[TERMINÉ] Rencontre au pays des livres (ft. Apollo Tässäon)

▬ J’aimerais être médecin, sauver des vies tout ça, je me dis que comme ça… Brusque arrêt, puis reprise de parole. Enfin, c’est pas important, je veux être médecin ! Et toi, tu n’as aucune idée ? Du tout, du tout ?

J'aurais très bien pu m'intéresser à son brusque changement de comportement. Ses joues étaient toutes rouges, ça cachait quelque chose de si pas louche, au moins un peu croustillant. Oui, j'aurais très bien pu. Mais ce n'était absolument pas mon genre, de forcer la main aux gens. S'ils voulaient me parler, me confier leurs soucis, je répondais présent sans aucun problème. Mais s'ils avaient envie de garder leurs secrets pour eux, je pouvais aussi le comprendre. Car après tout, tout le monde en a, des secrets. Il y a tous des choses qu'on ne veut pas que les autres apprennent à notre sujet. Moi, dans mon cas, c'était l'histoire avec mes parents. Ma mère, d'abord... et puis mon "père" qui l'avait rejoint. Il ne l'avait jamais été. Quand je l'avais appris... Voilà exactement le jour où tout avait commencé à déraper. Le jour où j'ai appris que mon père n'était pas mon père biologique. Le vrai, qui était-il, je ne le saurais sans doute jamais, ma mère étant morte... Il n'y avait plus personne pour me le dire. Enfin soit, replonger dans son passé peut-être dangereux. Pour le moral comme pour nos vies actuelles. Toujours aller de l'avant.

Médecin, c'est un beau projet d'avenir. Sauver des vies, c'est très honorable, également. J'adressai un sourire encourageant à la jolie blonde, avant de réfléchir à la réponse que j'allais lui fournir. Qu'est-ce que je voulais faire de ma vie, au juste ? Quand j'y réfléchissais, je voyais Lena et notre bébé. Ma soeur et mon neveu. Et puis ? La réponse s'imposa alors à moi, facilement.

▬ Ah... Et bien... Figures-toi que j'envisage sérieusement d'étudier les mathématiques. C'est pas pour rien que je suis chez les Khi Omikron !, plaisantai-je. J'ai toujours aimé ça, et puis c'est grâce aux maths que j'ai rencontré ma femme. Je lui donnais des cours particuliers, à l'époque.

Je souris à Charlie, quand mon GSM vibra dans ma poche. Je m'excusai, tout en le retirant. L'écran affichait un SMS. Lena ♥ Curieux, je l'ouvris, même si ce n'était pas très poli vis-à-vis de la jeune fille en face de moi. Ma femme me demandait de rentrer, pour faire je ne sais trop quoi. Je haussai les épaules, tout en rangeant le téléphone dans ma poche.

▬ Et bien, Charlie, le devoir m'appelle ! Je vais te laisser travailler... En tout cas, je suis ravi d'avoir fait ta connaissance ! J'espère qu'on se recroisera bientôt. Passe une bonne fin de journée !

Je m'éloignai ensuite d'un pas motivé. Bah oui, parce que faire attendre l'Amour, c'est mal ! Il 'fallait donc que je me dépêche de rentrer pour voir ce qu'elle me voulait. Heureusement, notre studio n'était pas loin du tout. J'adressai un dernier geste de la main à Charlie, avant de quitter définitivement les lieux vers d'autres aventures.

C’était l’une des raisons pour lesquelles elle détestait parler de son passé, lorsqu’elle parlait de sa grand mère avec tout la tristesse, la peur et le dégout dont elle était capable, la réaction des gens était en général de la trouver indigne du seul membre restant de sa famille. Et la réaction d’Apollo ne semblait guère différente. Il eut l’expression de celui qui ne comprend pas. Bien sur, a ce moment là, Charlie ne savait pas encore que Gabriel était son frère, plus tard, elle comprendrait qu’Apollo puisse ne pas adhérer à sa façon de penser sur la famille, d’ailleurs, elle finirait par en changer elle aussi, même si sa haine pour sa grand-mère resterait la même. Cependant, le gothique n’eut pas totalement la même réaction que les autres. Il sembla réfléchir durant de longue secondes avant de dire quelque chose qui surprit largement la blonde.

«  Je suis désolé... J'ai tendance à oublier que même la famille peut se révéler être un véritable bourreau, quand elle manque cruellement de bon sens. Et le pire, c'est que je sais ce que c'est. »

Il lui adressa à son tour une sourire triste. Venait-elle réellement de trouver quelqu’un qui avait vécu dans une famille aussi horrible -voir peut être pire - que l’était sa grand mère ? Pour le savoir, il y aurait fallu poser des questions mais les questions en entraine d’autre et Charlie avait beaucoup trop de choses à cacher pour se permettre ce genre d’interrogatoire réciproque. Apollo changea de sujet et elle lui en fut reconnaissante, la passé n’avait rien de glorieux chez elle, seul l’avenir pouvait représentait de l’espoir.

« - Et sinon, Charlie... A quoi te destines-tu, plus tard ? J'espère que tu y verras plus clair que moi, en tout cas ! »

Il montra ses dépliants du menton en souriant. Oui, Charlie savait exactement ce qu’elle voulait faire plus tard, elle n’avait pas la prétention de dire qu’elle y arriverait forcément, mais elle savait qu’elle ferait tout pour.

« - J’aimerais être médecin, sauver des vies tout ça, je me dis que comme ça… » Elle s’arrêta brusquement, elle avait faillit dire quelque chose sur son secret la cruche ! Il fallait qu’elle fasse plus attention à se qu’elle disait si elle ne voulait pas re-déménager en quatrième vitesse. « Enfin, c’est pas important, je veux être médecin ! Et toi, tu n’as aucune idée ? Du tout, du tout ? »

Les joues rouges, elle attendit la réponse d'Apollo en espérant qu'il passerait sur ce qu'elle avait faillit dire.

Charlie me répondit par un sourire empreint de tristesse. Immédiatement, je songeai que sa grand-mère devait être sur le point de mourir, ou quelque chose comme ça. La peine que je lisais sur son visage était intense, je me demandai donc une fois de plus pourquoi elle n'avait pas décroché. Craignait-elle une mauvaise nouvelle ? En réalité, il n'en était rien.

- J’ai vécu trois ans avec ma grand-mère, et je sais par avance que ce sont et seront toujours les pires années de ma vie. Alors il n’est pas question que je la rappelle, ni maintenant, ni jamais.

La jeune fille semblait bouleversée. Même si je n'y adhérais pas totalement, je comprenais son point de vue. Simplement... Comment pouvait-elle parler ainsi d'un membre de sa famille ? Jamais je ne pourrais penser ça d'Helinä, ma soeur... la seule famille qu'il me restait. Puis, je pensai à mon père. Miko Tässäon. Probablement l'être au monde que j'avais le plus haïs, après moi-même. La vie n'était pas toujours rose, et depuis Lena, j'avais tendance à l'oublier, à m'enfermer dans une bulle increvable de bonheur, de douceur... Mais quand je faisais l'effort d'en sortir, je me souvenais. Et je pouvais comprendre. Manifester de l'empathie, même. Et c'est ce que je fis.

- Je suis désolé... J'ai tendance à oublier que même la famille peut se révéler être un véritable bourreau, quand elle manque cruellement de bon sens. Et le pire, c'est que je sais ce que c'est.

A mon tour, je lui adressai un sourire triste. Deux âmes déçues, voilà ce que nous étions. Mais je voulais croire que le bien triompherait, à la fin de l'histoire. Je voulais espérer, laisser sa chance à l'humanité de prouver ce qu'elle valait. Lui laisser la chance de racheter mes torts... Mieux valait changer de sujet, sans quoi je glisserais irrémédiablement sur la pente de la mélancolie. Et je m'étais juré de ne jamais y remettre les pieds.

- Et sinon, Charlie... A quoi te destines-tu, plus tard ? J'espère que tu y verras plus clair que moi, en tout cas !, ajoutai-je en montrant les folders du menton, souriant.

La réponse que me fit Charlie fut très, très loin de me déplaire.

- La science fiction ne me dérange pas, ce ne sont pas mes livres préféré, mais je me dis qu’un peu de magie ou de fiction ne fait pas de mal. Baudelaire UN PEU torturé ? Je suis sure qu’il était plus torturé que pas mal de monde ici ! Ce n’est pas pour rien s’il fait parti des poètes maudits. J’aime bien Stendhal aussi. Et je n’ai lu qu’un livre de Carlos Ruiz Zafon, L’Ombre du vent : "Un secret vaut ce que valent les personnes qui doivent le garder." J’ai beaucoup aimé mais bizarrement, je n’ai pas été attirée par les autres. Moi, j’aime bien Amélie Nothomb, elle a un style particulier que j’aime bien. 

Je rigolai avec joie à sa remarque sur Baudelaire. Cette fille avait de l'esprit, elle me plaisait déjà. L'Ombre du Vent... Une fois de plus, je souris. Je rêvais de pénétrer dans ce fameux cimetière des Livres Oubliés, quelle joie pour quelqu'un pour moi. Malheureusement, il n'existait que dans l'imagination de l'auteur... Je lui conseillai au passage de lire "Le Jeu de L'Ange", du même auteur, que j'avais également beaucoup apprécié malgré la fin plus que bizarre et presque incompréhensible. Quant à Amélie Nothomb, j'en avais entendu parler - une belge, apparemment - mais je n'avais encore jamais parcouru les pages d'un de ses romans, ce que je promis de faire à la jolie blonde, avant de lui dire que je ne quittais pas WHS tout de suite.

- Waw, marié ! Et bien re-félicitation dans ce cas ! C’est sur que c’est jeune, mais bon, si vous êtes amoureux pourquoi pas, après tout, mes parents se sont mariés à dix-sept ans et ils ne se sont jamais séparés. En tout cas c’est super que tu restes à l’internat, on pourra apprendre à se connaitre et rediscuter comme ça. 

Je lui adressai un sourire tranquille, ravi à l'idée de faire plus amplement sa connaissance. C'est alors que son portable sonna. Elle y jeta un oeil, mais ne décrocha pas pour autant. Au contraire, elle raccrocha au nez de son interlocuteur.

- Désolée, j’ai oublié de l’éteindre, et ma grand-mère appelle toujours quand il ne faut pas. 

Je haussai un sourcil, un peu surpris. Pour moi qui n'avais plus la chance d'avoir ni grand'mère, ni grand'père, ni même père et mère, je trouvais ça triste de lui raccrocher ainsi au nez. Enfin, ce n'était pas mes affaires, évidemment, mais je lui proposai tout de même de m'éclipser afin de la laisser resonner tranquillement.

- Euh... Si tu veux, je peux te laisser pour que tu rappelles ta grand'mère, ça ne m'ennuie pas du tout tu sais... Pour les gens intéressants, j'attendrai autant de temps qu'il faudra., ajoutai-je en souriant.

Il lui montra les papiers de l’université affiliée au lycée et elle se demanda si elle serait acceptée là-bas, elle se prit à rêver d’habiter toujours Miami et de ne plus jamais voir New York, un rêve si simple qui paraissait pourtant si loin à Charlie. S’arrachant à son rêve, elle répondit poliment à la question du garçon en souriant.

Lorsqu’elle cita Baudelaire, il sourit, apparemment, il devait l’apprécier aussi. Elle lui retourna donc la question histoire de connaitre ses références et peut être de connaitre de nouveaux auteurs.

« - Hm, c'est un peu comme toi... J'aime la poésie, ça me relaxe. Baudelaire figure au palmarès de mes poètes préférés. Peut-être parce qu'il est un peu torturé, si ça se trouve. Sinon, j'aime beaucoup les auteurs classiques. Contrairement à ce qu'on pourrait penser, je ne suis pas très porté sur la Sciences Fiction et ce genre de trucs. Un bon Stendhal, y a que ça de vrai ! Ou alors Carlos Ruiz Záfon, c'est mon auteur contemporain favori ! Tu connais ? »

Baudelaire au Palmarès, les auteurs classiques, Stendhal, … Si Charlie avait su qu’en allant à la bibliothèque ce jour là elle rencontrerait quelqu’un qui aimait le même genre de livre qu’elle, elle aurait été de meilleure humeur. Cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas parlé à quelqu’un qui lisait autre chose que de la science fiction.

« - La science fiction ne me dérange pas, ce ne sont pas mes livres préféré, mais je me dis qu’un peu de magie ou de fiction ne fait pas de mal. Baudelaire UN PEU torturé ? Je suis sure qu’il était plus torturé que pas mal de monde ici ! Ce n’est pas pour rien s’il fait parti des poètes maudits. J’aime bien Stendhal aussi. Et je n’ai lu qu’un livre de Carlos Ruiz Zafon, L’Ombre du vent : "Un secret vaut ce que valent les personnes qui doivent le garder." J’ai beaucoup aimé mais bizarrement, je n’ai pas été attirée par les autres. Moi, j’aime bien Amélie Nothomb, elle a un style particulier que j’aime bien. »

Il sourit et sembla réfléchir un instant. Charlie se demanda ce qu’il allait bien pouvoir lui dire, ça n’avait pas vraiment l’air d’être à propos des livre cette fois.

« - Ah, mais tu sais, je quitte Wynwood l'année prochaine, mais je reste vivre à l'internat avec ma femme. Euh... Oui, en fait, je suis marié. Je sais que je suis jeune, tout ça, mais... »

Il s’interrompit et Charlie ouvrit des yeux ronds, avait-elle bien entendu ? Marié ! Les rumeurs qu’elle avait entendu devaient être vraies dans ce cas, on ne se mari pas si jeune sans raison. Cependant, il avait l’air heureux et la jeune fille ne put s’empêcher d’être contente pour lui, peu lui importait les raisons de ce mariage si les deux mariés étaient heureux alors tout allait bien.

«  - Waw, marié ! Et bien re-félicitation dans ce cas ! C’est sur que c’est jeune, mais bon, si vous êtes amoureux pourquoi pas, après tout, mes parents se sont mariés à dix-sept ans et ils ne se sont jamais séparés. En tout cas c’est super que tu restes à l’internat, on pourra apprendre à se connaitre et rediscuter comme ça. »

Alors qu’elle finissait sa phrase, son portable qui était à présent sur la table, se mit à vibrer pour la seconde fois de la journée, la faisant sursauter à nouveau. Aucun nom ne s’affichait, juste une petite phrase « surtout ne pas répondre !». Charlie raccrocha sans même avoir décroché et éteignit son portable, pour être sure d’être tranquille.

« - Désolée, j’ai oublié de l’éteindre, et ma grand-mère appelle toujours quand il ne faut pas. »

La petite blonde inspira un grand coup, comme pour se donner du courage, avant de me serrer la main et de me féliciter. Quand elle me demanda si je comptais aller dans une université proche, je levai les divers flyers et les lui montrai en souriant, avant de lui parler de Victor Hugo. Ce sujet la mettrait peut-être plus à l'aise, et c'était personnellement une chose qui me branchait, la littérature. Charlie me sourit, apparemment j'avais fait mouche.

- J'aime beaucoup Baudelaire aussi et ceux qu'on appelle les poètes maudits, je préfère la poésie aux romans en général, et j'aime beaucoup les pièces de théâtre, celles de Shakespeare en particulier, sauf Roméo et Juliette. Mais Victor Hugo, c'est différent, j'avais besoin de soutient, de changement et c'est ce livre qui a changé ma vie...

A la citation de Baudelaire, je ne pu retenir un sourire. Elle venait de citer un de mes auteurs préférés. Il était dommage que je quitte Wynwood l'année prochaine, car elle et moi aurions pu être de bons amis, si j'en croyais ses références qui étaient aussi les miennes, à peu de choses près. (J'aimais bien, Roméo et Juliette) Avant que je ne puisse réagir, la jolie blonde releva les yeux sur moi et me retourna la question.

- Bon, je sais que c'est pas bien les étiquettes, mais de toute façon, elles sont là, bref, j'imagine que si tu étais chez les Khi Omikron, c'est que tu aimes un minimum lire également, je te retourne donc la question.

Je repoussai les papiers des universités sur le côté et me penchai un peu en avant, coude sur la table.

- Hm, c'est un peu comme toi... J'aime la poésie, ça me relaxe. Baudelaire figure au palmarès de mes poètes préférés. Peut-être parce qu'il est un peu torturé, si ça se trouve. Sinon, j'aime beaucoup les auteurs classiques. Contrairement à ce qu'on pourrait penser, je ne suis pas très porté sur la Sciences Fiction et ce genre de trucs. Un bon Stendhal, y a que ça de vrai ! Ou alors Carlos Ruiz Záfon, c'est mon auteur contemporain favori ! Tu connais ?

Je lui souris, avant de me souvenir que même si j'allais à l'université, je ne quitterais pas l'école, puisque j'y vivais avec Lena, ma femme (♥) à l'internat, dans un studio ! Je m'empressai de le faire savoir à Charlie, car je considérais que c'était là une bonne nouvelle.

- Ah, mais tu sais, je quitte Wynwood l'année prochaine, mais je reste vivre à l'internat avec ma femme. Euh... Oui, en fait, je suis marié. Je sais que je suis jeune, tout ça, mais...

Je m'interrompis, me sentant un peu bête de raconter tout ça à une fille que je connaissais de vue, et avec qui je parlais pour la première fois. Je n'allais pas non plus commencer à lui raconter ma vie, la pauvre. J'allais finir par la saouler... Alors, je préférai me taire et faire comme si de rien n'était.

Elle respira longuement et lentement afin de se calmer, en face d'elle, le jeune homme souriait gentiment. De plus, elle était dans une bibliothèque bondée, elle avait un livre d'environs 500 page dans les mains, et la pire menace qu'elle n'ait jamais connu, sa grand mère était à des kilomètres de là. Il n'y avait donc aucun raison d'être effrayée. Lorsqu'elle s'était présentée, il avait levé la tête d'un air ravi, ce qui rassura un peu plus Charlie.

- Enchanté, Charlie., dit-il en lui tendant la main. Moi c'est Apollo, mais tu peux m'appeler Pollo. Et tu as raison, on est bien dans la même confrérie. Enfin, pour ma part, plus pour longtemps, je viens d'obtenir mon diplôme...

Apollo... Ce nom lui disait bien quelque chose, elle avait entendu des élèves parler de lui quelques jours auparavant, ne serait-ce pas une histoire de femme enceinte ? Elle n'en était pas sure. Elle lui serra la main en souriant. De toute façon, s'il y avait une chose qu'elle détestait s'était les rumeurs, pourtant, elle ne pouvait s'empêcher de les écouter... Elle respira longuement une nouvelle fois avant de répondre, histoire d'éviter de bégayer.

- Oh ! Eh bien félicitation ! On ne va pas se voir longtemps dans ce cas... Tu compte aller dans une université proche ?

Evidemment, elle avait vu les papiers, mais elle n'était pas réputée pour être la meilleur en communication, alors n'importe quel sujet faisait l'affaire. Elle regarda le vieil ouvrage de Victor Hugo, elle le possédé depuis ses treize ans et il avait d'abord appartenu à son grand père, puis à sa mère, il était dans un état lamentable, et pourtant, c'était la chose la plus précieuse que Charlie possédait.

- Victor Hugo ? Très bon choix... Quels autres auteurs lis-tu ?

Elle sourit, sur ce terrain, elle était bien plus à l'aise, et puis, quelqu'un qui trouvais que Victor Hugo est un très bon choix ne pouvais pas être son ennemi. Quoi que... Il faudrait qu'elle demande à Janane ce qu'elle pense de cet auteur... Cette fois, elle n'eut même pas besoin de se préparer pour parler, elle commencer à être un peut moins timide, ce qui paraissait être une bonne chose.

- J'aime beaucoup Baudelaire aussi et ceux qu'on appelle les poètes maudits, je préfère la poésie aux romans en général, et j'aime beaucoup les pièces de théâtre, celles de Shakespeare en particulier, sauf Roméo et Juliette. Mais Victor Hugo, c'est différent, j'avais besoin de soutient, de changement et c'est ce livre qui a changé ma vie...

Elle souriait toujours, se souvenant, que lorsqu'elle avait commencé à changer, à retravailler, à se battre, elle avait retrouvé l'ouvrage poussiéreux au fond de son armoire, et comme s'il avait été un signe de sa mère, il lui avait donné le courage dont elle avait besoin pour réussir. Elle releva les yeux sur le garçon, décidément, il fallait qu'elle arrête de toujours se perdre dans ses penser.

- Bon, je sais que c'est pas bien les étiquettes, mais de toute façon, elles sont là, bref, j'imagine que si tu étais chez les Khi Omikron, c'est que tu aimes un minimum lire également, je te retourne donc la question.

La jolie blonde s'extirpa de son bouquin comme on sortirait du sommeil un lendemain de guindaille : difficilement. Je l'observai, perdue dans ses pensées, ses grands yeux me regardant sans vraiment me voir. J'étais à deux doigts de secouer une main devant ses yeux, amusé, quand enfin elle réagit. Ses joues se colorèrent de rouge, un sourire étira le coin de ma bouche. Elle était charmante, cette jeune fille. Fragile, douce, adorable. Immédiatement, je ressentis de la sympathie pour elle.

- Euh... Oui, évidemment, mes amis imaginaires vont se pousser.

Cette fois, je ne retins plus un franc sourire. Et en plus, elle avait le sens de l'humour. - Du moins, j'espérais que c'était de l'humour, sans quoi je ne pourrais plus rien pour elle. Je la remerciai, tout en m'installant. J'étalai ensuite les prospectus devant moi, décidant de voir si elle entamerait une conversation ou pas. Un instant passa, tandis que j'épluchais les feuilles des universités de la région. Elle ne bougeait pas, ce qui me laissait penser qu'elle m'observait. Soudain, sa voix tremblotante retentit. Je ne cachai pas ma satisfaction en relevant les yeux vers elle.

- Euh... Excuse-moi mais... Tu... Enfin, on est dans la même confrérie, non ? Moi... Euh...Ce... C'est Charlie.

J'étais habitué à avoir des gens apeurés en face de moi, mais Charlie - joli prénom - faisait partie de la catégorie des plus sévèrement atteints. Était-ce moi qui lui faisais peur, ou était-elle simplement vraiment timide ? Elle claqua son bouquin, et je découvris qu'il s'agissait d'un livre sur l’Égypte. Digne d'une Khi. La jolie blonde tira alors à elle un recueil de Victor Hugo. Je lui souris, tentant de la rassurer, peut-être ? J'avais toujours considéré qu'une personne souriante ne pouvait pas effrayer les gens.

- Enchanté, Charlie., dis-je en lui tendant la main. Moi c'est Apollo, mais tu peux m'appeler Pollo. Et tu as raison, on est bien dans la même confrérie. Enfin, pour ma part, plus pour longtemps, je viens d'obtenir mon diplôme...

Je lui souris une nouvelle fois, tandis qu'elle me serait la main.

- Victor Hugo ? Très bon choix... Quels autres auteurs lis-tu ?

J-5 avant le mariage. Tout était fin prêt, de la liste des invités à mon costume, en passant par les alliances et le menu pour la fête qui suivrait la cérémonie. Sur le papier, nous étions bien sûr déjà mariés, Lena et moi, mais en catholique qui se respecte, il était plus important pour moi de faire officialiser cette union devant Dieu plutôt que d'apposer deux signatures sur un morceau de papier. Néanmoins, Lena portait déjà mon nom et je m'en réjouissais un peu plus tous les jours. La petite fille dans son ventre grandissait à une vitesse folle, nous avions pu distinguer son visage sur la dernière échographie. Ma journée était agréable, comme toutes celles depuis le mariage civil. J'avais l'impression que rien ne pourrait entacher notre bonheur. Rien ni personne. Et pourtant... une petite appréhension tentait de faire surface. Les paroles de la Voix, quelques semaines plus tôt, avaient instauré chez moi une vague de panique gênante. Et si Eris se pointait ? J'étais inquiet, au fond de moi, malgré le fait qu'elle ait promis de se tenir à carreaux.

Aujourd'hui, j'avais principalement occupé ma journée à faire les magasins pour acheter des affaires pour notre futur logement. Elena n'ayant pas fini ses études à Wynwood, nous avions demandé l'autorisation d'occuper un studio à l'étage réservé aux professeurs. Il était quasiment vide, l'école nous l'avait donc accordé. Nous y serions minimum deux ans, le temps qu'Elena termine ses études. Après, elle irait peut-être à l'université, c'était à elle de faire un choix, et nous n'en avions pas vraiment parlé. Il était 17 heures, plus ou moins, quand j'arrivai à la bibliothèque de l'école. Même pendant les vacances, pas mal de locaux restaient accessibles aux élèves qui passaient leur été à l'internat. Et il y en avait plus que ce qu'on pourrait l'imaginer. A commencer par moi.

J'avais vaguement prévu de jeter un œil aux flyers et dépliants de l'université de Wynwood, rattachée au lycée. Je désirais choisir une matière à étudier pour la rentrée, mais je n'étais sûr de rien. Soit je me perfectionnais dans un domaine, soit j'allais travailler. Lena était riche, l'argent n'était donc pas un problème... mais un père de famille peut-il s'offrir le luxe d'aller à l'université ? Je ne pouvais m'empêcher de me dire que sécher les cours n'avait aucune incidence sur les résultats. Sécher le boulot, par contre, c'était risquer de se faire virer. C'est pourquoi je m'étais plus ou moins décidé pour l'unif. Encore fallait-il trouver la matière qui me brancherait. Et ainsi, en cas de pépin, je pourrais m'occuper de notre fille plus aisément.

Curieusement, il y avait pas mal d'étudiants qui étaient à la bibliothèque, tous rassemblés en groupes d'amis. C'était un endroit un peu inapproprié, selon moi, mais les jeunes de maintenant n'ont plus vraiment ce genre de préoccupations. Le respect, tout ça, ça leur passe au dessus. Je m'emparai de la pile de dépliants avant de chercher une table où me poser. Toutes étaient occupées, la plupart par des groupes d'amis. C'est alors que je repérai une fille de ma confrérie, les Khi, installée seule à une table. Elle était plongée dans sa lecture. Je haussai les épaules et m'approchai d'elle, décidé à m'installer.

- Euh... salut ? Je peux m'asseoir ?

Ma voix était posée, sa tonalité était grave, presque suave. Une ancienne amante m'avait un jour dit que ma voix grave était plus sensuelle que tout autre son qu'elle avait un jour entendu, ce qui m'avait doucement fait sourire. J'attendis que la jeune fille aux boucles blondes me réponde pour tirer la chaise et m'installer, ce qui était quand même la moindre des politesses.