une petite sieste, ça serait cool, ouais. Mais je dormirai pas cette nuit moi, si je dors maintenant. Je ris doucement. Je me lève du lit, et pose le pot de crème glacée à moitié vide - ou à moitié plein, comme vous voulez - sur le bord de ma table de chevet.

« Tu peux dormir là, si tu veux. Je suis pas fatiguée, moi. J'ai pleins de trucs à finir de composer, de transposer... », dis-je, en regardant les partitions qui jonchent le sol. « Je te surveille, en même temps. Comme ça, je suis sûre que tu dors. »

Lorsque j'enlace mes doigts à ceux de Chase, je me rassure un peu. Leur chaleur m'apaise, calmement. Et lui, il serre doucement ma main dans la sienne en guise de réponse. Je souris, timidement. On pourrait entendre une mouche voler. La conversation n'avait pas été si désagréable que je ne l'avais envisagée. Bon, il y a encore beaucoup de choses à régler, mais pour l'instant, on arrête d'y penser un peu et on attend. C'est le mieux. D'ailleurs Superman reprend la parole pour approuver ma suggestion. Qu'en effet, c'est ce qu'il y a de mieux à faire et... qu'il attendra le temps qu'il faudra. Je hausse un sourcil alors qu'il me sourit. C'est plutôt moi qui vais attendre. Mais bon. Ne nous attardons pas sur des détails. Vivons le moment présent, plutôt.

Chase amène doucement ma main à ses lèvres avant de la bisouter au bout des doigts. Des petites décharges électriques me parcourent le dos. Frisson agréable. Mes doigts se sont réchauffés entre les siens. Ils ne sont plus glacés comme il y a quelques minutes. Ils sont tièdes. Sa main vient lentement récupérer une de mes mèches de cheveux pour la glisser derrière mon oreille. J'ai l'impression qu'il adore me faire rougir. Je fixe alors nos doigts enlacés sur le lit pendant qu'il me caresse la joue, tendrement. Le vide qu'il y avait entre nous n'est plus. Je ne sais pas si c'est lui ou moi qui s'est approché de l'autre. En fait, je m'en fiche. C'est plutôt bien, comme ça. Je crois.

La fatigue de la veille commence à se faire ressentir. Mes yeux se ferment tous seuls, par moments. J'étouffe un bâillement. Je ne sais pas si Superman l'a remarqué, en tout cas, ce qui suit me le fait penser, puisqu'il me dit que je devrais me reposer, disant que la soirée d'hier était épuisante. Hm. Je n'ai pas envie d'aller me coucher. Surtout que ce n'est pas l'heure d'aller se coucher, en plus. Je soupire doucement et sors un truc un peu hors-sujet, posant avec retenue ma tête contre l'épaule de Chase :

« Moi aussi, j'attendrai le temps qu'il faudra. » Je m'arrête quelques secondes et reprends. « Pardon, je dis un peu n'importe quoi. Mais j'ai pas envie de dormir. On avait dit qu'on irait au cinéma... la dernière fois. Tu veux qu'on y aille ? »

Je relève légèrement la tête pour plonger mes yeux dans le bleu infini des siens. Je lui lance un petit sourire :

« C'est moi qui t'invite. »

J'ai dit " pour que tout soit clair ". Mais en fait, ça n'a fait que brouiller encore les sentiments. J'ai envie de me taper la tête contre le mur. A la place, je serre un peu mon pot de glace. Elle fond, lentement. Je replace un mèche de mes cheveux derrière mes oreilles. Cheveux qui m'arrivent presque aux épaules. Va falloir que j'aille chez le coiffeur. Chase se tourne complètement vers moi. Il me sourit. J'écarquille légèrement les yeux. Il... sourit. Je pensais qu'il serait plutôt gêné, ou... je ne sais pas. Mais pas qu'il me sourirait de cette façon, là. Le genre de sourire que j'aime chez Chase. Celui où je vois qu'il est sincère. Celui qui me rassure. Il se met alors à parler. Je l'écoute. Attentivement.

Il commence à me dire qu'il n'est sûr de rien, en ce moment. Je sais. C'est en parti de ma faute. Moi aussi, d'ailleurs. Je ne sais plus trop ce que je dois faire. Où est ma place. Enfin. La seule chose dont il ne doute pas, c'est de moi. Superman continue en disant que je suis merveilleuse, que des comme moi, on en fait plus. Alors, oui, ça lui plairait, qu'il y ait un lui et moi. God. Je plonge ma cuillère dans le pot de crème glacée et en enfourne une grande bouchée. C'est froid. Je dois en avoir un peu sur le coin de la lèvre. Tant pis. Ca amorti un peu le choc. J'ose à peine croire ce qu'il vient de dire. Un tout petit sourire se glisse sur le coin de mes lèvres. Mais un tas de questions s'amène avec. De la peur aussi.

Perdre Chase pourrait être l'une des pires choses qui m'arriverait. C'est... un des seuls souvenirs heureux qui me reste de Londres. Non. C'est le seul. Il est celui avec lequel, je me sens bien, malgré tout. Il arrive souvent à me mettre à l'aise. J'aime bien quand il prend ma main dans la sienne. Parce qu'elle est grande, et qu'elle est toute chaude. Et si jamais, on envisage plus que de l'amitié entre nous, j'ai horriblement peur que ça finisse par gâcher tout ce qu'on a pu construire. Tout ce qui nous lie. C'est tellement fort. J'ai tellement besoin de lui par moment. Je ne veux le perdre pour rien au monde.

D'ailleurs, Chase a peur lui aussi. Pour les mêmes raisons que moi, à peu de choses près. Il me parle de sa première copine. Brooke. Je vois qui c'est. Elle était là, à la pyjama-party de Janane. Une petite brune, cheveux courts, assez mignonne. Il dit qu'il a besoin de moi, lui aussi. Je rougis un peu. Je ravale une bouchée de crème glacée. Et finalement, il me demande ce que j'en pense moi. De lui et moi. Si je le savais... Bon. Le mieux, c'est d'y aller en freestyle. Ou pas. Je soupire, passe une main dans mes cheveux. Geste nerveux qui se répète. Je pose doucement ma tête contre le mur et ferme les yeux.

« Je sais pas... Moi aussi, je ne peux pas affirmer beaucoup de choses, en ce moment. Toi et moi... On se connaît depuis dix ans. Bientôt onze. Alors, ça me fait peur aussi. Que tout ça soit détruit par ce qu'il pourrait se passer, entre nous. Je peux pas te cacher que j'aime bien être avec toi. Que je me sens bien quand tu es à mes côtés. Aussi, si je doute de ce que je ressens pour toi, aujourd'hui, c'est que je ressens certainement plus que de l'amitié à ton égard. »

Je commence à rougir. Je tourne doucement la tête vers lui, ouvrant les yeux. Je tente un petit sourire.

« Seulement, ça ne dépend pas que de moi. Et je veux pas qu'on fasse n'importe quoi. Tu m'es... Tu m'es vraiment précieux. Nous deux, ça me plairait aussi. Je crois. Mais, avec ce qu'il s'est passé... avec mon paternel, je ne sais pas si ça serait une bonne idée. Et puis, il y a toujours Sacha. Et je ne veux pas lui faire de mal. C'est un gars gentil, et éperdument amoureux de toi. Alors pour l'instant... Attendre, ça serait le mieux. Non ? »

J'enlace gentiment mes doigts à ceux de Chase, un petit sourire confus dessiner au coin de mes lèvres. Attendre. C'est ce qu'on a de mieux à faire. Vraiment.

Photoshop a dû dérégler les teintes de la scène en place, parce que là... Elsa est vraiment très, très rouge. Comme moi. Ouais, ça doit être ça. Méchant Photoshop ! En fait, nous sommes tous les deux absolument sereins, là. Tout-va-bien. Dans le meilleur des mondes. [...] Oui, c'est ça, Chase. Tu aimerais bien, mais désolé de te/me décevoir, ce n'est pas le cas. La vérité, c'est que tous les deux, nous ne savons plus où nous mettre ! C'est avec un très léger sourire qu'Elsa me dit qu'elle est contente que Sacha et moi aillons pu discuter. Bon. En réalité, on a fait plus que ça. Ce qui me fait me poser des questions... Je ne lui ai pas dit une seule fois que je l'aimais. Je me suis certes laissé emporter par la passion dévorante que je ressens envers lui, mais j'ai été incapable de répondre à ses "Je t'aime". A chaque fois, l'image d'Elsa revenait me hanter. Ce qui, au final, me rend encore plus nerveux et paumé qu'auparavant !

- Ce qu'il s'est passé... L'autre soir... C'était fort. On peut pas le nier... Mais... On peut faire comme si rien ne c'était passé, si tu veux. Je ne veux pas me mettre entre toi et Sacha. Tu l'aimes, et il t'aime. Il ne faut pas gâcher ça. C'est tellement rare lorsque deux personnes ressentent réciproquement ce genre de sentiments.

Quand elle me suggère de faire comme si rien n'avait eu lieu entre nous, je me sens tout bizarre. J'ai envie de l'interrompre, de crier un grand "NON", en gras et en majuscules, souligné 5 fois et clignotant. Oui, d'accord, ça serait plus simple pour tout le monde. Mais elle a bien dit "Si tu veux", non ? Or, je n'en ai pas le moindre envie. Cependant, je la laisse poursuivre. Pour elle, ça a l'air clair. Sacha et moi, on s'aime. Mais qu'est-ce que j'en sais, au final ? Après tout, je ne suis qu'un pauvre type, dirigé par mes hormones. Elles ont de la chance, les femmes. Je pensais ne pas avoir, excusez-moi l'expression, une "bite à la place du cerveau", mais quand je vois Sacha... Voilà, quoi. Du coup, je me sens aussi minable que la plupart des types sur cette planète. Je ne veux pas être comme... je ne sais pas, moi ! Alecto, Warren ou encore Apollo. Je ne veux pas tromper mon copain ou ma copine juste parce que j'ai envie de sexe. D'ailleurs, ça ne sert à rien. Juste... à créer des problèmes. Oh, bien sûr, Wyatt n'en est pas un, du moins plus maintenant. Mais à 15 ans... Je ne pensais pas du tout la même chose. Et pire, je me pensais vacciné à vie contre le sexe ! C'est peut-être fait, qui m'a "aidé" à aller vers Sacha, en fin de compte...? La certitude que rien ne pourrait arriver. Juste... du plaisir. Rien d'autre. Pendant que je me torture les méninges, Elsa poursuit, de plus en plus rouge.

- J'aimerai savoir... Juste comme ça... Pour que ça soit clair. Tu... Tu aimerais bien qu'il y ait... Qu'il y ait un toi et moi ?

Ses mains écrasent à moitié son pot de crème glacée, son visage atteste de sa gêne avec plus d'efficacité que n'importe qu'elle enquête ou QCM à la noix. De mon côté... je souris. Je me tourne cette fois totalement vers elle, délaissant le mur pour faire totalement face à mon amie.

- Je ne suis pas sûr de grand chose, tu sais, ces temps-ci... Mais s'il y a bien une chose dont je ne doute pas, c'est de toi. Tu es une personne merveilleuse, Elsa, des comme on en fait plus... Alors... Oui, bien sûr que ça me plairait. Mais j'ai peur de tout gâcher. Je ne veux pas que notre amitié en pâtisse, parce que j'ai besoin de toi, de ta présence, de ton soutien... Et je pense que toi, tu as également besoin de moi. Enfin, je m'avance peut-être, mais en tout cas je l'espère. Quand je vois comme ça a fini avec ma première copine... Entre Brooke et moi, c'était le grand amour, vraiment. Et pourtant, malgré deux ans de relation et une amitié super solide, maintenant, on ne se parle plus. Au mieux, on se salue dans les couloirs. Et je ne veux pas de ça, entre toi et moi. Ça me fait peur... Et... Et toi, tu en penses quoi ?

Je ne sais pas pourquoi j'avais soudain parlé de Brooke McQueen. Nous étions sorti ensemble à Londres, longtemps. J'étais fou d'elle, je pensais que c'était la femme de ma vie. Jusqu'au jour où elle m'a annoncé qu'elle partait vivre son rêve à Miami. C'est à cause de la peine qu'elle m'a causé que je me suis tourné vers Isobel, d'ailleurs... Avec le recul, je ne le regrette pas, mais je n'aurais pas dû. Toujours est-il qu'à présent, Brooke et moi nous ignorions royalement. Et non, vraiment, je ne pouvais pas imaginer ça entre Elsa et moi.

Je m'en veux. Tout simplement, je m'en veux. D'avoir été aussi froide. De ne pas avoir su prendre une voix douce et calme, pour lui faire comprendre que je ne lui en voulais pas. Que ça allait. Je m'étais donc appuyée contre le même mur que lui, mon pot de glace entre les mains. Je n'en avais presque plus envie. Et ça m'énervait, un peu. On ne gâche de la glace Häagen-Dazs. Surtout lorsque celle-ci est aux cookies. C'est sacré. Enfin. Je m'égare. Je m'amuse avec un morceau de cookie, du bout de ma cuillère, attendant qu'il parle. Qu'il me dise qu'il retournera vers Sacha, et qu'on devrait oublier tout ça. Faire comme ci de rien n'était.

Chase parle. Il me dit que Sacha l'aime. Et qu'il n'a pas su quoi répondre à ça. Je pose un peu plus ma tête contre le mur, avalant mollement une cuillère de crème glacée. Il me dit qu'il ne sait pas trop où il en est, en ce moment. Ce que je comprends. J'aimerai tellement qu'on puisse faire comme si rien n'avait eu lieu. Pour lui. Parce que c'est aux côtés de Sacha, qu'il serait le mieux. Et pas de quelqu'un d'autre. Superman continue sa phrase en souriant, disant qu'il pense que j'y suis pour quelque chose, ses yeux plongent dans les miens. Je rougis, ma cuillère toujours sur le bord de mes lèvres.

Il dit que c'est depuis la plage, me le rappelle. Comme s'il pensait que je n'y avais plus pensé une seconde depuis. Alors que ça me hante. Chase pense à moi, de façon étrange. Rougeurs un peu plus marquées. Ce n'est pas comme ça qu'il devrait penser à moi, explique-t-il. C'est un grand frère, un ami, qu'il est censé être. Il raconte qu'il gâche tout, en m'embrassant, en aimant ça. En désirant recommencer. Chaque mot qui passe la barrière de ses lèvres me secoue. Je rougis toujours. Je ne sais pas quoi penser. Au fond de moi, ça me rend un peu... heureuse. Mais je me dis que... il ne faudrait pas.

Il voudrait que les choses soient plus simples. Il a dit que le mieux, c'était qu'ils y aillent doucement. Il lui a parlé de nous deux. Lui et moi. Ça me fait bizarre de dire ça. Comme si on était... Qu'on était quoi ? Attends, commence pas à t'imaginer des trucs, c'est nul. Mais bizarrement, Chase y fait référence. Il dit qu'il ne sait pas s'il y a un lui et moi. Il soupire, disant qu'il s'embrouille. Je l'observe, discrètement. Il rougit. Comme moi. On se croirait dans un feuilleton à l'eau de rose de seconde zone.

« Hm... Je suis contente que tu aies pu discuter avec Sacha. Vraiment. », commençais-je, avec un petit sourire timide.

Je me mordille la lèvre. Il faut que je continue.

« Ce qu'il s'est passé... L'autre soir... C'était fort. On peut pas le nier... Mais... On peut faire comme si rien ne c'était passé, si tu veux. Je ne veux pas me mettre entre toi et Sacha. Tu l'aimes, et il t'aime. Il ne faut pas gâcher ça. C'est tellement rare lorsque deux personnes ressentent réciproquement ce genre de sentiments. »

Une question reste néanmoins logée dans un coin de ma tête. Mais elle serait tellement contradictoire par rapport à ce que je viens de dire... Mais je veux savoir. Ce qu'il pense. Parce qu'après tout, je ne sais pas ce qu'il s'est réellement passé entre lui et Sacha.

« J'aimerai savoir... Juste comme ça... Pour que ça soit clair. Tu... Tu aimerais bien qu'il y ait... Qu'il y ait un toi et moi ? »

Je dois être aussi rouge qu'une tomate. Voir pire. Mes mains se crispent un peu sur le pot de crème glacée. Je m'en veux immédiatement d'avoir posé la question. Je suis une idiote.

Un léger silence s'installa entre nous. Mes yeux étaient toujours rivés sur mes mains serrées. J'attendais. Soudain, elle brisa cet instant reposant, à la fois stressant également. Paradoxal. Son ton était distant, froid. Je me mordis la lèvre, relevai les yeux vers mon amie. Elle avait peut-être l'air... contrariée. Ou... Je ne sais pas, en fait.

- Ah. Et... Vous avez pu discuter ?

Son "Ah" en disait tellement long que j'avais envie de me frapper la tête contre le mur. Peut-être que j'aurais dû la fermer, là maintenant, tout de suite... Elsa tenta de faire comme si de rien n'était, elle reprit son pot de glace et s'appuya sur le mur pour le savourer, mais sa réplique tranchante résonnait encore entre nous. Elle sonnait le glas de la tranquillité. Ou alors, il était déjà sonné depuis que j'avais pénétré dans la chambre d'Elsa. Merde. Je soupirai, reposai ma tête contre le mur. Être franc, tout lui dire ? Me taire, changer de sujet ? Entre amis... Après tout ! Je me lançai.

- Oui, si on veut... Il m'a dit qu'il m'aimait. Je n'ai pas su quoi lui répondre. Je ne sais pas trop où j'en suis, ces temps-ci. Je crois que tu y es un peu pour quelque chose., ajoutai-je dans un sourire, avant de plonger mes yeux dans l'océan des siens. Depuis... tu sais, l'autre jour, sur la plage... Je pense à toi... étrangement. Pas comme je devrais, tu vois ? Je suis censé être... je sais pas, ton grand frère, ton ami, une épaule sur laquelle t'appuyer, et au lieu de ça, je gâche tout en t'embrassant, en aimant ça... En désirant recommencer. J'aimerais que les choses soient plus simples. J'ai dit à Sacha que le mieux, c'était d'y aller doucement. Je lui ai expliqué... pour toi et moi. Enfin... Je ne sais pas s'il y a un toi et moi, et puis... 'Fin, je m'embrouille, là, désolé., finis-je par dire en soupirant.

Je me rendis compte que j'avais chaud, je posai une main sur ma joue. Elle était brulante. Est-ce que j'étais vraiment en train de rougir comme une collégienne ? La honte. Chase, t'es vraiment nul dans ce genre de situation. Soupir. Regard en coin. Ce que je venais de dire, c'était en quelques sortes... une déclaration, non ? Vraiment, ces temps-ci, la vie était aussi tranquille qu'une mer déchainée.

J'avais dit ça pour combler le silence qui avait pris place. C'était un peu idiot. Pas que je voulais pas partager ma glace avec Chase, au contraire, puisque c'est lui qui me l'a apportée, mais j'aurais pu trouver mieux à dire quand même. Enfin. Ça doit venir du fait que je ne sois pas bavarde. Et de la gêne aussi. Je sens mes joues encore chaudes et peintes de rouges. Je soupire discrètement. Ma cuillère joue avec un petit morceau cookie dans un coin du pot de crème glacée. Je finis par le manger, les pépites de chocolat craquant sous mes dents. Je relève le nez. Et je m'aperçois que Chase a l'air soucieux.

Ou du moins, quelque chose le tracasse. Ses sourcils se froncent. Il serre les poings, mord sa lèvre. Une petite boule d'inquiétude pointe dans mon estomac. Je ne sais pas ce qu'il va me dire, mais il a du mal en tout cas. Et c'est mauvais signe. Je l'observe du coin de l'oeil. Ça doit sûrement être à propos de Sacha. Ou alors de l'autre fois. Raaah. C'est dingue comme je peux regretter ce qu'il s'est passé. Ça nous a foutu dans une merde noire cette histoire. Même si c'était super agréable. Et je me hais quand je me rends à l'évidence. J'ai apprécié lorsque les lèvres de mon ami d'enfance se sont posées avec douceur sur les miennes.

Chase prend enfin la parole. Il a vu Sacha, aujourd'hui. Un petit pincement au coeur. Tout petit. Minuscule. Je déglutis avec peine. Je le savais, je m'y attendais et pourtant ça me fait quelque chose. Et ça m'énerve. Parce qu'il n'y a rien à part de l'amitié entre Chase et moi. N'est-ce pas ? J'en sais rien, en fait. Mais en tout cas, il y a quelque chose entre Chase et Sacha. Et je veux qu'ils soient heureux. Donc, pas de place pour ce que je ressens. Mieux vaut oublier ce qu'il s'est passé. C'est la meilleure chose à faire. Pour tout le monde. Je ne sais pas si je dois sourire, par contre. J'en esquisse un très léger avant de réagir. Malheureusement, le ton de ma voix est un peu plus froid que je ne le voulais. Alors que je veux simplement lui montrer que je suis contente qu'il ait pu le revoir seul à seul.

« Ah. Et... Vous avez pu discuter ? »

Je me racle la gorge. Je ne veux pas que Chase pense que ça m'indiffère ou que ça me met en colère. Je prends mon pot de crème glacée avec moi et m'assieds contre le mur avec souplesse, à environ un mètre de lui. Je préfère ne pas trop m'approcher. J'ai un peu peur. J'ai pas envie de parler. Juste d'écouter.

Je suis plutôt satisfait de constater qu'Elsa mange sa glace avec appétit, malgré la soirée d'hier. Tête appuyée sur le mur, je l'observe, soupire. La jeune fille me regarde à son tour d'un drôle d'air et pose alors son pot de crème glacée sur sa table de chevet. Mon sourcil droit se hausse tandis que je l'observe approcher un peu trop rapidement, un peu trop près aussi, peut-être. Sa main glacée se pose alors sur mon front, qui lui doit être brûlant en comparaison. D'instinct, je ferme les yeux.

- T'es sûr que t'as complètement récupéré d'hier soir, toi ? Tu veux une aspirine, j'en ai dans la salle de bains, si tu veux.

- Non, ça va... soupirai-je, avant d'ouvrir à nouveau les yeux.

La proximité me surprend, je ne m'attendais pas à trouver le doux visage - pour le coup légèrement ravagé - de mon amie à une distance si peu conventionnelle. Automatiquement, ses joues se colorent agréablement, m'arrachant un pauvre sourire. Des excuses lancées à la va-vite, et elle reprend sa place à l'autre bout du lit, de même que sa crème glacée aux cookies. Un long silence s'installe, pendant lequel je ne la quitte pas des yeux. Il y a tellement de choses que j'aimerais lui dire... mais je n'ose pas me lancer. Un peu comme un petit baigneur en slip qui n'ose pas se lancer dans la mer qu'il sait glacée, je recule, recule...

- Ou alors... tu veux de la glace aux cookies ?

Il serait sans conteste criminel de ma part d'accepter et de lui ravir ses précieuses bouchées de glace, c'est pourquoi je secoue la tête de droite à gauche en souriant. Après tout, c'est pour elle que je l'ai apportée. Enfin, mon estomac supporterait sans doute difficilement d'être rempli, du moins aujourd'hui, après la soirée et les évènements de la matinée. A propos de ça, est-ce que je ne voulais pas en parler à Elsa, en arrivant ? Je me souviens vaguement d'avoir été très décidé à le faire, en montant la voir. Puis, en la voyant, ma détermination c'était évaporée... J'avais presque envie de me secouer. Je serrai les poings, fronçai les sourcils, me mordis la lèvre et m'encourageai intérieurement à me lancer...

- Hm... J'ai... J'ai vu Sacha, aujourd'hui.

Une simple annonce, qui aurait pu ne pas vouloir dire grand chose. Je préférais attendre la réaction d'Elsa avant de poursuivre. Alors, je ne dis plus rien et attendis, yeux baissés sur mes mains serrées.

Superman me sourit doucement. Je bois une gorgée de mon aspirine dans un grimace. J'ai toujours détesté prendre des médicaments. J'ai toujours des hauts le coeur après. Et l'aspirine, c'est vraiment pas bon. Heureusement que je ne suis pas souvent malade. Bref. Chase s'approche et me tend la glace et une grosse cuillère que je récupère après avoir poser mon verre à moitié plein - ou vide - sur la table de nuit. Il part s'asseoir sur le lit, juste à côté de mes pieds et pose son dos contre le mur. Il me remercie et me dit que mon tee-shirt est pas mal non plus. Enfin, il le précise. Comme s'il avait peur qu'il y est quoique ce soit d'ambiguë. Le comble. Parce que notre relation est tout saut claire, en ce moment. Bref. Je lui souris gentiment, pour lui dire de ne pas s'en faire.

Un petit silence s'installe et je m'aperçois que je n'ai toujours pas touché à ma glace qui fond lentement. Et Chase me le fait remarquer. Je suis un peu mal à l'aise. Ou perdue dans mes pensées, aussi. Je suis d'ailleurs étonnée d'y arriver, alors que dans ma tête, c'est un espèce de brouillard épais qui ne finit jamais. Enfin. Au final, Superman dit un truc totalement stupide. Je ris même discrètement, sur le coup, tellement c'est idiot. "Mange ta glace, elle va refroidir !". Tout à fait, Chase. Je risque de me brûler, aussi. Attends, je vais souffler dessus. Il se tape le front avec la paume de sa main, en soupirant fortement. Je plante la cuillère de la pot, et l'enfourne dans ma bouche, pleine de crème glacée. Trop bon.

J'entends Chase s'insulter à voix haute, puis rectifier "refroidir" par "fondre". Je souris, timidement. Apparemment, il n'a pas si bien récupéré de la veille que ça. Si mes souvenirs sont exacts - ce qui n'est certainement pas le cas - il était quand même pas mal défait, hier soir. Ou alors, c'était moi qui était complètement ravagée. Aucune idée. Je cale la glace entre mes genoux et reprend une petite gorgée d'aspirine - absolument horrible, comparée à la douceur de la crème glacée aux cookies. Chase soupire à nouveau avant de coller sa tête contre le mur. Je pose le pot sur la table de chevet, et m'approche de lui, posant ma main glacée contre son front.

« T'es sûr que t'as complètement récupéré d'hier soir, toi ? Tu veux une aspirine, j'en ai dans la salle de bains, si tu veux. »

Même si je plaisante légèrement, j'affiche une mine un peu inquiète. Les sourcils un peu froncés. Et je m'aperçois que nos visages se sont rapprochés, inévitablement. Et mes joues se peignent de rouges, malgré moi. Je bredouille une excuse et retourne m'asseoir au fond de mon lit, et reprend le pot de glace entre mes mains. Un petit silence gênant s'installe. Je demande timidement :

« Ou alors... tu veux de la glace aux cookies ? »

Se réveiller après une nuit difficile, c'est horrible. Je le sais. Mais se réveiller après une nuit difficile avec une gueule de bois, c'est encore pire. God. Plus jamais je ne boirai. Pas un verre, pas une goutte. De n'importe quoi. Pour ceux qui aurait loupé un épisode, hier soir se tenait le bal des anarchistes, organisé par les Sigma Mu. Les deux principaux organisateurs étaient Sacha et Elena, ma meilleure amie. Enceinte de quatre mois. Je voulais pas venir à cette fête. Et puis, elle m'a fait son regard de femme enceinte larmoyant. Alors j'ai dit oui. Quelque part, ça m'arrangeait un peu, comme ça, je pouvais garder un oeil sur elle. Je n'étais pas sûre que Apollo y participerait. Et j'aurais dû me renseigner. Je me suis pointée à la fête. Et les emmerdes ont commencé. Des disputes, des déceptions, des connards qui vous embrassent sans permission, des vomissements... Et puis, de l'alcool. Beaucoup trop d'alcool.

J'avais rencontré Chase que je n'avais pas vu depuis... Depuis cette fameuse journée où beaucoup de choses se sont passées. Journée que je me forçais à oublier. Parce que je savais que c'était ce qu'il y avait de mieux à faire. Que je n'avais aucune chance. Aucune chance pour quoi, d'ailleurs ? Jamais Chase ne m'avait dit qu'il reviendrait vers moi. Qu'il espérait quelque chose plus qu'amical entre nous. Qu'il allait choisir entre Sacha et moi ? Je me trouve hyper stupide par moments. Bref. Je l'avais rencontré. Il était un peu défait. Voire même beaucoup. Et puis, il m'a filé une bouteille que je croyais être d'eau. Cul sec, il m'avait dit. Alors j'ai fait. Seulement, c'était de l'alcool. Et pas de l'eau. Et moi, je ne bois jamais d'alcool. Donc c'est vite monté au cerveau.

Des flashs me reviennent. Je me revois monter sur scène, chanter et gueuler comme une malade, Chase avec moi. Coton Eyed Joe. Moi sur l'épaule de Chase. On tourne, on vire, on se casse la gueule. Il rit, j'ai la tête qui tourne, je l'insulte. Il me ramène à ma chambre en une demi-heure. Et c'est tout. J'ai passé une des pires nuits de ma vie. J'ai été malade. Du mal à dormir. Et au réveil, un sale mal de tête. Horrible. Un SMS envoyé à Chase, en même temps. Des excuses. Et une promesse de venir avec de la Häagen-Dazs. Un sourire discret.

Je suis restée au lit toute la journée. Et juste avant que Superman arrive, j'ai décidé de faire un brin de toilette. Une douche vite faite. Un tee-shirt à l'éffigie des Pistols enfilé à la va-vite. Je me regarde dans la glace. Visage blafard, cernes. Horrible. Une aspirine. Le liquide fait des bulles. Je me reglisse sous les draps. Et Chase entre en gueulant, rajoutant une douleur à mon mal de tête. Il entre dans la chambre.

« Hé, gueule pas comme ça... J'ai mal. Sympa, ton tee-shirt. Et merci, pour la glace. J'engraisserai, au moins, avec ça. », dis-je sur un ton qui se voulait plaisantant.