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 Sois mon ennemi, au nom de l'amitié [Eris] - Terminé

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Sois mon ennemi, au nom de l'amitié [Eris] - Terminé Empty
MessageSujet: Re: Sois mon ennemi, au nom de l'amitié [Eris] - Terminé   Sois mon ennemi, au nom de l'amitié [Eris] - Terminé EmptyVen 8 Juil 2011 - 18:24

    Le sol s'est dérobé sous ses pieds et plus rien ne peut le soutenir désormais. Il n'est raccroché à la vie que par ces bras qui le soutiennent. Les murs tanguent, les décors s’effondrent et tandis qu'il est ainsi suspendu dans le vide, tout continue à avancer. Sans lui. Il n'y a rien à comprendre. C'est ainsi, et il ne peut rien y faire. C'est le principe même de sa damnation. Pourquoi encore chercher à se battre quand il sait que bientôt, il ne sera plus qu'un fardeau pour la société ? Pourquoi conserver intact ce masque qu'il arbore continuellement ? Une fissure s'y étend, de plus en plus profonde. Un jour, les autres ne verraient plus de lui que la vérité. Sa vérité. En réalité, il n'est qu'un faible qui passe son temps à pleurer, seul. Les pleurs, ce ne sont pas forcément les larmes. Ce sont les lamentations, les complaintes. Les pleurs, ce sont le désespoir. Pourtant, devant eux il est un autre individu. Il baigne dans le mensonge. Et ces questions, toutes ces questions. "Pourquoi es-tu toujours si renfermé ?" "Parce que j'ai peur que l'on voit mon vrai visage. Parce que j'ai peur que l'on sache qui je suis. Pardon, pardon, ce n'est pas parce que je ne vous aime pas." Il sait pertinemment que ce qu'il fait n'est pas bien et il sait qu'ainsi, il nie jusqu'à sa propre existence. Mais cette valeur illusoire qui n'appartient pas qu'à lui et n'existe que grâce aux autres, il l'a utilisée, foulée aux pieds, méprisée, et bien que cela laisse des blessures éternelles, il sait que s'il ne fait pas ça, il est étranglé par la peur. Sans cela, il a bien trop peur. Ce château de sable commencé dans le parc, au coucher du soleil, il l'écrase, le regard glacial. Cette impulsion est partie de son masque, du plus abject des hommes. Elle l'a enfermé à clef et a fait de lui un autre. Mais elle disparait aujourd'hui, et il ne sait plus rien. Lui qui était censé être une autre personne, pourquoi change-t-il à nouveau ? Pourquoi perd-il la force qu'il avait acquit ? Pourquoi son masque se fissure-t-il ? Il ne peut plus faire marche arrière. Chaque fois qu'il se souvient, son corps se tord de douleur. Oh, il aimerait tellement retourner dans le passé.

    Alors, voulant mourir, il a fermé les yeux. Dans l'étau que forment ses bras, il a rendu tout son être au néant. Incapable de dormir, il veut disparaître de toutes les mémoires. Un ciel nuageux, puis une pluie éparse. Le beau temps d'hier ne lui semble être à présent qu'un mensonge. Peut-être est-ce la douleur de vivre ? Alors il se sert contre son visage. Il se met sous la pluie de ses larmes. Si le vent se met à souffler, comment ce paysage instable sera-t-il défiguré ? S'il sombre dans les abysses des mers profondes et se cloitre dans ma coquille, son sourire qui convainc que la tristesse est vaine, le sauve. Mais elle ne sourit pas. S'il s'enfonce au plus profond d'une forêt trouble et enferme son cœur dans un cocon, il finit par couper les fils de sa douleur. Pourquoi n'y parvient-il plus ? Immobile dans les ténèbres de l'aube, il interroge la chaleur restée au creux de sa main. Pourra-t-il remonter le ruisseau en barque et retourner sous le soleil d'antan un jour ? Alors il murmuré à la pluie : "fais qu'il fasse beau demain". Mais il sait que c'est impossible. Il sait qu'il ne peut pas. Tant pis. Il n'a plus qu'à écrire ses souvenirs.

    Dehors il a plu tout le jour, et comme ce jour là, la pluie cogne à la fenêtre. Encore et toujours. Une goutte, puis deux. Dehors la pluie commence doucement à tomber. C'est ce que la météo avait annoncé. Encore un jour de plus auquel il dit au revoir. Et si elle lève les yeux au ciel, elle y verra des gouttes de lumière. Mais de la lumière, pour lui, il n'y en a plus. La pluie est venue faire jouer son orchestre d'échos sur son quotidien sans surprise, et elle ne lui déplait pas. Doucement, elle lui prouve que quelque part, quelqu'un tient à lui. Néanmoins, l'air froid s'engouffre entre leurs doigts qui s'effleurent. Elle a perdu une mèche de ses cheveux embrasés. Ça lui donne l'air bien plus adulte qu'hier. Depuis le début, elle l'a toujours su, n'est-ce-pas ? Qu'il lui avait menti. La pluie emporte ses échecs et le balaiera aussi un jour. Il ne se voit nulle part sur le tableau du bonheur qu'elle peint, lui qui était dans ses yeux. Dans l'avenir, il ne se voit nulle part. Mais il ferme les yeux et hume l'air. Son odeur, sa douce odeur. Et sa voix, toujours cette voix. Pour l'instant, elle est toujours là. alors il secoue la tête. Il secoue la tête quand elle dit qu'il est quelqu'un de bien. Il secoue la tête quand elle dit regretter de ne pas pouvoir prendre sa place. Non. Elle se trompe. Elle ne peut pas dire ça. Certainement pas.

    Pourtant elle insiste. Elle insiste et elle se justifie. Le sang de Lancelot se glace. Brusquement, il se fige. Il n'est pas certain d'avoir bien entendu. Il préfère croire qu'il a mal entendu. Mais elle en lui permet pas de se laisser bercer par cette douce illusion. Elle se répète. Elle lui répète. Elle enfonce le couteau dans la plaie. C'est impossible. Totalement impossible. Sa rédemption ne peut pas être l'un d'entre eux. Eris ne peut pas être une meurtrière. Elle n'en n'a pas le droit. Elle n'a pas le droit de lui dire ça. Elle n'en n'a pas le droit, mais elle le fait malgré tout. Il lui semblait tantôt que rien ne pouvait être pire désormais. La vie venait de lui prouver le contraire. Sa perfection n'était pas parfaite. Eris, ou Eva puisqu'il s'agissait de son véritable prénom, était de ces êtres qu'il avait toujours méprisé, et qu'il mépriserait toujours. Un imposteur, un assassin. L'injustice. Il serre les dents, étouffe ses sanglots. Les images défilent à toute allure dans sa tête. Il ne sait plus très bien quoi penser. Il préfèrerait ne plus penser. Elle le relâche et se lève pour s'assoir sur le lit. Il entend le matelas couiner son poids pourtant rendu infime par son actuelle faiblesse. Mais il ne relève pas la tête. Il ne quitte plus le carrelage glacé des yeux. Qu'est-il censé faire maintenant ? Il sent ses doigts chauds se saisir des siens. Elle les serre, de toutes ses forces. Puis elle parle à nouveau. Ses mots lui font du bien et du mal à la fois. Du bien parce qu'il comprend qu'elle lui est loyale. Du mal parce que paralysé, il sait qu'il ne pourra profiter de rien. Du mal pare qu'il ne sait pas si ces mots sont un mensonge. Alors il relève la tête, pour percer la vérité. Leurs iris se mêlent et il comprend. Il comprend que pour elle, c'est différent. Différent parce qu'elle ne l'abandonnera pas.

    Alors il la pardonne, comme elle l'a pardonné.

    - Merci.

    Oui, même si ce sont des mensonges, merci.
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MessageSujet: Re: Sois mon ennemi, au nom de l'amitié [Eris] - Terminé   Sois mon ennemi, au nom de l'amitié [Eris] - Terminé EmptyJeu 7 Juil 2011 - 13:37

    Si j'avais su, sans doute aurait-il été mieux pour toi, pour moi, de nous taire et de se contenter d'en profiter. Pourquoi ais-je voulu savoir ? Il le fallait. Il fallait que je sache. Il fallait que je sache, pourquoi cette terreur, chaque jour dans tes yeux, pourquoi tu avais peur, de quoi, tu avais peur. Qu'ais-je pu comprendre ? Chacun d'entre nous possède un secret terrible. Le tien est un fardeau bien plus lourd que le mien. Je risque la prison. Tu es condamné à mort.

    Mes poings se crispent, pour ne pas pleurer. Ils se crispent, pour que tu ne voies pas que ton annonce me fait du chagrin, me fait du mal. Moi, dans cette chambre d'hôpital, affaiblie et triste, je croyais que personne ne pourrait être plus malheureuse que moi, mais quelle imbécile j'étais, quelle idiote. Quelle folle. Pourquoi toi. Tu as raison. Tes larmes, tes sanglots, te voir pleurer, toi, Lancelot, toi, le jeune homme au coeur de pierre, celui qui a fait du mal, tu pleures dans mes bras, t'accroche à mon corps comme je me suis accrochée au tien. Mon prince, mon roi, mon sauveur, mon ami, mon frère. Tu es là, dans mes bras, et tandis que je te serre je songe au malheur. Il y avait bien longtemps que je n'avais pas songé au malheur des autres, plutôt qu'au mien. La maladie, la mort, c'est une peur qui ronge l'être de chacun, qui instaure la peur et le chagrin, qui nous fait avoir des cauchemars. Qui nous fait pleurer dans notre lit, là, recroquevillés, à se demander compulsivement quand nous allons passer la porte du Diable. Je sais pourquoi à présent, pourquoi c'est mal ce que j'ai fait. Lorsque je revois le visage de cet enfant baigné de larmes, dans mes bras, là, mon couteau sous sa gorge ouverte, le sang s'écoulant à torrent, mêlant celui de ses parents au sien, je me rends compte de ma cruauté, de mon orgueil et de mon égoïsme. Pourquoi, pourquoi ais-je ôté la vie à des gens qui auraient pu en profiter encore et encore ? Tu as dix-neuf ans, il en avait deux. J'ai peur pour toi à présent, peur de te voir mourir, dans mes bras ou dans ceux d'un autre. Tu ira rejoindre les anges, je te le promets. Tu sera le plus parfait des saints, et j'y veillerai personnellement. Tu n'iras pas là haut seul. Non, je ne commettrais pas deux fois la même erreur. Un lien que je n'avais jamais remarqué s'était tissé entre Lancelot et moi, un lien puissant, un lien incassable, un fil qui nous reliait, bien plus solide que celui de Pollo, bien plus résistant que celui de Liam, un lien qui ne se briserait jamais, même le jour où je déposerai une rose blanche sur ta tombe. Un serment est un serment, et je l'ai fait. Pour toi.

    Lancelot Perez, ex-connard Anonyme.

    Une amitié, ça peut se briser. Si facilement. Un homme qui passe dans le monde de deux femmes à la vie à la mort, une femme qui passe dans la vie de deux hommes. Une trahison, un mensonge trop grave, un secret caché. L'éloignement géographique. Une amitié, c'est un brasier moins puissant que l'amour, et si on y prend pas garde, il s'éteindra à la première pluie. Ces flammes, pourtant, que nous avons toujours choyé et aimé regarder, ces flammes envoûtantes, hypnotisantes, ces reflets dans nos yeux qui nous rappellent tous les souvenirs, les rires et les larmes. Pleurer dans les bras l'un de l'autre. Se pardonner. S'aimer. Je t'aime. Je t'aime d'un amour trop différent de ceux que j'avais connu autrefois. Je t'aime d'un amour qui dépassera les horizons, les douleurs et la mort. Tu sera toujours là, quoi que tu dises ou fasses. C'est tellement stupide à penser. Que je serais prête à donner ma vie pour préserver celle d'un français rencontré au détour d'une soirée alcoolisée en ville. Pourtant rien ne pouvais briser l'affection débordante que j'éprouvais pour lui. Je ne pouvais penser à autre chose tandis qu'il m'étreignait, sanglotant dans mes bras. Jamais personne n'avait pleuré, dans mes bras. Même pas mon enfant. Une amitié, ça peut se briser. ça pourra toujours se briser. Mais j'ignore encore si je peux qualifier mon lien avec Lancelot d'amitié. C'est plus ou moins que cela à la fois, je l'ignore. Un lien. C'est un lien. Un fil. Un fil trop épais ou trop solide pour être découpé, cassé ou morcelé. J'aime ce frère, cet ami, ce prince qui est là, réduit à un état trop second pour être qualifié de noble. Il est devenu une épave en un instant, en avouant enfin à quelqu'un ce qu'il avait sur le coeur. J'étais heureuse d'être cette personne. Mon miroir venait de se reconstruire, devant moi. J'y voyais le reflet d'un sourire. J'y voyais le reflet d'un espoir, malgré la peur, la mort et la maladie. J'étreins mon ami et frère avec plus de force que j'en sois capable. Ma tête tourne, mais peu importe. J'ai besoin de lui. J'ai besoin de lui, il a besoin de moi. A travers le miroir, deux créatures sont serrées l'une contre l'autre, et ne se lâchent pas. Deux créatures sont là, elles ne bougent pas, mais elles pleurent, dans les bras l'une de l'autre. Il est si simple de briser une amitié.

    Mais nous, on ne nous brisera jamais.

    "Elle t'a choisi parce que tu es quelqu'un de bien. C'est des salopes, les maladies. ça choisit toujours les gens bien."


    ça aurait dû me choisir moi.

    Il fait nuit. Il fait nuit noire, tu ne sais pas où tu te situes, seulement que la forêt d'Espagne te donne le tournis. Tu entends le cri d'un loup, ça ne t'était jamais arrivé. Tu as fui ton lycée, parce que tu ne voulais plus revoir ces endroits. Une journée que tu as suivi la voiture, dans un taxi que tu as payé grassement, jusqu'à une bourgade Andalouse, à une centaine de kilomètres de ton école. Eva, tu as couru, trop couru sans doute, tes jambes ne te soutiennent plus. Sa villa est blanche. Bordées de baies vitrées immenses. La sierra te donne des ailes. Tes cheveux sont emmêlés et crasseux, tes vêtements couverts de boue, mais peu importe. Tant mieux si ça te donne des airs de folle. le poignard est toujours là, lui. Bien présente, la lame de métal froid danse encore contre ta cuisse.
    Tu avances à pas feutrés, il y a de la lumière dans la maison. Tu sais ce que tu dois faire. Tu tire le poignard, avec vigueur. La lame est affûtée. Elle coupe légèrement ta peau. Tant mieux, ça sera plus facile. Tu cours à présent, tes jambes traversent la forêt avec une légèreté, ton regard d'enfant déterminée ne te laisse plus le choix de faire demi-tour, tu vas le faire. Ta folie va te pousser à la faire. D'un bond, tu es devant la porte d'entrée, ouverte pour laisser entrer la fraîcheur des soirées estivales. Tu le hais. Tu les hais. Après tout ce temps, tu les hait encore. Il t'avait promis. La bague brillait encore dans ta main. Le diamant que tu jugeais faux à présent. Tu n'avais jamais remarqué son alliance, sa putain d'alliance. Elle s'appelait Stefania, tu t'en rappelles à présent. Stefania, et ses yeux en amandes. Son regard terrifié. Tu es entrée sans frapper, et tu as pénétré dans la cuisine animée. Il donnait à manger à Mateo. Ils l'avaient appelé Mateo. Tu avais toujours rêvé d'appeler un enfant Mateo. Peu importe. Lorsque tu as pénétré dans la cuisine, toutes les conversations se sont arrêtées. Stefania a demandé ton nom. Tu n'as pas répondu. C'est Liam qui l'a dit à ta place.
    - Eva... qu'est-ce que tu fais là ?
    Lever le poignard de la main du Diable. Un poignard noir, en obsidienne. Tu n'y as pas cru, pas vrai ? Mais à présent tu ne peux que te rappeler, tandis que tu étreins quelqu'un qui n'a rien demandé à personne.


    "ça aurait dû m'arriver à moi, Lancelot, pas à toi, pas à toi..."


    - Je suis venue récupérer ce que je n'ai pas eu, Liam. Tu t'es moqué de moi, pas vrai ? Mais ce que tu ne savais pas, c'est qu'on ne se moque pas d'Eva Esperanza comme on se moque d'un singe dans une cage.
    Il se lève. Met les deux mains devant lui. Comme pour m'apaiser. Mais non, c'est trop tard. La fille attrape l'enfant et se rue vers la porte, que je claque avec violence juste avant qu'elle sorte. La pousse. Elle tombe.

    Matheo pleure.

    - Liam, pourquoi est-elle ici, qui c'est cette fille ???

    - TA GUEULE !


    La rage qui déforme ton visage te rends hideuse, Eva. Eva Esperanza.

    - Tu t'es foutu de moi pendant tout ce temps, et tu crois que je vais te pardonner parce que "tu peux tout expliquer" ? Allez, arrête de faire l'enfant Liam. Vous n'aurez que ce que vous méritez. Toue les trois.

    - Eva, je t'en supplie... non, NON, LACHE LA !! STEFANIA !


    "J'ai tué une famille... et un enfant de deux ans et demie. Moi aussi je suis un meurtrière... Pire sans doute que celui que tu faisais chanter."


    La lame plonge dans le corps du chérubin comme si c'était du beurre. Quatre fois. A quatre endroits. Aux deux poumons, au coeur et à la gorge. Tu l'as tué en dernier. Son sang s'est mélangé à celui de ses parents. Chromosomes par chromosomes. Il a poussé un dernier hoquet ensanglanté avant de mourir. Ses petits yeux bleus ouverts dans une expression de chagrin. Il était innocent, il n'avait rien demandé. Mais sa bouille d'ange te donnait envie de vomir. Ce n'était qu'un bébé qui appelait sa maman, étendue contre le frigidaire, bras écartés, comme pour l'accueillir. Un bébé. Un tout petit bébé aux yeux clairs, qui ne voulait que vivre. Mais qui a hoqueté son hémoglobine, et qui est allé rejoindre le Seigneur. Tant pis pour toi, tu iras en Enfer. Tu aurais voulu l'entraîner dans ta chute, mais il est mort en héros, essayant de lutter contre toi. Mais la lame a traversé son corps de part en part.

    "Je les ai tués tous les trois, de sang froid..."


    A présent, tu es là, agenouillée sur le sol ensanglanté, une mare rouge qui te rappelle ton ignominie. Tu observes cela avec un calme déconcertant. Et puis tu rejette la tête en arrière pour ne plus voir les cadavres. Lève tes deux bras, attrape ton poignard à deux mains. Et hurle. Dans cette maison à présent silencieuse... tu hurles.


    Il te semble que tu n'as jamais fait que hurler. Sans agir. Tu lui dis tout cela, et tu sens ses sanglots cesser. Tu ignores comment il va prendre ton aveu.

    "J'm'appelle Eva, Lancelot. Pas Eris. Eva. Eva Esperanza."


    Tu te lèves, tu aimerais oublier. Tu chancelles, t'asseois sur le lit, attrape ton visage entre tes mains. Tu voudrais son pardon, à lui aussi, tu prie pour qu'il te l'offre, mais tu n'as pas beaucoup d'espoir. Tu ne pleures plus. Ton corps est vide de liquide lacrymal. Tu aimerais tout effacer, mais tu ne le peux pas. Tu attrape sa main, tout près de toi. Tu la serres, tu ne veux pas la lâcher.

    "Il y a des gens comme moi qui méritent de crever, mais qui ne meurent pas. Il y a des gens comme toi qui méritent d'être heureux, mais qui vont mourir à vingt ans... même si je ne peux pas empêcher la maladie de te tuer, je te promets de toujours tenir ta main, jusqu'au bout. Le jour où tu iras dîner avec le créateur, tu sera fier de la vie que tu as eu. Je ferais en sorte que tu sois fier de toi. Et peut-être de moi..."


    Ma Rédemption. Douce Rédemption.

    Sois ma Rédemption, pitié.
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MessageSujet: Re: Sois mon ennemi, au nom de l'amitié [Eris] - Terminé   Sois mon ennemi, au nom de l'amitié [Eris] - Terminé EmptyMer 6 Juil 2011 - 17:00

    Muet, immobile, Lancelot contemplait sans véritablement le comprendre l'étrange tableau qui se déroulait sous ses yeux. Elle avait bougé. Ses jambes, d'abord. Une légère convulsion, une petite envolée, puis ses bras s'étaient tendus, émouvants, enflammés. Amicaux. Elle s'était levée, faible mais forte à la fois. Amputée mais plus puissante que jamais. Enlaidie mais ravissante, rayonnante. Son astre diurne, son soleil, son étincelle. Invisibles, invulnérables, ses rayons, sa lumière immolaient le mal, immolaient la douleur et recouvraient cette amitié qu'il avait crue perdue, recouvraient la sœur qui ne lui avait jamais été donnée d'avoir et qui se tenait pourtant là, face à lui. Sa sœur, son Christ, sa religion, sa force, sa perfection, sa souffrance, son miroir, sa délivrance, son antidote. Sa rédemption. Ses mains s’agrippaient à sa chemise, ses doigts se mélangeaient, se cramponnaient à sa chevelure embrasée. Son visage se perdait dans son cou, contre sa joue, et il l’étreignait, toujours plus fort, se mêlant à ses larmes, les partageants. Il l’étreignait pour ne plus jamais la perdre, pour ne plus sentir le sol se dérober ainsi sous ses pieds. Il l’étreignait, marchait face au soleil, abandonnant la crainte de la brûlure du partage. Il laisserait son ombre luter contre les ténèbres dans son dos, épaulée par la splendeur de ce petit bout de femme, ce petit bout de tout. Et ses larmes, toujours plus belles, toujours plus tristes. Et sa peau, toujours plus douce. Et son souffle, toujours plus apaisant. Et sa voix, cette voix si mélodieuse qui se mêlait désormais à la peinture, pique ardente mais baume sur son cœur. Diable qu'il l'aimait cette voix. Un léger rire nerveux s'échappa à nouveau des lèvres du musicien. Elle brisait le silence. Le son du silence, encore et toujours. Alors il resserra son étreinte. Remerciement disharmonieux dans ce monde de ce monde désenchanté. Oui il était un connard, un éternel connard. Mais un connard soulagé, avec elle.

    Il sentit la violoniste glisser de ses bras, comme ces rêves et ces mémoires qui glissent et se perdent dans vos pensées. Mais elle ne s'échappa pas bien loin. Il ne lui permettrait pas de s'échapper. Elle était tombée, simplement. Plus bas, toujours plus bas, elle s'était enfuie dans les ténèbres pour mieux se retrouver. Ou peut-être faisait-il fausse route ? Pourquoi parler de ténèbres ? Pourquoi supposer que le salut se trouvait au-dessus de sa tête, vers les Cieux. Il n'était pas croyant après tout. Peut-être qu'en cet instant, c'était lui qui lui tendait la main, cette main si faible qui lui offrait une seconde chance. Oui, elle était sa rédemption. Alors il se saisit de ses doigts, saisit cette chance et s'abaissa, s'inclina. A quoi bon garder la tête haute et rivée sur la lune quand le soleil était au plus bas. La première était froide, symbole de discorde. Le second était chaleur, bonté et réconfort. Un combat pour l'hiver, quel intérêt ? Les arbres figés par le mordant du froid, l'eau, l'éternelle libre, rendue inerte par la glace. L'hiver n'était que mort et désolation. Il en avait terminé avec lui. C'est lui qu'il devait abandonner, et personne d'autre. Désormais, aux côtés d'Eris il préfèrerait les étés. Il ferma les yeux, serra les dents. C'est à son tour de le serrer contre elle, à son tour de s'agripper à lui. A lui, présent mais absent, qui se sert de ses muscles pour oublier l'effroyable vérité qui à nouveau s'empare de son esprit. Pourquoi lui était-il impossible d'oublier ? De tout oublier, si simplement. Le confort de la méconnaissance était irremplaçable. Sans lui, comment pouvait-il s'échapper de l'hiver ? Personne n'en n'avait le pouvoir. Ni les médecins, ni sa famille, ni même Eris. Tout le monde était mort, tout s'était volatilisé. Il était seul, abandonné aux confins de ce désert. Les mots " demain" et "sans doute " n'étaient plus que des poussières, sans la moindre valeur. Il s'il faisait semblant de se suicider, peut-être que cela le soulagerait un peu ? Le Français secoua la tête, comme si ce geste désespéré pouvait le libérer de la prison d'angoisses qu'il s'était forgée. Que la vie lui avait forgée ! Inlassablement, son prénom résonnait dans ses oreilles, glas pour lui rappeler qui il était, ce à quoi il était destiné. Cette main qu'il avait attrapée de toutes ses forces, cerné par ce désespoir noirâtre, était le souvenir d'une personne qui lui était très chère. Mais en même temps que tout le reste, il se désintégrerait. Ce souvenir ne serait pas salvateur. Il avait souffert, souffert, souffert et enfin trouvé un minuscule espoir. Mais même cet espoir était finalement pourri. Il était las d'entendre dire que les "rêves" se réalisent un jour. Las de tous ces salauds hypocrites qui prononçaient le mot "espoir" avec légèreté, sans comprendre, sans réaliser. Il n'y avait que solitude en ce lieu, alors que pouvait-il bien voir ? Que chercher ici où il n'y avait que désespoir ? Il n'y avait personne, il n'y avait rien, il ne restait pas même de la douleur. Et lui, il était incapable de trouver ce qu'il devait faire pour vivre, comme tous les autres. Alors il se contentait de se laisser assaillir par la solitude, toujours renforcée par ce chant incessant. Lancelot, Lancelot, Lancelot. Oui tu t'appelles Lancelot, alors tu vas tout perdre. Tel Lancelot du Lac, tu perdras tout, puis tu crèveras. Seul. Oh, Eris semblait encore s'accrocher, pour l'instant. Mais même ses caresses et ses appels désespérés n'y pourraient rien. Alors, las de se sentir impuissante, las d'entendre chaque jour le même refrain, elle s'enfuirait, comme tous les autres. Comme tous les autres, elle l'abandonnerait. Injuste ? Égoïste ? Non, humain. Sa malédiction, elle, elle était injuste.

    Il rouvrit les yeux, oubliant un moment les ténèbres pour apercevoir à nouveau la lumière. Ce visage si doux, cette bonté loyale, cette voix apaisante, c'est difficile à croire. Difficile à croire qu'un jour, tout ce bien lui ferait du mal. Tant de mal. Pourtant, c'était déjà trop tard. Il l'appréciait, il l'aimait. Il s'était attaché à elle. Elle était sa sœur, son reflet. Il en avait besoin. Le mal était déjà fait. Il la blesserait, le temps s'écoulerait, et elle finirait par l'achever. Finalement, l'amour, c'était vraiment un truc de con. Jamais de bonne fin, toujours de la souffrance. Ce n'était jamais qu'une question de temps ; la chimère finissait toujours par s’effriter et devenir cauchemar. Il méprisait les meurtriers qui avaient l'audace d'ôter la vie d'un être avant l'heure, méprisait le hasard qui avait le vice d'ôter sa vie avant l'heure, et l'amour, lui, il le haïssait. Tant il n'avait autrefois juré qu'en son nom, tant aujourd'hui, il le haïssait. De la haine, rien que de la haine pour cette merde de sentiments plus répugnants les uns que les autres. De la faiblesse, de la folie, de la torture, de l'illusion, il n'y avait rien de bon à prendre là-dedans. Que de la connerie au service de la fatalité, pour vous briser un peu plus. De la connerie, et pourtant, quelque part, dans un recoin infime de l'univers, un peu de réconfort. L'homme serra les dents, serra les poings. Eris n'avait pas disparu. Elle était là, près de lui, de corps comme d'esprit. De lui si seul, toujours si seul. Est-ce que partager la vacuité comblerait le vide ? Le vide de la terreur, le vide de la mort naissante.

    Elle si douce, elle si belle, elle le relâche. Leurs regards se confondent. Les larmes ont ruiné son visage, mais elle est encore plus ravissante ainsi. Elle si touchante, elle si humaine. Les mots qu'elle prononce se mêlent au silence, mélodie de consolation. Pourtant, il ne les comprend pas, il ne les saisit pas. Est-ce volontaire ? Peut-être bien. Néanmoins, l'excuse de la langue demeure. Enfin, à quoi bon mentir ? Pourquoi toujours mentir ? Il ne sait plus. Il ne sait plus rien, si ce n'est qu'il l'aime, alors...

    - Quelqu'un qui se joue de la vie des gens ne peut pas être un homme. C'est de l'injustice, pire que de l'injustice. C'était un meurtrier ou moi, je me suis choisi. Un meurtrier ou toi, je t'ai choisie. Outres le fait que je me sois emporté, je n'ai aucun scrupule à faire payer à ces hommes-là, puisque la justice ne s'en charge pas. La vie a vraiment trop de valeur pour la laisser s'en aller comme ça, sur un coup de tête. Ces gens me répugnent.

    Alors il lui répond.

    - Tu sais...

    Il cherche ses mots, butte dessus.
    Et il enchaine.

    - Ce matin, j'ai joué du piano. Un morceau de Michael Nyman. Et tu veux savoir ce qui est le plus dur ?

    Une boule se forme dans sa gorge. Il déteste ça, alors il ferme les yeux, attend que ça passe. Il déteste la faiblesse. Il ne veut pas être faible. Ce qui l'attend, ça en est. Sombrer avant l'heure également.

    - Ce qui est dur, c'est de savoir que j'abandonne sans encombre le piano le soir venu mais qu'un matin, peut-être demain, je ne sais pas, je me lèverai, je le retrouverai et...

    Ses lèvres se pincent, il détourne le regard.

    - Tu sais, une fausse note, ça peut paraitre idiot comme ça, à tes yeux. Qu'est-ce que c'est après tout ? Un problème que l'on règle avec le temps. Mais celle-là, c'est pas une disharmonie que le temps règlera, c'est...

    Sa voix change de ton, ses yeux le brûlent. Il sert les dents.
    Pas maintenant, surtout pas maintenant.

    - J'ai l'impression d'être un gosse quand je dis ça, mais tu sais, le piano c'est toute ma vie. C'est tout ce que j'ai, c'est tout ce qu'il me reste. Et me l'enlever comme ça, ça, c'est vraiment, c'est... c’est dégueulasse, c’est… Je ne comprends toujours pas… pourquoi moi ?

    Il tremble, les yeux fermés, sa lèvre écrasée sous le poids de ses dents et de sa mâchoire serrée. Il se bat intérieurement pour oublier, pour effacer. Pour se desservir ses milliers d'illusions. Mais c'est trop tard, la réalité l'a rattrapé, pour de bon. Ça ne sert plus à rien de faire semblant, de faire comme si tout allait bien. Son cœur se serre, il relève les yeux, les plante dans ceux d'Eris. Ses yeux déformés par l'angoisse et l'incompréhension, déformés par l'injustice. Lourde, la sentence tombe d'une voix presque suppliante. D'une voix qui, brusquement, se brise.

    - Je n'ai que dix-neuf ans !

    Alors, pour la première fois, c'est le début des sanglots. Pour la première fois, les larmes tant retenues roulent sur ses joues de faible et forment de petits caniveaux par lesquelles s'échappent le peu d'espoir qu'il lui restait. Ça ne sert plus à rien de l'étouffer, la vérité. Elle s'est de toute manière imposée à lui. Il allait mourir. Oui, mourir, mourir, mourir, mourir. Et personne ne pourrait rien y faire. Alors il la serre dans ses bras, sa sœur. Toujours plus fort, pour étouffer ses craintes impardonnables, ses craintes destructrices. Comme précédemment, il agrippe sa chemise, se cramponne sa chevelure pour ne pas la perdre. Il se colle contre elle pour se sentir vivant. Il se colle contre elle comme s'il pouvait trouver une réponse près de sa peau, une réponse dans sa chair, une réponse à ces milliers de questions qui se bousculent dans sa tête.

    - Je n'ai que dix-neuf ans, tu comprends ? C'est impossible, c’est trop cruel ! C'est injuste, totalement injuste. La vie ne peut pas être si injuste. Alors dis-moi, toi ! Dis-moi pourquoi, réponds-moi ! Cette maladie…

    Il était 18h48.
    18h48 et l'horloge s'était arrêtée de tourner.

    - Cette maladie, pourquoi m'a-t-elle choisi ?

    Parce c’était insupportable, si c'était juste à cause du "destin".
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Sois mon ennemi, au nom de l'amitié [Eris] - Terminé Empty
MessageSujet: Re: Sois mon ennemi, au nom de l'amitié [Eris] - Terminé   Sois mon ennemi, au nom de l'amitié [Eris] - Terminé EmptyMer 6 Juil 2011 - 13:04

    Et le miroir se brise, comme un soupir qu'on a voulu étreindre.

    Un baiser, après tout, c'est quoi ? Rien que quatre bouts de chair qui échangent leur salive. Rien que quatre bouts de chair qui se touchent, se frôlent, se palpent, comme si chaque fois, c'était une nouvelle découverte. Ces petits bouts de chair qui font de notre visage une expression enjouée ou triste. Dans ton baiser, je n'ai pas senti seulement des petits bouts de chair. Mains sur les barres de fer. Larmes inexistantes, bien retenues dans ta coquille imperméable, mais, Lancelot, je les ai vues, je les ai entendues, aussi bien que j'ai senti les bouts de chair contre mon visage, faisant de mon maquillage une trace sanglante au milieu de mes plaies. Un baiser, dans lequel j'ai senti la souffrance, et comme un bonheur certain d'être pardonné, mais il n'en était rien, et tu l'as pourtant cru. Je voulais comprendre, je voulais savoir, pourquoi, pourquoi, toi, qui était pour moi la carapace du connard et l'intérieur de l'ange, tu n'es finalement qu'un homme qui fait ressentir sa souffrance sur les autres, pourquoi ? Tu ne m'as jamais rien confié, alors que moi, j'aurais pu te donner ma vie. Et tandis que mes mains fragiles sont passées d'un côté à l'autre de ta taille ou de ton dos, je te trouve bien ingrat, et je n'y avais jamais bien réfléchi auparavant. Peu importe. Peu importe, rien n'a plus d'importance à présent. J'ai tout perdu, tu es encore le seul qui reste là, qui reste auprès de moi, malgré des échecs, des erreurs et des trahisons. Toi au moins, tu es venu. T es venu me voir. Tu as laissé le miroir avancer, et même si tu l'as brisé, les morceaux épars restent au sol, et reflètent en des millions de petites lumières, mon visage embrassant le tien dans une étreinte sans lendemain. Ce sont des bouts de verre qui ne coupent pas. Les morceaux de la confiance ne sont plus qu'un souvenir à présent, mais ne peut-on pas vivre avec ? On peut. Tu as cru que je t'avais pardonné, et tu as raison, mais il fallait que je sache, pourquoi Lancelot, putain, pourquoi. Pourquoi briser une confiance aussi fragile alors que nous avons toujours été proches l'un de l’autre, parce que nous sommes les mêmes. Les mêmes, en mâle et en femelle. Les mêmes salauds, recherchant chacun un idéal. Mais tu es allé trop loin, moi qui étais un simple mousse, tu as poussé ton bateau au large, me laissant, là, sans moyen de te retrouver. Sans boussole, sans voile. Je t'attends sur la rive, et tu vas revenir, revenir, pour m'expliquer. Je sais que tu vas revenir pour tout me dire. Tu ne peux pas partir.

    Naïve que j'étais.

    Regard sec, imperturbable, plein de fureur, d'incompréhension, presque de haine et de tensions. Qu'as-tu cru, Eris ? Les talons qui se tournent sèchement, font crisser le sol en plastique de la chambre, la porte qui se claque, et puis le silence tout relatif d'une ville sans cesse en mouvement. Pour moi, ce fut le silence, le vrai silence. Ton bateau était parti, ma barque attendait sur la berge, mais je n'ai reçu qu'une simple tempête, qui m'a faite chavirer. J'ai tout perdu. Je m'étais accrochée, mais j'ai tout perdu. Etais-ce une erreur de ma part, que de lui faire devenir quelqu'un d'humain ? Il y avait quelque chose qui ne marchait pas. Ce crissement de talons sonnait faux. Le claquement de la porte n'était pas dans la bonne tonalité. Il y avait une fausse note à sa fuite. Ce n'était pas moi que tu as fui, Lancelot, mais c'est mon mal que tu as causé, mon mal seulement, celui que tu as vu dans mes yeux à l'instant même ou tes chaussures ont foulé le sol ciré de ma chambre blanche. Tu as menti. Tu as menti à tous, tu m'as menti à moi. Profonde inspiration. Je ne dois pas pleurer, pas pour lui, pas pour un abandon aussi lâche, ni pour un homme que j'avais cru droit, et qui avait trahi confiance, amitié, et l'amour inconditionné que j'avais pour lui et le soin tout entier que je prenais à le protéger, comme un enfant. Il y avait une fausse note. Une putain de fausse note.

    Rien n'est parfait, le sais-tu ?

    Regina coeli letare, letare...


    Une musique joyeuse pour un manque affectif puissant. J'ai envie de me redresser, d'attraper mon violon et de hurler ma haine. Mais je ne peux pas, je n'ai plus la force, plus la force de donner ces coups d'archets vigoureux, plus la force pour les staccatos et les legatos, je ne peux plus. Je ne peux pas, parce que j'ai reçu une punition.

    Halleluja, Halleluja !


    Toi, là-haut, tu t'es bien foutu de ma gueule. Je serre les poings contre mes draps blanc, mords ma lèvre inférieure, jusqu'à l'en faire saigner. Je suinte la colère et la haine, je suinte le désespoir et le chagrin, parce que j'aurais préféré tout perdre, putain. Tout perdre, plutôt que de voir tes talons se tourner et te regarder fuir, mes jambes prises de paralysie, mes yeux te fixant sans surprise. Comment avais-je su que tu allais t'enfuir, je l'ignore encore, je le savais c'est tout. Un combat dans lequel je ne pouvais plus faire part, Lancelot. Je ne pouvais plus être à la fois dans ton rêve et ton cauchemar, je n'en avais plus la force. A ma main droite, il n'y avait plus la bague de Liam, à mon cou, il n'y avait plus les cheveux de Sonata. A mon bras, il n'y avait plus Apollo Tässäon. Dans mon coeur, il n'y avait plus Lancelot Perez, il avait fait ses valoches, et bon vent. Ma lèvre me fait mal, mais je ne pleurerai pas, je ne pleurerai pas. Quitte à en arracher un morceau de chair, je continuerai de la mordre. Je te voulais, là, à mes côtés, pour surmonter cette douleur, mais je ne peux plus rien faire. Te remplacer est une tâche impossible. Qui me protègera désormais ? Je n'ai plus d'amant, plus d'enfant, plus de fiancé. Plus de frère.

    REGINA COELI LETARE, LETARE !


    Elle hurle dans ma tête, il hurle, ce coeur qui ne veut pas me laisser tranquille, ces notes qui résonnent et cognent avec violence contre ma boite crânienne. Les trémolos, les notes tenues, les doubles qui descendent, remontent, elles rient, elles se moquent de moi. Ma vie est finie à présent, que me reste-t-il à faire ? J'avais cru pouvoir m'en sortir, mais sans toi je ne le peux plus. Plus rien ne compte. Les chanteurs hurlent, me font comprendre, ils crient pour me faire assimiler que je ne vaux plus rien, que je suis déjà une épave, une putain d'épave, une pauvre fille seule dans sa chambre, sans un bouquet de fleurs ou une boite de chocolats, sans quelqu'un pour me tenir tendrement le poignet, et me dire qu'elle espère me revoir vite debout, sur pied. La voix hurle que je ne serai jamais une reine, jamais. Jamais je ne l'ai été, pour personne. Je ne suis qu'une poissarde. Une putain de poissarde. Une poissarde qui entendait une musique lui hurler sa défection, sa déception, sa haine, son chagrin, à travers des larmes qui ne voulaient pas couler, parce qu'elle le refusait catégoriquement. Elle ne pleurerait pas. Pleurer c'est pour les faibles. Pour ceux qui ne savent pas faire face. Toute ta vie, Eris, tu t'es accrochée au plus mince des fils qui te raccrochaient au bonheur. Tu avais cette pensée si simple, que si tu n'accèdait pas au bonheur, ça ne serait pas grave. Il te resterait ce fil pour te pendre. Dieu seul sait à quel point tu en avais envie à cet instant. Tu t'accroche, pourtant. Serre le drap, comme si c'était Lui. Mais peu importe. Plus rien n'importe. Pourquoi tu ne pleure pas ? Tu es seule, à présent, alors tu devrais te lâcher.

    Evènement qui t'empêche de penser.

    Mêlé au tintamarre ronflant des klaxons, des moteurs, des pas des infirmiers et médecins, et des chuchotements ou paroles prononcées, un cri, des cris, déchirent l'air, une dispute, jusqu'à côté d ta chambre. Tu sens une main se poser sur la poignée, tu entends la voix que tu croyais ne plus jamais pouvoir entendre. C'est pour toi à la fois une vague de soulagement et de surprise. Il est revenu. Eris, bon sang, il est revenu. Il est revenu, et tout en toi hurle de te lever, d'ouvrir la porte à la volée, et de l'étreindre, l'étreindre encore. Mais tu restes immobile, tu attends. Tu entend la violence, la détresse, la peur, la colère, mais aussi l'amour. Il est revenu, et il est revenu pour toi. Il obtient finalement ce qu'il veut, ouvre la porte, entre. Son visage crispé dans une sorte de soumission mêlée à la volonté de ne pas se laisser juger. La peur. Lancelot, tu as peur, si peur. De quoi ? Pourquoi ? Tu parles, ne cherche pas de justifications, tu es toujours aussi idiot, mais tu parles, tu me parles. Tu me parles, te tais, reprends. Pour la première fois, j'entends des excuses murmurées sortir de ta bouche, et cela me fait du bien, tu ne peux pas savoir à quel point. Mon regard brille, mes yeux affichent un sourire sans joie, mais peu importe, tu es là, et c'est le plus important. Lancelot. Ton nez suinte du sang par petits filets, et tu sens la clope, mais où est l'importance ? Tu es revenu. Tu es revenu pour moi, et je n'avais pas remarqué. Je ne l'avais pas vue.

    La corde que tu avais attaché sur ma barque, pour m'emmener avec toi. Au delà du large et des limites.

    Mes jambes qui refusaient d'obéir décident tout à coup de se mettre en mouvement. Mes bras se tendent dans ta direction, toi qui n'arrive plus à parler. Toi qui m'as manqué, même si tu n'es sorti que peu de temps, tu m'as manqué. Tu m'as tant manqué. Mon corps émerge des draps, mes jambes maigres et sans force prennent appui sur le sol, dans ma chemise de nuit blanche et hideuse prêtée par l'hôpital. Tout à coup, mes perfusions me dérangent, et je voudrais les arracher. Je tends les bras, comme si tu étais un sauveur, même si tu es toujours le même. Mais tu as surmonté la peur, pour venir t'excuser, tu l'as surmontée. Je n'oublie pas, mais je pardonne, j'accepte. Et enfin, elles décident de briser le mur de mes yeux trop secs. Mes larmes. Elles jaillissent comme un torrent, font couler mon maquillage encore récent en un magma rouge courant sur mes joues. Ce sont mes yeux qui saignent, mes yeux emplis d'un mélange trop étrange de joie et de chagrin, mes yeux qui pleurent ton retour et ton départ à la fois. Lancelot. Ma bouche s'ouvre, elle bégaie, ma langue n'ose pas, elle a peur, peur de te faire fuir encore. Pourtant c'est un sanglot étouffé qui s'échappe de mes lèvres, un sanglot en trois langues, qui signifie et signifiera encore, tout ce que je pense pour l'instant.

    "Connard de français, cabron de francès, fucking french ! Lancelot !"


    Mes jambe se dérobent sous moi, et c'est la chute. Connard de français, putain de connard de français, regarde ce que tu as fait, regarde ! Mes cheveux dessinent un drap rougeoyant sur mon visage embué de larmes de chagrin et de joie à la fois, et ma main attrape la tienne. Elle te tire. T'oblige à t'agenouiller. T'oblige à te pencher vers moi, moi l'épave qui s'en est enfin rendue compte, moi, l'épave qui avait besoin d'un frère, seulement d'un frère, et d'un ami. Je ne dis rien, je ne peux plus rien dire, et il n'y a rien à dire. Je répète ton nom, le répète et le répète encore, tandis que j'attrape ton visage et le plaque dans mon cou, caresse tes cheveux dans un mouvement presque mécanique et désespéré, comme si tu étais subitement revenu à la vie. As-tu seulement vu, compris, à quel point j'avais besoin de toi, à quel point j'ai toujours besoin de toi ? Ton nom dans un murmure. Lancelot, Lancelot, Lancelot. Et mes mains qui caressent convulsivement ton visage, ton dos, ton cou, tes cheveux, pour te sentir là, près de moi véritablement. Te savoir là, et ne plus jamais te laisser fuir. Je te serre à en avoir mal aux bras, à t'en étouffer. Il me restait assez de forces pour faire ça. L'infirmière qui protestait de te voir entrer a ouvert la porte, et nous a vus, près d'un lit aux draps tachés de larmes et de sang, au sol comme deux pitoyables oisillons tombés du nid, et a refermé doucement la porte, comprenant l'importance de ce moment. Mes perfusions me font mal. Tu me fais mal, toi. Pourquoi es-tu comme ça, pourquoi ce regard presque répulsif sur ce corps amaigri ? Il y a des choses que tu ne m'as pas encore dites. Mais pour l'heure je me contente de te serrer, pleurant dans tes cheveux courts, mes mains agrippées à ton corps pour ne plus te laisser t'enfuir. Tu m'appartiens, et je ne te laisserai pas partir, pas toi, certainement pas toi.

    Lorsque je finis par m'adoucir, je te relâche avec douceur. Je sais que tu as peur. Mais je veux savoir de quoi. Tu as peur, et c'est ce qui te force à être la personne que tu es devenue. Que signifie avoir peur, pour toi ? Dis moi, parle moi. Ce pourquoi tu vis de cette manière. Un murmure à ton oreille. Mes bras sont encore autour de toi. Et ils le seront aussi longtemps que tu en auras besoin.

    "Dime lo que te haga miedo... Digame, Lancelot..."

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MessageSujet: Re: Sois mon ennemi, au nom de l'amitié [Eris] - Terminé   Sois mon ennemi, au nom de l'amitié [Eris] - Terminé EmptyMar 5 Juil 2011 - 21:38

    La main de l'ombre se lève. Doucement, elle se tend en sa direction, fatiguée. La sentence tombe. Elle est lasse, dépourvue de toute forme d'amertume. Mais est-ce vraiment sa main ? Cette même main à l'habile perfection qui, autrefois pleine de vie, lui permettait de manier le violon avec tant de vigueur ? Non. C'est impossible. Cela ne se peut pas. Quelles notes pourraient s'échapper du précieux instrument désormais ? Elle est transpercée d'aiguilles en tous genre, reliées a des poches emplies de liquides multicolores. Rouge comme le sang, jaune comme le dégout, brun comme la peur. Translucide comme la mort. Ça ne peut être elle. Un ectoplasme ne peut être musicien. Définitivement, ce n'est plus sa main. Et ces yeux, ces yeux qui se sont posés sur lui, calmes, sages et indulgents. Où est passée sa hargne ? Où est passée la rancœur ? Il n'y en a plus. Ses iris ne reflètent plus son âme, elle s'est déjà envolée. Mais Eris ne peut devenir un ectoplasme. Ce serait injuste, une éternelle injustice. Une arme de plus de la fatalité pour broyer sa volonté. Une arme de plus pour le pousser sur sa route de damné déjà toute tracée. Elle lui demande d'approcher. Il sert les dents, immobile. Sa voix et si faible... Trop faible pour lui appartenir. Mais il sait que c'est elle, il sait qu'il devrait creuser. Il briserait ce masque de souffrance, ou refermerait le trou béant, il ne savait pas vraiment, mais à coup sûr, il retrouverait la touche de folie qu'il aimait voir étinceler dans ces yeux si limpides. Et pour y parvenir, il devait obéir. Il devait obéir et s'approcher. Alors, il s'approcha.

    Les mains de Lancelot n'avaient pas abandonné ses poches, confortables et salvatrices prisons de tissu qui leur assuraient bénédiction. Ses doigts, ses paumes, ses phalanges. La moindre parcelle de leur peau devait rester intacte, bercée par la chaleur, caressée par le lin. A travers celles d'Eris, il ne voulait rien voir, surtout pas de faiblesse. C'est pourquoi il masquait les unes et oubliait les autres, s'approchant encore et toujours. Puis il s'arrêta. Il se tenait debout, devant elle. Il n'y avait pas de mépris, pas de compassion, pas de regret. Rien qui ne puisse transparaitre. Seulement sa désespérée tentative de tout abandonner, de tout masquer, de tout oublier. Pas de paroles non plus, seulement le silence. Surtout de l'orgueil. L'orgueil d'Oedipe... Était-il descendant du légendaire roi de Thèbes ? Était-il porteur de la malédiction qui pesait sur la famille des Labdacides ? Qu'il s'agisse de religion ou de mythologie, il n'avait jamais été croyant. Pourtant, confronté à cette éternelle damnation, il avait parfois de quoi se poser la question.

    Les lèvres pincées, il laissa l'air s'échapper entre ses lèvres, soulignant davantage l'atroce contraste qui l'opposait à son accoutrement. Des cheveux ébouriffés, un regard souligné par de longues cernes, un teins maladif et harassé, et cette maigreur, cette atroce maigreur plus flagrante encore quand l'épuisement lui collait à la peau. Cadavre négligé dans de beaux vêtements, la chanson n'en n'était que plus ridicule. Oh, il s'agissait certes d'un cadavre riche, mais cela demeurait un cadavre malgré tout. Un presque mort incapable de se payer la rédemption avec l'or dont il ne savait même plus que faire. Un imbécile, un idiot fini qui avait tout saisi du capitalisme, mais rien des relations humaines. Il les entendait encore, ces cris d'adulation, ces qui obscènes qui résonnaient comme chacune de ses vanités. Un macchabée de con adulé pour de fausses valeurs, adulé pour un talent qui avait fait de lui l'incarnation de Narcisse. Mais ce Narcisse là ne se transformerait pas en fleur. Rongé par les verres, une fois sous terre, il ne resterait de lui que poussière. Le juste retour des choses, sans doute. Les doigts féminins se refermèrent autour de son col et le convièrent à s'abaisser. Il s’exécuta. Son talent... Dans le fond, qu'en avait-il à faire de son talent ? Tout ce qu'il aimait dans cette romance, c'était le prestige. Ce prestige qui lui offrait l'illusion de l'amour de l'humanité entière, l'illusion d'un amour véritable qu'il n'avait jamais reçu, et qu'il ne recevrait jamais. L'illusion de sa supériorité, l'illusion d'un éternel respect, l'illusion d'être un dieu. Un moment de répit, un instant sans torture. Mais une illusion malgré tout. Le mal était toujours là, et il ne cessait de le ronger. Alors, quand son temps serait finit, il ne serait plus rien, même plus un homme. La gloire était mortelle, la gloire était cruelle. Il crèverait avec elle.

    Les doigts frêles ne le lâchaient pas. Inexorablement, ils rapprochaient leurs deux visages. Ils rapprochaient, mêlèrent, même, force et faiblesse, détermination et abattement. Vraiment ? Non. Ça ce n'était que l'un des nombreux mensonges qu'il aimait se servir. Lorsque leurs lèvres s'effleurèrent, lorsque leurs souffles fusionnèrent, il ne lui partagea ni force, ni détermination. Parce qu'il n'était pas fort, et encore moins déterminé, il n'avait pas l'once de l'un de ces sentiments à lui offrir. Mais l'anxiété, la terreur, la torpeur, le marasme, l'exil, le désespoir, l'accablement l'angoisse, le tourment, la désolation, le désenchantement, ses amis du dérisoire, eux, ils pouvaient les lui communiquer. L'infernal sentiment de la mort s'approchant à grands pas, lui, il pouvait le lui accorder, le temps de cet étrange baiser. Et il le fit, sans comédie, sans masque, pour la première fois. Il libéra ses mains de leur étau, les plaçant sur le cadran du lit de métal afin de mieux prendre appui. Puis, doucement, elles glissèrent jusqu'aux épaules de l'être si fragile qui se tenait face à lui. L'être amitié, l’être rédempteur, l'être bienveillant, l'être allié, l'être adoré. L'être changé, mais l'être libérateur. L'être qui lui accordait son pardon. Il se sentait frivole, léger et éthéré à la fois. Il se sentait bien. Il était pardonné. Tout était non pas oublié, mais accepté. De l'histoire ancienne, rien de plus qu'une erreur à ne plus commettre. Enfin, la facilité lui avait été offerte et c'était bon, tellement bon de se sentir ainsi soulagé. Soulagement qu'il exprima en lui rendant ses baisers, encore et encore. Un remerciement, en quelque sorte, qui dura jusqu'à ce que la demoiselle ne décide de briser le contact. Puis elle parla. A chacune de ses articulations, ses lèvres semblaient caresser celles de son interlocuteur. Interlocuteur qui arborait désormais un léger sourire, exprimant à la perfection son sentiment d'allègement. Elle blaguait. Définitivement, elle l'avait pardonné. Il rit. Un rire nerveux, sans aucun doute. Définitivement, il savait pourquoi il en avait fait une amie, son amie la plus proche.

    Pourtant, quelque chose clochait. Les mains de Lancelot abandonnèrent les épaules pour regagner la barre métallique tandis que ses sourcils se fronçaient. Quelque chose n'allait pas. Son regard n'allait pas. Orageux, coléreux, rageur. Si assassin qu'il lui donnait envie de s'enfoncer sous terre, si meurtrier qu'il ne put le soutenir plus longtemps. Ses yeux glissèrent sur le côté. Et là, au coin de son œil, il aperçut la naissance d'une larme. Lentement, elle roula le long de la joue de la jeune femme, illustrant de concert ce que mille mots n'auraient suffit à expliquer. La détresse, l'incompréhension, la perdition. Le trouble et l'affliction. La foudre. Les lèvres pincées, le Français détourna le regard pour de bon. Quel était le plus ridicule dans cette situation ? Le fait qu'il se savait incapable de formuler des excuses ? Le fait que sous son pardon, elle étouffe, enterre toutes ces questions légitimes ? Ou le fait qu'il ne savait pas même assumer les conséquences de ses actes, en supporter la vue ?

    Elle parla à nouveau. Oh pas grand chose, seulement neuf ou dix mots. Un question, en somme. Mais une question qui suffit à glacer le sang du compositeur. Son cœur qui déjà se débattait étrangement rata un bond, et ses doigts bien tendus se resserrèrent davantage autour de leur prise. Elle ne l'avait pas pardonné. Salope de vie, fatalité de merde, déboires vicieux à la con ! Comment avait-il pu espérer ne serait-ce que l'once d'une seconde que la chance avait éventuellement pu lui sourire ? Comment avait-il pu être aussi idiot, aussi naïf, aussi utopique ? Utopique, comme il l'était lorsqu'il espérait que ses mains seraient épargnées. Par réflexe, il se redressa brusquement, bras croisés. La surplombant derechef, le tableau de toute sa souffrance lui était encore servi. Le tableau de sa souffrance maladive. Le tableau de ce à quoi il serait réduit, un jour. Non, ce jour là, il serait pire, bien pire. Tellement pire... Les dents serrées, il laissa son regard chavirer d'un coin à l'autre de la pièce, cherchant à s'évader de ce cachot dans lequel il n'avait pas encore à être enfermé. Pas avant l'heure. Alors il regagna le regard d'Eris, son si beau regard. Son miroir, le miroir amoindrissant de son futur. Il ferma les yeux, prit une profonde inspiration.. Il détestait s'expliquer, il ne voulait pas s'expliquer. Il ne savait pas s'expliquer ! Mettre des mots sur un sentiment, sur de la véhémence, c'était comme demander de mettre un nom sur la démence des camps de concentration. C'était impossible. Pourtant il devait, il lui devait au moins cela. Devoir ? Il n'avait aucun devoir. Il ne devait rien à personne. Il était libre, lui. Libre de s'échapper de cette putain de pièce qui lui donnait le vertige, libre d'abandonner cette odeur qui lui donnait envie de gerber, libre de ne pas penser au futur. Libre de faire ce qu'il voulait, quand il voulait. Libre de laisser parler son orgueil, son amour d'orgueil. Sa vie, sa force, son pouvoir, son énergie, son endurance ! Libre de ne pas faire face à la réalité.

    Un très bref haussement d'épaules, puis le jeune homme tourna les talons. D'un pas vif, nerveux, il traversa les quelques mètres qui le séparait de la porte. Il la fit claquer derrière lui, sans même adresser un regard à son amie. A celle qui avait été son amie. Elle ne serait plus rien désormais. Il était sorti : il l'avait abonnée. Sans excuse, sans explication. Le vice avait voulu se jouer de lui ? Il ne marcherait pas en son sens. Pourtant, inconsciemment, sa salope de fatalité, c'est ainsi qu'il la laissait gagner. Son orgueil n'avait rien réparé. Il avait simplement envenimé.

    Lancelot avait rejoint l'air frais de l'extérieur. L'air certes moins pur mais bien plus apaisant de la nature enlaidie par les hommes. Cela faisait une vingtaine de minute qu'il tournait en rond dans cette cours qu'il n'était parvenu à quitter. Les pensées défilaient si vite en lui qu'il n'était plus capable de s'y arrêter pour réfléchir un moment. Alors il marchait, inlassablement. A l'image de sa misérable vie, il tournait en rond. Et putain qu'est-ce qu'il avait envie de fumer ! Le genre de situation propice à vous rappeler pourquoi même les cigarettes occasionnelles étaient à bannir des soirées. Cigarettes... Même ce mot de merde, ce mot futile, ce mot de mort progressait en lui tel un cancer pour lui rappeler qu'il venait de renoncer au peu qu'il lui restait. Il était arrivé chez elle, affirmant qu'il n'était pas un lâche. Pourtant, c'est comme un faible de cette espèce qu'il s'était enfui. Lâche avec les sentiments, avec ses relations, avec la réalité, avec sa propre personne, même ! Dans le fond, il n'était que ce qu'il avait toujours méprisé. Lâcheté, faiblesse, impuissance. Déception. Il pila brusquement, cessant sa course idiote. Les yeux clos, il agrippa ses cheveux à l'aide de ses doigts crispés. Il jura. Une fois, deux fois, trois fois. Mais quel con, quel con, quel con ! Qu'est-ce qu'il avait encore fait ? Détruire, toujours détruire ! A croire qu'il ne savait faire que ça ! La belle au violon n'avait pas mérité ça. Certainement pas ! S'il ne savait pas garder auprès de lui les gens qu'il aimait, à quoi bon se faire chier à rester en vie ? Mais quel con, merde ! Elle était son amie. Son amour de la perfection, son amour de lui. Elle était elle, et pour cela il ne pouvait pas l'oublier là. Abandonner par peur de l'être avec le temps ? Ridicule, stupide, connerie, foutaises !! Il fallait qu'il arrête d'être un con ! Le regard de l'homme glissa sur la porte d'entrée de l'hôpital. Trois secondes, c'est le temps qu'il lui fallut pour la regagner. A toute vitesse, il traversa les corridors, pressant comme un enragé sur les boutons de l’ascenseur. Mais pourquoi est-ce que cette merde de technologie devait être aussi lente ?! Quand les portes s'ouvrirent pour le libérer à l'étage correspondant, il reprit sa course effrénée sans prêter attention aux passants. Ni aux panneaux. Sa semelle dérapa sur le sol humide des couloirs fraichement nettoyés. Tête la première, il tomba sur le sol. Mais putain de... ! Il serra les dents et se redressa d'un bond en frottant brièvement son nez légèrement ensanglanté. Il avait tout pris. Tant mieux pour sa tête. Oh et pas le temps de penser aux dégâts ! Il bifurqua à droite. Encore quelques mètres et...

    - Les visites sont terminées, jeune hommes.

    Quoi ? Qu'est-ce qu'elle voulait cette pute ? Oh et puis c'était pas sont problème.

    - Poussez-vous !

    Il s'approcha de la porte.

    - Les visites sont terminées.

    Et alors ?

    - J'en ai rien à foutre de vos horaires à la con !

    Il posa sa main sur la clinche.

    - Je vous ai dit que les visites étaient terminées. lâcha plus sèchement l'infirmière en s'approchant.

    Mais ta gueule toi !
    Ses doigts se refermèrent sur le poignet de Lancelot. Frustré, celui-ci lui rendit un regard réprobateur en tirant brutalement en arrière.

    - Et je t'ai dit que j'en avais rien à foutre ! Dégage ta main de là, salope !

    - Jeune homme, un peu de...

    - Croyez-moi, elle a assez d'énergie pour...

    - Oui, oui, j'entends ça tous les jours. Il n'empêche que vous n'entrerez pas dans cette...

    - Vous croyez ?

    Là-dessus, il enclencha le mécanisme typique des portes. Automatiquement, la femme le repoussa.

    - Non, non. J'ai dit non ! Laissez cette... !

    - MAIS FOUTEZ-MOI LA PAIX, PUTAIN !!!

    - Alors sortez d'ici. Vous attendrez demain.

    Elle posa une main sur son épaule.

    - Mais t'es conne ma parole ? Demain ce sera trop tard ! Si j'suis ici, c'est que c'est important ! Il n'est pas question que j'attende !! Je ne peux pas, tes oreilles de sourdes comprennent ça ? Je ne PEUX pas !! Alors dégage de là, tu veux ?! J'ai dit dégage !!

    Il la repoussa plus violemment, ouvrit la porte et pénétra pour de bon dans la pièce. Derechef, il se trouvait nez à nez avec Eris. Il ouvrit la bouche pour parler, aucun son n'en sorti. A sa place, l'infirmière s'exprima :

    - Jeune homme, je vais appeler la sécurité, d’autres médecins vont venir et...

    Il leva les yeux au ciel, l'ignora.
    Ouais c'est ça, va te faire mettre.
    Il claqua la porte sous son nez.

    Dix secondes de silence, comme la première fois. Puis il parla, plus sèchement qu'il ne l'aurait voulu.

    - Qu'est-ce que tu veux savoir, hm ? Qu'est-ce que tu veux entendre ? Que j'invente des raisons là où il n'y en a pas ? J'avais besoin de quelqu'un, il était là, je l'ai utilisé. C'est comme ça que fonctionne notre système, j'm'y suis adapté, point barre. J'vois pas en quoi c'est difficile à comprendre, t'es pas conne que je... ?

    Brusquement, il se tut. Réparer on avait dit, pas aggraver !

    - Je...

    Il ferma les yeux, prit une profonde inspiration, secoua fébrilement la tête.

    - Je voulais m'excuser.

    Il rouvrit les yeux, les posa sur la jeune femme.

    - Je sais que je ne mérite pas ton pardon mais vraiment je... j'en ai besoin ! Je... je peux... Je sais que...

    Il mordit sa lèvre inférieure, secouant à nouveau la tête.
    Et il se tût.
    Bordel pourquoi est-ce que les mots se bousculaient comme ça dans sa tête et le paralysaient ?!
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MessageSujet: Re: Sois mon ennemi, au nom de l'amitié [Eris] - Terminé   Sois mon ennemi, au nom de l'amitié [Eris] - Terminé EmptyMar 5 Juil 2011 - 0:21

    T'avais trop envie de le dire pour le cracher comme le venin.

    Maestro !

    Je voyais par l'entrée aux reflets blancs toute la haine. Envers tous. Je revoyais à travers les miroirs brisés toutes les cicatrices morales et externe que dix-neuf ans de vie rongée et pourrie par une existence pitoyable avaient fait de moi. Une conne. Naïve. Une conne naïve qui ne faisait que regarder des miroirs. Des miroirs qui se cassaient sur son passage. Lorsqu'ils m'emmenèrent sur une civière, je retrouvais les miroirs dans les yeux de mes petits camarades. Si j'avais pu retrouver la salope qui m'avait tabassée. Mais je ne l'avais pas vue, dans la foule. Heureusement pour elle, sans doute. Sourire figée de poupée en porcelaine. J'avais fait semblant de ne rien voir, comme si je ne ressentais rien d'autre que de l'impatience et de la gène, de voir tous ces visages plantés vers moi. Je me rappelais de tout, de tout ce qui m'avait affaibli. De tout ce qui m'avait fait du mal, trop de mal sans doute. Beaucoup trop de mal. Je me savais fautive moi aussi. Je savais que j'aurais dû me comporter autrement, faire des efforts, me faire aimer, apprécier, j'aurais pu donner tout ça. Mais je ne l'avais jamais fait. M'enfermant dans un mutisme profond, dont personne, ou presque, n'avait pu me sortir. Lancelot, Pollo, vous étiez les deux hommes de ma vie. L'un était le protecteur, l'ange, l'alter-ego, l'autre était le diable, imperceptible, joueur et farfelu, la note d'orgueil, de vantardise et de stupidité que je recherchais dans un homme. Mais aurais-je pu aimer un homme comme lui, qui ne pensait qu'à lui ? Il était mon ami. Il avait toujours été mon ami, et il demeurerait mon ami, quoi qu'il arrive. Mais je voulais comprendre, avant de pardonner. Je voulais comprendre, pourquoi. Pourquoi il m'avait écoutée au bal pour ensuite me blesser. Je voulais comprendre, seulement comprendre. Parce que tout le reste, je le savais.

    Ouais, Lancelot, que tu étais un immonde connard de Français, je le savais déjà.

    Mais je voulais dépasser. Dépasser tout cela, l'oublier, l’annihiler. Brûler la haine. Brûler ce dégout de ton orgueil, que j'avais aussi pour le mien. Tu es comme moi, en pire. Mais tu es comme moi. L'hyperbole de moi. De la salope ou du connard. Tu as raison, le sais-tu ? Tu iras crever en Enfer, mais ne compte pas sur moi pour t'y pousser, tu le fais très bien tout seul. Le sol glisse sous tes pas, il s'effarouche et se jette dans une vallée perdue. Il se jette dans la Mort. Et il t'entraîne peu à peu. Tu le sais pas vrai ? Je l'ai toujours su, sans te le demander, dans le fond. Tu profites trop. Toi aussi, tu me caches quelque chose, pas vrai Lancelot ? Car finalement, que sais-tu de moi ? Rien. Seulement que j'avais besoin de quelqu'un comme toi.

    Mes yeux courent sur les bruits de la ville, concerto affolant et ahurissant de klaxon et d'embrayages, et cette odeur immonde de fumée et de pollution. Sonate fausse de la Ville. Image of a City. Tu sens, comme c'est oppressant ? On ne voit même plus les oiseaux, sur les branches d'arbres. Remplacés par des boings hurlant, transportant des centaines de gens inconfortablement installées, pour des heures de voyages épuisantes, vomissant sans réserve son kérosène pour tuer un peu plus celle qui ne nous avait rien demandé, en nous mettant au monde.

    Et les miroirs se brisent lorsque la porte grince.

    Un oeil se tourne vers toi, puis un autre. Te fixe sans haine. Je n'en ai plus. Seulement un profond déboussollement. Je n'attendais personne. Je suis fatiguée, Lancelot, je suis trop fatiguée. Je tend une main couverte de perfs en tout genre, dans ta direction. Tu iras en Enfer. Et ce jour là, j'irai avec toi, je te le promets. Mes yeux clairs se posent dans les tiens, mes cicatrices sont laides, je suis laide. Tu es laid, toi aussi. On est tous laids. Arrête de te planquer. Pauvre tache. Incapable de voir la surface. Tu t'enfonces, toi aussi. Tu ne veux rien me dire ? Attends.

    "Approche."


    Tu sembles hésiter, mais tu t'exécute. Tu sembles apeuré, comme un chien pris en faute. Ou méprisant. Tu te caches. Tu t'es toujours caché. Pourquoi tu te caches, pourquoi de moi, pourquoi de cette manière ? Mon amour irrévérencieux. Je ne peux pas me tromper plus d'une fois. Deux, okay. Mais pas trois. Pas toi. Toi, tu es trop. Mais je veux m'amuser, moi aussi, en ais-je le droit ? Je tire ton col, t'approche de mon visage. Embrasse tes lèvres impies, tes lèvres de traître, tes lèvres de salaud de français. Tes lèvres d'ami et d'allié, de protecteur et de collaborateur. Tes lèvres d'enfoiré. J'aime les enfoirés, je n'ai aimé que des enfoirés. Toi c'est différent, ça l'a toujours été. Je laisse un baiser embraser une dernière fois mon être, un baiser fragile, un baiser de glace qui se brise. Encore un miroir. Je ne suis pas faite pour toi. Je le savais déjà. Et alors ? On peut toujours essayer, au moins une fois. Un vrai baiser, pas comme la dernière fois. Ce n'est pas du cinéma. Et lorsque je t'écarte, mon visage n'est qu'à quelques millimètres du tien. Nos lèvres se frôlent encore.

    "Je lui avais donné tout ce que j'avais à offrir. ça compris. Je voulais faire le test avec toi. Tu te rends compte, deux libertins qui n'ont pas encore couché ensemble, quelle honte."


    Un ton léger, presque effacé, mais la larme solitaire qui roule sur ma joue gauche explique tout ce que j'ai à expliquer. Je te fixe, avec colère à présent, mais un calme... quel calme. Pire que tous ceux que tu pourras endurer, Lancelot chéri. Mon regard te fusille. T'assassine. Ma main se crispe, mon corps réclame plus d'antidouleur. Mon corps si faible.

    "Dis-moi pourquoi. Dis moi pourquoi, ou casses-toi, Lancelot."

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MessageSujet: Sois mon ennemi, au nom de l'amitié [Eris] - Terminé   Sois mon ennemi, au nom de l'amitié [Eris] - Terminé EmptyLun 4 Juil 2011 - 23:45

    Un échec. C'était un échec. Une épouvantable et déplorable défaite. Un point de plus pour la fatalité, la continuité du mécanisme infernal. Et des erreurs, toujours des erreurs. Parce que dans le fond, que savait-il faire de plus ? Finalement, il n'était pas si différent de tous ces bourgeois qu'il n'avait de cesse de mépriser. Une vie professionnelle éblouissante mais une vie privée plus aride qu'un désert, plus désastreuse que le néant. Épineuse, vicieuse et médiocre. Et maintenant qu'il était tombé au plus bas, il allait devoir réparer ça, encore une fois. Pour le meilleur comme pour le pire, ou pour le meilleur du pire. La voiture de Lancelot Perez était sagement parquée sur la place de l'hôpital de Miami. La tête de son propriétaire visiblement rongé par le manque de sommeil reposait contre le volant de cuir. Volant dans lequel ses ongles s'enfonçaient avec anxiété. Pourtant, il allait bien falloir qu'il se décide à se lever. Mais toujours ces mots, toujours ces mêmes mots pour le harceler et l'empêcher de penser, l'empêcher d'agir. Ces mot synonymes de son existence qui, sans cesse, lui rappelait que jamais il n'atteindrait la perfection. A jamais, il ne serait qu'erreur, défaut, vanité, confusion, solitude, illusion, perte, faiblesse, apparence, faute, folie, injustice, incompréhension, fatalité, préjugé, mégarde, mensonge, maladresse, duperie, regret, remord, dette, vacuité,... A jamais, il ne serait qu'imperfection. Que déception.

    STOP ! Ta gueule !

    Brusquement, la portière de la voiture claqua et, mains dans les poches, le Français s'engouffra dans l'air chaud et glacial à la fois de l'endroit aseptisé qu'il connaissait si bien. Il l'avait quitté quelques heures plus tôt, dans l'espoir de retrouver l'ombre de cet être cher qu'il savait désormais perdu. Et cette ombre, c'est ici qu'il la rencontrerait. Pour la troisième fois, c'est dans un hôpital qu'il perdrait une partie de son âme, une partie de sa vie. Les doigts du pianiste se posèrent sur la clinche de la présente chambre d'Eris. Un bref instant, il ferma les yeux, prit une profonde inspiration. A la seconde même où il franchirait cette porte, il pourrait saluer les ténèbres, son vieil ami, afin discuter une nouvelle fois avec elle. Un dernière fois. Et il ne pourrait plus faire demi-tour. C'est pourquoi, sans réfléchir, il y pénétra.

    Les iris vermeils ne s'égarèrent pas sur la fenêtre ou sur la table de chevet. Elles aperçurent à peine les différents appareils auxquels la jeune femme été raccordée, les inscriptions accrochées à son lit et les chaises totalement vides. Non, directement, simplement, elles se plantèrent sur l'hispanique étendue dans ses draps blancs. L'homme serra les dents. De son bras droit, saisir la réalité. De l'autre, brandir la morale. Brûler d'amour au fond de ses entrailles et, dans sa tête, peser le pour et le contre tandis que dans les ténèbres qui abondamment s'épaississent, on se fatigue à cacher sa propre ombre. De toute évidence, c'est un monde où les sentiments ne sont qu'une gêne. Alors, il n'y a plus qu'à les massacrer. De quelques pas, le musicien s'avança dans la pièce, statique. Dix secondes s'écoulèrent. Dix interminables secondes, puis il brisa le silence.

    - Le téléphone, c'est pour les lâches. Je suis venu jusqu'ici parce que je ne suis pas un lâche, mais je n'ai aucune explication à donner. Pas même à toi.

    Orgueil, toujours l'orgueil.
    Bouffé par l'orgueil.

    - Enfin t'en fais pas, épargne ton énergie, je connais déjà la chanson. J'irai pourrir en enfer.


Dernière édition par Lancelot Perez le Ven 7 Oct 2011 - 21:34, édité 2 fois
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