Dealer, c'est le mal. [Luca]

Je venais de me rendre compte que Luca m'avait posée une question lorsque que j'avais touché ses lèvres. Il m'avait demandée à quoi je pensais. Je n'allai quand même pas lui dire que j'avais eu l'idée de l'embrasser. Je n'avais pas réellement entendu, je n'avais donc pas répondu. Lui, par contre répondit à ma question un peu idiote. Il me fit un sourire en coin.

T'inquiète, je m'en sortirais vivant.

Je lui souriais. C'est alors que je lui avais raconté comment j'avais commencé la drogue. Comment la plupart de mes problèmes avaient commencés d'ailleurs, mais ça il ne le savait pas. Il continua en me disant que fumer des joints, ça allait, tant que tu ne touches pas à des drogues plus fortes, tel la coke, comme il l'avait dit. Il releva la tête et fit un sourire. On dirait que lui aussi savait ce que c'était de consommé des drogues plus fortes. J’acquiesçai légèrement. Luca se pencha en avant pour saisir son sac, et l'attira vers lui. Une fois à ses côtés, il en sortit une bouteille de coca. Il en but une gorgée, puis la posa à côté de moi. Je doutais que ça soit uniquement la substance que devait contenir la bouteille. Je sentis le téléphone posé sur mon ventre disparaître. Il avait changé la musique, et avait opté pour du reggae. Je me relevai et m'assis face à lui en tailleur. Il reprit la bouteille, la leva et dit un mot.

Salute !

Ce devait être de l'italien, mais je ne le parlai pas. Ca devait dire... Santé, sans doute grâce au geste qu'il avait exécuté plus tôt. J'avais toujours voulu apprendre un peu l'italien. Après qu'il eu but sa gorgée, je m'emparai de la bouteille et en but une après lui. C'était... Bon. Un goût différent du coca, mais c'était bon.

C'est... Un mélange de quoi ?

Je lui fis un large sourire, j'étais encore face à lui. Mon visage en face du sien. C'est alors que ce que je voulais faire plus tôt me revint en tête, ainsi que sa question. "Tu penses à quoi ?" J'approchai légèrement ma tête, de plus en plus, mes lèvres frôlant les siennes.

Tu voulais savoir à quoi je pensais ?

Je sentais son souffle contre ma peau, nos lèvres se frôlant toujours. Je me mordillai la lèvre inférieur, attendant une quelconque réaction de sa part, profitant du son qu'il avait choisis. Je ne me rapprochai pas, me disant que s'il voulait faire la même chose que moi, il s'avancerait, et que s'il ne voulait pas, bah, il ferait rien et je n'aurais pas forcé les choses.

Le jeune homme se leva en prenant son sweat noir avec lui, enfilant la capuche sur sa tête. La fumée de sa cigarette créait des filets opaques qui sortaient de sa bouche et se dégageait dans le ciel pour enfin disparaître complètement. Il était dos à moi, et avait l’air de fixer l’horizon, comme obnubilé par ce qu’il s’y passait. Je l’entendis qui faisait claquer sa langue contre son palet. Ce bruit me fit légèrement sourire. Je ne remarquais pas vraiment que Luca n’était pas avec moi. Je ne l’étais pas moi-même. On ne pouvait pas considérer que j’étais avec moi-même tout court. Il fouilla ses poches, distraitement, alors que je le regardais faire. Quelques instants plus tard sortit un son de rap américain. Pas désagréable du tout. Ca sonnait plutôt bien en fait. Mais pas vraiment mon genre de musique. Je lui dis qu’on allait être vite défoncés à cette allure-là. C’est alors qu’il se retourna vers moi, fronçant les sourcils. Il y avait deux possibilités… Soit j’le gonflais, soit il se gonflait. Je ne relevais pas, me contentant de sourire bêtement. Luca se rapprocha de moi prenant son joint entre ses doigts et l’insérant entre mes lèvres. Je ne savais pas trop ce qu’il s’était passé après, mais il recula vivement.

MERDE PUTAIN ! Ça fait mal !

Le jeune homme revint à moi, roulant sur son skate. Je n’avais pas eu le temps de faire ou dire quoi que ce soit. Je ne captai plus trop ce qu’il se passait autour de moi. Ma tête tournait, mais je me sentais… Bien. Et puis, Luca était certainement aussi défoncé que moi. Sa musique résonnait, encore. Je voulais lui faire écouter la mienne. Luca s’arrêta et s’assit sur son skate, enlevant pour la troisième fois son pull. Je m’assis en face de lui, alors qu’il plongeait son regard dans le mien. Ses yeux noirs étaient tout simplement à tomber par terre. Et pourtant, j’aimais tellement les yeux clairs. Mais les siens avaient quelques choses. Bref, il pencha la tête légèrement sur le côté me posant une question.

Toi, c'est pas la première fois que tu touches à ça, raconte moi.

Mes yeux se dirigèrent vers ses lèvres. Elles étaient encore un peu brûlées, elles saignaient, légèrement. J’ignorais pour l’instant sa demande. J’approchais mes doigts de ses lèvres, et touchai l’endroit où il s’était brûlé quelques instants plus tôt. Délicatement, sans appuyer. Je caressai presque l’endroit. Une idée m’effleura l’esprit, aussi défoncé soit-il. L’embrasser. Nous nous connaissions depuis… Même pas une heure ? Bordel. Je retirai l’idée de ma tête, même si je savais que toutes consommations de produits illicites pouvaient m’amener à faire des choses que d’ordinaire je n’aurais pas osées.

Ca fait mal ?

Question légèrement débile. Mais je n’avais toujours pas envie de raconter la première fois que j’avais consommé une quelconque drogue. Ou tout simplement fumer. La musique continuait toujours de tourner. Je pris son téléphone entre mes mains et éteignit la musique, machinalement. Je sortis mon téléphone, et mis en route une chanson. Une chanson que j’adorais. En fait, c’était juste le solo de guitare en introduction qui me plaisait vachement. Je savais jouer quelques trucs à la guitare, dont ça. Une chose dont j’étais fière. Je m’allongeai au sol, et posai mon téléphone sur mon ventre, fermant les yeux. Les premières notes de la chanson résonnèrent, mélodiquement. D’instinct, je souris, un léger sourire, certes, mais sourire quand même. Money for Nothing de Dire Straits. Bordel, cette chanson, je l’aimais à un point. Je positionnai mes bras comme si je faisais de la guitare et commençai à exécuter les gestes répétitifs du solo de la chanson. Un jeu d’enfant. L’idée d’embrasser Luca s’était estompée, et je pouvais enfin répondre à sa question. Je tournais la tête vers lui restant toujours allongée au sol et lui assit sur son skate.

Il me semble que j’ai commencé avec mon premier amour disons. Il dealait, et ne consommait pas que de la drogue douce… Moi, je fumais quelques joints de temps à autre, mais je m’y suis finalement habituée et maintenant, ça donne ça.

Je riais nerveusement. Merde. Merde. Merde. C’est moi où j’avais raconté un épisode de ma vie ? Un souvenir. Quelque chose qui s’était passé avant que je vienne à Wynwood. Bordel de merde ! Satané drogue ! Je restai calme en apparence. Aucun froncement de sourcils, de poings. Mes muscles étaient complètement détendus. Je me disais que Luca ne répéterait rien à personne. Et que je pouvais lui faire confiance. Je ne rajoutai rien attendant qu’il commente, ou qu’il raconte comment il avait commencé. Mais l'idée revenait. Elle revenait et partait comme le geste d'un yoyo. Je fermai les yeux, attendant sa réponse. Le monde tournait, sans moi.

Il me fit un petit sourire, avant d'enlever son sweat et de s'allonger à terre la tête dessus. Il avait l'air complètement stone. Ses yeux déjà rougit par la drogue. Se droguer à deux sur un toit pouvait mal finir. J'dis ça en connaissance de cause hein. C'est un peu comme ça que j'ai rencontré mon premier vrai copain. Sur un toit. C'était pas parti en "couille" la première fois, mais je l'avais trouvé complètement défoncé, allonger par terre le bras sur la tête. Au début, j'avais cru qu'il était mort, mais non finalement. J'avais passé un bon moment ce jour là. Enfin, le passé, je le retrouve assez dans mes cauchemars, pas besoin d'y penser.

Luca ne répondit pas de suite, trop occupé par ses pensées sans doute. Je me demandai ce qu'il se disait d'ailleurs. Peut-être pensait-il à son passé ? Bref, je ne pouvais pas savoir. Il était perdu à l'intérieur, c'était sur. Il ouvra les yeux prenant le joint que je lui tendais. Il en fuma quelques taffes et me dit qu'il venait de Milan, en Italie. En tant qu'intello, je savais parfaitement où se trouvait Milan, et l'Italie. Même si je n'aimais pas particulièrement l'Europe. Il fit un signe de tête vers moi, comme pour me demander d'où je venais.

Los Angeles.

Luca se leva puis je le vis qui me donna la fin du joint, et qui enchaîna directement sur une autre clope. Et bah, il avait l'air de fumer vachement vite, lui. Je souris, encore une fois. Romain fumait beaucoup aussi. Pour oublier toutes les ventes qu'il avait à effectuer. Je finis le joint en deux taffes, j'allai plutôt vite aussi. Je me demandai comment on allait finir à cette allure là. Mais, ça ne me dérangeait pas plus que ça. J'avais l'air d'être en bonne compagnie tout de même. Il fit quelques aller retour et vient vers le bord, me tendant sa clope.

Une soufflette ?

Je lui souris, toujours assise sur le bord du toit en tailleur. Je fis descendre mes jambes le long du mur, et posa mes pieds à terre, m'appuyant contre le muret. Je pris sa clope et tira une latte, le regardant dans les yeux, insistant bien dans son regard. Il était sombre, ses yeux étaient presque noirs, le blanc de l'oeil carrément rougit par toutes ces clopes. Mais il était tout de même vraiment beau... Les traits de son visage étaient parfaitement bien dessinés. J'étais à présent debout devant lui, mon regard toujours dans le sien.

A cette allure là, on va vraiment être défoncés très vite.

Le jeune homme se pencha légèrement en arrière et fouilla ses poches, d'où il sortit un briquet qu'il me tendit entre deux doigts. Je m'en saisis, calai ma clope entre mes lèvres qui attendaient ce contact qu'elles aimaient tant, et fit jaillir la flamme du briquet approchant ma bouche d'elle. Première bouchée. Juste magnifique. Je fermai les yeux quelques secondes, profitant de ma première latte depuis quelques jours. J'avais toujours des paquets dans ma chambre putain. Je redonnai le briquet au jeune homme le remerciant d'une hochement de tête, alors qu'il fit le même geste pour que je puisse m'asseoir à ses côtés après avoir jeté son mégot. Il s'ébouriffa les cheveux avec grande classe, rejeta sa capuche en arrière et pris un joint qui était calé contre son oreille. La cachette de tous les fumeurs. Enfin, moi, je les cachais plus dans mon soutien-gorge. Chacun son truc. Il l'alluma, et tira quelques bouffées. Je m'étais assise à côté de lui, en mode tailleur. J'entendis une musique qui commençait. A première vue, du reggae. Je n'écoutais pas tellement ça, mais je supportais.

Luca, au passage. Tu fous quoi ici ?

Luca. J'avais connu un Luca, pendant ma période de "remplaçante". Il avait mal finit d'ailleurs... Il devait avoir vécu la même journée que moi. Vouloir quitter le monde de la drogue était risqué, pour tout ceux qui y entraient. Mais ce n'était certainement pas lui. Je le regardai à nouveau, et l'informai de mon prénom.

Heaven pour ma part. Et ce que j'fais ici, c'est très simple... J'avais plus de clope, alors je suis montée sur le toit, j'ai eu de la chance de te trouver là...

Je fis un triste sourire. Moi qui avait voulu arrêter de fumer y'a quelques temps. C'était plutôt mal partit. J'ai du tenir quoi... Trois mois ? Même pas. Luca -maintenant que je connaissais son nom- me tendit son joint.

Tu veux fumer ?

Je saisis la clope, lui souriant. Ca faisait déjà un petit moment que j'étais en sa compagnie, et plus je le regardais, plus je lui trouvais du charme à ce gars. Mais d'un côté, il m'intriguait. J'avais toujours cherché à savoir comment les gens s'étaient retrouvés à se fumer. Les raisons pouvaient être multiples. A cause du passé, pour frimer, par envie, parce que son/sa pote l'a fait, par désespoir. Pleins de raisons qui te pousse à devenir dépendant/e de ce produit illicite qui te rend faible.

Ouais, merci.

Un joint qui tourne est un bon joint. Heureusement, j'avais fini ma clope depuis longtemps, et je pouvais le savourer tranquillement. Première taffe. Tout aussi bonne que la première de ma clope. Enfin, celle de Luca. Je soufflai la fumée dans l'air, regardant la teinte grise qu'elle prenait, et les formes qu'elle produisait. Un petit blanc s'était installé alors que nous contemplions le ciel bleu. J'aimais pas parlé de mon passé, mais je pouvais pas rester sans rien dire. Seulement, pour entamer une bonne conversation, fallait au moins savoir vraiment à qui on avait à faire.

Tu viens d'où ?

C'est fou comment c'était facile de parler quand on avait fumé avant. Je lui redonnai son joint, pour qu'il puisse lui aussi en profiter.

Le jeune homme était assit contre un muret, arborant un sweat à capuche. Il avait détourné la tête pour me regarder lorsque je lui avais posé la question. Il était plutôt mignon comme gars. Ses yeux étaient foncés, presque noirs, et ses cheveux étaient châtains recouvrant son front. Sa peau était plutôt métissé, mais pas trop non plus. Comme une personne habituée au soleil quoi. Je respirai la clope, Camel à première vue. Malheureusement, je n'avais pas de feu non plus. Je l'embêterai une seconde fois, et peut-être une troisième aussi.

T'aurais du feu aussi, s'te plait ? Désolée.

Ça me faisait bizarre. D'habitude, c'était moi qui fournissait. Qui avais feu, clopes et compagnie sur moi. J'avais pas réussi à arrêter. Du moins pendant quelques semaines, j'ai réussi. Puis j'ai repris. C'est comme l'école avec les vacances... Tu commences, tu arrêtes et tu reprends. Le jeune homme -dont je ne connaissais toujours pas le nom- avait l'air un peu perdu dans ses pensées. Je n'osais pas trop le déranger une troisième fois, mais j'supposais que ça ne le dérangerait pas. Ou du moins j'pensais qu'il me le dirait sinon.

J'peux m'asseoir à côté de toi ?

Si il disait oui, j'espérais seulement ne pas faire la conversation seule. Genre, interview : j'pose les questions, il répond.