Pissenlit et Pâquerette sont sur un bateau... Pissenlit tombe à l'eau ! [Jess']

Jess' suit mes explications avec un grand sérieux, concentrée. Son regard parcoure les endroits que je lui indique, ses yeux captent la moindre blessure, et je vois peu à peu son visage de poupée se décomposer. Réaction normale et tout à fait saine, quand on aime les animaux, comme c'est le cas pour elle et moi. Elle a l'air singulièrement scandalisée, et ça me conforte dans l'opinion que je m'étais déjà dressée d'elle : c'est une fille bien. Elle me dit ensuite qu'elle va aller chercher les onguents. Je lui explique où les trouver, et elle s'éloigne, me laissant seul avec le cheval blessé. Doucement, je murmure à son oreille, caresse son encolure blessée... Je fais tout pour le rassurer. La confiance envers les hommes lui reviendra un jour, mais la lutte sera peut-être longue. En tout cas, nous y arriverons. Il n'y a pas de raison pour que ça ne fonctionne pas. Depuis que je suis en âge de raisonner, tous les chevaux qui me sont passés entre les mains s'en sont sortis. C'est comme une seconde nature, pour moi. Avoir été empêché de l'exercer pendant de longues années, hormis en été quand je revenais à Miami, m'a fait énormément de mal. Ce monde me manquait. Le cancer de mon père, sa mort, m'y a repropulsé à une allure folle, et même si c'est horrible, je n'en suis pas mécontent. L'appartement de Londres ne me manquera jamais autant que cette ferme et tout ce qu'elle représente à pu me manquer, quand j'en étais éloigné, contraint et forcé d'obéir aux ordres paternels, ma garde lui étant revenue à grands renforts d'avocats.

- Et voilà, je les aient trouvé, ça m'étonnes même de moi vois tu.

Quand Jess' revint, la jument était calmée, relaxée. Limite prête à s'endormir. Elle déposa les pots de pommades sur le sol, éparpillés. Ensuite, elle en ouvrit un et me le tendit. Je le pris, tenant toujours l'animal blessé par l'encolure. Hm, pas très pratique. Je préférais qu'elle le fasse. Je le lui rendis, avant de lui expliquer que ça serait plus facile si elle le faisait.

- Hm, si ça ne t'ennuie pas, j'aimerais que tu le fasses. J'aurai plus facile de la calmer si jamais ce geste la stresse... Enfin, seulement si ça ne t'ennuie pas, et que tu te sens à l'aise pour le faire. Sinon, c'est pas grave, je le ferai.

Je lui adresse un sourire amical, sans stopper mes caresses sur la robe du cheval, qui pousse doucement mon épaule du bout du museau. Je me tourne vers lui, amusé.

- Haha, mais oui, je sais que tu m'aimes, je ne vais pas te lâcher, fais-moi confiance.

Certains pourraient penser que parler à un cheval est une réaction tout à fait idiote, mais ce n'est pas mon avis. Même s'ils ne comprennent pas le sens de nos paroles, les animaux comme les chevaux ressentent nos émotions à travers le ton de notre voix, tout simplement. Alors pourquoi me priverais-je ? Pour la bienséance ? Plutôt crever.

Je regardais attentivement les blessures de l'animal, suivant du regard les différents endroit que me montrait Chase. Lentement, un sentiment de dégout envers ses anciens propriétaires commençait à monter en moi. Je n'avais jamais pu comprendre qu'on puisse s'en prendre ainsi à un anima, c'était tout simplement inconcevable pour moi. Mais pourtant le fait était là sous mes yeux mais pour ainsi dire, ce n'était malheureusement rien par rapport à ce que j'avais déjà vu. J'avais vu milles fois pire. Rien que le simple fait d'imaginer la souffrance de ce cheval ainsi que la cruauté que ses ancien maitres avaient fait part envers lui me donnait presque la nausée.
Avec douceur, j'ai fait glisser ma main sur son épaule légèrement, évitant ses blessures, effleurant sa rob du bout de mes doigts

-Alors mon beau, tu en as bavé hein? Mais c'est terminé maintenant, on va s'occuper de toi ne t'inquiète pas. Je vais chercher des produits, je pense que c'est mieux que tu restes avec lui non ?

J'ai retiré ma main de l'étalon, m'éloignant de lui d'un pas lent et calme pour ne pas l'effrayer. J'ai repassé la barrière et j'ai repris une allure plus normal diront nous me dirigeant vers les boxes, à la recherche de l'armoire à pharmacie de Chase. Après quelques minutes d'errance, j'ai finit par la trouver enfin et farfouillant à l'intérieur, j'ai pris ce qui ressemblait de près ou de loin à des pommades. En retournant vers le pré, je me suis arrêtée devant la stalle d'une jument bai cerise que je n'avais jamais vu auparavant ici. Elle était vraiment magnifique et sortie la tête à mon passage. Je me suis approchée d'elle, lui caressant doucement la tête avant de lui sourire et de m'éloigner, j'avais une mission à accomplir et les câlins et bisous attendraient plus tard.
Après avoir à nouveau franchis la barrière, je me suis approché doucement d'eux, montrant les onguements au jeune Zu Zêta

- Et voilà, je les aient trouvé, ça m'étonnes même de moi vois tu

Je lui ai souris avant d'en déposer un au sol, ouvrant l'autre et le tendant à Chase, avant de réfléchir, le plus logique serait que ce soit moi qui étale cela sur le corps meurtri du cheval et non le contraire. S'il s'énervait, je doutais pouvoir le calmer aussi facilement que lui, après tout ce n'était pas à moi que ce cheval avait accordé sa confiance tout d'abord mais à Chase et je ne devais pas l'oublier. Je laissais à Chase le choix de s'occuper lui même de son protégé ou s'il me laisserait le faire.

Jessica sauta bas de la barrière et avança lentement vers nous. Je sentais le cheval apaisé sous mes mains remuer un peu, ses pieds heurtant le sol avec un peu plus de vivacité. Je continuai à chuchoter à son oreille d'un air rassurant, doux... Quant la jeune fille posa sa paume sur sa robe, l'étalon tressaillit à peine puis ne bougea plus. Doucement, je repris mes caresses et me tournai vers la jolie blonde. Elle en fit de même et nous échangeâmes un sourire complice.

- On a réussi Chase, il nous as acceptés, ou du moins il m'accepte parce que je suis avec toi. Tu as vraiment un don.

- Oh, un don, je ne sais pas... Peut-être une bonne dose de patience et de douceur., répondis-je en souriant de plus belle.

- Quelle est la prochaine étape cher monsieur ?

- Hé bien... tu vois, toutes ces blessures sur sa robe ? Sur ses jambes, aussi ? Regarde, ici, par exemple..., fis-je en lui indiquant un endroit sur l'encolure du cheval. Il a apparemment été brûlé à chaud et c'est assez récent, si j'en crois l'état... purulent... des blessures.

L'état de cette pauvre bête me mettait hors de moi. Je ne comprenais décidément pas comment on pouvait infliger pareille chose à un animal. Surtout qu'il était sans défense, face aux hommes et à leur soif de sang meurtrière. Et bien évidemment, faire ça à un de ses paires sur deux pattes était sévèrement réprimandé... sur un animal, ce n'était pas toujours le cas, et la pauvre bête n'avait pas forcément l'occasion de se plaindre et de désigner le coupable.

- La prochaine étape, c'est de soigner tout ça. J'ai des onguents dans mon armoire à pharmacie consacrée aux chevaux. Elle est près des boxes. Si tu veux m'aider à les étaler, ça serait avec plaisir que j'accepterais ton aide, tout seul ce n'est pas toujours évident...

Je lui adressai un sourire, attendant sa réponse. Il m'aurait étonné qu'elle me dise non, mais bon, je préférais avoir son accord avant de me diriger vers les écuries. Si elle acceptait de m'aider, elle pourrait tenir le cheval pendant que j'étalais les produits. Cet acte n'était pas toujours agréable pour les animaux, parce qu'il s'agissait de passer sur des endroits qui les faisaient souffrir. Certes, c'était pour qu'ils souffrent moins par la suite, mais ça, on ne pouvait pas leur expliquer ! Alors, ils avaient souvent tendance à remuer et à se rebeller. Et s'il se démenait trop, alors je le tiendrais pendant que Jessica étalerait le produit... Nous verrions bien sa réaction !

Spoiler:

C

hase me fit un sourire, me faisant comprendre qu'il savait que le cheval n'était pas loin mais il s'occupa tout d'abord de répondre à ma question

-Tu viens à la rentrée dans les bâtiments... On est pas nombreux, alors y a pas de secrétaire. Je me chargerai de ton adhésion en personne. On en reparlera... Là, je crois qu'on a d'autres chevaux à dorloter

Cette expression qu'il venait de remttre à sa sauce me plaisait tout particulièrement. Avec lenteur et délicatesse, il s'approcha de l'étalon qui se laissa caresser. J'ai observer la façon de faire du jeune homme. Il ne cessait de lui parler calmement un vrai "murmureur à l'oreille des chevaux". Il fit lentement le tour de l'animal le détaillant sans se presser, observant ses blessures de son corps faible et meurtrie. J'ai sentie qu'une idée venait de lui traverser l'esprit. Il se tourna vers moi, me faisant signe d'approcher. Je suis descendue de la barrière et je me suis approchée lentement, pas de façon à se qu'il prenne peur, je ne voulais pas qu'il pense que je m'approchais de manière sournoise. Si il avait accordé sa confiance au jeune écolo, il ne ferait pas forcément de même avec moi.

- Viens te mettre près de moi, Jessica... On va voir s'il reste calme...

J'ai avancé et le cheval me regardait. Je suis venue me placer juste à côté du jeune blond et j'ai lentement avancé ma main vers le cheval. Quand ma pauve est entrée en contact avec sa peau il a tressaillit mais il n'a pas bougé. Chase et moi étions très proches et dans d'autre circonstances j'aurais pu me sentir genée mais mon attention était concentrée uniquement sur le cheval. Je me suis tournée vers le jeune homme le sourire aux lèvres.

- On a réussi Chase, il nous as acceptés, ou du moins il m'accepte parce que je suis avec toi. Tu as vraiment un don.

Je continuais de caresser doucement l'animal, tout en parlant avec Chase. J'étais vraiment ravie que nous ayons réussi à nous faire accepter par le cheval.

- Quelle est la prochaine étape cher monsieur?

Spoiler:

Jessica m'expliqua que ses parents l'avaient forcée à s'inscrire à Wynwood, un peu comme les miens, quoi. Enfin, comme mon père. Sauf qu'il avait fait ça en traitre... Comme d'hab'. Je n'aimais pas avoir des pensées négatives à son égard, mais parfois, c'était plus fort que moi. La jolie blonde posa alors une question à propos des confréries. J'entrepris de les lui énumérer. Quand je parlais d'une confrérie, je notais ses réactions, histoire d'essayer de deviner dans laquelle elle s'inscrirait. C'est avec réticence que je lui exposai la confrérie des Eta Iota. Des pouffiasses, en somme. C'était bien connu de tous mes amis, je détestais ces filles. Toutes plus putes les unes que les autres, trop maquillées, trop... trop. Heureusement, Jessica ne manifesta pas le moindre intérêt pour la confrérie des "Pink Lady". Par contre, quand je terminai avec les Nu Zeta, je vis son regard pétiller d'un intérêt non dissimulé qui me fit vraiment plaisir.

- Comment je dois faire si je veux intégrer les Nu Zêta ? Oh... Chase... retourne toi doucement, j'ai l'impression que tu viens de te faire un nouvel ami.

Je n'eus pas le temps de répondre à sa question que déjà Jessica me suggérait de me retourner. Je ne le fis pas tout de suite, prenant le temps de lui adresser un sourire complice. Sans bouger, je répondis à sa première question. ( Bah quoi, je voulais qu'elle rejoigne la confrérie, moi ! )

- Tu viens à la rentrée dans les bâtiments... On est pas nombreux, alors y a pas de secrétaire. Je me chargerai de ton adhésion en personne. On en reparlera... Là, je crois qu'on a d'autres chevaux à dorloter.

L'expression "à fouetter" me déplaisait, forcément. Alors, je venais de la réinventer pour la situation. Je me tournai et vis le cheval maigre à dix mètres à peine de nous. Mes gestes étaient lents et mesurés, contrôlés. Je m'approchai de lui, main tendue. Il se laissa docilement manipuler, rassuré. Je caressai ses naseaux, puis son encolure. Jamais je ne rompis le contact avec lui, tout en murmurant des paroles apaisantes à son oreille. J'en fis le tour, sans cesser de caresser sa robe, jaugeant au passage l'étendue des dégâts. Il me faudrait sans doute étaler pas mal d'onguents ci et là pour que sa guérison se passe au mieux. Puis, une bonne dose de confiance en l'Homme... et il serait à nouveau heureux. Du moins, je l'espérais. Je sentais le regard de Jess' posé sur moi. Je décidai de faire un test. Tout en me tournant vers elle, je ne cessai de murmurer à l'intention du cheval. Je fis signe à Jess' d'approcher, doucement, sourire aux lèvres. Plus il se laisserait approcher, plus vite irait sa guérison. Je laissai courir mes doigts le long de ses points d’acuponcture, tandis que la jeune femme avançait.

- Viens te mettre près de moi, Jessica... On va voir s'il reste calme...

Mon but n'était pas de l'affoler, et s'il n'avait pas été si calme, je n'aurais sans doute pas demandé à ma future confrère d'approcher...

Jessica soupira, l'air ennuyée. Apparemment, elle n'y allait pas par plaisir, si j'en croyais sa réaction. Ou alors je l'emmerdais, ce qui était également possible. Pour ma part, Wynwood High School avait été le choix de feu mon père. A l'annonce de sa maladie, déjà à un stade bien avancé, il a été évident qu'il devrait rentrer en clinique et que je ne pourrais plus rester à Londres bien longtemps, seul. C'est pourquoi nous sommes revenus à Miami, là où je passais tous mes étés chez ma mère. Mon père, pas dupe de ce que je deviendrais si je restais "avec la fermière qui me sert de mère", m'a fait promettre de m'inscrire dans ce "prestigieux" lycée. Tu parles. Enfin, on va dire que c'était sa dernière volonté, et que finalement le lycée n'est pas si terrible.

- Oui, il parait mais ce n'est pas de gaieté de coeur que j'y vais. Je déteste déjà cet endroit, rempli de fils et de fille à papa, accros aux marques de luxe, à leur petit confort, avec toutes leurs manière et puis ...

Soudain, elle sembla se rendre compte de ce qu'elle disait. Peut-être était-ce dû à mon sourire en coin ? Toujours est-il qu'elle s'empressa de rectifier le tir. Peut-être lui avait-on dit que le fils de la gérante était lui aussi inscrit dans cet établissement ? Auquel cas je comprendrais sa réaction... Mais évidemment, elle n'était pas censée savoir que je pensais exactement la même chose qu'elle, du moins au début, lorsque j'avais débarqué à l'école. A présent... et bien c'était différent. Certes, la majorité des gens étaient tels qu'elle le pensait. Mais il y avait plutôt beaucoup de gens sympas, un système de confréries qui permettait de rencontrer des élèves qui partagent les même passions que nous, tout ça...

- Enfin pas tout le monde bien sûr, il y a des personnes qui doivent être super sympa là bas comme partout ailleurs, je suis désolée j'avais oubliée que tu y étais...

Je lui fis un clin d'oeil, avant de rigoler. Finalement, c'était bien ce que je pensais.

- Oh, tu sais, je pensais comme toi au début. J'ai été un peu forcé par mon père, mais je ne tenais absolument pas à finir mes études là-bas. Et puis finalement, ça fait un an que j'y suis et j'y ai rencontré des gens franchement cool. Puis en plus, avec les confréries, tu tombes directement sur des personnes qui ont les même intérêts que toi, même si c'est parfois un peu sectaire.

Je lui souris, tout en repensant à toutes les belles rencontres que j'avais faites au lycée. A commencer par Sacha, évidemment... Puis Kim - ma soeur jumelle, Elsa, Dylan, May, Helinä, Aliénore et tous les autres. Je me demandai alors dans quelle confrérie Jessica allait s'inscrire... Nous n'étions pas nombreux chez les Nu Zeta, ce qui est fort dommage, mais je l'y voyais parfaitement s'y intégrer !

La jeune fille sursauta légèrement et se tourna vers moi. Je levai les yeux vers son visage, délaissant un instant le cheval de ma vue. Comme elle était assise sur la barrière et que j'y étais accoudé, elle était plus haute que moi d'une bonne tête. Je l'observai, souriant. Elle l'était également, souriante. Et très jolie. Blonde aux yeux bleus, des traits fins et doux. Son buste pivota vers moi, sans doute pour mieux m'observer. Elle finit par conclure que j'étais le fils de ma mère, parce qu'elle aussi m'appela par mon prénom.

- Salut ! Je suppose que tu es Chase ?

- C'est bien moi !

- Ce n'est plus la peine de me présenter puisque tu me connais déjà j'ai l'impression.

- Oh, c'est juste ma mère qui m'a dit que tu t'appelais Jessica, quand je suis arrivé à l'instant. C'est étrange qu'on ne se soit jamais croisés ici, j'y suis souvent.

D'un bond agile, je sautai la clôture pour pénétrer dans le pré de notre nouveau résident. Je me tournai vers la belle blonde et poursuivis la conversation l'air de rien. Au loin, le cheval nous surveillait du coin de l'oeil. Il n'osait pas approcher mais je sentais clairement l'intérêt qu'il portait à toute cette agitation. Je m'approcherais de lui plus tard, quand il se serait habitué à notre présence, à la jeune fille et moi.

- Alors, il parait que tu viens de t'inscrire à Wynwood pour la rentrée ?

En règle générale, je ne croisais aucun élève du lycée ici. S'inscrire à Wynwood était le plus souvent synonyme d'une attitude hautaine et arrogante qu'on la plupart des riches. Ces connards chouchoutent leur BM, mais les défavorisés, eux, peuvent très bien crever sous un pont un soir d'hiver, ils s'en foutent. Alors, les animaux, pensez-bien... Sauf quand il s'agit de leur chien de luxe, évidemment. Combien de greluches est-ce que je n'avais pas vu défiler avec un chiwawa ridicule à bout de bras ?! Alors que tant de chiens demandaient un foyer dans les refuges... Tout cela me révoltait, mais je ne savais pas faire grand chose de plus que ce que je ne faisais déjà actuellement pour la ferme de ma mère. J'espérais simplement que Jessica ne faisait pas partie de "ces riches là", et heureusement pour moi, si elle était bénévole ici, les chances étaient faibles.

Depuis que les vacances étaient commencées, je n'avais pas cessé de courir à droite et à gauche. J'avais une foule de choses à régler, des tonnes de papiers à signer -principalement en ce qui concerne Wyatt - et beaucoup de gens à voir. Or, mon séjour improvisé à Londres n'avait pas aidé à ce que tout cela avance. Aujourd'hui, j'avais décidé de consacrer ma journée à la ferme associative de ma mère. Elle avait récemment récupéré un cheval très mal en point, et je lui avais promis de jeter un œil à cette pauvre bête, histoire de voir ce qu'on pourrait faire pour elle. J'avais toujours eu une relation particulière avec les chevaux, un peu comme un "don", celui de les apaiser. Ma mère m'avait dit que personne n'avait réussi à l'approcher, jusqu'à présent. Et pourtant, ce n'était pas les bénévoles qui manquaient, ici. Principalement des retraités qui venaient occuper leur journée au milieu des animaux, ou alors des jeunes passionnés, comme moi, par les animaux et la nature.

J'arrivai à la ferme dans ma jeep, que je garai dans la grande cours. Ma mère vint à ma rencontre en souriant, toujours aussi charmante. Nous portions tous les deux une chemise à carreaux sur un jeans. Typique de la famille, il faut croire ! Je lui rendis son sourire, la pris dans mes bras et demandai immédiatement des nouvelles du cheval.

- Il est dans le grand pré derrière les écuries. Je l'ai fait isoler, Mushu' ne supportait pas bien sa présence alors une bénévole l'a rentré dans son box pour l'instant, histoire que le nouveau profite bien du pré et prenne confiance... Elle doit être au pré, d'ailleurs, cette jeune fille. Je pense que tu ne l'as jamais croisée.

- Ah, parfait. Je vais aller voir... Elle s'appelle comment, la fille ? J'en profiterai pour la saluer.

- Jessica. Elle s'est inscrite à Wynwood pour l'année prochaine, si j'ai bien compris...

- Sérieux ?! A l'aise ! Merci m'man, on se voit tout à l'heure ! Je file !

Je l'embrassai sur le front avant de m'éloigner vers les écuries. La ferme recueillait une bonne quarantaine de chevaux, et sans tous les bénévoles, jamais ma mère ne s'en serait sortie. Récemment, nous avions pu entreprendre des travaux de rénovation grâce à l'héritage de mon père. Les écuries avaient donc été restaurées et agrandies. Je les traversai, saluant au passage les quelques personnes qui y bossaient. Je débouchai ensuite sur une cours sablonnée, qui donnait sur un pâturage. Je m'approchai de la barrière et remarquai qu'une jeune fille y était appuyée. Blonde, grande, élancée. De dos, elle semblait charmante. Je n'avais pas souvenir de l'avoir déjà vue ici, il devait donc s'agir de Jessica. Je m'accoudai l'air de rien à ses côtés et posai mes yeux sur le cheval qui trottait dans le pré. Il était très maigre, et son corps était parcouru de blessures.

- Salut, Jessica !, lançai-je d'un air guilleret.