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 Avant l'aube, partir à l'assaut de l'insomnie du monde - [Luca]

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MessageSujet: Avant l'aube, partir à l'assaut de l'insomnie du monde - [Luca]   Avant l'aube, partir à l'assaut de l'insomnie du monde - [Luca] EmptySam 14 Mai 2011 - 16:36

La nuit était ma seule alliée dans ce monde de merde. Je détestai les gens, je détestai l'Humanité toute entière et son concept, car elle avait fait de nous des chiens, des vautours. L'homme était sans doute l'échec le plus cuisant de la nature. Et moi dans tout ça, j'en étais l'exemple parfait.

Le réveil indiquait clairement, dans le noir, 02:02. Fais un vœu. Sauf que je ne désirais plus rien. Juste la paix. Oui, la paix, plus personne autour de moi, qu'ils crèvent tous un par un et moi je serais bien. Je balançai d'un coup le drap, j'avais trop chaud, et surtout j'en avais assez de subir les foudres de mes insomnies sans ne pouvoir rien leur répondre. Depuis presque deux ans c'était ainsi - au départ, l'alcool, la coke et les ecsta m'empêchaient de dormir donc ces insomnies artificielles étaient logiques, mais depuis que j'étais clean, elles étaient devenues sournoises, car techniquement plus rien ne m'empêchait de sombrer dans le sommeil. Non, elles étaient juste là, à faire chier, en somme. Tant pis. D'un autre côté je n'aimais pas trop dormir non plus car inévitablement je rêvais, et la teneur de mes rêves étaient loin de me réjouir. Alors, quand je ne dormais pas la nuit, dans mon lit, je ne pensais à rien. Rien. C'était le meilleur moment de ma journée. Je me rappelais combien je n'étais que de la merde, que je n'étais rien, que cette vie ne valait rien, et qu'à la fin il n'en resterait rien. Et puis le soleil se levait à nouveau et une nouvelle journée commençait.

Mais ce soir-là, j'avais trop chaud. Je n'étais pas encore habituée au climat de Miami, et je ne sais pas comment Wynwood avait construit ses putain de piaules, mais on étouffait. Je n'allais pas tarder à me déssécher complètement. Etant donné que je n'avais que la peau sur ses os, je ne donnais pas cher de ma peau. On me retrouverait crevée comme un pauvre cafard. Ca pourrait être cool.

Sauf que je n'avais pas le cran de supporter une mort lente et douloureuse. J'avais déjà trop donné. Je me levais, à contre-cœur, et me tins un instant debout, juste debout au milieu de la chambre, en soutif-culotte. Il faisait toujours aussi chaud. Ma décision fut vite prise : j'attrapai un grand t-shirt et l'enfilai, mon précieux paquet de clopes et mon briquet et me tirai sans demander mon reste. Mes pas me menèrent, un peu au hasard, vers la mer, sûrement car ils avaient senti que par là l'air serait plus frais. La journée, je détestais cet endroit, bondé. Je n'étais pas là depuis longtemps mais j'avais déjà enregistré certaines choses.

En haut de la plage j'allumais une clope, protégeant la flamme vacillante de la coupe de mes mains. J'aimais bien cet instant, quand tout d'un coup ma main s'éclairait d'une lueur orange dans la pénombre noire de la nuit. Cela avait quelque chose de poétique - allez savoir pourquoi.

La solitude du lieu me ravissait. Plus encore j'aimais savoir qu'à cette heure là tout le monde dormait, que j'étais toute seule face à l'immensité de l'océan, que moi je vivais, que eux ils dormaient et qu'ils avaient l'air d'être morts. J'aurais aimé avoir ce pouvoir de ne jamais dormir, d'être toujours là quand on ne m'attendait pas, un peu partout. Le sable, sombre à la clarté de la lune, me faisait envie. Je voulais être un grain de sable et que d'un seul coup le vent me balaye, pouf, et que je disparaisse, ailleurs. Qu'on ne me remarque pas. Mais que j'ai la faculté de me foutre dans l’œil des gens pour leur faire mal et les faire chier. Autour de moi je n'entendais que les vagues lointaines, le vent qui caressait ma peau avec délice, et le bout consumé de ma cigarette qui crépitait un peu lorsque je tirais une latte.

Et puis tout d'un coup, mes sens furent un alerte : des pas, des bruits de pas se rapprochaient, là, non loin de moi, ils s'approchaient, ils étaient tout près. Je tournai la tête comme une biche effarouchée, mais mes yeux lançaient des flammes assassines. Qui osait venir troubler la quiétude de ce précieux moment? Un garçon, apparemment. Que je ne connaissais pas. Sans mots, je le dévisageai de la tête aux pieds, car il était faiblement éclairé par la lumière de la lune et des étoiles. Je soufflai de la fumée, un peu prise au dépourvue. M'attendant à profiter tranquillement de ma solitude, ce mec m'agaçait autant qu'il éveillait ma curiosité. Je restai donc à la regarder dans les yeux sans dire un mot. Mes cheveux en bataille me voletaient dans le visage, et je devais avoir sans doute l'air d'un cadavre, toute maigre que j'étais, avec mon maquillage de la veille que je n'avais pas pris la peine d'enlever.
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