In the road [ R & H ]

Tous les hommes ne sont-ils pas nos domestiques ? /SORT/

T'es marrante. C'est tout ce qu'il trouva à dire. Pourtant il n'y avait rien de drôle dans cette situation. Hope avait peur d'avoir mal comprit quelque chose. Ou peut-être était-ce l'inverse. Il était trop buté pour ouvrir son esprit et entendre des paroles qui viennent de quelqu'un d'autre que lui-même. Il jouait avec son flingue tel un gamin distrait. Ce type n'en avait rien à faire de sa réponse, au final. Tout ce qui comptait était le jugement qu'il pouvait porter sur elle au final. Sur l'utilité qu'il lui donnerait.

T'es la réponsable... Blablabla... Jouer les héros... Blebleble... J'ai rien choisi... Bliblublo... Flirt d'ado... T'as que seize... Mon Dieu, comme ce mec était comme tous les autres ! Aucune originalité dans ce milieu... Il fallait rabaisser la fille au plus bas. Qu'elle se sente minable, inutile... Réduire ses choix au stade d'échec. Merci Raphaël, Rodgaï... Bidule truc chouette.

« J’comprends pas comment on a pu t’accorder ça. »

Il avait ce ton si... Presque hautain mais à moitié pour lui. Le son ne s'était pas totalement propagé dans la chambre, restant coincé au fond de sa gorge. Pourtant la blonde comprit très bien ce qu'il insinuait. Pour lui, elle ne méritait pas ce qui lui arrivait un point c'est tout. Si elle était dans cette merde, il valait mieux qu'elle y reste sans rien dire. Il ne comprenait rien. Hope avait envie de le frapper. De lui mettre une bonne baffe. Mais ce serait inutile. Et puis, il la metterait facilement à terre. Et enfin, il avait une arme, elle non.

Il changea de sujet. Heureusement. Pour lui. Pour elle. Pour l'ambiance générale que renfermait la pièce. Bien sûr le garçon préféra changer de conversation pour revenir à sa petite personne. Évidemment, elle l'appelera Raphaël, Hopy s'y connaissait assez dans ce domaine. La blondinette n'était pas du genre à faire des gaffes monumentales, contrairement à ce que l'on pourrait penser. Mais elle se contenta d'hocher la tête, comme une brave bête.

« Ou ne m’appelle pas du tout... »

Hallelujah ! Hope était totalement pour cette idée. Qu'ils ne se parlent pas. Qu'ils se contentent du strit minimum. Le bonheur total !
Bien entendu, il ne s'arrêta pas en si bon chemin. Raphaël énonça "ses règles de conduite".

« Quand j’vais quelque part, soit tu restes dans l’internat, soit tu m’accompagnes, selon. Et surtout, personne ne doit savoir qui je suis, ni qui tu es. Stricte interdiction. Et quand je te donne un ordre, c’est un ordre, et tu ne le discute pas. Ah. J’oubliais. Pas de protestations, j’ai pas de boîte des réclamations. C’est enregistré ? Assez clair pour toi ? »

Et si certaines de ces règles étaient déjà violées ? Chase et Heaven étaient au courant du secret. C'était eux qui avaient formé son alibi. Et Warren... Elle ne pourrait pas rester sans lui dire... C'était juste inconcevable. Déjà qu'elle s'en voulait d'être partie sans le prévenir. Enfin, bon, ça Hope éviterait de le dire à Raph' sous peine d'avoir une bonne petite réfléxion.
Ensuite pour le fait de le suivre s'il sortait, c'était assez... Gênant... Hopy allait tout savoir de sa vie et vis versa. Une relation de proximité qu'elle n'était pas prête à partager. Pas avec lui en tout cas. Il ne la mettait vraiment pas en confiance et si on le lui avait demander de confier sa vie à quelqu'un... L'anglaise ne l'aurait pas choisi. Vraiment pas.

« C'est très clair. Mais juste une chose. J'ai dix-sept ans en réalité. C'est fou comme les papiers sont trompeurs ! Et... Je pense qu'on ferait mieux de bouger. A moins que tu veuilles te reposer un peu. Même si ça m'étonnerait. C'est pas la peine de rester plus longtemps enfermés tous les deux dans cette pièce. »

Elle se retourna, attrapa sa robe encore mouillée. A ce moment précis, Hopy s'en fichait royalement. Qu'elle soit malade par la suite n'avait plus d'importance, du moment que cet enfernal après-midi se termine enfin !
La blonde se stoppa net dans l'encadrement de la porte de la salle de bain. Elle fit volte face pour regarder son désormais "ange gardien". Elle lui lança le sourire le plus faux. Ce qui finalement la détentit légèrement. La demoiselle se moquait de lui, d'elle-même... Il fallait qu'ils se détendent tous les deux...

« A moins que ça ne vous convienne pas, ô grand protecteur ! »

Humeur massacrante. Aaah... C'est fou comme il transpirait la joie de vivre. Bon, il s'était fait transpercer la peau par de balles. Mais ça ne l'excusait pas d'être ainsi. Il était exaspérant. Énervant. Détestable. Méchant. Sec. Désespérant. Crispant. Agressif. Hargneux. Insupportable. Odieux... Mais bon... Ça semblait réciproque. Ils ne pouvaient pas se voir. Il ne l'avait pas demandée, elle en avait fait autant.

« Tu saoules. Mais genre, tu saoules vraiment. Vraiment, vraiment. Et compte pas sur moi pour courir dans les galeries t’acheter une robe neuve pendant que tu t’pavanes bien tranquillement ici, j’suis pas ton boy. »

Parce qu'il croyait vraiment qu'elle aurait osé lui demander ça ? Non mais... Quel c*n ! Ce n'est pas parce qu'elle n'a pas de robe qu'elle allait faire bouger un blesser. Hope n'était pas idiote contrairement à ce qu'il semblait penser. Elle voulait le lui prouver. Et en même temps ça ne semblait pas utile. De plus, elle savait que si elle le laissait partir en voiture, il ne serait pas revenu avant de se dire que "sa mission" lui ordonnait de revenir. Et puis, ne pas être son boy, ne pas être son boy... Tant mieux ! Car même s'il était plutôt mignon, Hopy avait le cœur déjà pris par Warren. Garçon qu'elle n'avait pas vu depuis sa transformation. L'anglaise appréhendait. Mais c'était une épreuve à passer.

« [...] Si tu m’expliquais ? J’ai lu les dossiers, mais j’veux ta version. J’dois savoir à qui j’ai vraiment affaire, et comprendre pourquoi. J’m’en fous d’l’officiel, j’veux de l’officieux. [...] Alors j’veux que tu m’dises tout ce que tu sais. Sur eux, sur l’affaire, sur ce qui a fait de toi un témoin. Et surtout, sur la raison pour laquelle ta vie a autant de valeur pour l’Etat. »

La demoiselle hésitait toujours à lui faire confiance. Seulement il fallait bien qu'elle croit en lui, surtout s'il devait la protéger. L'officieux, pas l'officiel... Hope elle-même, n'était pas au courant de tout. On l'avait toujours tenue à l'écart des petites lignes. Les grandes, seulement les grandes lui étaient confiées. Elle était l'objet que la justice avait utilisé pour coincer le chef d'un grand gang anglo-américain. Les représailles étaient pour elle, pour sa famille, ses parents... Le visage de sa mère et de son père souriants lui apparaissaient devant les yeux.

« Il y a quatre ans, j'ai été témoin d'un meurtre. Ça tu dois le savoir. J'étais au collège, je faisais un reportage, j'ai pris des photos de toutes la scène, j'étais au premier rang, mon doigt est resté appuyé... Ce qui a permis de prouver, que le type tu' était un flic sous couverture. Et également l'endroit où le gang avait stocké une bonne quantité de drogue et autre. Apparement il y avait d'autres indices sur les photos. Des papiers, ou je ne sais quoi avec quelques adresses. Je n'ai jamais vraiment su... Et je n'avais rien vu sur le moment. Je ne pouvais lâcher mon regard de ce corps sans vie... Là, la question qui se pose en général, c'est comment j'ai pu voir tout ça. J'étais dans l'immeuble désinfecté en face. Un peu trop téméraire et surtout curieuse. Ça a été l'épreuve la plus dur pour moi. Je n'ai pas bougé jusqu'à ce que le jour se lève le lendemain. Je n'ai pas parlé pendant plus d'un mois. Mes parents se sont posés des questions. Les psychologues se sont succédés. Jusqu'à ce qu'on découvre ce que j'avais caché dans mon appareil photo. La police, le procès. Ça a duré longtemps. Trop longtemps à mes yeux. J'avais que 13 ans quand ça a commencé. Pourtant on s'en foutait complètement. On s'en foutait. On faisait tout pour me faire craquer. Menaces... Encore et encore. Et puis, j'avais une photo du chef tirant une balle en pleine tête d'un flic. Ils auraient pu utiliser les photos sans me mêler à tout ça. Mais c'était trop contestable. Donc ils sont parvenus à détruire les photos. Il ne reste donc plus que moi et les doubles cachés dans un endroit que je ne connais même pas... Bref, je suis la seule cible qu'ils connaissent. Je suis morte, la contestation pour faire sortir le chef sera plus acceptable... Je ne sais pas, si c'est vraiment ce que tu voulais savoir... »

Voilà c'était dit. Elle n'en avait jamais dit autant à quelqu'un à part les psychologues... Et la dernière fois qu'elle avait osé dire un mot, ça s'était retrouvé dans les rumeurs du lycée.

« Fuir c'était trop. J'ai toujours fui. Lâche. Des identités, nouvelles, tout le temps. On s'en fout de ce que je pense, que je ressens. J'ai envie de vivre. Ce qui semble trop compliqué à comprendre pour vous... J'ai juste envie de pouvoir construire quelque chose sans que tout se détruise au bout de quelques mois. S'ils doivent me tuer, qu'ils me tuent... Mais merde, je veux enfin vivre. Je veux que mes parents soient fiers de moi... De là où ils sont. Parce que cette histoire les a directement tués... J'ai beau croire au destin, ça je ne peux plus l'accepter. On me protège jusqu'à m'emmener aux États-Unis parce qu'il y a probablement une taupe dans mon entourage et mes parents eux sont laissés à la merci de ces p*tains de monstres. »

Sa mâchoire s'était crispée. Raphaël allait dire quoi ? Que c'était un rêve idyllique de gamine ? Qu'il aille se faire voir lui aussi dans ce cas là. Il ne semblait pas valoir mieux que les autres. Pearl n'avait été qu'un objet durant tout son adolescence. Alors pourquoi est-ce que cela changerait ? Dans tous les cas, si le garçon osait dire qu'elle faisait des enfantillages autour d'une pauvre histoire ridicule, elle claquerait la porte. Ce n'était plus une gamine. Elle avait grandit vite. A treize ans, elle assistait à un meurtre. Trois mois plus tard, elle passait des heures dans les cabinets de la police. Par la suite, elle avait foulé le sol dur du Palais de Justice Londonnien. La presse avait fait d'elle, une porte parole, une mini-vedette. Une surmédiatisation qui avait conduit les représailles à sa porte d'entrée. Coup de feu, violence, insulte, contradiction... Tous ces mots avaient été remis en question. Elle avait perdu confiance. Et dans les pires moments, Pearl avait eu un policier pour la remettre en place. "Lui replacer les idées, pour qu'elle devienne forte" comme il disait. Gamine. La mioche. La naine. Le bébé. La tête blonde. La p'tite. La gosse. La mouflette. La fillette. La môme. La pisseuse. On l'avait renommée de toutes les façon, la rabaissant au plus bas niveau. Alors, non, elle ne se laissait plus vraiment faire.

Sur le coup, Hope s'en était voulu d'avoir posé cette question à voix haute, puis rapidement, elle avait repensé à pleins de petits détails. Ce fut le regard du garçon qui la ramena à sa phrase subite. C'était avec un air grave que Raphaël la dévisageait. Il eut son habituelle parole délicate à l'écart de la blonde. C'est dingue comme ce type pouvait être vexant. Avec lui dans la pièce elle se sentait ridicule, minable... Une véritable moins que rien. Hopy était modeste mais delà à accepter qu'on la traitre comme une sous-merde, non merci ! Elle sentait facilement la colère monter en elle quand Raph' lui parlait. Mais la blondinette se calmait toujours à temps, ou presque. Certes, parfois elle disait des choses regrettables. Cependant, bien qu'elle soit assez calme à l'extérieur, la jeune étudiante bondissait à chaque réplique du garçon. Elle se voyait bien lui mettre une bonne claque pour revienne sur Terre.

« Tu crois que j'suis dépourvu d'humanité, genre un enfoiré de psychopathe ou un débile obsédé par le fric... »

Non pas vraiment. Enfin si... Mais non. Bref. Il était trop difficile à cerner. Pas psychopathe, pas naïf mais trop obéissant... Presque aveuglé par quelque chose ou quelqu'un... Un truc qui dérangeait Hope. C'était cette "ordre" venu de nul part qu'elle ne comprenait pas. Cette obligation que l'on se force d'accepter. Consciemment ou non. Ce qu'il appelait "faire son travail".

« [...] la satisfaction d'avoir satisfait mon supérieur. Et la satisfaction d'avoir buté des connards de mafieux qui font exploser les taux de criminalité du pays. »

Comme si tout était plus clair comme ça. C'était des supérieurs qui ordonnaient de tuer. Des membres importants qui avaient dit "tuer ses parents pour la faire craquer. Ce n'est qu'une gamine.". Oh oui, qu'une gamine ! Mais on se fout royalement des vies détruites, on s'en fout des souffrances causées, et on s'en fout de se qui tue... De toute façon ça paraît tellement logique. Raphaël tuait ceux que son patron lui disait être des "méchants". Et d'autres tuaient la famille de la blondinette car elle est pour elle une menace. Il y en a partout et pour tout le monde... Alors ça nous donne le droit de tuer. Ça semble être ce qu'il y a de plus logique, de plus juste... Hope était dégoutée. Elle en avait presque la nausée. Repenser à ses parents lui faisait toujours ça. Les larmes, la gorge serrée, le ventre tiraillé. La jeune femme ne montra rien. Trop fière, elle aussi, pour s'effondrait devant ce gars. Ne voulant pas lui offrir une chance de la démonter encore plus.

Hopy ne prêta pas attention à la menace que lui lança Raphaël. Elle ne comptait rien répéter de toute façon... A moins qu'on lui pose des questions...
Le blessé sortit. La blonde se glissa dans la petite cabine de douche. La boue coula jusqu'à ses pieds. La buée envahit rapidement la pièce. Elle ne réfléchissait même plus à ce que Raph' pouvait bien faire. Trop perturbée par ce qu'il venait de lui dire. Hope finit par sursauter en se remémorant que son sac était déposé sur le lit. Elle abrégea sa toilette, enfila le peignoir très peu absorbant, essora ses cheveux et finit par ouvrir la porte de la salle de bain.

Elle fut accueillie par un Raphaël sur le lit, pointant un revolver dans sa direction. Il lui demanda :

« Si j'étais un des mecs qui t'pourchasse, tu s'rais morte. Alors tu vas m'faire le plaisir de virer c'putain d'accent anglais, tu veux ? »

Pardon ? Quoi ? Que ? Hein ? Allô ? Moi pas comprendre... Hope haussa un sourcil, sans comprendre ce qu'il disait. Le canon droit sur elle l'avait surprise mais ses esprits étaient rapidement revenu. Il voulait la tuer ou quoi ? Ah non... Il venait d'abaisser le flingue. Alors quoi ?

« Hope Blackwood, c'est pas ton vrai prénom, hein ? Lieutenant colonel Romanov, du corps des Marines. Rogdaï Romanov. J'suppose qu'on t'a parlé d'moi. » dit-il en accompagnant ses dire d'un portrait d'elle.

Romanov ? C'était lui ? Mais quelle blague !

« Je... Fait chier ! Je suis Pearl Ella Newel. Je ne pensais pas te rencontrer aujourd'hui et j'avais pas imaginer ça. Bref, c'est la première fois que j'ai quelqu'un pour faire ça... Et vu ton caractère je suppose qu'on ne t'a pas habitué à tenir compagnie et protéger quelqu'un. Mais bon, comme ça, on est tous les deux supers heureux d'être réunis ! C'est un très bon départ ! »

Ironie quand tu nous tiens...

« Pour info, mon accent n'est pas bidon. Je suis anglaise, mais l'affaire dans laquelle je suis mêlée concerne aussi les États-Unis, en clair on offre une meilleure protection ici. »

Pourquoi lui dire tout ça ? Et si c'était un piège. Tant pis. Au pire, elle le tue. Blague. Mauvaise blague. Ce type déteignait sur elle ! Ce qu'il fallait c'était partir de ce trou minable.

« Partons... Il ne reste plus qu'à remettre ma robe... »

Elle parla tout en revenant sur ses pas. Hope prit le bout de tissu entre ses doigts. Elle ne l'avait passé sous l'eau pour qu'il reprenne un couleur un peu plus potable. Mais ça n'avait rien fait. L'état du tissu était toujours aussi pitoyable. Elle chercha un radiateur. Ce qui fut bien ridicule et ne servirait certainement à rien. Peut-être pour cramer encore plus la tenue...

« Mmh... Mauvaise idée. On aurait pas la possibilité d'attendre encore un peu ? Ou ça te mettrait d'une humeur encore plus massacrante ? »

Il ne dit rien sur son prénom et continua sa tâche. Même si à la vue de sa réaction, il cachait bien une petite remarque. Raphaël finit de nettoyer ses plaies et sortit une petite trousse de toilette. Elle sortait d'où celle-là ? Il planquait d'autres choses ou c'était la seule exception ? Parce qu'elle aurait peut-être mieux fait de le fouiller... Après tout, il pourrait très bien finir par sortir une nouvelle arme et la tuer sur place. Avec un silencieux, personne ne remarquerait son corps avant le jour prochain... Lorsque la femme de ménage viendrait nettoyer la petite chambre. Y avait-il des caméras dans ce motel ? Les policiers pourraient-ils retrouver la trace de ce mystérieux type... Hope imaginait tout un scénario digne d'une grande série policière. C'était elle la cruche qui finissait à hurler en courant... Pour changer !

Le jeune homme sortit une bouteille d'alcool. Désinfecter. Il savait ce qu'il faisait. Mais ne serait-il pas mieux à fermer les yeux tout en mordant un torchon ? Histoire de limiter la brulure de l’alcool... M'enfin bon... Ce garçon semblait être en vrai macho, alors à quoi bon lui demander sans cesse de lui porter main forte ? Elle n'était qu'un poids lourd...

« Tu sais le placer ? Après t'être lavé les mains. »

Les bandages... Facile ! Elle fit ce qu'il lui demandait sans rechigner, ni ajouter un commentaire. Alors qu'elle plaçait le bandage, il lui demanda de serrer plus fort. Hopy le fit. Trop fort. Ooh ! La blonde le laissa finir.

« Elle aurait pas pu faire plus... commun ? »

Mmh... Question piège. Pourquoi sa soit disant mère aurait pu opter pour ça ? Une envie ? Un esprit tordu ? L'espoir d'une vie meilleure ? Il ne fallait pas se tromper. Se souvenir de ce qu'elle allait dire. Et ne pas dire autre chose à quelqu'un d'autre. Un mensonge répertorié, noté, classé, organisé. C'était une bonne technique pour ne pas s'emmêler les pinceaux. Ne pas prononcer des histoires contradictoires et s'en souvenir. Elle devait le noter dans son nouveau journal intime. Il était dans son sac à main (elle ne pouvait pas le laisser dans sa voiture, sur le bord de la route)... De l'autre côté du mur, abandonné sur le lit. L'ancien, celui qui parlait de Paige... Elle l'avait tout bonnement perdu. Aucune idée de l'endroit où il pouvait être. Parfois la demoiselle se demandait si c'était ce qui avait causé sa perte. Puis en réfléchissant bien, Hope parvenait à éliminer cette hypothèse. La seule personne au courant était Alfred. Le seul, l'unique, le traitre... Il l'avait ruinée autant qu'elle l'avait ruiné en refusant son amour. Des blessures de deux anciens amants comme une déchirure dont la cicatrisation était impossible.

« Tu peux le dire, c'est spécial. Mais j'aime pensé que ma mère espérait que je changerais son quotidien... Mais ma sœur n'a pas un prénom "commun" non plus, donc... »

Heaven... C'était Heaven sa "sœur". Une ressemblance ? Pas vraiment... Le nez, les lèvres... La forme globale du visage... Mais sans plus. De toute façon, dans l'histoire qu'elles avaient pu créer, leur père n'était pas le même. Alors la ressemblance n'était pas à chercher. Pas besoin d'aller plus loin ou de creuser un peu plus.

« Et puis c'est pas le genre de questions que je pensais à lui poser... A vrai dire je n'étais pas si proche d'elle donc... Bref. »

Ne pas trop parler de soi, même si c'est pour distraire un inconnu qui a l'air de s'en foutre royalement. Elle attrapa un peine mis à disposition et le passa dans ses cheveux. La douche attendrait le temps que Raphaël prenne soin de ses blessures. Et si, pendant qu'elle se lavait, il partait ? Non... Impossible, il était trop abîmé pour ça. Ce qu'il ferait mieux de faire, serait de se reposer, de dormir un instant. Après un bref silence, la blonde lâche :

« Dis, il y a vraiment un enjeu important pour que tu fasses tout ça ? Pour que tu risques ta vie sans en profiter pleinement ? Passer près de la mort n'est pas un quotidien rêvé. Et quand on te redonne une seconde chance, normalement tu ouvres les yeux. Mais toi... Tu as pas l'air d'être comme ça. Ça m'intrique...»

Elle le regarda, il en avait fini avec sa bande. Avait-elle vraiment dit tout ça à voix haute ? Sh*t ! Il allait la prendre pour une tarée qui parle tout le temps. Manquait plus qu'il fouille dans son sac et qu'il tombe sur son carnet bourré de notes... Non... il ne le fallait pas !
Hope savait ce qu'elle lui demanderait après, s'il la repoussait avec l'une de ses cruelles piques. Un chargeur de batterie... Il se promenait bien avec une trousse de toilette. En plus de cela, Hopy avait remarqué qu'il avait récupéré un téléphone dans la voiture. La jeune étudiante n'avait pas eu le temps de voir la marque mais peut-être que son chargeur correspondrait au sien... Sinon, elle irait à l'accueil du petit hôtel.

C'est pourri...

Après un haussement des épaules, il répondit sur le même ton sarcastique. C'est vrai que leur situation n'avait rien de commun et ils en jouaient. Enfin, le garçon réussissait bien mieux à s'adapter à l'étrangeté du scénario. Il ajouta en plus dans une logique implacable qu'il préférait tuer que se faire tuer. Vu ainsi, on ne pouvait qu'approuver. Mais tirer de sang froid sur quelqu'un c'était juste... Cruel, malsain... Il fallait un cœur à toute épreuve ! Une distinction parfaite entre les sentiments que l'on éprouve et la vie des autres. Une sorte de remède savant dont Hope ne connaissait, ne comprenait rien et ne savait pas comme y parvenir.

La blonde sortit de la voiture, récupérant son sac et autres affaires lui appartenant. Ils allèrent commander une chambre et s'y dirigèrent sans un mot. La demoiselle se demandait comment le patron avait pu osé les laisser entrer. Ils avaient l'air de quoi ? Les escaliers furent une épreuve pour Raphaël. Il était contracté, sa main était serrée sur la rampe. Un pas après l'autre il monta. La jeune fille était derrière lui, elle l'observait du coin de l’œil. Fichu orgueil ! Ça vous fait souffrir pour rien...

Ils pénétrèrent dans la chambre. Un endroit totalement commun et banal. Ce n'était ni un trois étoiles, ni un endroit lugubre. C'était juste le genre de places que l'on efface rapidement de sa mémoire sans en garder un mauvais souvenir. Le garçon n'attendit pas une seconde de plus pour enlever ses vêtements et finir par se diriger vers la salle de bain. Hope ne savait pas quoi faire ou dire. Il refusait toute aide de sa part. Alors quoi ? Elle devait le laisser se débrouiller seule... Il était bien foutu d'ailleurs... M'enfin ! Il semblait trop juvénile, trop gamin à son goût... Rien à voir avec le physique de Warren ou d'Alfred. Garçons qui l'avaient faite craquée.

Hopy lâcha tout ce qu'elle avait dans les mains : sac et autres affaires. Elle s'assit mollement sur le matelas et enleva ses chaussures qui lui faisait des ampoules. La blonde passa ses mains sur son visage. C'est à ce moment qu'elle vit toute la boue qui lui collait la peau. L'étudiante se leva doucement et se dirigea vers la salle de bain d'où Raphaël lui parlait. Il lui demanda si elle allait bien. Il entendait par là, si elle n'était pas blessée... Depuis quand s’intéressait-il à ça ? A elle ? C'était peut-être un bon point... Ou le contraire. La blondinette s'avança dans l'embrasure de la porte.

« Moi, ça va... Rien de grave physiquement ! »

Elle leva les yeux vers la grande glace accrochée au dessus du lavabo. Son état était lamentable. Sa robe claire était complètement déchirée, devenu alors trop courte elle lui arrivait au milieu des cuisses et parfois moins à certain endroit. Ses mèches blondes s'emmêlaient dans tous les sens. Des gouttes d'eau sale se dessinaient un peu partout sur son corps. Ses mollets nus étaient éraflés... Son maquillage collait sous ses yeux bleus... Un tableau loin d'être réjouissant. Mais il y avait pire. Son regard se riva sur le jeune homme et elle s'empressa d'ajouter :

« Tu as besoin d'aide ? Si je peux faire quelque chose, hein ! »

Elle laissa un petit temps avant de répondre un sourire en coin :

« Au fait, moi c'est Hope. Pas de commentaires sur mon prénom, merci. »

Ben quoi ? Il fallait bien qu'il sache comme s'appelle l'emmerdeuse qui a pourri sa journée. Et puis, entendre une de ses remarques cinglantes était prévisible. De toute façon, ça ne touchait pas vraiment Hopy. A vrai c'était son combientième prénom ? Du moment qu'on ne touche pas à l'original... Celui que les privilégiés connaissent...
Hope, c'était juste l'espoir que cette nouvelle vie se déroule comme prévu. Un renouveau commençant bien. Et cette première aventure était décidément un bon signe... Ou pas.

Malgré son murmure, Raphaël entendit sa dernière phrase. Il sembla d'ailleurs perplexe de cette révélation. Quoi c'était impossible ? Ouais sûrement... Ils n'étaient pas comme les autres, simplement. Mais qu'est-ce que la normalité après tout ? Un principe inventé qui ne reflète aucunement la réalité. Cette aventure avait été vécue différemment par les deux jeunes. Elle était certainement plus troublante et perturbante pour Hope. D'ailleurs depuis qu'elle avait pris la route, elle revoyait sans cesse des images de son enfance. Et si elle était morte dans ces marécages ? Et si cette fuite n'avait servi à rien ? Et si on l'avait reconnue ? Et si des photos avaient été prises ? Et si... Et si...

Elle n'écoutait plus vraiment et secoua la tête pour se concentrer. Elle tourna la tête un instant vers le blessé. Il perdait toujours du sang. Accélération. Son besoin de sauver cet inconnu lui paraissait soudain. Comme à son habitude, quand elle entreprenait quelque chose, la blonde voulait le faire à fond. Aider ce type mal poli, tueur, dangereux, désagréable... Plutôt bizarre vous me direz. Mais elle n'avait que ça à faire. Et à vrai dire, elle n'avait pas réfléchi avant d'agir. Et sinon quoi ? Elle le laissait mourir sur le trottoir, sans aucun regret ? Pas son style.. Hopy aurait constamment été hantée par ces images et s'en serait voulu à jamais. La demoiselle ne pouvait donc que le sauver.

Il lui indiqua une route à prendre. Elle se la répéta plusieurs fois mentalement pour essayer de la retenir. Ça lui évitait d'ailleurs de retomber dans le passé de la petite Pearl. Bref. Ses mains se crispaient par moment autour du volant. Puis la demoiselle respirait pour se décontracter... Rester calme... Il n'y a eu aucun meurtre... Aucun coup de feu... Aucune arme...

« Tu viens étudier quoi ici ? D’ailleurs, pourquoi Miami ? C’pas ce qu’il y a d’plus réputé question unif’s. »

Était-ce une question piège ? Il avait déjà démasqué son accent anglais... Savait-il qui elle était en réalité ? Était-il finalement de ceux qui la recherchaient depuis trois ans ? Et si... Si c'était un piège ? La route qu'il avait choisie, menait-elle vraiment à un endroit sûr et calme ? Ou justement, un endroit tellement calme qu'il pourrait la livrer en échange de fric ? Non... Ce n'était pas possible... Il avait risqué sa vie après tout ! Il avait été traversé par deux balles... Ça ne pouvait pas être une mise en scène ! A moins que... Qu'il y ait eu un contrat sur sa tête et que plusieurs personne se battait pour récupérer la jeune femme. Non... Encore une fois ce n'était pas possible... Elle avait changé d'apparence, personne ne le savait ! A part Chase, Heaven, la police... Non, vraiment, l'étudiante était en train de se faire des films !
Ne pouvant faire attendre plus longtemps le garçon, elle répondit avec la phrase qu'elle avait travaillée par cœur :

« Non, en fait je viens retrouver ma sœur... Elle a quitté la maison pour venir ici, à croire qu'elle pensait que l'autre côté de l'Amérique était suffisant pour la séparer de notre mère. Mais bon... Je ne peux pas vraiment vivre sans elle. Même s'il y a certainement plus de raisons qui m'ont amenées ici, celle-ci est la plus importante. Et puis il parait que les gens son accueillant ici ! Sinon, toi, tu tires tous les jours sur les gens ou bien parfois ça t'arrive de faire autre chose toi ? »

Non, ce n'était pas pour le viser. Du tout... Un habitant très chaleureux et accueillant. N'en était-il pas la preuve vivante ?
La véritable raison de sa venue ? D'abord la fuite. Puis l'amour. L'amour d'un garçon qu'elle avait quitté sans aucune explication. Chaque parcelle de son être le réclamait, chaque seconde sans faisait redouter à la chanteuse l'instant où ils se retrouveraient. Mais voilà... On ne dit pas toute la vérité, rien que la vérité à un inconnu !
Elle tourna enfin à l'endroit que Raph' lui avait indiqué. Ils arrivèrent rapidement au petit arrêt. Un camion et deux voitures étaient déjà garés. C'était assez mort. Hopy se rangea sur une place et coupa le moteur.

Quel ton, quelle bonne humeur, quelle agréable façon de parler... Mmh.. Ce type avait décidément tout pour plaire ! Un vrai solitaire aux allures de bébé et au caractère bien trempé. Dans n'importe quelle situation Hope ne l'aurait pas apprécié. Il lui faisait penser à ces flics trop brusques qui essayaient de la faire parler il y a trois ans. Ces hommes qui ne comprennent pas que la douceur est toujours plus efficace. A part dans le domaine de la torture... Là c'était différent. Mais pourquoi pensait-elle à ça déjà ? Ah oui ! Le garçon lui avait lancé une trousse de secours. Finalement il était moins stupide qu'il en avait l'air ! Il pensait à prendre des précautions. La blonde le regarda sortir de la voiture. Il était dans un sale état. Elle devrait faire vite car à cette allure là, le jeune homme pourrait faire un malaise à tout moment. Que faire alors ? ... Le tenir éveiller. Même si c'était pour entendre des insultes encore et encore. C'était ça ou il ne s'en sortait pas et elle devrait encore donner des explications à l'hôpital. Ceux-ci ne se dérangerait pas d'appeler la police et ainsi de suite. Et pour rien au monde Hopy voudrait repasser des minutes d'attente dans leurs bureaux. Évidemment c'était eux qui assuraient sa protection. Mais ils étaient où là ? Ils étaient où quand une fouine a tout dévoilé à Wynwood ? Tout ce qu'ils avaient proposé c'était une autre fuite. La demoiselle avait dit non. Elle n'en pouvait plus de partir d'un point à l'autre. S'échapper encore une fois ? Quitter les gens qu'elle aimait... Non, c'était trop dur. Jamais Pearl n'avait tenu plus d'un an dans une même ville. Ça allait changer. Elle entamait sa deuxième année sous une autre identité certes, mais au moins elle gardait ses repères. Ses amours, ses amis... Le seul problème c'est qu'aucun d'entre eux ne la reconnaîtraient, à part Chase et Heaven... Revoir leur visages, savoir qu'ils sont heureux... C'était le plus important ! Même si elle devait souffrir de ne plus faire partie de leur vies. Au moins elle ne se demandera jamais ce qu'ils font, s'ils ont trouvé un but, un rêve à réaliser...

Hope regarda un instant Raphaël s'installer à la place du passager. Elle ne perdit pas une seconde de plus. Elle fit vibrer le moteur et roula sur la route droite. Le compteur affichait des chiffres de plus en plus important.

« T'as une baraque à Miami, j'suppose ? Qu'on s'arrête-là. Tu m'aides, j't'aid'rai en retour. J'suis un mec de parole. Mais j'suis pas un pigeon. »

Si elle lui répondait que non, il allait vraiment péter un câble ou bien... Elle se mordilla la lèvre en écoutant distraitement ce qu'il disait. Elle sourit à la réflexion sur les anglais. Nous ? Matérialiste ? Du tout... A peine ! En fait, Hope devait se faire passer pour une fille venant de Los Angeles... Loupé ! De toute manière un accent ne se perd pas du jour au lendemain. Elle devait aller faire des séances d'hypnose pour corriger ça... Comme si ça marcherait ! La blondinette y croyait à peine. Mais pour se réconforter, elle se répétait qu'elle ne recroiserait plus jamais ce type de sa vie.

« J'habite dans un campus et je viens d'arriver en ville. Donc pas de baraque... Et je tiens à dire que pour ma voiture ce n'est pas grave. Qu'elle reste où elle ait. J’appellerai un dépanneur plus tard. Ou bien l'un de mes amis... Enfin bref. On va à Miami. On s'arrête dans un de ses motels sur le bord de la route. On soigne tes blessures. On reprendra la route quand tu seras dans un meilleur état et ensuite je suppose que tu m'ordonneras de faire telle ou telle chose comme depuis le moment où l'on s'est rencontrés. »

Elle tourna la tête vers lui avec un faux sourire exagéré. Il ne fallait pas qu'il ferme les yeux. Sinon... Sinon il pourrait facilement comater pendant un bout de temps. Il deviendrait un poids mort. Hope ne saurait quoi en faire. Elle n'aimait certes ne pas être dirigée mais n'aimait pas non plus qu'on la laisse seule face à des responsabilités trop importantes. L'agacement de l'étudiante s'envolait peu à peu. Mais il restait néanmoins pas loin. A la moindre petite attaque, le sang risquerait d'envahir le visage pâle de la blonde et sa mâchoire se crisperait.
En attendant il fallait qu'elle fasse la conversation. Même si le jeune homme pensait dire de la merde. Elle allait sans doute ne pas faire mieux.

« Raphaël... C'est bien ton prénom ? T'inquiète pas, je veux pas sympathiser, hein ! Juste parler un peu... Histoire que le trajet ne soit pas trop long ! Je sais que tu ne me diras pas pourquoi tu étais là, ce que tu fais dans la vie ou ce genre de truc. Et moi non plus, donc ça m'arrange. Contentons-nous de parler comme des gens normaux ! Même si toi et moi on a pas l'air d'en être... »

Sa dernière phrase, elle se l'était plus murmurer pour elle-même. Il se faisait tirer dessus par la mafia. Sa famille s'était faite traquée par la mafia. Il attaquait ces hommes. Elle les fuyait. Il tuait des gens. Elle était témoin de meurtres... Deux adolescents parfaitement normaux !

Il le tua ! Ce Raphaël tua l'autre type ! Sans aucune pitié ! Sans aucun gêne. Il l’abatis comme une vulgaire proie ! Évidemment si ça avait été l'inverse, l'inconnu ne se serait pas fait attendre pour tirer une balle dans les deux jeunes. Mais quand même ! C'était la deuxième fois qu'elle voyait quelqu'un mourir. La deuxième fois que Hope voyait une vie s'éteindre. Pour quelles raisons ? Elle n'en savait toujours rien... Les Hommes la dégoûtaient. Elle n'arrivait plus à comprendre le monde dans lequel elle vivait. Bien sûr les bisounours n'existaient pas. Mais merde ! Merde ! Merde ! Un peu de respect... Vous vivez, vous respirez... Vous pouvez voir, rire.. Nan vos seuls intérêts son l'argent, le pouvoir, la violence... Sa gorge se noua à nouveau. Elle voulait vomir. Son estomac s'était retourné. La blonde se demandait dans quel enfer elle pouvait bien être tombée. Qu'avait-elle donc fait pour endurer tout ça. Elle se plaignait trop ? Oh évidemment... C'était une fille... Une mauviette. Une gamine préoccupée par son apparence et son petit bonheur personnel... C'était bien ce que pensait ce jeune homme... Alors quoi ? Autant se résoudre à être ainsi. Faible, sensible, lâche, idiote...
Ce fut à son tour de la tirer. Plonger dans une sorte d'état second, elle n'avait pas bouger d'une pousse après le coup de feu en direction de la poitrine de l'opposant. Ses idées s'effacèrent peu à peu. Le monde était injuste. Ainsi soit il ! La blonde ne vivrait pas comme ça ! Elle ne se laisserait pas faire ! Elle ne se laisserait pas dicté par les caprices des autres !

Plus ils avançaient et plus Hopy reprenait son sang froid. Elle était plus dur qu'il ne l'avait jugée. La jeune femme aurait presque cru l'entendre penser que tout était de sa faute à elle. Quel con !
Ils zigzaguaient pour éviter les coups de feu des assaillants. Logique. Par moment le garçon se retournait pour envoyer quelques balles. Ils ne touchaient personne par manque de visibilité mais il mettait pendant quelque seconde la fuite sur pause.
La voiture n'était plus très loin. Quelques pas. Une enjambée. L'asphalte. La route. La voiture inondée de soleil. Sans attendre une invitation, Hope monta du côté passager. Son souffle était légèrement coupé mais elle allait bien. Rapidement le moteur se mit en marche. La voiture accéléra et partit à toute allure sur le bitume fumant. La course effrénée ne prendrait sûrement fin que quand ce Raphaël déciderait que ce serait terminé. D'ailleurs ce n'était sûrement pas son prénom. Il avait l'air intelligent et entraîné. Il n'aurait pas dévoilé son identité si rapidement. Avec un peu de logique, il aurait fait croire ce qu'il voulait au trafiquant qui tentait de lui soutirer des informations. Par ce raisonnement, la demoiselle conclut qu'elle ne savait rien de lui. C'était peut-être mieux ainsi. Elle se demandait quand est-ce que les critiques fuseraient. Quand est-ce qu'il freinait violemment, ouvrirait la portière et lui ordonnerait de descendre. Ce type en était capable. Ça se voyait dans ses pupilles. Trop intelligent pour traîner une seconde de plus une gamine qu'il jugeait inutile. Si seulement il la connaissait un petit peu. Mmh... Là, à ce moment même, dans le silence pesant de la voiture, elle eut envie de le gifler. Mais ça aurait été inutile... Il la prenait pour une moins que rien... Et quand il appuya sur le frein, Hopy fit la constatation que le scénario allait bien se passer comme elle l'avait imaginé. Raphaël avait été simplement plus long que ce qu'elle pensait...
La jeune femme pivota son visage vers celui du chauffeur. Leur regard ne se quittèrent pas. Les critiques qu'il lança la touchèrent. Légèrement. Un peu... Beaucoup. En fait, pour la plupart, Hopy savait que c'était faux. Il y aurait été tout seul, il se serait retrouvé quand même seul face à pas mal de types armés. Elle n'était pas la fille qu'il pensait connaître et tout était bien de sa faute... Prévisible.

« Oh bien sûr. C'est de ma faute. C'est tellement simple. Et merde quoi ! T'crois que t'es le plus fort, que t'as pas besoin qu'on stoppe ton hémorragie. Que je ne m'y connais pas un minimum en médecine. Non c'est vrai je ne suis qu'une putain de gamine sans éducation ! Tu crois me connaître ? Tu crois tout savoir en un petit regard ?! Je rêve... Ouais c'est ça ! Pauvre con... »

Elle sortit de la voiture et fulmina un dernier coup dehors. Ses paupières se fermèrent et avec une maitrise parfaite, Hope calma sa respiration.
Elle fit le tour et alla ouvrir la porte du conducteur. Elle se pencha dans l'encadrement et lui souffla :

« Laisse-moi conduire. Je suppose que tu n'as pas de trousse de secours dans ta voiture Monsieur Jesaistoutfaire ? A cette vitesse on aura atteint Miami en un quart d'heure. Mais je suppose que l'hôpital n'est pas ton endroit préféré. En marchant tout à l'heure j'ai pris cette même route. Ma voiture ne doit pas être loin. J'ai ce qu'il faut. A vrai on sait jamais sur qui je peux tomber et il vaut mieux que je m'en sorte vivante... J'ai pas envie de jouer ce jeu encore longtemps. Tu me prends pour une fille stupide. Très bien. Mais ne compte pas sur moi pour être ton parfait toutou jusqu'à ce que tu n'es plus besoin de moi. »

Il trouverait quelque chose à redire. Il lui dirait qu'elle était conne de penser telle ou telle chose. Il insisterait que son plan ne marchait pas sur un certain plan. En fait il insisterait sur le fait que ce n'était pas un plan. Il lui dirait je ne sais quoi. Il la rabaisserait encore une fois. La blonde était prête à affronter ses réflexions. Elle avait affronté pire. Et ce n'est pas une sale gosse prétentieux et dangereux qui la ferait frémir encore une fois.
La personnalité qu'elle s'était forgée depuis des années revenait à grand galop. La gentille fille que tout le monde aime s'effaçait un peu plus à chaque seconde qu'elle passait avec cet arrogant... Son regard azure se planta dans celui du jeune homme. Elle ne bougea pas d'un centimètre jusqu'à ce qu'il essaye encore une fois de l'abattre. Mentalement.
Non, il ne connaissait pas la vraie demoiselle qui sommeillait en elle.

Hé l'tombeur tu vas où comme ça ?
Il se foutait royalement de sa gueule. Malgré cette magnifique façon qu'il avait de l'ignorer, le jeune homme finit par se retourner. Il ne lui offrit même pas un regard, trop occupé à regarder au sol. Mais merde quoi ! Il fallait qu'elle soit tombée sur le type le plus bizarre de cette planète ! Un de ces garçons au physique ne reflétant pas du tout leur personnalité. Il était assez fin, svelte mais devait être plus musclé qu'il en avait l'air. Ses cheveux coiffés ainsi lui donnaient un air de lycéen presque populaire. Gentil, calme...
Puis il y avait cette boue. Hope n'aurait pas dû le suivre dans ces marécages. C'était dangereux et elle n'avait décidément pas la bonne tenue. Ce n'était pas ce qui la gênait. La demoiselle n'était pas une de ses filles à chipoter pour une tâche sur son beau cardigan.
Elle avait fait approximativement la même chose avec Alfred. Et à cette période là, dans les marécages d'une petite île, le jeune homme qui se trouvait avec elle était beaucoup plus poli ! Si on pouvait dire ça d'ailleurs... Disons qu'il était plus attentionné... Elle n'en demandait pas tant. La passion, c'était une chose qu'elle avait connu et qui l'avait fait souffrir. Dans cette situation c'était juste un sourire qu'elle désirait. Un geste lui montrant qu'elle n'était pas seulement une indésirable.
A peine avait-elle finit sa phrase qu'il tira un coup de feu dans sa direction. Elle cru qu'il était pour elle. C'était la deuxième fois que ce mec la mettait face à la mort ! Jamais deux sans trois dira-t-on...Mais c'était qui ? Le bruit la fit sursauter, son rythme cardiaque s'accéléra franchement et son cerveau eut du mal à remettre au clair tout ce qui venait de ce passer...
Tuer... PAN... Boum boum... Sol... Boue... Pistolet...

Hope se retrouva seule. Elle entendit le bruit d'une course poursuite s'éloigner. Lentement. L'eau reprit son calme. Bien trop silencieuse d'ailleurs. Alors que plus long des coups de feu raisonnaient, effrayant les oiseaux et animaux vivant dans ce milieu humide... A chaque bruissement, chaque vague, chaque brin de vent, Hopy pivotait, observait. Elle se releva lentement, le souffle cour. Ses yeux azures étaient posés sur l'arme. Une vague de souvenirs l’assaillit. Un gang, un coup de feu, un civil tué, le trafic, le sang, la torture... Des images qui tourmentaient ses nuits depuis des années. Hope revu le petite Pearl de 13 ans. Elle se revoyait, le visage blême assise pendant des heures devant les flics, au palais de justice... Raconter toujours l'histoire. La même. Elle s'était perdue. Pearl n'existait plus. Son innocence, sa fraîcheur, son sourire, sa joie de vivre. Cette petite fille avait disparu au moment même où une arme avait fracassé la tête d'un homme ligoté. Comment ça s'était passé ? Pourquoi avoir filmé le tout ? Pourquoi ne pas avoir appeler directement les policiers ? Pourquoi n'avoir rien dit pendant plus de deux semaines ? Elle avait fuit. Elle s'était vouée à un mutisme protecteur. Il y a trois ans de cela, elle voyait une arme. Et aujourd'hui après avoir fuit l’Angleterre, avoir endossé plusieurs couvertures et même avoir changé radicalement d'apparence, elle en tenait une dans ses mains tremblantes.

Au lointain, Hope ne prêta pas vraiment attention aux nouveaux coups de feu, aux cris et autre. Elle était complètement absorbée par la contemplation du morceau de métal froid qu'elle tenait. Les flash-back n'arrangeaient rien à sa concentration. Si bien que quand quelqu'un l'attrapa, elle lâcha l'arme en sursautant.
Un canon se posa sur sa tempe. Il n'était pas froid, ce qui permit à la demoiselle de comprendre qu'il avait déjà servit. Troisième fois dans sa journée qu'elle croisait la mort. Pourvu que ce ne soit pas un signe !

« Dommages collatéraux, qu'est-ce que j'm'en branle. Vas-y, tue-la, que j'enfonce aussitôt une balle entre tes deux yeux. »

Cette réflexion choqua légèrement la blondinette. Elle n'était donc que ça. Rien de plus important. Quelque chose pour faire diversion. Une stupide marionnette prête à servir pour protéger le garçon. Elle n'aurait pas été dans cette position, et dans cette situation, elle lui aurait certainement mis un pain en pleine figure.
Ce qui suivit la retint tout de même. Une scène digne d'un film d'action. Avec la jeune blonde en détresse vaguement sale, le gros méchant baraqué et bien sûr notre héros qui est censé gagner à la fin. Bizarrement, on a beau être sûr de cette finalité dans les films, ici, Hope avait la nette impression que ça ne serait pas le cas. Jamais deux sans trois... Cette fois-ci elle mourrait bel et bien. Dans ce marécage, son sang tâchant sa robe légère... Le garçon mal poli reçu une balle. Dans un réflexe humain, Hopy voulu s'avancer pour aller à sa rescousse. Sauf qu'évidement elle ne faisait pas le poids et l'emprise se resserra un peu plus.

Gang.. Police... Encercler... Piège...Poulet... Raphaël... L'anglaise essayait de retenir chaque donnée même si celles-ci lui fichaient la frousse. Le type la balança dans la boue. A genoux, les mains s'enfonçant, et le visage face au liquide sombre, Hope se forgea une carapace. C'était trop pour aujourd'hui. Elle devait se montrer forte. Comme devant les juges. Comme devant les deux bourrés qui l'avaient agressée avant de s'attaquer à son petit copain. C'était maintenant qu'elle devait faire ses preuves. Il fallait dire au revoir à la demoiselle en détresse qui cherche du secours pendant des heures. Oublier la fatigue, le stress. Se laisser guider par l'adrénaline.
L'homme pointait son arme sur le fameux Raphaël. Hope profita de cette inattention pour récupérer le petit flingue que l'on lui avait balancé un peu plus tôt. Sa poigne se fit plus ferme. Elle n'avait jamais tiré. Il y a un début à tout. C'est au second cri de douleur qu'elle se décida. Son doigt appuya sur la détente. Elle avait visé le haut du dos de l'homme. Elle ne voulait pas le tuer. Seulement le mettre à terre pour ne pas qu'il tue celui qui l'avait si bien traitée depuis leur rencontre. Peut-être protégeait-elle le méchant de l'histoire ! Hope n'en savait strictement rien. Tout ce dont l'étudiante était certaine été le fait qu'elle avait écouté son esprit. Et la première intuition était la bonne. Ce Raphaël n'était pas méchant. Il avait même des chances d'être de son âge... Alors... Ce n'est pas une raison ça...
La balle toucha l'épaule gauche et rapidement Hope se leva pour assommer le visage stupéfait avec la cross de l'arme. De toutes ses forces. On lui avait souvent fait la réflexion qu'elle en avait pas mal. C'était le moment de le prouver !
Et ce fut tout bonnement efficace. Car le type tomba à terre.

« Tu peux marcher ? On a très peu de temps. »

Son ton était devenu froid. Elle regarda partout autour d'eux ce qui pourrait les aider. Ne pas tuer le sale type. Simplement le rendre hors d'usage... Hope réfléchit. Elle récupéra tout d'abord l'arme de Raphaël qu'il avait jeté et celle de l'inconnu encore dans sa main. Elle s'abaissa vers le jeune.

« Je ne sais vraiment pas ce qui se passe. Mais la route est à environ un bonne centaine de mètres... Tu acceptes l'aide de la chieuse ou bien ? »

Elle regarda la blessure sur son flanc, puis celle à son bras. Hopy n'attendit pas les réponses étant certaine de se faire rejeter par ce garçon. Elle déchira un bout de tissu de sa tenue, voulu faire un nœud ferme autour de son bras mais le jeune homme protesta tout en s'agitant. Ne laissant ainsi même pas le temps à Hope de le bander correctement.

« Si t'es pas content, passe moi tout de suite tes clés de voiture que je me casse pour qu'au moment où ce mec se réveille, il te tue. Parce que d'une il est moins blessé que toi et il ne restera pas éternellement dans cet état et que de deux c'est moi qui ai les flingues. Et ne t'inquiète pas, je ne t'en laisserai sûrement pas pour que tu sois sans défense. Alors laisse-moi faire ! »

La blondinette appuya sur son flanc pour faire diversion. Combattre la douleur par la douleur. C'était le seul moyen pour qu'elle puisse stopper les hémorragies. Elle serra donc rapidement le nœud d'un coup fort. Elle avait perdu toute patience. Ce qu'elle voulait le plus c'était partir maintenant. Et il était sa seule chance. Alors qu'elle changeait de côté pour aider Raphaël à se lever, elle entendit à plusieurs mettre vers la droite des bruits de mouvements furtifs. Elle glissa une arme dans la main du garçon.

« Grouille ! »

Hope le tira, passa le bras sain au dessus de ses épaules et commença à marcher en direction de la route.

Il n'en avait strictement rien à faire. Il se foutait complètement d'elle. Le pneu n'était pas un cas de détresse selon lui... Mais pour qui se prenait ce gamin ? Encore un égocentrique dont le monde ne résidait qu'en une constellation de sa petite personne. Elle venait de passer de longues minutes sans une goutte d'eau, sans téléphone et sous une chaleur éprouvante. Pas de détresse. Non, pas du tout ! Elle eut envie de le frapper à se moment même. Ses poings s'étaient refermés et Hope se rendit compte que sa mâchoire ainsi que les muscles de sa nuque étaient entièrement crispés. Il fallait qu'elle tombe sur quelqu'un de ce genre !

L'inconnu, sans lui adressait un regard alla fouiller dans sa voiture pour en tirer des objets. A cause des vitres teintées, la demoiselle ne pu voir de quoi il s'agissait. De simples ombres lui firent comprendre qu'il ne s'était pas arrêté seulement à cause d'elle. Que foutait-il au juste ? Ce garçon avait la tête d'un première année. Bon peut-être deuxième. Et pourtant il était au volant de cette voiture et devait avoir des activités loin de jeunes de son âge. Pas un joueur de foot ou un de ces garçons scotchés à leur jeux vidéos. Il lança après l'avoir gentiment envoyé balader qu'il avait du travail. Quoi ? Ici ? Dans ce milieu peuplés d'insectes et loin de toute population.

« Et dégagez de cette route, bordel ! J'veux pas avoir une mort sur la conscience ! »

Il partit dans les marécages. Hope fulminait. C'était mal la connaître que de lui parler comme ça ! Elle emboîta le pas au jeune homme.

« Oh ! Mais bien sûr. C'est vrai que ça tuerait quelqu'un de prêter son téléphone pour que j’appelle un dépanneur. Parce que figurez-vous que vous êtes la seule personne que je croise depuis tout à l'heure. Ce n'est pas comme si je vous demandais l'impossible. God... Vous avez tous décidé de rendre ma vie cauchemardesque ! Laissez tomber. »

Elle s'arrêta. Espérant qu'il aurait un peu pitié. Elle savait que plus elle s'emporterait, moins il voudrait l'aider. Mais plus le garçon s'avançait dans les marécages, plus la curiosité de Hopy était touchée. Que faisait-il au juste ? Que cherchait-il ? Il n'aurait pas fermé sa voiture, elle aurait... Qu'aurait fait la blonde ? Du chantage ? Inutile ! L'anglaise était lassée de tout ça. Elle avait enduré les pires vacances de sa vie. Elle avait dû abandonner une partie d'elle même en un mois. D'ailleurs, elle se rendit compte à ce moment précis qu'elle n'avait pas fait attention à son accent. Il fallait qu'elle l'efface. Chose plus facile à dire, qu'à faire !

«Vous faites quoi au juste ici ? Parce que moi c'est compréhensible, mais vous... Vous c'est juste louche ! »

Il était un peu loin, alors Hope se remit en route pour le suivre. Pas de chance pour lui, il était tombé sur une des filles les plus bornées qui puisse existé ! Surtout que sa curiosité était maintenant titillée. Dans la vie de tous les jours, la blondinette n'était pas comme ça. Mais là... Là elle voulait rentrer. Et il était sa seule opportunité.

« Au fait, vous ne vous débarrasserez pas de moi comme ça ! Cette route est déserte. Alors à moins que vous me décidez de me tuer... »

Pas eu le temps de relire,désolée d'avance x)

Hope avait beau savoir depuis combien de temps elle marchait, elle avait l'impression que les minutes passaient au ralenti. La blonde n'arrêtait pas de regarder sur son téléphone si elle avait un peu de réseau. Fichu opérateur ! Première chose qu'elle ferait une fois en ville !
Oh une barre ! Elle composa rapidement le numéro... Répondez ! Répondez ! Silence... Sa batterie avait lâchée ! Elle avait lâché ! Non mais c'était un cauchemar ou quoi ? Comme si le destin ne voulait pas qu'elle rentre à Miami. Toutes les épreuves de ces derniers jours et le destin ne voulait pas d'elle en Floride ? Mais quelle blague ! Non, ça ne pouvait être qu'une simple coïncidence... Rien que ça. Un simple enchaînement d'évènements pour mettre son tempérament à l'épreuve et tout irait bien par la suite. Oui, tout irait bien. Hope tentait de s'en persuader.
Pourtant ses chaussures lui faisait extrêmement mal. Une douleur physique pour lui rappelait qu'elle était toujours consciente. Sous ce soleil de plomb, la blonde pourrait facilement tomber dans les pommes. Et ce sur le bas côté d'une route trop peu fréquentée. Destinée à une mort... Autant se jeter directement chez les alligators ! Ses jambes continuaient d'avancer alors que son esprit était éreinté. L'anglaise n'avait plus la force, plus le courage de continuer. Ses cheveux emportaient dans tous les sens par une petite brise lui brouillaient la vue. Mais ça ne l'empêcha en aucun cas d'entendre un bruit de moteur. Son seul espoir depuis de longues minutes. Un conducteur ! Et même s'il était chargé, la blonde accepterait de se faire enfermer dans le coffre ! Quoi que... Tout ce qu'elle demandait, c'était un peu d'aide, un portable et un homme pour lui changer son pneu. Rien de plus !

La demoiselle se mit donc en travers de la route, agitant ses bras pour qu'on l'aperçoive. Le soleil brillait sur le macadam, la chaleur y était ainsi décuplée. Elle n'aurait su dire la couleur de la voiture. L'automobile roulait vite, trop vite. Sa course effrénée n'avait l'air de ne prendre jamais fin. Le chauffeur avait-il vu sa silhouette ? Un doute envahit le cœur de la jeune fille. Ses bras s'abaissèrent. Son rythme cardiaque s'accéléra et pourtant elle ne bougea pas d'un pouce. Hope voyait sa fin arriver. Il avait donc raison. Le destin. Il avait vu juste, elle ne retournerait pas à Wynwood. Elle ne retournerait pas au près de ses proches. Elle serait simplement fauchée comme un vulgaire lapin, une biche... Fauchée sur une route. Sans preuve, sans indice, sans coupable... Une mort discrète, invisible, silencieuse, rapide. Comme elle l'avait toujours imaginée. Mais maintenant ? Non ! Ses jambes se réanimèrent une fragment de seconde trop tard. Lorsque la voiture noire freina dans un crissement monstrueux. Un pas à gauche. Plus rien.

Le silence retomba aussitôt. Comme si l'on avait appuyé sur le bouton "pause" au milieu d'une chanson infernale. Dans un claquement, la portière du conducteur s'ouvrit. Les yeux bleus de l'anglaise se plissèrent. Les contours d'un corps se détachèrent dans le paysage quasiment désertique. Un visage angélique. Presque trop jeune pour être au volant. Non, pas presque. Il était trop jeune pour conduire ! Une tête de premier de la classe. Hope pensait avoir trouvé son sauveur, elle était prête à sourire et à expliquer avec un petit rire charmeur ses dernières mésaventures. Seulement, il fut plus rapide. Et surtout, plus vulgaire !

« Dégagez le passage mademoiselle, immédiatement ! C'plus une zone fréquentable ici. Et on s'presse, j'ai pas l'éternité ! »

Surprise, Hopy ne sut quoi dire. Puis, une fois ses idées remises en place, elle annonça d'une voix forte :

« Excusez-moi. Mon pneu a crevé il y a de ça au moins deux kilomètres, je n'ai rien pour le changer à cause d'une stupide histoire et évidemment mon portable est mort... Vous êtes la seule personne que j'ai croisé depuis plus d'une heure. Alors ça ne vous coûte rien de m'accorder quelques minutes, non ? Vous n'allez pas refuser d'aider une pauvre fille en détresse ! »

De toute façon, elle ne bougerait pas ! Hope se mettrait en travers de son chemin. Couchée sur la route, prête à se faire réellement écraser... Quoi que peut-être pas. Ce type avait l'air de vraiment être pressé. Et puis quoi il avait quinze ans ?

♠
In The Road
Raphaël & Hope !

La liberté qu'est-ce que c'est ? Pouvoir se déplacer où l'on veut ? Ne nécessiter d'aucune aide ? Vivre sa vie comme on l'entend ? la blonde n'en avait pas la moindre idée... Dans la liste des jeunes de plus de seize ans, c'est avoir une voiture qui selon eux leur ouvre de multiples portes. Hope avait tenté l'expérience. Ça faisait déjà quelque temps qu'elle avait sa voiture. Avant même le début des vacances... Avant le début de toutes ces histoires. Il y a trois mois, si on lui avait demander ce qu'elle faisait durant les vacances, elle aurait répondu : rester seule, vaguer sur la plage... Maintenant c'était tout différent. Son programme avait été bien plus que charger et elle pouvait à présent reprendre la route pour Miami. Une direction qui faisait battre son cœur. Hope ou Paige ou Pearl, peut importe le prénom que vous lui donnez, n'avait qu'une envie : revoir les lieux qui pour le première depuis bien longtemps représentait à ses yeux une maison. Revoir des visages, sentir les odeurs épicées des restaurants, entendre le bruit des vagues mêlé au son des guitares.

La voiture continuait sa chemin le long des longues routes de Floride. Une splendide petite voiture de fille, hein ! Petite, rouge, anglaise (d'ailleurs l'étudiante avait insisté pour avoir le drapeau sur le toit et les rétroviseur, ben quoi ? Elle l'aimait son pays !)... Plus personne ne prenait ce moyen de transport pour les longs trajets en Amérique. La blonde comprenait pourquoi maintenant.Son dos, son cou... Elle avait mal partout et même si la radio diffusait diverses musique en tout genre, l'ennui et la fatigue se faisaient ressentir.
Les mains posées sur le volant, Hope accomplissait la dernière heure de trajet. Un petit regard dans le rétroviseur la mit face à une terrible vérité. Personne ne pourrait la reconnaître. Pas même ceux auxquels elle tenait le plus... Warren... Elle le voyait, elle l'imaginait. Il n’appréciait pas. Il lui en voudrait de le lui avoir caché... Il serait déçu... Il, il... Elle secoua la tête et fixa le bitume de l'autre côté du pare-brise. Il ne fallait surtout pas qu'elle pense au pire scénario. Elle ne devait penser à rien, se détendre et ne pas appuyer sur l'accélérateur.
La demoiselle eut alors le pressentiment étrange qu'il se passait quelque chose d'anormal. Elle attendit que sa chanson préférée se termine pour éteindre la radio et tendre l'oreille. Il y avait un bruit louche... Elle s'arrêta sur le bord de la route et coupa le moteur. La blondinette descendit et fit le tour du véhicule. Le pneu avant droit était crevé. Et pas qu'un peu ! Ce genre de choses n'arrivaient qu'à elle ! Pourquoi ? Évidemment elle ne savait pas changer un pneu et bien sûr ayant son automobile depuis peu, elle n'avait rien pour le faire.

« Je suis maudite ! »

Elle n'avait plus qu'à appeler l'assurance. Elle alla chercher les papier pour trouver le numéro. Et là, encore une fois Paige et sa poisse furent de nouveau mises en avant, pas de réseau.

« Mais c'est quoi ce coin paumé ? Sh*t ! Reste zen... Reste zen... Il va bien y avoir une voiture qui passera !... J'espère... »

Une minute... Rien, énervement... Cinq minutes... Toujours rien, une impatience monta lentement... Vingt minutes... Un motard en pleine vitesse qui ne s'arrête pas, Hope lança du portable et hurla. Non, elle n'avait rien d'une fille calme et raisonnable dans ce genre de situation... Trente cinq minutes... Elle se calma... Une demie heure plus tard... L'anglaise prit une décision : marcher jusqu'à ce qu'elle ait une barre de réseau ou bien qu'elle trouve un axe plus passant.
La guitariste alla sans grande conviction tout droit, à ce qu'en disait sa carte, il y avait une autre route perpendiculaire... C'était son seul espoir d'autant plus que la ville était loin derrière elle. Mais avait-elle réellement bien lu le plan ? Rien n'était sûr. Tout le monde dit qu'il faut avoir une dans sa boîte à gant, c'était d'ailleurs ce que Hopy avait fait directement pour être sûr de ne pas se perdre. Mais à seize ans et après avoir passer 3 ans sans son père... On oublie vite, très vite les cours rudimentaire qu'il nous a donné sur ce sujet !
Elle marchait donc le long de la route, ses cheveux blonds flottant au vent. Ses chaussures lui faisait mal aux pieds, sa robe s'envoler à certains coups de vent. La blondinette était blasée, énervée et attendait avec impatience de voir quelqu'un débarquer...