[TERMINÉ] Perdue le premier jour, mais j'ai l'habitude [Alfred]

La démonstration n’eut pas l’effet escompté, au grand désespoir de la jeune femme. Sa virilité en avait prit un coup, ainsi que son ego et son orgueil. Il ne l’avait pas cru. Il éleva la voix de plus belle en lui demandant comment diable avait-elle fait pour le mener en bateau lors de ce « combat ». Effrayée, elle se releva d’un bond. Sa réaction était normale en y réfléchissant : une fille qui faisait la moitié de lui… Aucun mâle n’avait envie de se voir rabaisser par une jeune femme fluette. Heureusement pour eux, personne n’avait assisté à la scène.

Nicki baissa les yeux, déçue, triste. Un nœud se forma au niveau de son ventre. Elle aurait voulut lui hurler la vérité, tout étaler, lui avouer ! Mais comme le disait si bien ses parents adoptifs : « Aucune amitié ne vaut ton secret ». Parler des souffrances qu’elle avait subite reviendrait à tout anéantir et elle n’était pas arrivée jusqu’ici pour tout déballer à un inconnu.

Elle n’avait pas fait preuve d’intelligence en lui montrant ses capacités à anticiper tout ses mouvements. Elle aurait simplement dû lui parler, lui expliquer calmement que ce n’était pas de la drogue, mais un traitement spéciale qu’elle suivait et que si elle enfermait la seringue dans un boîtier codé, c’était uniquement pour empêcher les curieux de foutre en l’air un remède qui valait plusieurs centaines de dollars. Elle aurait pu oui, malheureusement sa nature spontanée avait une fois de plus pris le dessus.

À présent, elle aurait beau dire, s’expliquer, en lui mentant bien entendu : il ne l’aurait pas crue. Maintenant il fallait simplement attendre. Attendre que l’histoire se tasse un peu. Il s’en alla, ne voulant rien savoir au final. Nicki sentait bien qu’il était énervé. Elle se dit que cela lui passera. Elle le regarda s’éloigner et traverser la foule d’élève encore apeurés par le déclenchement de l’alarme incendie.

Lors qu’elle fut seule, elle fit volte face et frappa d’un poing dans le tronc qui était derrière elle. Son poing s’était littéralement enfoncé dans le bois. Sa colère disparut. Elle retira sa main, la massa un peu et vérifia qu’elle n’était pas blessée. La jeune femme ramassa son sac, ainsi que l’étui. Elle appréhendait déjà la discussion qu’elle allait avoir avec ses parents ; pour leur expliquer pourquoi, elle avait utilisé la seringue. Bien entendu, elle ne leur parlerait pas d’Alfred.

La surprise. Celle-ci se transforma en colère sur le visage d’Alfred. Aviez-vous déjà remarqué, la vitesse à laquelle les nombreux muscles du visage s’actionnent pour former une émotion ? Tout ce que vous ressentez, le corps « l’affiche ». Impressionnant n’est-ce pas ? La jeune fille s’attendait à la première émotion, mais certainement pas à la suivante. À quoi pensait-il ? La réponse paraissait évidente ; malheureusement les méninges de Nicki redémarraient progressivement, et l’évidence ne s’illumina immédiatement pas dans son esprit. Ses yeux plongés dans les siens, elle scrutait ses iris dans l’espoir de comprendre.

Il porta la seringue au niveau de leurs yeux et lui demanda ce que c’était, d’une voix plus que mécontente. Un rictus aux lèvres appuyé du menton ; c’était propre au dégout.

Se fut soudainement plus clair pour la jeune femme. Il pensait à de la drogue. Nicki avait recouvert ses facultés. Elle lui reprit la seringue des mains, en veillant à ne pas piquer le jeune homme et la replaça dans son étui codé. Pourquoi diable aussi ce mettait-il dans cet état ? Il était compréhensible qu’il ne veuille pas partager sa chambre avec une droguée, mais de là, à la fixer d’une manière aussi hostile…

-Ce n’est pas de la drogue, répondit-elle. C’est tout ce que je peux te dire.

Bien que ce n’en ne fût pas, la jeune femme était mal à l’aise et n’avait pas regardé Alfred en lui répondant. Le contenu de la seringue était bien trop secret, même classé « secret défense ». Lui dévoilé la véritable fonction de l’outil médical reviendrait à ruiner des années de travail. Même si tout c’était déroulé contre son gré ; avoir souffert durant toutes ces années pour mettre fin au projet… C’était la dernière chose qu’elle souhaitait. Elle se sentait piégée. Elle espérait qu’il se suffirait de cette réponse, mais cela aurait été trop simple. McMathis n’était pas dupe. Nicki comprit qu’il n’était pas convaincu lorsqu’elle croisa son regard. Elle allait devoir argumenter.

-Ecoutes, ne me regarde pas comme ça, commença-t-elle. Bon… ma mère était une prostituée doublée d’une droguée. Elle se défonçait tellement, que quand je suis née, je tremblais à cause de la cocaïne qu’elle m’avait transmise ! Dès ma naissance j’ai dû suivre une cure de désintoxication ! Et je peux te jurer, que je n’ai jamais touché à aucune drogue, quel quelle soit !

Elle le fixait à présent de ses grands yeux, dans l’espoir qu’il la croirait. Surtout qu’elle avait dit la vérité. Elle s’était enfin fait un ami dès le premier jour ; il lui avait tout montré, expliqué ! Nicki lui devait beaucoup. Le décevoir était la dernière chose qu’elle souhaitait. Elle le sentait sceptique, elle voulait à tout prix le convaincre. Elle se leva d’un bond.

-Il faut que je te fasse une démonstration pour te montrer que je ne suis pas droguée ? S’exclama-t-elle.

Il se leva à son tour. Elle leva ses mains devant son visage, pour les lui montrer. (si tu trouves la suite un peu "trop", dis moi, je changerais ^^)

-Aucun trucage, je les gardes derrière mon dos, dit-elle. Maintenant, essaye de me frapper au visage.

Le test restait étrange et farfelu ! Mais Nicki tenait beaucoup à lui faire une démonstration. Alfred tendit le plus rapidement possible le poing vers le visage de la jeune femme. Celle-ci fit un pas de côté, laissa le poing d’Alfred dans le vide. Il répéta l’opération en alternant le côté gauche et le droit. Elle évitait continuellement ses coups. Puis il tenta de la frapper au ventre, histoire de la surprendre un peu. Mais rien n’y faisait ; elle fit un petit saut en arrière.

Il s’élança une dernière fois. Le poing en suspend dans l’air. Rapide, Nicki lui murmura à l’oreille :

-Contemple ta faiblesse.

Puis, de sa jambe droite elle effectua un mouvement circulaire au raz du sol et le balaya. Alfred n’eut pas le temps de s’écraser au sol qu’elle le retenait, par le col de sa chemise, à quelques centimètres du sol. Elle le posa à terre et s’assis sur son lui à califourchon, un coude sur son genou. Il était mignon l’air ébahit comme ça.

-Convaincu ? demanda-t-elle en le regardant avec un sourire amusé.

Alfred confirmait la question de la jeune femme, lorsqu’une sonnerie stridente retentit. Si stridente qu’elle s’empressa de coller fermement la paume de ses mains sur ses oreilles, pencha la tête entre ses genoux, retenant un cri de douleur. Le son résonnait dans sa tête, donnant l’impression que celle-ci allait littéralement exploser. L’image qu’elle avait de sa cervelle répandue sur le magnifique dallage qui constituait le hall, n’était pas des plus réjouissantes.

Très rapidement elle fouilla dans son sac pour en sortir une paire de petites boules en mousse et en enfonça une dans chaque oreille : le son diminua fortement, elle n’entendait qu’un écho. Son rythme cardiaque ralentit un peu, mais resta à cependant battant. La sonnerie avait eu l’effet d’un coup de matraque porté à la tête, Nicki était complètement déboussolée, un état presque second, à la merci du premier ennemi.

Tous les sons lui paraissaient lointains, tant mieux. Malgré le choque, elle essayait tant bien que mal de se ressaisir. Elle entendit clairement une femme annoncer que ce n’était pas un exercice. Merci, elle s’en était doutée ; Nicki ne venait jamais à l’école lors des exercices d’évacuations. En quelques secondes, le hall se remplit à une vitesse affolante, tout comme la foule. Des cris, des bousculades, les gens allaient dans tous les sens ; le chao et la panique s’étaient emparés des lieux.

La jeune femme se sentit tirée pas le bras ; Alfred. Il la tenait contre lui, jamais elle n’avait été aussi proche d’un garçon. Elle voyait les lèvres du garçon bouger, mais n’entendait rien. Il la dirigea dans la foule, dans la panique des coups partaient en tout sens, Nicki s’en prit quelques uns, sans la tirer des brumes. Le sentiment d’impuissance était horrible pour elle, cela lui rappelait les moments les plus éprouvants de sa vie. Comme des flashs back, entre la réalité et l’illusion. Son cœur s’emballait, à tel point qu’un humain pourrait en mourir. La jeune femme eu l’impression que la traversée de la foule dura une éternité. Alfred réussit enfin à pousser une porte de secours. Avant de s’élancer dans les escaliers, il hurla dans le couloir pour signaler la présence de la sortie.

Il tira Nicki dans les escaliers, celle-ci le suivit mollement, en gardant le rythme de course qu’avait adopté le jeune homme. Arrivés en bas, il courut jusque dans le parc. Les élèves l’imitèrent. Alfred courut aussi loin qu’il le put pour mettre un maximum de distance entre lui et l’établissement. Lors qu’il s’arrêta, il lâcha enfin la main de la jeune femme. Celle-ci continua d’avancer vers les arbres, là où la végétation était plus dense. Elle se cacha derrière les buissons et se laissa tomber, haletante.

Adossée à un tronc, elle retira les boules de mousse. Elle ouvrit son sac et en sortit une petite boîte métallique. Elle était scellée par trois roulettes, les chiffres de 1 à 9 figuraient sur chacune des roulettes. Du plus vite qu’elle le pouvait, elle aligna les trois numéros. Le contenant s’ouvrit, dévoilant une seringue. Sur d’elle, d’une main ferme et décidée elle planta l’aiguille dans l’artère au niveau du coup. Heureusement le liquide faisait rapidement effet.

Son rythme cardiaque ralentissait, sa vue devenait plus claire et la sensation d’explosion disparu. Elle respirait à nouveau normalement. L’évènement défila dans son esprit. Elle tourna la tête : Alfred était là, agenouillé à côté d’elle, les yeux aussi ronds que des billes de loto. Les yeux de Nicki se fermèrent, prenant conscience qu’il avait été là du début à la fin.

Merde, pensa-t-elle.

Nicki se sentit un peu gênée l’instant qui suivit celui où elle sautait de joie sur le lit. Le jeune homme resta cependant neutre, bien qu’il avait l’air lui aussi…intimidé ? Ensuite, elle passa un peu plus d’une heure en sa compagnie. Il lui fit visiter le site de l’école en commençant par la cafétéria ; la salle n’était pas complètement pleine, mais elle l’imaginait parfaitement à leur du repas ; bondée, ressemblant à une fourmilière. Comme dans tous les établissements scolaires, surtout à la cafétéria ; les tables, parfaitement alignées, regroupaient un groupe différent. Nicki ne passa qu’une poignée de seconde devant les tables et elle put déjà remarquer où les footballeurs s’asseyaient, une ou deux bimbos, et d’autres. Il était très clair, qu’elle serrait intégrée à une table selon son appartenance, bien qu’elle soit amie avec Alfred, qui ne faisait décidemment pas partit du même groupe qu’elle.

La bibliothèque respirait le calme, le silence y régnait. Quelques intellectuels étaient assis en train de lire un livre qui semblait presque aussi vieux que ses grands-parents. Ils passèrent par le parc et terminèrent leur parcours là où ils l’avaient étrangement débuté. Le hall était désormais vide, cela faisait presque peur.

Alfred venait de l’inonder sous un flot d’informations, très intéressantes, et la jeune femme avait du mal à faire le point puisque la joie et l’hystérie la gagnait un peu plus. Finalement, l’entraînement qu’elle avait subit tout au long de ces années s’avérait utile. Une fois de plus elle refoula ses émotions.

Alfred posa son fessier sur l’une des marches, où une heure tout au plus ils s’étaient rencontrés. La jeune femme prit place à côté de lui, peut-être un peu trop proche pour lui, puisque Nicki ressentit sa gêne. Elle n’avait pas vraiment décroché la mâchoire depuis qu’ils avaient quitté la chambre. Elle n’avait répondu que par de brèves paroles. À présent la visite était terminée, non ?

-Merci beaucoup ! dit-elle. Sans toi j’aurais tourné durant des heures dans les couloirs et maintenant je suis au courant du fonctionnement de l’école.

Elle sortit de son sac le papier avec lequel elle était arrivée, son aspect était plus chiffonné maintenant.

-Donc, si j’ai bien compris, dit-elle en pointant le numéro d’une salle. Pour aller à mon cour de philo, je dois aller par là ? Termina-t-elle en pointant le couloir de gauche.

Enfin un sourire sur ce visage fermé et assombrit. Il ne devait pas avoir une nature joyeuse. Nicki ressentit l’envie de remédier à ça : lui faire partager sa musique dans l’espoir de le décrisper et le motiver. De son côté la jeune femme n’était pas non plus du genre à ouvrir son cœur, ni à dévoiler ses sentiments, mais sa passion pour la musique l’aidait énormément, ainsi elle pouvait être festive, joyeuse et le partager avec les autres.

Alfred prit le rôle du guide ou plutôt celui de l’ainé : il allait lui montrer toutes les combines, tout ce qu’il fallait savoir sur l’école. Nicki se réjouissait déjà, elle était définitivement tombée sur la bonne personne et par le plus heureux des hasards, il se trouvait qu’il était son colocataire. C’était une toute nouvelle expérience pour elle ; vivre avec quelqu’un d’autre que ses parents, peut-être enfin avoir un ami, un vrai… En y réfléchissant bien, c’était presque à dire, mais cela devait être le plus beau jour de sa vie. Son esprit se mit à rêver, imaginer la vie qu’elle allait désormais mener. Bien sûr, elle devrait redoubler de vigilance qu’en à son secret, parfois se cacher d’Alfred. Mais elle se sentait prête à assumer cette nouvelle vie et elle en avait plus qu’envie.

Il lui montra la chambre qu’ils allaient partager. La taille était raisonnable pour deux. Elle se voyait déjà le tirer du lit, tout bougon, elle sautillant partout avec une musique entraînante ! Elle avait hâte. Nicki entra comme une flèche dans la pièce, faisant le tour comme un petit chien tout excité. Les affaires du jeune homme traînaient un peu si et là, mais cela ne la dérangeait pas. La jeune femme s’arrêta au centre de la pièce, le regarda avec un sourire qui s’étirait d’une oreille à l’autre. Elle posa son sac à ses pieds et se rua sur le lit libre et sauta dessus comme une enfant.

-C’est trop COOOOL !!!! s’écria-t-elle !

Alfred était resté au niveau de l’encadrement de la porte. Ses gamineries ne durèrent que deux minutes. Elle descendit du lit, reprit son sac et s’avança vers le jeune homme, toujours le sourire aux lèvres.

-On continue ? Je te promets que je ne recommencerais pas, dit-elle le regard plein de malice.

Ils reprirent leur visite. Nicki se rendit compte que sa réaction fut un peu excessive, mais elle savait que le sentiment de joie aussi démonstratif soit-il, ne mettait pas son secret en danger ; sinon comment pourrait-elle animer des soirées en boites de nuit ? Elle prit tout de même sur elle pour se calmer, elle ne voulait pas effrayer Alfred d’entrée.

Elle cherchait tous les endroits, mais elle souhaitait qu’on lui explique comment s’y retrouver dans l’établissement. Elle voulut lui répondre, mais la foule se faisait de plus en plus dense. Nicki n’aurait jamais imaginé que l’école comptait autant d’élèves. Ses efforts pour rester près du jeune homme furent…balayés, comme elle. En l’instant de deux minutes elle se retrouva à trois pas derrière lui, encadrée par deux colosses qui, visiblement, ne voulaient pas la laisser passer ou ne l’avaient tout simplement pas remarquée à cause de sa petite taille. La tension montait en elle, la colère surtout. Elle se contenait du mieux qu’elle pouvait, se résonnant accompagné d’inspirations profondes, elle n’allait tout de même pas mettre en péril son secret pour une foule trop dense.

Sans aucune gêne elle aurait appelé au secours le jeune homme, mais elle ne connaissait pas son nom! Quelle plaie! Comme une transmission de pensées, il se retourna, la cherchant pendant cinq secondes. Il l’attrapa par l’un de ses bracelets ; il devait penser que c’était sa manche. Ne voyant pas de changement, il l’empoigna au niveau du coude, lui faisant presque mal. Il la tira vers une porte sur le côté du couloir, la passèrent et la ferma brusquement derrière eux. Soudainement, le brouhaha se tut, il n’était plus qu’un écho. Ils soupirèrent ensemble sans s’en rendre compte. Nicki fut soulagée d’avoir échappé à une éventuelle catastrophe, elle ne l’aurait jamais assez remercié.

Ils se trouvaient dans les escaliers d’extérieur. Pourquoi personne n’empruntait ce passage ? Cela fluidifierait les couloirs internes et empêcherait le genre d’embouteillage qu’ils venaient de subir. Peut-être parce que ces escaliers étaient ceux destinés à évacuer l’établissement en cas d’incendie. La jeune femme laissa vite tomber sa réflexion ; peut importe à quoi servaient ces marches, elle pouvait enfin respirer. Une brise la rafraichit. Il lui tendit la main :

-Alfred.

Elle ne s’y attendait pas. Elle lui serra la main, en modérant sa force pour ne pas éveiller les soupçons d’Alfred.

-Nicki, répondit-elle en souriant.

Puis il monta les premières marches, elle le suivit. Elle s’apprêtait à lui tendre la feuille sur laquelle toutes les informations étaient inscrites, lorsqu’il la devança ; lui arrachant littéralement la feuille des mains. Vraiment étrange ce garçon…

Ses yeux naturellement plissés s’écarquillèrent en lisant la feuille. Il posa son regard sur elle, stupéfait. "Une explication ?" se dit-elle en le regardant d’un air interrogateur.
Blabla alfred

Son colocataire ? Mais elle n’avait jamais demandé à avoir une chambre ! Ses parents lui donneraient enfin un semblant de liberté ? Cela paraissait bien trop beau pour être vrai. La jugeaient-ils « apte » à vivre en communauté ? Ou bien était-ce encore l’un de leurs innombrables stratagèmes pour la tester. Si la dernière option était la bonne, c’était l’occasion rêvée pour leur prouver qu’elle était tout à fait prête à vivre sa vie. Elle était à la fois heureuse et méfiante.

-Et ben, en voilà une surprise ! Alors pour ce qui est des valises, j’apporterai mes affaires au fur et à mesure, pour ne pas avoir 36000 valises comme tu le dis si bien, dit-elle d’un air taquin. Et je ne ronfle pas, mais si toi tu ronfles, avant que je m’endorme, je te réveillerai à coup de coussin, compris ? dit-elle amusée.

C’était la meilleure de l’année, que dis-je, de sa vie ! Non seulement elle n’avait jamais été autorisée à nouer d’importants liens d’amitiés et encore moins d’éprouver le moindre sentiment pour un garçon ; mais à présent elle allait partager sa chambre, donc son intimité à quelque part, avec un jeune homme ? Il y avait tout de même de quoi rire ! Elle ne comprendra jamais la logique de ses parents adoptifs…

Les yeux un peu plus écarquillés qu’à l’habitude et sourcils relevés : une seconde de surprise. Les paupières plissées, les sourcils froncés : l’information est arrivée au cerveau, la concentration prend place. Le jeune homme la scruta rapidement de haut en bas. Un sourire dissimulé dans le coin des lèvres : il est amusé par son look. Sa main passe dans ses cheveux : elle lui plait.

Parlez ne sert à rien, mentir encore moins, votre corps parle pour vous.

D’une voix rauque, probablement fumeur, il lui répondit :

-J’y gagne quoi ?

Nicki se mordit la langue pour ne pas répondre une bêtise, comme "Un bisous !". Sa nature spontanée n’était pas une qualité dans tout les cas… Dans ce contexte justement ; elle ne le connaissait pas, c’était son premier jour donc inutile de donner une fausse image d’elle surtout celle-ci et pour finir, il n’avait pas l’air de très bonne humeur. C’est surement pour cela qu’il continua sa descente, sans rien ajouté. Momentanément surprise, elle resta comme deux rond de flan au milieu des marches. Puis un bon nombre d’insanités à son sujet lui vinrent à l’esprit, se disant qu’il valait mieux l’oublier. Elle poursuivit son ascension dans les escaliers, se disant qu’elle trouverait bien une âme plus charitable. Soudain, la même voix typique du fumeur se fit entendre au dessus du brouhaha :

-Je ne ferai pas ça si j’étais toi.

Elle s’arrêta, se retourna et le regarda ou plutôt, le fusilla du regard. Elle ne comprenait pas à quoi il jouait. Allait-il l’aider ou non ? Son premier cour allait commencer et jouer aux devinettes n’était pas sa priorité. Il lui lança ensuite :

-Bon bah tu viens ? J’ai pas toute ma journée.

Sans chercher à comprendre, elle dévala le peu de marches qui les séparaient. Ils arrivèrent en même temps en bas, il tourna subitement à droite, mais la jeune femme ne se fit pas distancer. Marcher côte à côte dans une foule, cela relevait presque du défis, sauf que voilà, Nicki ne voulait pas perdre de vue le jeune homme ; elle se colla donc un peu à lui et "défia" les élèves venant face à elle, donnant même un magnifique coup d’épaule à un inconnu qui passa un peu trop près d’elle. Petite oui, mais robuste!

Ils marchèrent durant deux ou trois minutes, sans dire un mot. Un peu étonnée, elle leva la tête dans sa direction : il était grand. Pas trop surprenant au vu de sa petite taille. Il avait une pilosité importante, sa barbe, qui ne devait être que de quelques jours si ce n’est pas d’un, paraissait très sombre. Il donnait l’effet d’un loubard, mais portait une chemise avec des magnifiques chaussures italiennes…. Un magasine féminin l’aurait qualifié de "beau brun ténébreux"…

Gênée par le silence qui régnait entre eux, elle lança :

-J’ai droit à une visite guidée ?

Le soleil s'élevait au dessus de l'océan, illuminant les rues de Miami dans une lumière orangée, typique du matin. Les mordus du surfs glissaient sur les vagues avant même que la boule de feu n'ait fait son apparition.
8h00 un radio-réveil parmi tant d'autre s'enclenche. On pouvait entendre la voix de l'animateur de la radio la plus en vogue du moment:

"Bonjour à tous! Il est huit heure du matin! Bon réveil à ceux qui ouvrent les yeux! Et pour que ce réveil soit agréable je vous passe le nouveau titre de David Guetta, Little Bad Girl!"

Nicki laissa lourdement tomber sa main sur la machine cubique, coupant le sons. Elle se releva sur son matelas, s'asseyant sur le bord de celui-ci. L'esprit encore embrumé, elle se frotta les yeux dans l'espoir que cela l'aiderait à y voir plus clair. Trois pas en avant, direction l'important poste de radio encadré par d'immenses basses, une pression sur le célèbre bouton "power", la musique du DJ français présentée quelques secondes plus tôt à la radio fit vibrer la chambre. Étonnant, mais cela réveilla la jeune fille. Un petit sourire s'étira sur ses lèvres. Elle prit ensuite la direction de sa salle de bain personnelle. Laissa tomber les vêtements qui lui servaient de pyjama sur le carrelage chauffé, entra dans la douche aux multiples fonctions. Elle enclencha le jet principal qui se trouvait au dessus de son crâne.

Quinze minutes plus tard, les cheveux enroulés dans un linge, un jean enfilé, en soutien-gorge devant sa penderie, la jeune Djette hésitait qu'en au choix du t-shirt qu'elle allait porter pour son premier jour d'école. L'animateur radio annonçait une journée aux températures élevées, un climat normal pour Miami en cette saison. Elle attrapa un débardeur rouge sur lequel était écrit "No Camera Please", accompagné d'un motif représentant une fille portant d'immenses lunettes, une main tendue cachant une partie de son visage.

Se coiffer ne lui prenait pas plus de cinq minutes; ses cheveux étaient naturellement lisses ,mais elle les séchaient tout de même pour leur donner du volume.

Elle prit son sac en bandoulière noir, y enfouit cahiers, classeurs, trousse, ordinateur portable et le planning de sa journée. Avant de quitter sa chambre elle s'arrêta face à la commode, ouvrit le premier tiroir; offrant une série de casques lesquels étaient rangés par couleur, créant un arc-en-ciel. Au vu de sa tenue du jour, elle choisit un rouge et noir de la marque "Beats". Elle passa le casque sur sa nuque, referma le tiroir et saisit son Ipod, changea la coque violette pour la rouge et quitta sa chambre.

Nicki dévala les escaliers. Arrivée en bas, sa mère lui intima de s'assoir pour prendre son petit-déjeuné. Il était composé de nutriments très spéciaux. Le tout engloutit, elle passa la porte de la luxueuse maison en prenant les clefs de la Mini Cooper. Elle se dit qu'il valait mieux prendre une voiture pas trop tape à l'œil pour le premier jour. Bien évidement, une fois dans l'auto, elle fit vibrer les basses.

Sur la route la jeune fille pensait à beaucoup de choses: par exemple, elle pensait avoir réussit à convaincre ses parents dans la laisser finir sa scolarité dans son ancienne école, mais elle n'avait fait que retarder son entrée à l'établissement suivant. Lorsqu'elle aura terminé sa scolarité obligatoire, elle partirait faire le tour du monde, mixer dans de nombreuses boîtes de nuit. Cette perspective la faisait rêver, malheureusement elle savait que ses parents la suivraient où qu'elle aille...n'aurait-elle jamais de vie privée? De vrais amis? De petit ami? Nicki en avait plus qu'assez, mais sa vie était comme...scellée.

La voix du GPS, qui peinait à se faire entendre sous la musique, tira la jeune fille de ses pensées; elle approchait de l'école. Elle gara la voiture proche de l'entrée. Le soleil était déjà très haut dans le ciel et les rues de Miami revivaient. Nicki gravit les marches menant à la porte principale, elle poussa celle-ci et se retrouva dans le hall. Lumineux, spacieux, l'endroit ressemblait presque à une fourmilière. Les élèves, habitués, allaient et venaient naturellement. Le hall étaient le point centrale, plusieurs couloirs menaient aux salles de classes. La jeune fille avait prévu se petit instant de trouble. C'était triste à dire, mais elle avait l'habitude d'être complètement larguée les premiers temps. Elle savait maintenant qu'elle devait aborder quelqu'un qui l'aiderait.

Autour d'elle il y avait plusieurs types de personnes: ceux qui marchent donc impossible à aborder, ceux qui discutent entre eux et qui ne veulent pas être dérangés, les pin-up que Nicki ne peut pas voir en peinture et...ceux qui sont seuls. Il y avait justement en face d'elle un jeune homme à la dé marche de "loveur" comme elle les appels, qui n'avait pas du tout l'air pressé d'arriver en classe. Et ce type de garçon aime avoir l'impression de "secourir" une fille. Nicki se dirigea droit sur lui et l'aborda avec son sourire le plus radieux:

- Salut! Je suis nouvelle ici et je suis complètement perdue, est-ce que tu pourrais m'aider à m'y retrouver?