Se cacher... pour regarder l'océan [Apollo]

Spencer déclina poliment la cigarette que je lui proposais, comme je m'y attendais. Elle avait l'air un peu dégoutée, mais ne dit rien. Je haussai les épaules et fumai allégrement ma clope en prenant bien soin de ne pas lui balancer la fumée à la figure mais le plus loin possible d'elle. Quand je lui proposai de l'écouter, Spence me parut assez étonnée.

- J'en prend bonne note, merci. Mais tu sais, t'es pas obligé d'être sympa avec moi, pas après tout ce que j'ai pu te dire ! Mais bon, moi aussi j'ai prévu de sécher, alors on va où ?

Je souris. Certes, je n'étais pas obligé, mais c'était mal me connaître. J'avais toujours été un peu maso sur les bords. Un jour, quelqu'un m'avait comparé à Jésus. Mon père, qui ne l'était pas vraiment. Il s'était moqué de moi, me disant qu'il était si facile de me faire souffrir, ajoutant ensuite que le plus drôle, c'est que je tendais l'autre joue après, comme un idiot. Étant jeune, j'étais persuadé que celui que je pensais être mon père ne pouvait pas être foncièrement mauvais. Que si je faisais des efforts, que j'allais vers lui, il m'apprécierait enfin. Je me trompais, et inlassablement, revenais à la charge en quête d'amour. A présent, je restais persuadé qu'il devait y avoir une part de bon en chaque personne. Alors, malgré le fait qu'il y avait des gens pour me faire souffrir, ou essayer, je ne m'en formalisais plus. Et je ne manquais jamais une occasion de tenter de trouver une part de bon en eux. La seule exception à cette règle était Lancelot Perez. Il avait essayé de tuer mon enfant, jamais je ne lui pardonnerais. Par contre, dans le cas de Spencer, j'avais bien fait de m'accrocher. Comme quoi, ma théorie était fondée. Et cela me permettait d'oublier la souffrance que ce "père" m'avait infligée, gamin.

- Je ne me sens pas obligé, je suis comme ça. Qu'est-ce que tu dirais d'aller faire du roller ? J'kiffe ça, mais y a jamais personne pour en faire avec moi.

J'avais terminé ma cigarette, j'écrasai le mégot sur le sol minutieusement. Il y avait, le long de la plage, une grande digue où les gens se baladaient. Des magasins d'un côté, la mer et la plage de l'autre. Et au dessus, le soleil et le ciel bleu à perte de vue. L'endroit idéal pour faire du patin à roulettes, non ?

*Mais où ai-je bien pu mettre ce foulard?!* N’arrêtais pas de ce demander Spencer. Elle ne quittait jamais, mais au grand JAMAIS son écharpe favorite. Elle se souvenait l'avoir au cou lorsqu'elle était sortie de l'école, mais ensuite, black out total. Elle continuait de fixé l'océan sans relâche, espérant qu'une idée lumineuse lui apparaisse. Elle ne voyait pas le temps passer. Soudain, venu de nul part, un bout de tissus lui apparu sous les yeux. Elle mit quelques instants a reconnaître son foulard. Lorsqu'elle le reconnu, elle l’arracha des mains de l'inconnu. Puis, elle reconnu la voix qui lui dit:

- Salut, Spencer. C'est à toi ce truc ?


Elle leva les yeux et vit Apollo, la personne dont elle ce foutait de la gueule le plus souvent. Avec son look et tout, c'était trop facile. Mais que faisait-il avec son foulard.?!?

«Hum... Que fait tu avec mon foulard?!?»

Aujourd'hui était probablement une des journées les plus parfaites de ma vie. Je venais de me marier à la mairie avec Lena, nous étions en pleins préparatifs pour le mariage à l'église et pour la fête qui suivrait. Le gynéco' venait de nous annoncer qu'elle était enceinte d'une fille, que demander de plus ? C'est donc d'un air guilleret que j'allai déjeuner ce midi. J'avais promis à Lena de réfléchir à des prénoms pour notre fille, c'est pourquoi je filai rapidement de la cafeteria pour me retrouver un peu au calme. Et pour ça, quoi de mieux que le toit ? J'essayais d'arrêter de fumer, mais ce n'était pas évident. Alors, quelques fois, comme aujourd'hui, je m'en grillais une pour compenser.

Je poussai la porte et appréciai immédiatement la sensation du vent sur mes bras nus. Je portais un simple marcel noir, ainsi qu'un jeans de la même couleur et des bottines en cuir. Ma crête de punk était, comme d'habitude, dressée au sommet de mon crâne. Je parcourrai l'endroit des yeux et remarquai un carré de soie qui trainait par terre. Je m'approchai et le ramassai, avant de chercher sa propriétaire des yeux. C'est alors que je la vis, assise plus loin. Spencer. Elle ne m'aimait pas beaucoup et passait son temps à tenter de me malmener. Tenter, parce que je n'avais jamais été sensible à la moquerie. Je supposai que ce foulard était à elle et m'approchai. Elle était apparemment perdue dans ses pensées, le regard rivé sur l'océan bleu que l'on voyait au loin. J'agitai le carré de soie devant ses yeux afin qu'elle le voit et quand elle le remarqua - tout de suite - j'attirai son attention sur ma petite personne.

- Salut, Spencer. C'est à toi ce truc ?

Oh, bien sûr, j'aurais très bien pu partir et me dire " à charge de revanche ", mais ce n'était pas mon style. De plus, j'étais d'excellente humeur, et ce n'est pas une petite Kappa qui me pourirait ma journée. Au mieux, elle me remercierait et on pourrait améliorer notre semblant de relation.